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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Le partage selon une fable de La Fontaine

La Fontaine, un autre fabuliste s'est intéressé à la question du partage. C'est l'occasion d'examiner la morale de l'histoire...

Fable La Fontaine Jupiter et le métayer

Repères : thème du partage : présentation

Fabuliste

Après avoir lu une fable d'Esope dans le précédent article, intéressons-nous aujourd'hui à son digne héritier, La Fontaine, qui a vécu au XVIIe  siècle.

Ce dernier met en scène un pacte signé entre un simple métayer et Jupiter, le dieu des dieux romains, alter ego de Zeus.

L'objet du contrat ? La mise en culture d'un terrain à la libre guise du paysan dont on verra le caractère présomptueux au fil de la lecture.

Partage

Vous constaterez que la morale de l'histoire figure à la fin de la Fable. Le partage entre le propriétaire et le métayer est bien maigre...

Le procédé utilisé par La Fontaine consiste à plaire (l'exotisme de la situation) et à instruire, car nous sommes bien dans le registre didactique. Il ne faut donc pas être trop sûr de soi...

***

Jupiter et le métayer

 

Jupiter eut jadis une ferme à donner.
Mercure en fit l’annonce et gens se présentèrent,
Firent des offres, écoutèrent :

Ce ne fut pas sans bien tourner ;
L’un alléguait que l’héritage 
Était frayant
[1] et rude, et l’autre un autre si. 
Pendant qu’ils marchandaient ainsi,
Un d’eux, le plus hardi, mais non pas le plus sage,
Promit d’en rendre tant, pourvu que Jupiter 
Le laissât disposer de l’air,
Lui donnât saison à sa guise
,
Qu’il eût du chaud, du froid, du beau temps, de la bise,
Enfin du sec et du mouillé,
Aussitôt qu’il aurait bâillé. 
Jupiter y consent. Contrat passé, notre homme 
Tranche du roi des airs, pleut, vente, et fait en somme 
Un climat pour lui seul : ses plus proches voisins 
Ne s’en sentaient non plus que les Américains.

Ce fut leur avantage : ils eurent bonne année,
Pleine moisson, pleine vinée. 
Monsieur le receveur fut très mal partagé. 
L’an suivant, voilà tout changé :
Il ajuste d’une autre sorte 
La température des cieux. 
Son champ ne s’en trouve pas mieux ;
Celui de ses voisins fructifie et rapporte. 
Que fait-il ? Il recourt au monarque des dieux ;
Il confesse son imprudence. 
Jupiter en usa comme un maître fort doux.
 

Concluons que la Providence 
Sait ce qu’il nous faut mieux que nous. 

 


  1. Aller  Occasionnait beaucoup de frais.

 

https://fr.wikisource.org/wiki/Fables_de_La_Fontaine/édition_1874/Jupiter_et_le_Métayer

 

repère à suivre : Pierre de Marboeuf 

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