Quand le vaillant Hector, le grand rempart de Troie,
Sortit tout enflammé, sur les nefs des Grégeois,
Et qu'Achille charmait d'une plaintive voix
Son oisive douleur, sa vengeance de joie.
Comme quand le Soleil dedans l'onde flamboie
L'onde des rais tremblants repousse dans les toits :
La Grèce tout ainsi flottante cette fois
Eut peur d'être à la fin la proie de sa proie.
Un seul bouclier d'Ajax se trouvant le plus fort
Soutint cette fureur et dompta cet effort,
J'eusse perdu de même en cette horrible absence
Mon amour, assailli d'une armée d'ennuis,
Dans le travail des jours, dans la langueur des nuits,
Si je ne l'eusse armé d'un bouclier de constance.
Les amours, Jean de Sponde (1597)
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Je ne suis point, ma guerrière Cassandre,
Ni Myrmidon ni Dolope soudard
Ni cet Archer, dont l'homicide dard
Tua ton frère et mit ta ville en cendre.
Un camp armé pour esclave te rendre
Du port d'Aulide en ma faveur ne part,
Et tu ne vois au pied de ton rempart
Pour t'enlever mille barques descendre.
Hélas! je suis ce Corèbe insensé,
Dont le cœur vit mortellement blessé,
Non de la main du grégeois Pénelée,
Mais de cent traits qu'un Archerot vainqueur
Par une voie en mes yeux recélée,
Sans y penser me tira dans le cœur
Les amours, Ronsard
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