21 Mai 2012
Deux sœurs, employées de maison
(Repères à suivre : thème la fratrie : l'étude)
Après avoir exploré l'univers claudélien avec l'Annonce faite à Marie, découvrons ensemble celui qui englobe Les Bonnes de Jean Genêt.
Ce qui caractérise ce drame, c'est la confusion qui brouille les relations entre les deux sœurs, employées de maison. En l'absence de leur patronne, les bonnes se livrent à un véritable jeu de rôle. Ce rituel instauré entre elles permet une interchangeabilité des rôles.
Les deux sœurs s'exercent chacune à leur tour à cette révolte contre la douceur complaisante de leur patronne. « Elle nous aime comme ses fauteuils. Et encore ! Comme la faïence rose de ses latrines. Comme son bidet. Et nous nous ne pouvons pas nous aimer. La crasse... » (page 40)*
Une mort symbolique
Au début de la pièce, c'est l'aînée, Solange, qui joue le rôle de la cadette tandis que Claire se contente de l'emploi de la maîtresse. On assiste à une mise en scène, une "cérémonie" orchestrée du meurtre -pour l'heure symbolique- de celle qu'elles appellent Madame. Les rapports de domination et de soumission sont clairement évoqués dans cette première scène où les rôles finissent par se renverser dans une violence verbale longtemps contenue. Mais la réalité se rappelle à elles : leur patronne va revenir et il faut remettre tout en place. Un goût amer leur reste car la répétition n'a convenu ni à l'une ni à l'autre.
Il faut comprendre que derrière cette scène excessivement surjouée, si les deux sœurs se livrent à des règlements de compte avec leur patronne, elles ont en réalité à gérer un autre conflit, plus personnel. « C'est moi que tu vises à travers Madame, c'est moi qui suis en danger.» (page 48).
Un problème d'identité se fait jour...
* les références seront données dans la bibliographie à suivre
Repères à suivre : la fratrie : l'étude