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Analyse-Livres & Auteurs-Culture & Éducation par la littérature

Gazette littéraire

L'analyse de la scène d’exposition du mariage de Figaro, Beaumarchais

Il convient d’analyser dans le détail la scène d’exposition du mariage de Figaro de Beaumarchais en se fondant sur une méthode des 6 GROSSES CLEFS ©.

mariage de figaro, Beaumarchais, grammaire, conjugaison, oppositions, champ lexical, figures de style

 

 

 

Repères :  comédie du valet : étude

 

Dans l’article précédent, nous avons débuté par le premier texte qui constitue la scène d’exposition (acte I, scène 1), celle qui nous renseigne sur la nature de l’intrigue que la pièce va s’atteler à résoudre.

 

Nous avons étudié ce texte de manière cursive en utilisant la méthode Des 6 GROSSES CLEFS © qui se décompose avec des couleurs comme suit :

 

6        GROSSES                                      CLEFS

             Gr : grammaire                               C : Conjugaison

             OS : oppositions                             le : champ lexical 

             SES : les 5 sens                                FS : figures de style

 

 

 

Voyons aujourd'hui ce qu'il résulte de notre "colorisation" selon cette méthode.

 

La grammaire :

Il s’agit d’une conversation apparemment badine (mesure, chapeau) entre deux fiancés qui se tutoient ou se vouvoient pour marquer leur ironie. Le caractère informel de leurs échanges (phrases non verbales, les mots doux avec des possessifs «mon fils»(l.7)  «  ma charmante » (L.4) « ma petite Suzanne »( L8) « bon garçon » (l41) « friponne » (l.62) montre l’intimité de leur relations. Le jeu de scène au travers des didascalies (rôle des mains) prouve aussi la proximité physique des deux futurs époux qui se rapprochent pour mieux se séparer jusqu’à la scène finale du baiser que Figaro voudrait obtenir.

 

Mais cette conversation prend un tour moins désinvolte avec la révélation de Suzanne. Celle-ci amène en effet le sujet de manière incidente, car on voit le jeu des différents types de phrases, soit interrogative (Suzanne) soit affirmative ( Figaro) (lignes 1 à 12). C’est ensuite à l’inverse, Figaro qui tente de soutirer les raisons du refus de sa fiancée pour que le duo fonctionne à nouveau avec Suzanne en meneuse de questions. La révélation est tellement étonnante que Suzanne et Figaro poussent à tour de rôle des exclamations, en forme de cris du cœur (l27, l.39).

 

Le texte fourmille aussi d’aposiopèses, ces phrases non terminées. On laisse à l’interlocuteur le soin de comprendre le silence. Les points de suspension cachent une vérité trop crue à dire. De quoi s’agit-il ? Il faut passer outre tous les pronoms définis pour mesurer l’emploi du « on » et de différentes tournures impersonnelles « il y a » « quelque chose » utilisées pour faire état d’une menace qui plane sur le bonheur du couple. Cette ombre s’incarne dans la volonté du comte d’exercer un ancien droit féodal qu’il avait aboli : le droit de cuissage qualifié de « triste » (l.50), c’est dire s’il évoque de mauvais souvenirs. Puis la scène reprend son côté badin au moment où les fiancés doivent se séparer.

 

Oppositions

Il existe une opposition principale dans ce texte. Il s’agit de celle entre deux couples : comte/ comtesse et Figaro/Suzanne. À ces deux couples, deux logements distincts (L.21 et suivantes). Pour les domestiques, une chambre commune qui se trouve coincée entre les deux appartements des maîtres, selon les vœux du comte Almaviva. Dans cette configuration précise, on respecte la position sociale justifiant le logement séparé de l’aristocratie, mais cela constitue aussi un moyen commode pour éloigner le valet devenu un mari gênant. Une autre opposition concerne l’ancien droit féodal fraichement aboli que le comte souhaite rétablir. (l.54). Enfin, c’est l’opposition entre aujourd’hui et demain (L.79-80) qui est en effet une question de temps sur laquelle nous reviendrons avec la conjugaison.

 

Les sens

La vue, l’ouïe et le toucher sont convoqués dans ce texte. Les trois sens rappellent que la scène décrit un jeu de séduction, soit voulu entre les deux fiancés, soit imposé à Suzanne par le comte. La sonnette est celle des maîtres et le toucher rappelle le bâton (classique dans la comédie du valet), mais aussi le baiser des amoureux.

 

La conjugaison

C’est un point important de la lecture cursive. C’est Suzanne qui faisant preuve de lucidité use de différents temps ou mode pour asseoir son argumentation. L’indicatif se mêle au conditionnel et à l’impératif. Au sein de ces modes, les temps virevoltent entre le passé, le présent et le futur. C’est le cycle du temps qui est évoqué, entre un passé révolu qui ne tient plus ses promesses. On pense ainsi aux services rendus par Figaro au comte Almaviva dans le Barbier de Séville (l. 43). Dans le même sens, on voit le droit féodal aboli remis à l’ordre du jour. Pour le présent, il s’agit de la narration sans manière entre les amoureux, mais également d’axiomes généraux. « Que les gens d’esprit sont bêtes ! » (l.44) Le futur évoque, quant à lui, la résolution de l’intrigue puisque le sous-titre de la pièce s’intitule « la folle journée ». La question est celle de savoir comment Figaro et Suzanne vont pouvoir lutter contre le comte.

 

Le champ lexical

On en compte trois principaux. Le premier a trait au mariage, « noces »,(l.6) « bouquet, virginal » (l.5), fiancée, amour, amant, épouser etc… C’est conforme à la scène d’exposition qui tend à montre les difficultés rencontrées par les futurs époux. À ce champ lexical, correspond celui du corps, à la fois dans son élément de séduction, « l’œil amoureux » (L.6), le front, la bouche avec le baiser, mais aussi dans la souffrance avec la « tête » (L.56) « échine » « la moelle épinière » (L.40). Enfin, on trouve le champ lexical de la vengeance avec « grand trompeur », « piège »(L.63), « intrigue » (L.65) « dangereuse » (L.68). C’est une scène éloquente qui convoque à la fois le corps et l’esprit.

 

Les figures de style

Les principales figures de style ont trait à des répétitions « je n’en veux point » (L.12 et 14) cela accentue l’effet comique tout comme avec les onomatopées, « zeste…crac ! » (L.24 à 29). On trouve aussi des énumérations « Ah ! s’il y avait moyen d’attraper ce grand trompeur, de le faire donner dans un bon piège, et d’empocher son or ! » (L62). Cela donne toute la brillance à l’action de Figaro. On trouve aussi des antiphrases, « loyal Bazile » (L.37), des euphémismes « le logement ne nuira pas » (L.36) Ces figures émanent principalement de Suzanne, pleine d’esprit et d’ironie. Figaro, quant à lui, donne le sentiment de réfléchir à haute voix sur ses moyens de vengeance.

Dans le prochain article, nous vous proposerons d’élaborer un plan structuré en se fondant sur notre problématique.

 

Repère à suivre : le plan du commentaire

 

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