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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Le divertissement de l'écolier : le griffonnage (Victor Hugo)

Le divertissement de l'écolier : le griffonnage (Victor Hugo)

 

 


Repères : thème du divertissement : présentation générale

Un retour en enfance
Après le badinage
de La Fontaine, retournons en enfance avec Victor Hugo.
Il a mis en vers un moment que nous avons tous au moins connu une fois dans nos vies : l'ennui à l'école.
Le gribouillage de l'élève constitue bien un dérivatif à une leçon trop rébarbative ou ardue.

Un divertissement créatif et récréatif !
                                                                                                   ***


"Charle a fait des dessins sur son livre de classe.
Le thème est fatigant au point, qu'étant très lasse,
La plume de l'enfant n'a pu se reposer
Qu'en faisant ce travail énorme : improviser
Dans un livre, partout, en haut, en bas, des fresques,
Comme on en voit aux murs des alhambras moresques,
Des taches d'encre, ayant des aspects d'animaux,
Qui dévorent la phrase et qui rongent les mots,
Et, le texte mangé, viennent mordre les marges.
Le nez du maître flotte au milieu de ces charges.
Troublant le clair-obscur du vieux latin toscan,
Dans la grande satire où Rome est au carcan,
Sur César, sur Brutus. sur les hautes mémoires,
Charle a tranquillement dispersé ses grimoires.
Ce chevreau, le caprice, a grimpé sur les vers.
Le livre, c'est l'endroit ; l'écolier, c'est l'envers.
Sa gaîté s'est mêlée, espiègle, aux stigmates
Du vengeur qui voulait s'enfuir chez les Sarmates.
Les barbouillages sont étranges, profonds, drus.
Les monstres ! Les voilà perchés, l'un sur Codrus,
L'autre sur Néron. L'autre égratigne un dactyle.
Un pâté fait son nid dans les branches du style.
Un âne, qui ressemble à monsieur Nisard, brait,
Et s'achève en hibou dans l'obscure forêt ;
L'encrier sur lui coule, et, la tête inondée
De cette pluie, il tient dans sa patte un spondée.
Partout la main du rêve a tracé le dessin ;
Et c'est ainsi qu'au gré de l'écolier, l'essaim
Des griffonnages, horde hostile aux belles-lettres,
S'est envolé parmi les sombres hexamètres.
Jeu ! songe ! on ne sait quoi d'enfantin, s'enlaçant
Au poème, lui donne un ineffable accent,
Commente le chef-d'œuvre, et l'on sent l'harmonie
D'une naïveté complétant un génie.
C'est un géant ayant sur l'épaule un marmot. "

 L’Art d’être grand-père, VIII. Les Griffonnages de l’écolier, Victor Hugo


http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Griffonnages_de_l%E2%80%99%C3%A9colier

Repères à suivre : présentation générale : la farce du monde

 

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L
<br /> J'adore griffonner ... Souvent je me sers de grifonages comme bases de mes dessins .<br /> <br /> <br /> http://maisondeliza.over-blog.fr<br />
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L
<br /> <br /> Tout est un art entre tes mains...<br /> <br /> <br /> <br />