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Analyse-Livres & Auteurs-Culture & Éducation par la littérature

Gazette littéraire

George Sand et ses contemporains

George Sand s'est exposée à beaucoup de critiques de ses contemporains. Ces derniers n'ont pas de mots pour l'attaquer sur sa liberté et sur sa littérature. On peut relever les préjugés sexistes de son temps. Heureusement que l'auteure a aussi noué des amitiés solides.

Georges Sand, ses contemporains, XIXe siècle

 

 

Repères :  George Sand  : vie littéraire

 

Dans l’article précédent, nous avons vu goût prononcé de George Sand pour les voyages, ce qui n’est pas évident au XIXe siècle pour une femme. Découvrons aujourd’hui le jugement de ses contemporains.

 

Critique

George Sand n’a jamais été épargnée par la critique qui aurait pu la ménager en raison de son sexe. Au contraire, elle a subi beaucoup d’attaques misogynes que ce soit sur son mode de vie, sur ses écrits, que sur ses opinions politiques. Cela fait beaucoup pour une même personne. 

 

On a déjà vu que George Sand acceptait la règle du jeu tout en s’accordant des droits de réponses qu’elle insère dans ses préfaces, ses lettres ou tout autre écrit. 

 

Ainsi George Sand a fait les frais en règle de la misogynie littéraire. Physiologiquement, dans l’esprit de son temps, elle ne peut pas avoir l’étoffe d’un écrivain. Les critiques viennent de tous bords et de tous types d’auteurs.  

 

Nietzsche la traite de « Vache à écrire ». 

 

Baudelaire l’attaque en voyant en elle le diable :

« Sur George Sand. — La femme Sand est le Prudhomme de l’immoralité. Elle a toujours été moraliste. Seulement elle faisait autrefois de la contre-morale. Aussi elle n’a jamais été artiste. Elle a le fameux style coulant, cher aux bourgeois.

Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde. Elle a, dans les idées morales, la même profondeur de jugement et la même délicatesse de sentiment que les concierges et les filles entretenues. Ce qu’elle dit de sa mère ; ce qu’elle dit de la poésie. Son amour pour les ouvriers.

Que quelques hommes aient pu s’amouracher de cette l....., c’est bien la preuve de l’abaissement des hommes de ce siècle.

George Sand est une de ces vieilles ingénues qui ne veulent jamais quitter les planches.

Voir la préface de Mademoiselle La Quintinie, où elle prétend que les vrais chrétiens ne croient pas à l’enfer. La Sand est pour le Dieu des bonnes gens, le dieu des concierges et des domestiques filous.

Elle a de bonnes raisons pour vouloir supprimer l’enfer. »

https://fr.wikisource.org/wiki/Mon_cœur_mis_à_nu

 

Barbey d’Aurevilly a publié un opus appelé, les bas-bleus, et consacre un chapitre à George Sand : 

« Femme d’ailleurs, Mme Sand ne l’est plus. Elle a passé une partie de sa vie en habit d’homme. Elle s’est appelée elle-même un voyou dans ses Lettres d’un voyageur. Si vous voulez, je l’appellerai Monsieur George Sand, au lieu de Madame dans le courant de ce chapitre. Je n’y tiens pas, ni elle non plus ! — Il est vrai qu’elle est le succès le plus curieux, le plus grand et le plus facile de tout le dix-neuvième siècle, et le succès a toujours de très-humbles et très-obéissants serviteurs qui, comme des laquais, se galonnent de respect sur toutes les coutures ; mais, après tout, elle n’est pas pour cela inviolable, et même elle ne voudrait pas l’être, cette fille de la Libre-Pensée ! »

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Barbey_d’Aurevilly_-_Les_Bas-bleus,_1878.djvu/72

 

Proudhon l’attaque aussi sur le plan personnel et sur ses œuvres. Il ne lui pardonne pas son opinion sur le mariage : 

« L’égalité des sexes avec ses conséquences inévitables, liberté d’amours, condamnation du mariage, contemption de la femme, jalousie et haine secrète de l’homme, pour couronner le système une luxure inextinguible : telle est invariablement la philosophie de la femme émancipée, philosophie qui se déroule avec autant de franchise que d’éloquence dans les œuvres de Mme Sand. »

De la justice dans la Révolution et dans l’Église, Proudhon

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Proudhon_-_De_la_justice_dans_la_Révolution_et_dans_l’Église,_tome_3.djvu/430

 

La caricature a aussi pastiché l’auteure de toutes les façons.

 

Amis

Heureusement, George Sand s’est entourée d’amis fidèles avec lesquels elle écrit à de nombreuses reprises. Elle correspond, en effet, avec toutes les personnalités de son temps. Notons qu’elle n’a jamais rencontré Victor Hugo avec lequel elle a entretenu une relation épistolaire respectueuse.

On a indiqué que George Sand est une très grande épistolière ; nous mettrons à l’honneur deux de ses correspondants célèbres, Balzac et Flaubert.

 

Balzac

Balzac éprouve en premier lieu les mêmes préjugés de son temps surtout en ce qui concerne sa conduite de vie. Il s’avère qu’elle est sa concurrente puisqu’en 1830, ils publient en même temps leur roman. Il lui écrit encore de manière formelle avant de lui rendre visite à Nohant. Il la rencontre, il discute avec elle. Il se rend compte qu’elle a de l’esprit ; à ses yeux, elle est son égale. Dès lors la formulation change, devient moins formelle. Le fameux « Mon cher George » prend le relai. Ils resteront amis en dépit de leurs divergences politiques, mais aussi esthétiques. Le tenant du réalisme ne se retrouve guère dans l’idéalisme que professe George Sand. Mais l’estime de l’un pour l’autre ne se dément pas jusqu’au décès de l’auteur de la Comédie humaineen 1850. 

 

Flaubert

C’est une amitié qui surgit une dizaine d’années avant la disparition de George Sand. Ils discutent de lettres, de politique, de la vie, elle en sa qualité de représentante du romantisme et lui, du réalisme. Plein d’admiration pour l’auteure, Flaubert l’appelle « chèremaître ».

George Sand se passionne pour Madame Bovarydont on lui fait lecture à Nohant. Elle est allée à la rencontre du romancier en Normandie. Quant à lui, il ne viendra à Nohant que pour son enterrement où il pleure « comme un veau »…

 

Dans l’article suivant, nous verrons la postérité de l’œuvre de George Sand.

 

Sources : la misogynie littéraire, S. Lorusso

 https://journals.openedition.org/rief/1473

 

 repère à suivre : la postérité de l’œuvre de George Sand

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