Analyse-Livres & Culture pour tous
25 Septembre 2010
Le journal d'Hélène Berr a pour objet de "témoigner pour ne pas oublier". La jeune fille porte un projet d'écriture
repères : thème du journal : l'étude
Dans l'article précédent, on a vu le balancement entre horreur et légèreté du journal, aujourd'hui, nous verrons la fonction de témoignage de ce journal.
Dès lors, le journal se voit assigner par son auteur une fonction nouvelle, celle de « témoigner des faits pour ne pas les oublier » (18 juillet 1942) : les rafles (notamment celle du Vél d'Hiv), les interdictions édictées par le régime de Vichy à coup d'ordonnances iniques, les persécutions, les déportations et les deuils...
"Il faudrait donc que j'écrive pour pouvoir plus tard montrer aux hommes ce qu'a été cette époque. (…) Seulement, je n'ai pas le temps d'écrire un livre. Je n'ai pas le temps, je n'ai pas le calme nécessaire. Et je n'ai sans doute pas le recul qu'il faut. Tout ce que je peux faire, c'est de noter les faits ici, qui aideront plus tard ma mémoire si je veux raconter, ou si je veux écrire." (10 octobre 1943)
Ce projet d'écriture en devenir est porté par Hélène Berr qui apparaît dès lors comme une intellectuelle engagée dans une lutte de tous les jours contre l'oppression inique.
Elle ne peut se présenter à l'agrégation pour des motifs de discrimination mais court toute la journée, dépense une énergie incroyable à soulager la misère.
Hélène Berr est parfaitement consciente des dangers qu'elle court.
« Est-ce que beaucoup de gens auront eu conscience à 22 ans qu'ils pouvaient brusquement perdre toutes les possibilités qu'ils sentaient en eux – et je n'éprouve aucune timidité à dire que j'en sens en moi d'immenses, puisque je les considère comme un don qui m'est fait, et pas comme une propriété- que tout pourrait leur être ôté, et ne pas se révolter ?» (27 octobre 1943).
Repère à suivre : Le journal d'un écrivain, entre révélations et émotion (10)