Lecture dynamique d'une pièce de théâtre (Acte 1, scène 5, "Malade Imaginaire", Molière)

À la différence des autres genres littéraires, le théâtre joue sur un dynamisme dans la mise en scène. Dans l'entraînement au commentaire composé qui vous est proposé avec l'extrait de l’acte 1, scène 5 du Malade imaginaire, vous pourrez constater que Molière utilise cet aspect dynamique. Il le fait par le biais d'une accélération du mouvement en utilisant deux éléments codifiés, la chaise et le bâton. Cette accélération du mouvement va de pair avec l'accélération des mots au travers d'une prise de parole qui va en diminuant pour le maître, vaincu par l'audace de sa servante.

repères : temps des examens : exercices

Il vous est proposé de suivre l'entraînement qui vous entraînera de manière progressive à :

- effectuer une lecture dynamique

- l'étude avec la méthode  6 GROSSES CLEFS ©,

- la constitution du plan,

- la recherche de la problématique.

Le texte qui est soumis à votre analyse concerne un extrait de l’acte 1, scène 5 du Malade imaginaire de Molière qui figure au programme du bac.  

À la différence des autres genres littéraires, le théâtre offre une particularité, un dynamisme dans la mise en scène. Comme nous lisons en général les scènes, nous avons tendance à oublier cette dimension supplémentaire, c'est-à-dire le jeu visuel précisé par l'auteur dans ses didascalies*. 

Dans l'article précédent, il vous a été demandé de lire l'extrait en vous demandant :

- qui parle ?

- qui parle le plus/le moins?

- quel est le jeu de scène ?

Aujourd'hui, découvrons le jeu de scène comme un fil rouge.

"TOINETTE - Mon Dieu ! je vous connais, vous êtes bon naturellement.

ARGAN, avec emportement. - Je ne suis point bon, et je suis méchant quand je veux.

TOINETTE - Doucement, Monsieur, vous ne songez pas que vous êtes malade.

ARGAN - Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.

TOINETTE - Et moi, je lui défends absolument d'en faire rien.

ARGAN - Où est-ce donc que nous sommes ? et quelle audace est-ce là, à une coquine de servante, de parler de la sorte devant son maître? 

TOINETTE - Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.

ARGAN, court après Toinette. - Ah! insolente! il faut que je t'assomme !

TOINETTE, se sauve de lui. - Il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.

ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main. - Viens, viens, que je t'apprenne à parler !

TOINETTE, courant et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas Argan. - Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.

ARGAN. - Chienne !

TOINETTE. - Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.

ARGAN. - Pendarde !

TOINETTE, de même. - Je ne veux point qu'elle épouse votre Thomas Diafoirus.

ARGAN. - Carogne !

TOINETTE. - Et elle m'obéira plutôt qu'à vous.

ARGAN. - Angélique, tu ne veux pas m'arrêter cette coquine-là ?

ANGELIQUE - Eh! mon père, ne vous faites point malade.

ARGAN. - Si tu ne me l'arrêtes, je te donnerai ma malédiction.

TOINETTE. - Et moi, je la déshériterai, si elle vous obéit.

ARGAN se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle. - Ah! ah! je n'en puis plus! Voilà pour me faire mourir!"

Molière, La Malade Imaginaire, Acte I, scène 5

*indication de jeu dans une œuvre théâtrale

Analyse
Sur scène se trouvent Argan et Toinette. Ils discutent au logis. Ils prennent toute la place alors qu'Angélique joue un rôle assez passif. 

La servante cherche à détourner son maître du mariage arrangé. Elle procède par la flatterie, la cajolerie.

Mais Argan n'est pas du tout sensible à cette tactique. Il s'énerve comme le suggère la didascalie "avec emportement." 

Il est donc le premier à rompre la civilité de cette discussion par un mouvement de colère. Il provoque rapidement une tension afin de la faire taire et d'asseoir son autorité. On a donc un rapport de force naturel entre les deux.

Il s'avère que ce rapport sera contesté dans cette comédie du valet : la servante n'entend pas se plier à l'injonction du maître et poursuit son objectif de manière -cette fois- frontale.

Molière crée un aspect dynamique dans la mise en scène :

- accélération du mouvement,

- accélération des paroles.

a) les mouvements

Molière utilise alors deux éléments codifiés dans ce genre, la chaise et le bâton. On constate une accélération des mouvements dans le jeu de scène avec les didascalies suivantes :

• court après Toinette,
• se sauve de lui.
• court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main.
• courant et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas Argan,
• de même,
• se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle

Regardons dans le tableau suivant l'effet avant/après du jeu de scène au travers des deux objets traditionnels : 

b) les paroles

Cette accélération des mouvements va de pair avec les paroles qui s'échangent sur scène : 

Ces éléments vous seront utiles pour votre commentaire composé ainsi que nous le verrons ensemble.

Dans l'article suivant, il sera question de colorier le texte  avec  la bonne méthode :  la méthode dite des  6 GROSSES CLEFS ©,

repère à suivre : l'étude avec la méthode  6 GROSSES CLEFS ©,