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Analyse-Livres & Auteurs-Culture & Éducation par la littérature

Gazette littéraire

L'universalité de la langue française (Rivarol)

Le respect de toutes ces règles stylistiques a-t-il rendu la langue française... universelle ?Voilà une question posée très sérieusement dans le cadre d'un concours lancé par l'Académie de Berlin en 1784. L'écrivain français, Rivarol, a conçu le discours qui suit dont un extrait vous est proposé aujourd'hui.

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Repères : Thème du  langage - les figures de style (conclusion)

Plan

Dans le cadre du thème relatif au langage, il vous est proposé de vous familiariser avec les figures de style qui abondent dans les œuvres littéraires.

Retrouvez enfin en un seul tableau, le résumé de toutes ces figures stylistiques.

Universalité

Concluons, si vous le voulez bien, cette première partie axée sur les différentes figures de style.

En définitive, le respect de toutes ces règles stylistiques a-t-il rendu la langue française... universelle ?

Voilà une question essentielle qui n'émane pas du (petit) cerveau du rédacteur de ces lignes, mais d'une interrogation posée très sérieusement dans le cadre d'un concours lancé par l'Académie de Berlin en 1784.

L'écrivain français, Rivarol, a conçu le discours qui suit dont un extrait vous est proposé aujourd'hui.

Il expose -sans complexe- que le génie de la langue française est tout à fait... unique et sans comparaison avec l'anglais, l'italien et l'allemand : un discours qui ne manque pas d'orgueil et de prétention...

Voici donc un texte illustrant magnifiquement un art qui a souvent tendance à se perdre, celui de se ... taire !

Rivarol

Qu'est-ce qui a rendu la Langue Française universelle?

Pourquoi mérite-t-elle cette prérogative?

Est-il à présumer qu'elle la conserve?

 

"(...) Il me reste à prouver que, si la langue française a conquis l'empire par ses livres, par l'humeur et par l'heureuse position du peuple qui la parle, elle le conserve par son propre génie.

Ce qui distingue notre langue des langues anciennes et modernes, c'est l'ordre et la construction de la phrase. Cet ordre doit toujours être direct et nécessairement clair. Le français nomme d'abord le sujet du discours, ensuite le verbe qui est l'action, et enfin l'objet de cette action : voilà la logique naturelle à tous les hommes ; -voilà ce qui constitue le sens commun. Or cet ordre, si favorable, si nécessaire au raisonnement, est presque toujours contraire aux sensations, qui nomment le premier l'objet qui frappe le premier . C'est pourquoi tous les peuples, abandonnant l'ordre direct, ont eu recours aux tournures plus ou moins hardies, selon que leurs sensations ou l'harmonie des mots l'exigeaient ; et l'inversion a prévalu sur la terre, parce que l'homme est plus impérieusement gouverné par les passions que par la raison.

Le français, par un privilège unique, est seul resté fidèle à l'ordre direct, comme s'il était tout raison, et on a beau par les mouvements les plus variés et toutes les ressources du style, déguiser cet ordre, il faut toujours qu'il existe ; et c'est en vain que les passions nous bouleversent et nous sollicitent de suivre l'ordre des sensations : la syntaxe française est incorruptible. C'est de là que résulte cette admirable clarté, hase éternelle de notre langue. Ce qui n'est pas clair n'est pas français ; ce qui n'est pas clair est encore anglais, italien, grec ou latin. Pour apprendre les langues à inversion, il suffit de connaître les mots et leurs régimes ; pour apprendre la langue française, il faut encore retenir l'arrangement des mots. On dirait que c'est d'une géométrie tout élémentaire, de la simple ligne droite, et que ce sont les courbes et leurs variétés infinies qui ont présidé aux langues grecque et latine. La nôtre règle et conduit la pensée ; celles-là se précipitent et s'égarent avec elle dans le labyrinthe des sensations et suivent tous les caprices de l'harmonie : aussi furent-elles merveilleuses pour les oracles, et la nôtre les eût absolument décriés."

De l'universalité de la langue française, Rivarol, discours primé à l'Académie de Berlin 1784

http://www.bribes.org/trismegiste/rivarol.htm

Repères à suivre : étude :  les perturbations du récit (Jacques le Fataliste, Diderot/ Malone meurt, Beckett)

 

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F
<br /> <br /> Une conception très corsetée des langues et de la langue française! Heureusement que cette dernière ne correspond plus à cette rigidité et qu'elle peut nous enchanter par beaucoup de<br /> fantaisie!<br /> <br /> <br /> Sans compter le mépris pour les autres langues!<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Difficile d'engager un dialogue entre les peuples dans de telles conditions !<br /> <br /> <br /> <br />