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Analyse-Livres & Auteurs-Culture & Éducation par la littérature

Gazette littéraire

Analyse de la composition du recueil “Mes forêts” (H.Dorion)

Ce recueil a pour objet de nous conduire à effectuer un cheminement poétique d’abord, à partir de la régularité principale de sa structure qui s’ouvre ensuite sur l’irrégularité de ses poèmes. Nous parvenons enfin à une forme d’unité.

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repères : Hélène Dorion : présentation

Composition

La problématique choisie s’articule autour de la question de savoir comment le dérèglement du monde extérieur produit un effet sur l’intime. Pour y répondre, nous vous proposons un dossier comprenant une présentation générale, suivie de l’analyse linéaire de trois poèmes significatifs.

Aujourd’hui nous verrons la question de l’organisation de ce recueil qui repose sur une dualité, à la fois sur l’opposition composition régulière/composition irrégulière. Par ailleurs, on relève une progression poétique allant du registre pathétique, en passant par le dramatique, pour s’achever sur une note d’espoir. 

Mouvements

Nous allons décrire le plan régulier du recueil avant de voir l'irrégularité de sa structure interne.

  1. structure régulière générale

On compte quatre grands mouvements suivant un plan régulier. 

Ainsi chaque partie est précédée d’un poème débutant par « mes forêts » qui est décliné selon le thème de la sous-partie : cela donne une tonalité musicale. L’œuvre se clôt aussi sur la même note avec « mes forêts ». On a donc une composition qui commence et s’achève comme un cycle sur le temps.

À l’intérieur de chaque partie, on peut lire quatre épigraphes de plusieurs poétesses. On peut en déduire que chaque partie forme un petit recueil en lui-même. L’addition de ces parties donne ainsi une structure régulière au livre. 

Pourtant l’irrégularité est aussi au cœur de ce recueil.

  2. structure irrégulière des poèmes

Nous allons examiner ensemble les parties pour mesurer la structure interne de ce recueil. 

Celui débute par les poèmes suivants :

– Mes forêts sont une longue traînée de temps

— L’écorce incertaine : la première partie nous offre 25 courts poèmes mettant en exergue les différentes composantes de la forêt (le minéral, le végétal, l’animal) et leurs rapports avec l’homme :

  • l’horizon, 
  • l’arbre,
  • le ruisseau
  • le rocher,
  • le tronc,
  • l’île,
  • la branche,
  • les feuilles,
  • la déchirure,
  • l’écorce,
  • l’humus,
  • le mur des bois,
  • la cime,
  • la bête,
  • les racines,
  • le silence,
  • l’ocre,
  • le houppier,
  • les brèches,
  • le temps,
  • le sentier,
  • le feu,
  • les vents,
  • un lit,
  • l’aile,

— Mes forêts sont un champ silencieux

— Une chute de galets : 2e partie composée en un seul poème avec pour sujet le double rapport entre le sens de l’ouïe et le thème du temps. Il faut considérer la nombreuse répétition du vers «c’est le bruit du monde/l’écoulement du temps — » qui fait office de refrain musical. Notons le travail de la poétesse sur la présentation formelle du poème (blanc typographique, justification alternée du texte à droite, centrée et à gauche [trois temporalités]).

– Mes forêts sont les bêtes qui attendent la nuit

— L’onde du chaos : 3e partie : on compte 30 poèmes sans titre, évoquant une nature désolée dans un registre dramatique.

  • Il souffle mille voix de vent,
  • Rêve-t-elle d’autres saisons
  • Le jeune érable frémit,
  • Les arbres mordent le sol,
  • Il fait un temps de bourrasques et de cicatrices,
  • Entre mes doigts,
  • Les alertes du matin résonnent,
  • Comme roulent les galets,
  • Il fait un temps de foudre et de lambeaux,
  • Je n’ai rien déposé,
  • À la table du silence,
  • Parfois je sarcle le sol,
  • Tu t’arrêtes, 
  • Il fait un temps d’insectes affairés,
  • Je m’incline souvent,
  • Je marche entre mes ombres,
  • Nos matins de brume comme,
  • Nous sommes debout,
  • Je n’entends pas le loup,
  • Il fait taches de brouillard,
  • Les jours tombent comme,
  • l’herbe ne va nulle part,
  • A l’instant où,
  • Ce sera comme un souvenir,
  • Le chemin qui monte vers toi,
  • Il fait rage virale,
  • On dirait une silhouette mystérieuse,
  • Autour de moi les notes,
  • La neige a cessé,
  • Tu pousses la porte du temps,

— Mes forêts sont le bois usé d’une histoire

— Le bruissement du temps : trois poèmes lyriques évoquant le retour aux origines comme chemin vers une nouvelle compréhension de la nature et de soi : 

  • Avant l’aube,
  • Avant l’horizon,
  • Avant la nuit,

Mes forêts sont des longues tiges d’histoire

Que signifie l’organisation particulière de ce recueil ?

 Progression

Ce recueil a donc pour objet de nous conduire à effectuer un cheminement poétique à partir de la régularité apparente des parties s’ouvrant sur l’irrégularité interne des textes avant, enfin, que nous parvenions à une forme d'unité.

  1.  la composition régulière se mesure à partir des :
  • cinq refrains « mes forêts »
  • quatre mouvements,
  • quatre épigraphes

2. la composition irrégulière se mesure à partir de :

  • la longueur des poèmes, soit courts [type haïkus] soit de taille moyenne, soit longs [cf. 2e partie]
  • l’absence de titre à l’intérieur du recueil entre la 1e et la dernière partie : signe de décomposition avant la recomposition  de l’espoir
  • la typographie des caractères et des espaces,

      3. l’unité du recueil se mesure à partir de :

  • de l’importance du sens de l’ouïe,
  • la préoccupation écologique
  • la critique de la modernité,
  • l’importance du thème du temps,
  • d’un imaginaire poétique des forêts
  • d’un renouvellement de l’espoir 

Nous verrons dans les analyses linéaires la vitalité qui est à l’œuvre dans ce recueil. Il nous reste à comprendre la manière dont ce recueil est écrit.

repère à suivre : Le style dans le recueil [H.Dorion]

 

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