Analyse-Livres & Culture pour tous
5 Décembre 2023
Entraînez-vous à l’analyse préalable au commentaire composé en vous reportant à la méthode des 6 GROSSES CLEFS ©. La Gazette a conçu pour vous un protocole “scientifique” et vous propose de vous exercer sur un texte poétique de Francis Ponge, extrait du recueil La Rage de l’expression : aujourd’hui travaillons les trois premières compétences, si vous le voulez bien.
repère : La Rage de l’expression : analyse
Entraînement
Entraînez-vous à l’analyse, puis au commentaire composé en débutant par la méthode des 6 GROSSES CLEFS ©. Il s’agit de colorier le texte sous six angles à l'aide du moyen mnémotechnique suivant :
6 GROSSES CLEFS
Gr : grammaire C : Conjugaison
OS : oppositions le : champ lexical
SE : les 5 sens FS : figures de style
Puis il conviendra de reprendre ces 6 couleurs pour les placer en tout ou partie dans les six sous-parties du plan type CIIGARE.
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Pour vous faciliter la tâche, la Gazette a conçu un protocole à suivre pour bien utiliser le code couleurs. Il s’agit d’adopter la même rigueur que celle utilisée dans les matières scientifiques.
Vous êtes prêts ?
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Prenons un texte qui nous servira d’exercice d’application : il s’agit d’un extrait de la Guêpe de Ponge dans La Rage de l’expression.
Consignes : lisez le paratexte et coloriez le texte en suivant les trois premières étapes du tableau. À vos crayons !
Francis Ponge (1899-1988) donne à la nature une place importante dans son œuvre poétique : l’intérêt porté à la faune et à la flore est une caractéristique notamment de son recueil “la Rage de l’expression” (1952). Son écriture est originale puisqu’elle comporte à la fois le travail en amont du poète caractérisé par des notes ou fragments comportant ses recherches sur l’étymologie, la définition du mot et l’utilisation de différentes formes du langage et également l’exploration de l’expression poétique. Dans ce recueil, “La guêpe”, composée à Paris entre 1939 et Août 1943 suit ce schéma avec le fragment ci-dessous.
Qu'est-ce qu'on me dit ? Qu'elle laisse son dard dans sa victime et qu'elle en meurt ? Ce serait assez bonne image pour la guerre qui ne paye pas.
Il lui faut donc plutôt éviter tout contact. Pourtant lorsque le contact a lieu, la justice immanente est alors satisfaite : par la punition des deux parties. Mais la punition paraît plus sévère pour la guêpe, qui meurt à coup sûr. Pourquoi ? Parce qu'elle a eu le tort de considérer le contact comme hostile, et s'est aussitôt mise en colère défensive, qu'elle a frappé. Faisant preuve d'une susceptibilité exagérée (par suite de peur, de sensibilité excessive sans doute… mais pour les circonstances atténuantes, hélas ! Il est déjà trop tard). Il est donc évident, répétons-le, que la guêpe n'a aucun intérêt à rencontrer un adversaire, qu'elle doit plutôt éviter tout contact, faire détours et zigzags nécessaires pour cela.
“ Je me connais, se dit-elle : si je me laisse aller, la moindre dispute tournera au tragique : je ne me connaîtrai plus. J’entrerai en frénésie : vous me dégoûtez trop, m’êtes trop étrangers.
“ Je ne connais que les arguments extrêmes, les injures, les coups- le coup d'épée fatal.
“ J'aime mieux ne pas discuter.
“Nous sommes trop loin du compte.
“ Si jamais j'acceptais le moindre contact avec le monde, si j'étais un jour astreinte à la sincérité, s'il me fallait dire ce que je pense !... j'y laisserais ma vie en même temps que ma réponse - mon dard.
“ Qu'on me laisse donc tranquille ; je vous en supplie : ne discutons pas. Laissez-moi à mon train-train, vous au vôtre. À mon activité somnambulique, à ma vie intérieure. Retardons autant que possible toute explication…”
Là-dessus, elle reçoit une petite tape - et tombe aussitôt : il n'y a plus qu'à l'écraser.
Francis Ponge, la rage de l’expression, la Guêpe (Folio Lycée + p. 28)
repères à suivre :