Jacques le Fataliste et la double perturbation du récit (1)

Dans Jacques le Fataliste de Diderot, le récit est interrompu au gré des évènements survenus en route à deux voyageurs, un peu aventuriers, puisqu'ils rencontreront notamment des brigands, des marchands ambulants, un bourreau, des femmes de petite vie etc...

  Repères : Thème du  langage : l'étude du mois 

Il vous est proposé une étude consacrée à l'entrecroisement des récits dans l'analyse de deux œuvres : Jacques le Fataliste de Diderot et Malone meurt de Beckett :

• la notion d'entrecroisement des récits,
• la présentation des deux livres :

Jacques le Fataliste :

• Jacques le fataliste ou la double perturbation du récit
• Jacques le fataliste ou l'art des rencontres
• la portée philosophique 
• le rôle perturbateur du narrateur

Malone meurt

• L'attente de la fin
• sur la nécessité de se raconter des histoires
• L'absurde
• La synthèse de l'étude 
• La bibliographie

Dans le précédent article, il a été présenté les deux ouvrages de l'étude du mois consacrée à l'entrecroisement des récits.

Jacques le Fataliste

Débutons aujourd'hui par la lecture de Jacques le Fataliste de Diderot.

Ce conte est articulé autour d'un dialogue entre deux personnages bien différents qui cheminent de concert, apparemment sans but.

Fieffé bavard et fataliste patenté « tout ce qui nous arrive de bien et de mal en ce monde est écrit là-haut » (*p. 673), Jacques est supposé -tout au long du livre- raconter l'histoire de ses amours à son Maître, aristocrate sûr de lui-même.

Mais ce récit est interrompu au gré des évènements survenus en route à nos deux voyageurs, un peu aventuriers, puisqu'ils rencontreront notamment des brigands, des marchands ambulants, un bourreau, des femmes de petite vie etc...

Voici donc une galerie de portraits pittoresque tout autant qu'un livre d'action foisonnant, à un rythme étourdissant :

« Où vas-tu ?-Laissez-moi faire.-Où vas-tu ? te dis-je. Mettre à la raison cette canaille.-Sais-tu qu'ils sont une douzaine ? -Fussent-ils cent, le nombre n'y fait rien, s'il est écrit là haut qu'ils ne sont pas assez. -Que le diable t'emporte avec ton impertinent dicton ! »

Jacques s'échappe des mains de son maître, entre dans la chambre des coupe-jarrets, un pistolet armé dans chaque main .»(page 674) (à suivre)

*les références figureront dans la bibliographie à paraître.

Repères à suivre : l'interruption du récit par des rencontres incessantes