Analyse-Livres & Culture pour tous
16 Juillet 2010
Le tour de France nous conduit sur les terres de Daudet et de la saveur des contes pittoresques de l'arrière pays de Provence
Repères : Tour de France: Daudet et la Provence
Dans l'article précédent, nous étions dans les Pyrénées avec Hugo, aujourd'hui nous faisons une halte en Provence.
Le ciel bleu, le soleil brûlant, le parfum du thym et du romarin, la garrigue...
La Gazette s'arrête aujourd'hui sur les terres de Provence.
Retrouvons Avignon, capitale du Vaucluse, célèbre pour le fameux pont chanté si souvent par les plus jeunes...
Découvrons ensemble le Palais des papes, monument du 14ème siècle, classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Une ville animée et toujours dynamique.
Daudet ne pouvait que nous accompagner. Auteur emblématique des contes et légendes provençaux, il a su restituer avec ses mots une culture d'une richesse incroyable mélangeant humour, ironie mordante avec un brin de poésie. Jubilatoire !
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"Qui n’a pas vu Avignon du temps des Papes, n’a rien vu. Pour la gaieté, la vie, l’animation, le train des fêtes, jamais une ville pareille. C’étaient, du matin au soir, des processions, des pèlerinages, les rues jonchées de fleurs, tapissées de hautes lices, des arrivages de cardinaux par le Rhône, bannières au vent, galères pavoisées, les soldats du Pape qui chantaient du latin sur les places, les crécelles des frères quêteurs ; puis, du haut en bas des maisons qui se pressaient en bourdonnant autour du grand palais papal comme des abeilles autour de leur ruche, c’était encore le tic tac des métiers à dentelles, le va-et-vient des navettes tissant l’or des chasubles, les petits marteaux des ciseleurs de burettes, les tables d’harmonie qu’on ajustait chez les luthiers, les cantiques des ourdisseuses ; par là-dessus le bruit des cloches, et toujours quelques tambourins qu’on entendait ronfler, là-bas, du côté du pont. Car chez nous, quand le peuple est content, il faut qu’il danse, il faut qu’il danse ; et comme en ce temps-là les rues de la ville étaient trop étroites pour la farandole, fifres et tambourins se postaient sur le pont d’Avignon, au vent frais du Rhône, et jour et nuit l’on y dansait, l’on y dansait… Ah ! l’heureux temps ! l’heureuse ville ! Des hallebardes qui ne coupaient pas ; des prisons d’État où l’on mettait le vin à rafraîchir. Jamais de disette ; jamais de guerre… Voilà comment les Papes du Comtat savaient gouverner leur peuple ; voilà pourquoi leur peuple les a tant regrettés !…"
La mule du pape, extrait des lettres de mon moulin, Daudet
Wikisource : http://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_de_mon_moulin/La_mule_du_Pape
repère à suivre : Pétraque et le Mont Ventoux