Analyse-Livres & Culture pour tous
5 Décembre 2019
Le doute sur la paternité des œuvres de Molière attribuées à Corneille a surgi à la fin du XIXe siècle. Une controverse s'est installée et continue à alimenter bien des débats. Voyons la réponse apportée par les statistiques et par la publication d'une nouvelle étude du 27 novembre 2019 contestée par Dominique Labbé.
résumé : il a été indiqué le doute sur la paternité des œuvres de Molière attribuées à Corneille. Une controverse s'est installée et continue à alimenter bien des débats. Voyons aujourd'hui la réponse apportée par les statistiques et par une nouvelle étude du CNRS qui vient d'apporter une nouvelle réponse.
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Il vous sera ainsi proposé de découvrir les travaux de Dominique Labbé, chercheur au CNRS, spécialisé dans les statistiques associées au langage.
Il a mis au point l'idée de superposer les pièces de Molière et de Corneille et de compter les différences. Il a été ainsi étudié :
Un logiciel a été ainsi mis au point pour confronter les données. Il résulte des travaux mis en œuvre que Corneille aurait rédigé des passages des œuvres lorsque ce n'est pas la totalité de la pièce.
Dominique Labbé considère qu'on n'a jamais trouvé d'auteurs aussi proches sur le plan du style parmi des milliers d'auteurs.
Ces travaux ont été corroborés en 2008 par des chercheurs russes.
Il reste que ces arguments scientifiques n'emportent pas la conviction des spécialistes de Molière et de Corneille qui s'en tiennent -en l'absence de preuves matérielles plus évidentes à leurs yeux- à l'attribution à l'un de ses pièces et à l'autre, des siennes...
Nouvelle étude
Une nouvelle étude vient d'être publiée le 27 novembre 2019 par Florian Cafiero, un chercheur du CNRS, et Jean-Baptiste Camps, un chercheur au centre Jean-Mabillon. Cette analyse conclut à la paternité des œuvres à Molière au vu des statistiques. Ils indiquent leur manière de procéder en se fondant sur "des géométrie non euclidiennes". Par ailleurs, ils affirment s'être appuyés sur "un grands nombres de documents numérisés de la Bibliothèque Nationale de France".
On pourrait donc considérer que l'affaire est résolue. Il n'en est rien...
Dominique Labbé a examiné la récente étude et démonte dans un article du 27 novembre 2019 une par une les méthodes utilisées par messieurs Cafiero et Camps. Il critique de manière véhémente les points suivants :
- la qualité des données et des analyses,
- le choix de la sélection d'œuvres dont la paternité n'est pas contestable à titre d'étalon de valeur,
- le faible nombre de pièces de Molière et de Corneille utilisées pour la démonstration,
Il conclut que "les méthodes de MM. Cafiero et Camp sont incapables de reconnaître les auteurs des pièces du XVIIe siècle, y compris celles attribuées à Molière qui aurait mérité de meilleurs avocats ! "
C'est donc bien fâcheux !
On voit donc que le débat n'est pas clos.
On assiste toujours à l'émergence de deux vérités, l'une scientifique (au sein de laquelle il n'y a donc pas de consensus) et l'autre littéraire.
Deux vérités qui ne veulent pas se rejoindre.. pour l'instant !
repères à suivre : le feuilleton