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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

La mondialisation au travers du prisme d’une librairie de quartier (2)

La mondialisation au travers du prisme d’une librairie de quartier (2)

Une librairie de quartier et la mondialisation
Repères : thème de la diffusion : feuilleton

 

Résumé : il a été indiqué dans l’article précédent qu’un élève de terminale ES, Victor Dupuis, doit plancher un samedi matin du mois de novembre 2013 sur un sujet traitant de la mondialisation au travers du prisme d’une librairie de quartier. Le jeune garçon, reflet de sa génération, qui n’est pas entré dans un tel commerce depuis des années se trouve dépité d’avoir à plancher sur un sujet qui ne l’inspire guère. C’est un euphémisme…

 

***

Le ressac

Victor Dupuis exploita les documents qui lui étaient fournis. Il avait les éléments nécessaires pour se lancer dans l’élaboration d’un plan détaillé. Mais quelque chose le gênait depuis un certain temps ; son voisin placé immédiatement devant passait son temps à se balancer de manière indolente sur sa chaise. Cette dernière tapait alors inexorablement sur la table de notre candidat entraînant des secousses qui le gênaient sérieusement. Il s’en émut en considérant d’un mauvais œil celui qui avait l’audace de bailler aux corneilles. Il connaissait de vue le grand échalas qui, à sa différence, ne semblait guère en peine devant le sujet de la dissertation. C’était Thomas Fournier, élève d’une autre terminale ES, le plus grand fumiste que la terre ait porté ! Il disposait au lycée d’un capital de sympathie incroyable. Le premier à faire du chahut, à emballer les filles ! Les deux vont hélas de pair ! Il avait de surcroît l’insolence d’être bon en tout. Aveu rageant pour un garçon comme Victor qui concédait bien malgré lui qu’il ne concourait pas dans la même catégorie : « Laborieux, voilà,  je suis un pauvre laborieux ! D’autres ont plus de facilités que moi. Je dois avoir la moyenne à ce devoir ; je ne veux pas me laisser distraire.» Cependant ces heurts continus contre sa table, véritables ressacs, lui apparurent comme une gêne insupportable. Sa mine de son crayon partait sur le côté à chaque basculement de la chaise. Il lui parut difficile aussi de se concentrer dans de telles conditions.

 

De son côté, Thomas Fournier, lui, ne semblait guère ennuyé par la situation. Il toisait l’assemblée, plastronnait, lançait des clins d’œil à ses amis lesquels lui répondaient par des airs entendus. Un parfum de cour de récréation en pleine épreuve commune ! Le surveillant cessant sa lecture lui demanda un moment de cesser ses balancements. Le joyeux drille arrêta aussitôt son manège. Victor sembla alors soulagé ; il allait pouvoir reprendre le fil de son travail.

 

Un plan à élaborer

Il regarda sa montre, le temps tournait, il ne lui restait plus que trois heures. Ce constat fit perler sur son front une sueur froide et il ressentit l’impression désagréable de moiteur sur ses mains causée par le stress : il n’avait pas réussi à élaborer la première partie de sa dissertation. Il craignit, comme à son habitude, de faire un mauvais plan. Grand A, la librairie Bolingbroke, grand B, la mondialisation. Il avait déjà payé chèrement ce genre d’erreur, par des notes bien en dessous de la moyenne. Madame Lalenne ne plaisantait pas sur l’organisation du plan. Il voulait aujourd’hui se racheter en intégrant toute la problématique dans les deux parties. Oui, mais voilà, comment devait-il procéder ? Il jeta sur sa feuille de brouillon les quelques idées qui lui venaient :

     1.De nouvelles pratiques commerciales déstabilisant le marché des librairies traditionnelles.

a) Un secteur déjà en crise :

·         par une absence de réglementation spécifique : exemple de la librairie de Bolingbroke à Londres dont le loyer n’a cessé de croître depuis des années ;

·         Par une faible rentabilité d’une librairie par rapport à d’autres types de commerce ;

·         Par la vente de livres par la Grande Distribution et par des Enseignes spécialisées ;

b) Emergence d’un secteur qui répond à de nouvelles attentes du public

·         Livre, produit de consommation comme les autres soumis aux lois de la publicité, du marketing etc…

·         Dématérialisation du livre par la numérisation de son support ;

·         Développement de la vente en ligne : Amazon ;

 

Victor sembla satisfait de ses idées qui, pour une fois, affluaient sans trop de peine. Il faut dire qu’il mit à contribution sa mémoire légendaire ; cette dernière restituait sans peine les conversations passionnées entre sa mère et ses amis libraires auxquelles il avait assisté malgré lui. Et dire qu’il pensait que ce n’était que des débats d’arrière-garde ! Il en perçut à ce moment toute leur valeur ! Un sentiment de tendresse l’envahit un instant, en pensant à ce qu’il dirait à sa mère dès son retour ! Il lui devrait bien ça !

 

Il souriait lorsque Thomas Fournier se mit à reprendre de plus belle son manège, sa chaise tapant avec plus de force sur sa table. Les vagues d’une mer calme s’étaient emballées sous l’effet d’une violente tempête. Le rythme des heurts allait crescendo ; il fut impossible pour Victor de poursuivre sa réflexion. Il leva la tête ; personne n’avait l’intention de faire cesser ce trouble. Le surveillant ne levait pas la tête de son livre.  Il comprit qu’il devrait régler ce problème tout seul. Oui, mais son adversaire n’était pas n’importe quel trublion. Il devait agir habilement sans se mettre à dos cet emblème local. On a le courage de ses dix-sept ans…

 

Repères à suivre : feuilleton : l’humiliation de Victor Dupuis (3)

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