Analyse-Livres & Culture pour tous
17 Juillet 2010
Le Tour de France nous conduit sur le mont Ventoux avec Pétrarque, poète du 14e siècle, qui narre dans une lettre l'expédition périlleuse entreprise.
Repères: Tour de France : Pétraque et le mont Ventoux
La soif de grands horizons et la quête de la paix... Bienvenue sur le Mont Ventoux dans le Vaucluse.
Le spectacle est saisissant...
Prenez Pétrarque qui en 1336 fait le choix de son frère pour gravir le mont et pour apprécier à sa hauteur la beauté des lieux.
Une expédition qui reste néanmoins périlleuse. Ecoutez les avertissements d'un habitant du pays...
"J’ai fait aujourd’hui l’ascension de la plus haute montagne de cette contrée que l’on nomme avec raison le Ventoux, guidé uniquement par le désir de voir la hauteur extraordinaire du lieu. Il y avait plusieurs années que je nourrissais ce projet, car, comme vous le savez, je vis dès mon enfance dans ces parages, grâce au destin qui bouleverse les choses humaines. Cette montagne, que l’on découvre au loin de toutes parts, est presque toujours devant les yeux. (…)
Au jour fixé, nous quittâmes la maison, et nous arrivâmes le soir à Malaucène, lieu situé au pied de la montagne, du côté du nord. Nous y restâmes une journée, et aujourd’hui enfin nous fîmes l’ascension avec nos deux domestiques, non sans de grandes difficultés, car cette montagne est une masse de terre rocheuse taillée à pic et presque inaccessible. Mais le poète a dit avec raison : Un labeur opiniâtre vient à bout de tout. La longueur du jour, la douceur de l’air, la vigueur de l’âme, la force et la dextérité du corps, et d’autres circonstances nous favorisaient. Notre seul obstacle était dans la nature des lieux. Nous trouvâmes dans les gorges de la montagne un pâtre d’un âge avancé qui s’efforça par beaucoup de paroles de nous détourner de cette ascension. Il nous dit que cinquante ans auparavant, animé de la même ardeur juvénile, il avait monté jusqu’au sommet, mais qu’il n’avait rapporté de là que repentir et fatigue, ayant eu le corps et les vêtements déchirés par les pierres et les ronces. Il ajoutait que jamais, ni avant, ni depuis, on n’avait ouï dire que personne eût osé en faire autant. Pendant qu’il prononçait ces mots d’une voix forte, comme les jeunes gens sont sourds aux conseils qu’on leur donne, sa défense redoublait notre envie. Voyant donc que ses efforts étaient vains, le vieillard fit quelques pas et nous montra du doigt un sentier ardu à travers les rochers, en nous faisant mille recommandations qu’il répéta encore derrière nous quand nous nous éloignâmes. (…)"
la suite : http://www.gelahn.asso.fr/docs95.htmlv)
Franciscus PETRARCHA, Familiarium rerum, liber IV, ep. 1
Lettre de Francois Pétrarque à Denis Robert ;
Traduction de Victor DEVELAY, 1880.
repère à suivre : Eugène Labiche à Chamonix