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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Le jardin du paradis céleste

Le thème du jardin dans la littérature renvoie aussi au paradis qui signifie étymologiquement jardin clos. Dante a su mieux que tout autre nous le décrire dans son chant 31 tiré de la divine Comédie.

 

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Jardin botanique de Singapour

Étymologie de paradis 

 

Repères : thème du jardin : présentation

 

Dans le précédent article, nous avons pu voir la dimension mystique du jardin au Moyen-Âge avec la représentation du ciel au cœur du cloître, lui-même au centre du monastère. Il sera question aujourd’hui de considérer, à l’inverse, comment le paradis céleste emprunte des caractéristiques au jardin terrestre.

 

Débutons par l’étymologie de ce terme qui nous renseigne très précisément sur ce point. Le mot paradis provient d’un mot perse, repris en grec puis en latin : paradisus, jardin enclos. Par conséquent, nous commettons semble-t-il un pléonasme en parlant de jardin du paradis qui n’est autre que le jardin du jardin. Dans l’acception savante, il est dit que le mot paradis renvoie au mot jardin évoqué par la Genèse. Et pourtant une distinction importante doit avoir lieu.

 

L’Autre jardin

 

Indépendamment de l’étymologie, nous rappelons que la notion de paradis revêt une toute autre nuance que ce qu’on appelle communément le paradis terrestre occupé par Adam et Ève. En l’occurrence, dans l’eschatologie chrétienne, le paradis constitue le lieu où les hommes morts sont déclarés justes au cours du Jugement dernier. On se trouve donc sur un autre terrain que celui de la Genèse.

 

Pour nous accompagner sur ce point, nous allons nous intéresser à un fameux auteur italien du Moyen-Âge, Dante (1265-1321) et à son chef œuvre, la divine Comédie. Celle-ci composée de chants est divisée en trois grandes parties :

  • L’enfer,
  • Le purgatoire,
  • Le paradis.

 

Le paradis de Dante

 

Intéressons-nous à cette dernière partie, si vous le voulez bien. Dante et sa muse Béatrice ont quitté le Purgatoire au sommet duquel se trouve le paradis terrestre pour arriver dans une contrée formée de dix cercles composés des planètes suivantes :  la Lune, Mercure, Vénus, le soleil, Mars, Jupiter, Saturne, la sphère des étoiles fixes, le Premier Mobile, l’Empyrée (lieu de séjour de Dieu). Plaçons-nous à la dernière étape de ce voyage stellaire et découvrons ce paradis resplendissant qui apparaît. Que peut-il voir au chant 30 ? 

 

La rose céleste

 

Il nous décrit le premier cercle où luit une folle lumière prenant la forme d’un fleuve autour de deux rives d’herbes vertes regorgeant de fleurs rouges et or, au parfum merveilleux. On est donc bel et bien en présence d’un nouveau jardin avec l’eau et la végétation luxuriante autour duquel les élus sont assis sur des gradins.

C’est alors qu’au chant 31, Dante découvre la Rose céleste, immaculée couleur de la pureté :

«   En la forme donc d’une rose blanche se montrait à moi la sainte milice que dans son sang le Christ épousa.

2. Mais l’autre qui volant voit et chante la gloire de celui qui l’énamoure, et la bonté qui la créa si excellente,

3. Comme un essaim d’abeilles qui tantôt se plonge dans les fleurs, tantôt retourne là où son travail prend de la saveur,

4. Descendait dans la grande fleur qui s’orne de tant de feuilles, et de là remontait où son amour toujours séjourne.

5. Leurs faces étaient de flamme vive, leurs ailes d’or, et le reste, d’une telle blancheur qu’il n’est point de neige qui l’égale.

6. Lorsque dans la fleur de siège en siège ils descendaient, ils y versaient de la paix et de l’ardeur qu’ils produisent en eux en agitant leurs ailes.

7. Le vol d’une si grande multitude interposée entre la fleur et ce qui est au-dessus, ne voilait ni la vue, ni la splendeur,

8. Car la lumière divine pénètre dans l’univers autant qu’il en est digne, tellement que rien ne lui fait obstacle.

9. Plein de sécurité et de joie, ce royaume, qu’habitent un peuple ancien et un peuple nouveau, tenait sa vue et son amour tout entiers fixés sur un Point.

10. O trine lumière, qui à leurs yeux scintillant en une seule étoile, les abreuve de tant de paix, regarde ici-bas notre tempête !

(…) »

 

Dante, la divine Comédie, le Paradis, chant 31, traduction Lamennais 

https://fr.wikisource.org/wiki/La_Divine_Comédie_(Lamennais_1863)/Le_Paradis/Chant_31

 

Repère à suivre : l’amour courtois

 

 

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