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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Lorsqu'une idylle se noue...(Eberhardt)

  Lorsqu'une idylle se noue...(Eberhardt)

 

Une romance idéalisée

(repères : carnet de voyage : Alégrie)


Dans les deux derniers articles, la Gazette a mis en ligne des extraits de la nouvelle le major d'Isabelle Eberhardt.

Le jeune Jacques, médecin militaire arrive en Algérie pour remplir sa mission sans envie particulière. Il découvre petit à petit la beauté stupéfiante de ce pays. Il tombe même amoureux d'une jeune femme du pays, Embarka, avec lequel il vit une idylle romantique. Il idéalise la romance.

La situation cause un scandale dans le bled car elle est fort mal vue de la part des autorités coloniales et de la population locale.

Les choses vont évidemment connaître un tour mauvais...


***

"Alors Jacques se replia encore plus sur lui-même et la petite maison en ruine lui devint plus chère. Là, il se reposait, dans ce décor qu'il aimait ; là, il était loin de tout ce qui, au bordj, lui rendait désormais la vie intolérable. Embarka ne le questionnait pas sur les causes de sa tristesse, mais, assise à ses pieds, elle lui chantait ses complaintes favorites ou lui souriait...

L'aimait-elle ? Jacques n'eût pu le définir. Mais il ne souffrait pas de cette incertitude, parce que, d'elle, ce qui l'attirait et le charmait le plus, c'était le mystère qui planait sur tout son être. Elle était pour lui un peu l'incarnation de son pays et de sa race, avec sa tristesse, son silence, son absolue inaptitude à la gaieté et au rire... Car Embarka ne riait jamais.

Dans son sourire, Jacques découvrit des trésors de tristesse et de volupté. D'ailleurs, il l'aimait ainsi inexpliquée, inconnue, car il avait ainsi l'enivrante possibilité d'aimer en elle son propre rêve...

Dans d'autres conditions, avec une plus grande habitude du pays et de la race arabe, et surtout si leur étrange amour avait commencé plus simplement, Jacques eût peut-être vu Embarka sous un tout autre jour...

Peu à peu, Jacques redevint calme et vaillant, oubliant l'avertissement du capitaine, dont il n'avait pas même soupçonné la menace.

Et, voluptueusement, il se laissa vivre.

Il y avait cinq mois déjà qu'il était là. Il savait maintenant parler la langue du désert, il connaissait ces hommes qui, au début, lui avaient semblé si mystérieux et qui, après tout, n'étaient que des hommes comme tous les autres, ni pires, ni meilleurs, autres seulement. Et justement, ce qui faisait que Jacques les aimait, c'était qu'ils étaient autres, qu'ils n'avaient pas la forme de vulgarité lourde qu'il avait tant détestée en Europe. (...)"


Le major, Isabelle Eberhardt,

http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Major

 

Repères à suivre : carnet : la justification de la colonisation (Hugo)

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