Analyse-Livres & Culture pour tous
19 Avril 2013
Repères : le thème du mariage : l'étude
Dans l'article précédent, il a été présenté la scène d'exposition de la sonate à Kreutzer de Tolstoï. Il a été indiqué qu'une conversation badine a lieu dans un train en Russie. Le sujet ? La question du divorce et de l'amour. Un des passagers trouble l'ambiance en adoptant des propos pessimistes. Il prétend apporter la preuve de ce qu'il avance en se présentant : mais qui est donc ce vieil homme aigri ?
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La révélation de l'identité du vieillard
La fin du chapitre II nous révèle le nom du personnage qui trouble si fortement l'ambiance au sein des voyageurs. Il se nomme, Pozdnychev. Il est «connu» pour une raison bien précise. Il se dévoile ainsi à la vue de tous :
« Je suis Pozdnychev, celui qui eut à vivre l’une de ses mauvaises périodes auxquelles vous venez de faire allusion, l’épisode au cours duquel j’ai tué ma femme, fit-il en jetant un regard rapide sur chacun de nous. » (page 24) Le vieil homme est donc l'assassin de sa femme. Cette annonce clôt évidemment toute forme de discussion. Certains changent de compartiment. Le commerce avec cet homme semble désormais impossible.
Mais Pozdnychev ne peut plus se taire ; il cherche une personne auprès de qui se libérer de ce fardeau trop lourd à porter. L'évoquer, c'est un peu soulager sa conscience. Il se livre dès lors au narrateur qui, curieux, espère en effet en savoir plus. La conversation prend un tour plus intime. La confession débute.
La concupiscence d'un homme
Le vieillard revient sur sa jeunesse et sur l'éveil à sa propre sexualité. « Je suis devenu un sensuel et je le suis resté. C'est ce qui m'a perdu. » (page 33). L'homme a ainsi vécu dans la débauche jusqu'à son mariage. C'est encore par ses sens qu'il indique avoir jeté son dévolu sur son épouse.
Mais il considère que la société organise ces rencontres en assignant à tous un rôle bien précis. Il résume sa pensée en notant que les hommes ne sont que des êtres concupiscents, ce qui constitue une donnée immédiate dont les femmes s'accommodent très bien : elle agissent en fonction de la « fourberie » masculine (page 39). Elles se vendent à l'homme avec la considération générale de la société (page 40). Tout est donc manifestement faux dans les relations entre l'homme et la femme :
« Elles savent que nous mentons en parlant de sentiments purs, que leurs corps seuls peuvent nous tenter et que nous pardonnerons plutôt un vice qu’une robe sans goût et de mauvaise coupe. » (page 40) Le malentendu est tragique ; le constat est implacable...
Repères à suivre : l'étude : Une sonate funeste (Tolstoï)