Analyse-Livres & Culture pour tous
26 Septembre 2010
Le journal d'Hélène Berr prend une tournure plus personnelle puisqu'il rend compte du sentiment qui l'unit à son fiancé qu'elle ne reverra plus...
(repères : thème du journal : l'étude)
Précédemment, il a été indiqué l'apport de ce journal sur le plan littéraire et historique.
Le carnet prend aussi une tournure plus personnelle puisqu'il rend compte du sentiment profond qui l'unit à son fiancé Jean, parti combattre à Londres :
« Il y a deux parties dans ce journal, je m'en aperçois en relisant le début : il y a la partie que j'écris par devoir, pour conserver des souvenirs de ce qui devra être raconté, et il y a celle qui est écrite pour Jean, pour moi et pour lui ». (27 octobre 1943)
Ce document se révèle donc à ce titre si précieux à ses yeux qu'elle le confie à Andrée, cuisinière de la famille Berr, avec l'obligation de le remettre à son fiancé, en cas de … disparition.
Le rapport qu'elle entretient avec la mort est omniprésent et légitimement complexe. Ses confessions sont à cet égard bouleversantes de lucidité et de courage... :
« J'ai dit que je n'avais pas peur. Pourtant, je me demande si ce n'est pas ignorance, ignorance des souffrances qu'il y aura à endurer, ignorance de mon pouvoir de résistance. » (13 décembre 1943)
Littérature
La lecture de ce journal montre aussi combien la littérature lui permet de s'évader mais surtout de s'interroger sur le sens de la vie qu'elle mène durant ces heures terribles : elle fait notamment référence à :
(...) la main vivante chaude, et capable/ d'étreindre passionnément, viendrait si elle était raidie/ Et emprisonnée au silence glacial du tombeau
(du poète Keats -27 octobre 1943).
Au décès de sa grand-mère, elle s'interroge sur l'existence d'une vie après la mort :
« Le seul être humain qui ait eu raison est Hamlet dans son monologue To be or not to be » (30 novembre 1943).
Un sentiment d'incompréhension du mal qui ravage les temps est parfaitement exprimé :
« Ce matin, je lisais Shelley, et sa défense de la poésie ; hier soir, un dialogue de Platon traduit par lui. Quel désespoir de penser que tout cela, tous ces magnifiques résultats de polissure, d'humanisation, toute cette intelligence et cette largeur de vues sont morts aujourd'hui. » (24 novembre 1943)
Il n'y a rien à ajouter à un tel constat....
La publication d'une telle œuvre en 2008, traduite en vingt-six langues, rend désormais justice à cet écrivain au destin fauché et nous la rend présente.
repère à suivre : la synthèse de l'étude