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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Les tropes (2) : la métonymie (Desprez)

Qu'est-ce qu'une métonymie ? C'est une figure de style qui consiste à relier deux objets par une relation logique, historique ou simplement habituelle. Voyons l'utilisation d'un' métonymie sous la plume d'un auteur du 19ème siècle qui fait le lien entre une couleur de robe et la vie de malheur de certaines femmes : la Grisette.

 

thème langage, figures de style, métonymie; Grisette

 

 Repères : thème du langage  : figures de style

Plan

Dans le cadre du thème relatif au langage, il vous est proposé de vous familiariser avec les figures de style qui abondent dans les œuvres littéraires.

Retrouvez enfin en un seul tableau, le résumé de toutes ces figures stylistiques.

Métonymie        

Après avoir présenté la célèbre métaphore de Joseph Prudhomme : «  Le char de l’État navigue sur un volcan », archétype de la sentence ridicule, passons aujourd'hui à la métonymie.

Qu'est-ce qu'une métonymie ? C'est une figure de style qui consiste à relier deux objets par une relation logique, historique ou simplement habituelle.

Prenons des exemples connus :

- « Nourrir de sa main » : association de deux termes : la nourriture et la main qui permet d'alimenter une personne.

- L'emploi du terme «Vénus » pour parler de l'amour...

- Un auteur classique, Racine, fait un usage habile de la métonymie :

« Que dis-je ? Il n’est point mort, puisqu’il respire en vous.
Toujours devant mes yeux je crois voir mon époux »
(Phèdre, vers 627-628)

L'auteur accentue la ressemblance entre deux personnes par ce procédé stylistique.

Mais voyons, cette fois en prose, l'utilisation de cette fameuse métonymie sous la plume d'un auteur du 19ème siècle qui fait le lien entre une couleur de robe et la vie de malheur de certaines femmes : la Grisette.

Grisette

"Autrefois on appelait Grisette la simple casaque grise que portaient les femmes du peuple. Bientôt la rhétorique s’en mêla. Les femmes furent appelées comme leur habit. C’était le contenant pour le contenu. Les grisettes ne se doutent guère que leur nom est une métonymie. Mais voyez un peu ce que deviennent les étymologies et les grisettes ! La grisette n’est pas même vêtue de gris. Sa robe est rose l’été, bleue l’hiver. L’été, c’est de la perkaline ; l’hiver, du mérinos.

La grisette n’est plus exclusivement une femme dite du peuple. Il y a des grisettes qui sortent de bon lieu. Elles l’assurent du moins. Je ne sais à quoi cela tient, peut-être à la lecture des romans, mais d’habitude, si la grisette est née en province, elle a failli épouser le fils du sous-préfet de sa petite ville, le fils du maire de son village, quelquefois le maire lui-même. Si Paris fut son berceau, elle eut pour père un vieux capitaine en retraite ; ses bans ont été publiés à la mairie du onzième arrondissement ; son futur était sous-lieutenant ou auteur de mélodrames : le mariage a manqué par suite d’un quiproquo. En général, la grisette a eu des malheurs ; malheurs de famille, mais le plus souvent malheurs d’amour. Toute grisette est nubile.

On reconnaît une grisette à sa démarche, au travail qui l’occupe, à ses amours, à son âge, et enfin à sa mise. J’entends parler surtout de sa coiffure.

La grisette marche de l’orteil, se dandine sur ses hanches, rentre l’estomac, baisse les yeux, vacille légèrement de la tête, et, pour tacher de boue ses fins bas blancs, attend presque toujours le soir.

Elle travaille chez elle, loge en boutique ou va en ville. Elle est brunisseuse, brocheuse, plieuse de journaux, chamoiseuse, chamarreuse, blanchisseuse, gantière, passementière, teinturière, tapissière, mercière, bimbelotière, culottière., giletière, lingère, fleuriste ; elle confectionne des casquettes, coud les coiffes de chapeau, colorie les pains à cacheter et les étiquettes du marchand d’eau de Cologne ; brode en or, en argent, en soie, borde les chaussures, pique les bretelles, ébarbe ou natte les schalls, dévide le coton, l’arrondit en pelotes, découpe les rubans, façonne la cire ou la baleine en bouquets de fleurs, enchaîne les perles au tissu soyeux d’une bourse, polit l’argent, lustre les étoffes ; elle manie l’aiguille, les ciseaux, le poinçon, la lime, le battoir, le gravoir, le pinceau, la pierre sanguine, et dans une foule de travaux obscurs que les gens du monde ne connaissent pas même de nom, la pauvre grisette use péniblement sa jeunesse à gagner trente sous par jour, 547 fr. 50 centimes par an.(...)"

Les Grisettes à Paris, Ernest Desprez

https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Grisettes_%C3%A0_Paris

Repères à suivre : - les figures de style- la périphrase

 

 

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A
<br /> <br /> C'est la rentrée pour tout le monde, je reprends donc mes lectures durant ma "pause méridienne" !!!<br /> <br /> <br /> Je connaissais le grisettes de Montpellier (c'est bon pour la gorge !) mais pas ces Grisettes-là ! Quant à la métonymie ... et bien j'aurais au-mois appris 2 choses aujourd'hui ! Merci Littératus<br /> !!!<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> On révise en douceur, c'est la rentrée !<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> J'apprécie beaucoup vos explorations des figures de style. A l'école, cela est souvent débarbatif quoique très utile...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Merci, chère Flora, pour ces encouragements. J'aime particulièrement ce thème du langage...<br /> <br /> <br /> <br />