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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Les exemptés de l'armée (Jaroslav Hašek)

Les simulateurs 

(Repères : thème de la guerre : présentation)

Il a été indiqué dans l'article précédent, la situation à l'arrière du front. Il reste aujourd'hui à évoquer le cas des personnes qui cherchent pour des raisons propres à échapper à l'armée.  Les exemples sont nombreux au travers des âges.

La Gazette Littéraire est allée puiser, dans un ouvrage satirique, un extrait illustrant la chasse aux faux malades, aux simulateurs. Le Brave soldat Chvéïk se présente comme un récit sur le ton de l'Absurde de diverses péripéties survenues à un jeune garçon, candide, durant la Première Guerre mondiale.

Le passage choisi met en exergue la méthode radicale permettant à l'armée autrichienne de débusquer les « planqués ».

On aimerait être dans la pure satire...

 

****

"En cette grande époque, les médecins militaires de l’Autriche tenaient beaucoup à chasser, du corps des simulateurs, le diable saboteur des devoirs les plus sacrés et à leur faire réintégrer le giron de l’armée.

Dans ce dessein fut institué tout un système de tortures graduelles qu’on appliquait aux simulateurs et aux gens suspects de l’être, tels que : phtisiques, rhumatisants, hernieux, néphrétiques, diabétiques, pneumoniques, malades atteints de fièvre typhoïde, etc.

L’échelon avait été combiné d’une manière savante et comportait :

1° La diète sévère : une tasse de thé le matin et le soir et, sans tenir compte de la nature de la maladie, de l’aspirine à tous les repas, pour provoquer une transpiration intense ;

2° La cure de quinine en cachets, surnommée aussi « léchage de la quinine ». On en distribuait de fortes doses pour « rappeler aux lascars que le service militaire n’était pas de la rigolade ; »

3° Le lavage de l’estomac avec un litre d’eau chaude, deux fois par jour ;

4° L’emploi de clystères à l’eau savonnée et à la glycérine ;

5° Enveloppements humides avec des draps trempés dans de l’eau glacée.

Il y eut des gens d’une endurance et d’une vaillance extraordinaire, qui, ayant passé par les cinq traitements successifs, se firent ensuite porter dans un cercueil très simple, au cimetière militaire. Il y eut aussi, par contre, des gens prompts à se décourager, qui déclaraient, avant même d’avoir passé par le clystère, qu’ils étaient guéris et qu’ils ne demandaient pas mieux de partir pour les tranchées avec le premier bataillon en partance."

 

Le Brave soldat Chvéïk, Jaroslav Hašek

http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Brave_Soldat_Chv%C3%A9%C3%AFk

 

repères à suivre : présentation : après la bataille

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S
Oui Litteratus, c'était avant le SNU... Le service militaire durait 12 mois. Nous étions jusqu'à 50 soldats par dortoir. Le lever était à 5h30, l'appel à 7h, puis il y avait les exercices militaires, les tests physiques, les gardes... Les jeunes femmes qui le souhaitaient pouvaient faire leur service militaire. Il y en avait une trentaine dans la caserne où j'étais. Elles étaient très motivées et une bonne partie d'entre elles surclassait un certain nombre de soldats au tir, au grimper de corde, et lors des cross notamment.
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L
Chronique d’un temps passé
S
Votre article est vraiment très intéressant. Effectivement, les exemples de personnes qui cherchent à échapper à l'armée sont nombreux à travers les âges...et les pays ! Ainsi, en tant qu'ancien bidasse, je peux témoigner que lors des fameux "trois jours" pendant lesquels s'opérait la sélection - visite médicale, tests psychotechniques...- en vue du service militaire, de nombreux gars essayaient d'échapper à celui-ci en tentant de se faire réformer P4...C'est vrai que le service militaire était vu comme une épreuve, du temps perdu...par beaucoup de gars. Pour moi, ce fut surtout par moments un temps peu glorieux. J'étais en effet un garde dans une caserne parisienne, et je passais beaucoup de temps à la salle des gardes, qui était un lieu d'oisiveté où fusaient notamment les plaisanteries de corps de garde et les potins...
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L
C'était avant le SNU ...