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Analyse-Livres & Auteurs-Culture & Éducation par la littérature

Gazette littéraire

La fin de l’euro (1)

Un feuilleton, une dystopie

Repères : carnet de voyage : Tour de Grèce

La situation de la Grèce -dès 2010- a conduit l’auteur de ces lignes à proposer un court feuilleton prenant pour modèle, un pays proche de la Grèce. Il n’était pas question dans cette œuvre de fiction, véritable dystopie ou contre-utopie, de rajouter à la situation déjà fort périlleuse en Grèce des conjectures douloureuses.

La pudeur commandait de recréer un pays imaginaire où l’on pouvait s’autoriser à concevoir un monde sans l’euro en général et sans monnaie en particulier.

Il vous est proposé de le redécouvrir dans les articles à suivre :

***

La fin de l’euro

Bordée par la mer ionienne, la petite république d'Hellénia se présentait comme un pays essentiellement agricole en dépit de son sous-sol riche notamment en minerai d'argent. Ce petit état, limitrophe de la Grèce avec laquelle on le confondait communément, connaissait des déficits budgétaires abyssaux. Après deux années de turbulences économiques et financières, ce pays au bord de la faillite prit le dimanche 29 avril 2012 son destin en main. L'Hellénia vivait un moment historique avec la tenue d'un référendum sur la sortie de l'Union. Toute la communauté européenne avait -pour une fois- ses yeux braqués sur ce scrutin. Chacun des états-membres avait bien conscience que cette consultation prenait la forme d'un test qui pourrait faire des émules. Les Pères de l'Europe devaient se retourner dans leurs tombes. Organisé par la coalition au pouvoir de centre droit, ce référendum avait pour objet de mettre les citoyens -si opposés à toute réforme structurelle- devant leurs propres responsabilités. La rédaction du texte avait donné lieu préalablement à un vif débat au sein de la formation gouvernementale. Chacun savait que le fait de poser une question revient le plus souvent à y répondre. Or, nul ne voulait influencer les électeurs, l'avenir du pays était en jeu. On avait de surcroît pris la précaution de consulter tous les responsables de l'échiquier politique. L'interrogation posée se devait donc d'être la plus « neutre » possible. C'est ainsi qu'un vaste consensus apparut sur la formalisation suivante : « Souhaitez-vous que la république d'Hellénia reste dans l'Union Européenne ? »

Voter oui signifiait une cure d'austérité, voter non conduisait à la dénonciation du traité d'entrée dans la CEE en 1982 ainsi que de facto la sortie de l'euro. Ce fut un choix cornélien qui prit un tour tout à fait inattendu... Précisons tout d'abord que la campagne électorale avait été marquée par une violence inouïe entre les tenants de droite -au nom du sacro-saint réalisme- du respect des engagements souscrits auprès de la communauté européenne et ses opposants de gauche -animés par le souci d'équité- favorables à la rupture pure et simple avec les organisations monétaires internationales jugées impuissantes. Pour les premiers, le référendum à venir conduirait nécessairement la communauté européenne à aider le pays qui, avec l'entraide internationale, pourrait enfin sortir de l'abîme. Il y aurait certes des réformes à faire. Mais qui en Europe n'avait pas à réformer ses mauvaises habitudes budgétaires ? Les partis de droite appelaient donc à voter pour le maintien du pays dans la zone européenne. Ils fustigeaient en outre l'attitude passéiste des tenants du non, favorables au retour à l'ancienne monnaie ; ils leur opposaient ces arguments incontournables : que faire des engagements en euros par ailleurs déjà souscrits ? Peut-on souhaiter la faillite de son propre pays ? De leur côté, les partis de gauche vantaient le retour au drachme hellénien. Ils soutenaient que la monnaie d'autrefois, symbole régalien, n'avait jamais déçu alors que l'euro n'avait apporté que son cortège de hausses des prix et de chômage de masse et ce surtout depuis la crise. Chacun oubliait pour l'occasion les subventions reçues de la CEE qui leur avaient permis de moderniser le pays... On aurait pu en rester à un débat classique droite / gauche. Mais la boite de pandore avait été ouverte libérant toutes sortes de maux et de misères... On se trouva bientôt dans une situation de crise quasi institutionnelle...

Les membres de la classe politique ne mesurèrent nullement les propositions d'un nouveau parti, le PAM, le Parti Anti Monétaire, qui surgit d'un front de mécontentement. Composé d'altermondialistes engagés, il prit graduellement de l'ampleur dans l'opinion publique lassée par ses gouvernants. D'aucuns y voyaient un populisme le plus sournois. Sa mesure phare visait à promouvoir une autre forme d'échange, plus juste et nullement spéculatif, le troc. Mesure totalement saugrenue, elle fut écartée d'un revers de la main par le personnel politique classique qui unanimement ne voulait pas sérieusement l'envisager un seul instant, sauf à entrer dans une ère de chaos. Comment se passer de monnaie dans la vie de tous les jours ? Telle était effectivement la vraie question. Or, le PAM avait présenté sa grande idée, la moralisation de l'économie redevenue à sa destinée première : assurer la subsistance de tous. Voilà une mesure qui permettait de réenchanter d'une certaine manière le débat. Une troisième voie sur le plan économique après l'effondrement du régime communisme et la faillite du capitalisme.

C'est ainsi qu'en ce 29 avril 2012, les bureaux de vote venaient d'ouvrir leurs portes...

 

Repères à suivre : une campagne sous haute tension : la fin de l’euro (2)

La fin de l’euro (1)
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L
Fiction en effet ! Car aucun parti sérieux n'est favorable à l'arrêt de l'euro. Les partis de gauche et notamment SYRIZA : 2e parti de Grèce veut négocier la dette pour étaler son remboursement - voire même en annuler une partie - de manière à faire repartir une économie étranglée par ses débiteurs.
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