Analyse-Livres & Culture pour tous
5 Décembre 2023
En 1952, Ponge publie la Rage de l’expression. Ce titre comporte une tonalité plus violente que le précédent recueil, Le Parti Pris des choses (1942) comme le suggèrent l’étymologie et l’analyse des mots. Deux axes sont donc au centre de ce recueil : l’obsession irrépressible de Ponge sur son travail de la langue.
repère : La Rage de l’expression : présentation
Comment Francis Ponge conçoit-il l’art poétique ? C’est le sens de la problématique que la Gazette a décidé de traiter dans les articles suivants :
Débutons aujourd’hui par le sens du titre de ce recueil qui porte en lui une gradation.
En 1942, Ponge obtient de faire publier, après bien des péripéties, son recueil composé de pièces écrites avant la guerre, le Parti pris des choses : ce titre renvoie à l’examen d’objets humbles du quotidien (bougie, cageot, cigarette) au travers de textes travaillés pour montrer à la fois la singularité de la chose en elle-même et la vision variable de l’homme sur ce même objet.
En d’autres mots, on peut dire qu’il a adopté le parti pris de décrire des choses.
Avec cette terminologie, Ponge ne parle finalement pas de l’objet, mais d’abord de lui-même. Notons la difficulté de Ponge à se qualifier de « poète » comme nous le verrons dans l’analyse de l’œillet.
S’il s’agit de lui, c’est pour évoquer essentiellement son travail et la direction qu’il entend lui donner : un engagement objectif avec une cause à soutenir.
Il se situe au niveau de la matière et non de l’esprit ou des sentiments. Il reprend ce positionnement philosophique et poétique dans son deuxième recueil lorsqu’en 1952, Ponge publie la Rage de l’expression.
Ce titre comporte de surcroît une tonalité plus violente comme le suggèrent l’étymologie et l’analyse des mots.
Ce mot provient du latin « rabies » pour évoquer le virus rabique donnant la « rage » ; cette maladie contagieuse transmise par le chien notamment à l’homme est restée longtemps inguérissable (NB : vaccin contre la rage par Pasteur mis au point en 1885). Elle entraînait des manifestations physiques effrayantes : agitation, confusion, hallucination, coma et mort.
Par extension, la rage est devenue au sens figuré une colère violente, une fureur, une frénésie donnant lieu à des actes excessifs.
On emploie enfin ce terme pour signifier une envie, un désir que rien ni personne ne peut arrêter : ex : la rage de vivre. On est dans le domaine subjectif.
Analysons maintenant la nature et la fonction des termes :
- la rage et l’expression : deux noms communs,
- de : une préposition.
Dans ce groupe nominal, la rage de l’expression, il ne s’agit pas de n’importe quelle rage, puisque ce terme est complété par le complément du nom de l’expression.
Qu’est-ce qu’on peut déduire ? Une originalité reposant sur deux points.
Objet
L’originalité du recueil repose comme dans le précédent sur l’auteur et sur le monde, avec deux orientations plus précises :
On obtient le rapport entre l’auteur et la langue française. Ce sont donc les deux axes centraux de ce recueil dont nous verrons en détail le contenu.
Sources
repère à suivre : le contenu du recueil