9 Septembre 2013
Repères : thème des mathématiques : présentation
La preuve du sonnet par l'addition
Qui a dit que poésie et mathématiques ne faisaient pas bon ménage ? La Gazette entend vous administrer la preuve contraire. Entrons si vous le voulez bien dans le champ de la numération avec le calcul posé par un ami poète : Tristan Corbière
Vous constaterez que son interprétation des règles reste somme toute assez libre même si ces dernières sont parfaitement justes.
Il cherche à nous instruire sur l'art du sonnet qui comprend deux quatrains et deux tercets qui -eux-mêmes- comprennent douze pieds. Nous sommes donc en présence d'alexandrins.
Le poète prend bien soin de croiser les rimes, ce qui constitue une entorse aux schémas du sonnet régulier, mais qui est communément admis.
Nous avons donc les rimes suivantes :
ABAB ABAB CCD CCD
L'addition des 4+4+3+3 vers donne une somme de 14 vers.
CQFD.
***
SONNET
avec la manière de s’en servir
Réglons notre papier et formons bien nos lettres :
Vers filés à la main et d’un pied uniforme, (a)
Emboîtant bien le pas, par quatre en peloton ; (b)
Qu’en marquant la césure, un des quatre s’endorme…(a)
Ça peut dormir debout comme soldats de plomb. (b)
Sur le railway du Pinde est la ligne, la forme ;
Aux fils du télégraphe : — on en suit quatre, en long ;
À chaque pieu, la rime — exemple : chloroforme,
— Chaque vers est un fil, et la rime un jalon.
— Télégramme sacré — 20 mots. — Vite à mon aide…
(Sonnet — c’est un sonnet —) ô Muse d’Archimède !
— La preuve d’un sonnet est par l’addition :
— Je pose 4 et 4 = 8 ! Alors je procède,
En posant 3 et 3 ! — Tenons Pégase raide :
« Ô lyre ! Ô délire ! Ô… » — Sonnet — Attention !
Pic de la Maladetta. — Août.
Les amours jaunes, Tristan Corbière (1873)
http://fr.wikisource.org/wiki/1_Sonnet
repères à suivre : la numération : la soustraction