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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Captivité à Portsmouth

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repères : Tour d'Angleterre : Portsmouth

 

Un corsaire

Au cours de ses recherches, la Gazette a eu la chance de découvrir un personnage flamboyant : corsaire, dessinateur, écrivain du XIXème siècle : Ambroise Louis Garneray. Il mena une vie pleine d'aventures avec notamment un aventurier tel que Surcouf. Il s'essaya à tout type de commerces à la légalité douteuse. Il essuya des naufrages et bien d'autres aventures innombrables.

Loin d'être un simple aventurier, notre personnage est aussi un digne artiste : il vous est proposé de parcourir ses toiles et dessins ayant pour sujet, la mer.

http://peintres-officiels-de-la-marine.com/gravures/garneray.htm


Une captivité à Portsmouth

Il doit sa présence dans ce tour de Grande-Bretagne à un triste épisode de sa vie où il se vit mettre en captivité sur un bateau en rade à Portsmouth durant huit longues années de 1808 à 1814.

Cette captivité l'a obligé à dessiner et à peindre pour améliorer l'ordinaire.

Vous trouverez le récit de son arrivée sur le ponton Le Protée : qu'est-ce qu'un ponton ? Vous le découvrirez à la lecture de ce texte bien écrit :

***

"Après une traversée de dix semaines, le Ramillies entra dans la rade de Portsmouth. Le lendemain même, le 15 mai 1806, je fus transféré, avec une partie de mes compagnons d’infortune, sur le ponton le Protée.

Un ponton, personne ne l’ignore, est un vieux vaisseau démâté, à deux ou trois ponts, qui, retenu par des amarres, présente presque l’immobilité d’un édifice de pierre.

Je ressens encore l’impression pénible que me causa la première vue du Protée : ancré à la file de huit autres prisons flottantes, à l’entrée de la rivière de Portchester, sa masse noire et informe ressemblait assez, de loin, à un immense sarcophage.

Je regardais, avec le désespoir au cœur, pendant que le Transport-Office nous conduisait à son bord, ce sombre tombeau dans lequel, enterré vivant, je devais voir s’écouler ma jeunesse ; mon imagination soulevait les épaisses murailles de bois, me montrait les visages flétris et désolés des infortunés qu’il renfermait dans son sein ; mais, hélas ! mon imagination était bien loin encore, comme je pus m’en convaincre quelques minutes plus tard, d’atteindre à la hauteur de la réalité.

Quelle affreuse impression je ressentis lorsque conduit, entre une haie de soldats sur le pont, je me trouvai brutalement jeté au milieu de la misérable et hideuse population du Protée !

Aucune description, quelle qu’en soit l’énergie, aucune plume, quelle que soit sa puissance, ne sauraient rendre le spectacle qui s’offrit tout à coup à mes regards.

Que l’on se figure une génération de morts sortant un moment de leurs tombes, les yeux caves, le teint hâve et terreux, le dos voûté, la barbe inculte, à peine recouverts de haillons jaunes en lambeaux, le corps d’une maigreur effrayante, et l’on n’aura encore qu’une idée bien affaiblie et bien incomplète de l’aspect que présentaient mes compagnons d’infortune.

À peine eus-je mis les pieds sur le pont que des gardiens s’emparèrent de moi, m’arrachèrent brutalement mes habits, me firent prendre un bain glacé et me revêtirent ensuite d’une chemise, d’un pantalon et d’un gilet de couleur jaune-orange : l’étoffe n’avait pas été prodiguée dans la confection de ces effets, car le pantalon me descendait à mi-jambe, et le gilet, beaucoup trop étroit pour la largeur de ma poitrine, ne croisait pas. Ces deux pièces étaient timbrées en noir d’un T et d’un 0 d’une dimension colossale : ces lettres représentaient les initiales de Transport-Office. Cette opération terminée, on me conduisit avec mes compagnons nous faire inscrire ; puis une fois classés et enregistrés, on nous déposa chacun de notre côté au poste qui nous était assigné : quant à moi je fus parqué dans la batterie de 24."


les Pontons, Garneray,

http://fr.wikisource.org/wiki/Mes_pontons/Chapitre_1

 

repères à suivre : Guernesey

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