top of page

SEARCH RESULTS

47 résultats trouvés avec une recherche vide

  • Prépas scientifiques

    Concours 2026 : retrouvez les trois ouvrages (Haushofer, Verne, Canguilhem) au programme de l'année dans une série d'épisodes consacrés à la lecture approfondie des œuvres et à leur analyse croisée. Puis appliquez la bonne méthode pour maîtriser l'art de la dissertation dans l'épreuve français-philosophie des prépas scientifiques. Retrouvez, en outre, des sujets d'entraînements pour être prêts le jour J... Sur Spotify Prépas scientifiques La Gazette vous propose une série d'épisodes consacrés à la lecture accompagnée des trois œuvres au programme, puis à l'analyse comparée. Dans un second temps, nous ferons un point méthodologique pour maîtriser les règles de la dissertation avec des sujets d'entraînement. Lecture suivie Retrouvez le détail des épisodes et leur durée : il s'agit de podcast en accès mi gratuit, mi payant. Le Mur invisible, M. Haushofer présentation, (8 :50 ) l'évènement du 30 avril , (5:36) un nouveau mode de vie , (9:17) d'une vie heureuse au projet de l'alpage, (10:15) la vie dans l'alpage, (6:27) retour au chalet, (9:24) l'intrusion funeste, (6:52) Vingt mille lieues sous la mer, J. Verne À la recherche d'une baleine inconnue, (11:15) , L'entrée dans la Nautilus, (12:21) , le début des explorations (9:43) , Premier incident (05:51) , De l'Océan Indien à la Mer Rouge (07:46), De la Méditerranée à l'Atlantique (05:57) , De l'Atlantique au Pole Sud (14:03), Dernière péripétie (09:27) La Connaissance de la vie, Canguilhem introduction et méthode (18:45) , l'aspect du vitalisme (09:24) machine et organisme (15:50) , Le vivant et son milieu (12:57) , Le normal et le pathologique (06:52) , la monstruosité et le monstrueux (06:1) , Analyse comparée Vous trouverez en outre les podcast consacrés à l'analyse comparée de ces trois œuvres : Plan de l'étude (02 :42) , analyse du sujet face au genre littéraire (09:33) , nature et cadre de l'expérimentation (24:41) , les différents types d'expérimentation et leurs conséquences (15:43), Conception du monde et éthique (17:33) , Nature et culture/registres littéraires (16:06) Épreuve philosophie-français : méthode Il est important de rappeler la nature de l’épreuve : il s’agit d’une dissertation d’abord de philosophie (i.e. réflexion argumentée personnelle) illustrée à partir d’exemples pertinents tirés exclusivement du programme de français et non l’inverse. C’est pourquoi il est plus simple de renommer cette épreuve philosophie-français pour éviter toute confusion. Voyons la méthode qui fait gagner du temps : retour sur ses exigences et la durée requise pour bien la maîtriser avant de découvrir une sélection de sujets d'entrainement pour vous exercer utilement. 3.1 Méthode I. Analyse du sujet : citation à décomposer selon la méthode suivante : Sachez que vous allez réutiliser certaines de ces étapes dans votre introduction. 1. relevez en soulignant selon la méthode des 6  GR OS SES   C LE FS  © applicable au commentaire de texte pour bien comprendre le sujet : (durée 2mn) La ponctuation, Les sujets, Les verbes aux modes et temps utilisés, Les adverbes, Les compléments, Les connecteurs logiques, Les oppositions. 2. reliez la citation au thème général Expériences de la nature (1mn) (à insérer dans l'intro) 3. recherchez les mots-clefs essentiels (importance des verbes et des négations etc.) (2mn) 4. définissez les mots-clefs de manière complète : définition positive/négative (3 mn) : (à insérer dans l'intro) 5. reliez les termes prédéfinis suivants au thème : (2mn) : (à insérer dans l'intro) : Nature de l’expérimentation Cadre de l’expérimentation Types d’expérimentation Les conséquences sur la nature, La conception du monde, Les questions d'ordre éthique, Le rapport nature/culture thèmes :  environnement, science, le droit, le devoir, la transgression, 6. problématique : demandez-vous quelle est la question  qui est sous-jacente à la citation. Trouvez ensuite une opposition ou un paradoxe à partir de votre analyse (4 mn) : indiquez thème principal mis en évidence, puis développez-le sous forme de paradoxe à l’aide d’interrogations dans votre introduction. II. Recherche du plan : en 3 parties avec chacune 2 sous-parties (10mn) Ce plan de philosophie part d’une réponse évidente aboutissant à une limite (I). Cela conduit à la IIe partie qui développe les difficultés posées par le I, mais cette deuxième partie présente, elle-même, des limites. C’est alors la IIIe partie qui cherche à sortir de l’impasse par le choix d’un autre point de vue. Vous devez justifier tous vos arguments à l’aides d’exemples tirés des trois œuvres au programme combinées. Pour schématiser, cela donne 3 parties :   I. Certes  : partie la plus simple de la démonstration : réponse évidente  A/ arguments évidents à développer et à illustrer avec une, deux ou les trois œuvres du programme, B/ nouvel argument à expliquer sur les limites de l’évidence et à illustrer avec les œuvres du programme,   II. Mais : on ne dit surtout pas l’inverse du I, on change juste de niveau de réflexion laquelle est plus poussée : le cœur du sujet A/ arguments philosophiques à démontrer et à illustrer avec une, deux ou les trois œuvres du programme, B/ argument expliquant les limites du A et à justifier avec une, deux ou les trois œuvres du programme.   III. Alors : on ne peut pas revenir au I et au II : pour sortir de l’impasse : on s’intéresse aux aspects posés par le sujet (on questionne finalement le sujet) : 3 possibilités dans cette dernière partie toujours à expliquer avec une, deux ou les trois œuvres du programme ou on montre en quoi la solution se trouve dans un point de vue éthique (=la morale) ou on montre que la solution se trouve dans une démarche philosophique, méthodique etc….  ou on montre en quoi la solution se trouve au niveau esthétique recherche d’exemples précis dans les trois œuvres pour compléter le plan détaillé (5mn) : retrouvez le podcast de la Gazette littéraire    3.2 Rédaction de la dissertation Utilisez le DEC pour chaque argument : D ire (philo) E xpliquer (philo) C iter (français) Pour éviter le charabia : obligez-vous à formuler avec une phrase simple (1 verbe conjugué) = 1 idée. Utilisez des mots de liaison et des connecteurs logiques, Pensez enfin à vous relire (vérifier accords sujet/verbe et nom et adjectif).   Sujets possibles  Exercez-vous avec les sujets proposés ci-après : "Nous voguons sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants, poussés d’un bout vers l’autre. Quelque terme où nous pensons nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte et si nous le suivons, il échappe à nos prises,nous glisse et fuit d’une fuite éternelle. Rien ne s’arrête pour nous. C’est l’état qui nous est naturel, et toutefois le plus contraire à notre inclination ; nous brûlons de désir de trouver une assiette ferme, et une dernière base constant epour y édifier une tour qui s’élève à l’infini ; mais tout notre fondement craque, et la terre s’ouvre jusqu’aux abîmes." Pascal, Pensées, fragment 200 (Brunchwicg) - 347 Lafuma p.168 "La nature offre dans ses phénomènes une immensité à laquelle aucune mesure déterminée ne peut être adéquate.La vue d’une mer sans limites, d’une hauteur qui s’élève jusqu’aux nuages, ou d’un espace s’étendant à l’infini, fait naître en nous le sentiment de notre petitesse sensible, mais aussi celui de la supériorité de notre raison, qui conçoit l’infini sans jamais pouvoir le voir. " Kant, Critique de la faculté de juger, §25 "Le monde est ma représentation. – Cette proposition est une vérité pour tout être vivant et pensant, bien que, chez l’homme seul, elle arrive à se transformer en connaissance abstraite et réfléchie. Dès qu’il est capable de l’amener à cet état, on peut dire que l’esprit philosophique est né en lui. Il possède alors l’entière certitude de ne connaître ni un soleil ni une terre, mais seulement un œil qui voit ce soleil, une main qui touche cette terre ; il sait, en un mot, que le monde dont il est entouré n’existe que comme représentation, dans son rapport avec un être percevant, qui est l’homme lui-même. S’il est une vérité qu’on puisse affirmer a priori, c’est bien celle-là ; car elle exprime le mode de toute expérience possible et imaginable, concept de beaucoup plus général que ceux même de temps, d’espace et de causalité qui l’impliquent." Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, ch 1   "La vie est une tendance à l’action, et l’univers tout entier la continue. "  Bergson, L’Évolution créatrice  (1907), chap. I

  • Apprendre à lire ? (podcast)

    La Gazette littéraire vous propose un  podcast sur Spotify   consacré à notre rapport avec la lecture. Et si vous suiviez l’itinéraire d’une mauvaise lectrice qui s’adresse à vous aujourd’hui ? Elle vous donnera également ses trucs et ses astuces pour lire de manière fine et efficace. Elle vous parlera enfin de son drôle de rapport au livre qui n’a jamais cessé de faire d’elle une mauvaise lectrice. Disponible gratuitement sur Spotify Apprendre à lire Que nous soyons de grands lecteurs, de lecteurs occasionnels ou de mauvais lecteurs, nous avons été nécessairement exposés à une œuvre qui a décidé un jour du rapport que nous entretenons actuellement  avec la lecture :  un roman, une pièce de théâtre qui nous a touchés, ou une poésie qui nous a émus, ce peut être ce même roman, cette même pièce de théâtre ou cette poésie-là qui nous a, au pire, dégoutés, au mieux rendus indifférents à ce type de texte. Rapprochons-nous de ce temps précis et remémorons-nous la disposition d’esprit dans laquelle nous nous sommes trouvés à ce moment-là. Peut-être avons-nous le souvenir d'une émotion positive ou d'une émotion négative à la lecture de cette œuvre : il n'est pas impossible que ce rapport à la lecture ait découragé certains d'entre vous qui ont été confortés dans l'idée que lire n'était pas pour eux. C’est rappeler l’importance de l’enseignement du français dans la transmission non d’un seul savoir, mais du goût de lire. Si l'on apprend à lire, on apprend si peu à aimer lire… Données Rappelons des données sociologiques élémentaires : si nous avons la chance de vivre dans un environnement familial où il existe des livres, nous serons plus disposés à être lecteur que ceux qui n’ont pas eu cette chance. Enfin, cela était vrai avant l’arrivée du smartphone et des réseaux sociaux qui perturbent nos habitudes de lecture quelle que soit notre origine culturelle. Désormais, l’écrit est concurrencé par l’image avec sa présence immédiate, facile et hypnotique, alors qu’il faut bien reconnaître que le texte avec ses signes oblige à effectuer un effort qui n’a rien d’immédiat, de facile et …d’hypnotique.  Il s’avère que les écrans fatiguent, au sens physique et moral du terme. Une cure nous permettrait de souffler. On entend partout dire que le livre est un outil formidable.  l'univers du livre Et si nous prenions donc un livre en mains ?  Bonne idée, mais lequel ?  Lorsqu’on n’est pas un grand lecteur, on ne sait pas choisir dans la profusion d'offres. Les émissions littéraires semblent souvent rébarbatives et les livres semblent inatteignables. Les médiathèques ne sont-elles pas vues comme des lieux où l'on emmène davantage ses enfants que soi-même ? D’ailleurs, il faut posséder une carte. Une contrainte de plus. La bibliothèque est un peu ce lieu obscur où l’on n’est pas à l’aise avec ce silence si particulier. Un lieu à part. Il reste les librairies, le temple du livre, si l’on ose y pénétrer et où l’on peut demander des conseils. Encore faut-il oser dire que l’on n’est pas un grand lecteur, pour ne pas dire autrement que l’on ne lit pas ou peu… Dans nos sociétés, cela nous fait passer pour des idiots, des incultes. On ne le crie donc pas sur les toits. Souvent on préfère dire que l’on n’a pas le temps , ou de manière offensive que c’est une activité réservée à des oisifs alors que l’on se rengorge d'être, au contraire, dans le concret, dans l’action, dans la vie en somme… Il reste enfin le bouche à oreille, la meilleure option finalement. On est vite, comme on dit "pitché", sans chichi, souvent avec beaucoup d’enthousiasme et cela donne carrément envie ! Banco ! Nous voilà donc avec l’objet prêté et nous voici aussi avec de sourdes attentes de notre préteur. On n'imagine pas les froissements de susceptibilités, les querelles ou les brouilles autour d’un livre proposé, d’une part, et mal reçu, d’autre part. Des amitiés peuvent en être rompues… Décidément le monde du livre n’est pas un long fleuve tranquille. Notre rapport au livre tourne autour de cet adage : Dis-moi ce que tu lis, je te dirais qui tu es.  Le  rapport au livre nous définit assez finement… Dans le fond de nous-mêmes, on aimerait quand même bien goûter aux fruits de la lecture : on entend partout les bienfaits pour la santé mentale, pour nos facultés cognitives…  Mais comment faire ?  Mémoires d'une mauvaise lectrice Et si vous suiviez l’itinéraire d’une mauvaise lectrice qui s’adresse à vous aujourd’hui ? Elle vous narrera ses difficultés avec la lecture dans ses études avant sa vie professionnelle et avant la création de la  Gazette littéraire  en 2009. Vous aurez compris que je suis cette mauvaise lectrice, Je vous donnerai également ses trucs et ses astuces pour lire de manière fine et efficace. Apprendre à lire ? Et si une méthode vous permettait de bien choisir le bon livre pour vous ? Et si vous découvriez les techniques pour commencer et finir sans peine un ouvrage. Je vous parlerai enfin de mon drôle de rapport au livre qui n’a jamais cessé de faire de moi une mauvaise lectrice. Mais loin d’en avoir honte comme autrefois, j'assume cette qualification qui fait de moi une lectrice compulsive et exigeante, une lectrice avec un fort “mauvais” esprit. Je vous donne rendez-vous dans les neuf épisodes de ce podcast gratuit pour vous aider à reprendre la lecture sans complexe et avec beaucoup de plaisir : Comment lire ? (5:17) Une "mauvaise" lectrice (O4:06) CP² (09:43) Premières stratégies pour lire (09:36) Comment je suis devenue une "bonne" lectrice (O5:36) Lire avec un crayon (06:43) La lecture à l'âge adulte (10:11)   La création de la Gazette littéraire (12:26) Le pouvoir du livre (10:22)

  • Parcours reprise de la lecture

    Lecture pour tous  : la Gazette vous propose de retrouver en vidéo les deux premiers parcours de lecture à destination de ceux qui veulent se remettre à lire et qui peinent à trouver le "bon" livre pour commencer : parcours progressifs, variés et à petits prix : découvrez les saisons 1 et 2 en attendant la prochaine édition. De belles lectures en perspective ! reprise de lecture Découvrez la sélection de livres à petits prix, souvent courts offrant un maximum de plaisir. Dans ces parcours reprise de lecture, vous trouverez des livres tirés du répertoire français et étranger : courts romans, nouvelles, essais, mais également d'œuvres d'aujourd'hui et d'hier. Vous êtes prêts ? Parcours débutant (#1) Il s'agit d'un premier parcours nécessaire pour reprendre la lecture : ce sont des livres intéressants et totalement abordables tant par l'écriture que par le sujet saisissant. Ce sont des ouvrages que vous pouvez trouver dans toutes les librairies ou bibliothèques : retrouvez ci-après le détail de la liste avec les références. tableau récapitulatif : Comme un roman , Pennac, folio Ici ça va, Thomas Vinau, 10x18 Mangez-le si vous voulez, Jean Teulé, Pocket Le puits Iván Répila, 10X18 Neige, Maxence Fermine, Points La reine des lectrices, Alan Bennett, folio Vent d’est, vent d’ouest Pearl Buck, livre de poche Khalil, Y. Kadra, Pocket La route Cormac McCarthy, Poche La peur Zweig, poche La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi… Rachel Joyce, Poche Les Sources, MH Lafon, Poche Parcours (#2) De nouvelles propositions de livres toujours accessibles... avec la liste récapitulative. Tableau récapitulatif : Le Bal,   Nemirovski, les Cahiers rouges de Grasset Par la force des arbres Édouard Cortès, pocket   Là où chantent les écrevisses , Delia Owens, points Chanson douce Leila Slimani, folio American Dirt Jeanine Cummins, 10X18 La panne Durrenmatt, Poche Gatsby le magnifique Fitzgerald, Poche   Les mains du miracle Kessel, folio Longtemps je me suis couché de bonne heure JP Gattégno, babel La vie clandestine Monica Sabolo, folio Watership down Richard Adam, Monsieur Toussaint Louverture Mahmoud ou la montée des eaux Antoine Wauters   folio

  • Commentaire composé : une bonne méthode

    Bac : la Gazette met à votre disposition une méthode complète (la méthode des   6  GR OS SES   C LE FS   ©   et  le plan CIIGARE) pour vous permettre de réussir votre épreuve du commentaire composé. Découvrons-la à l'appui d'un texte court : une « nouvelle en trois lignes », rédigée par Félix Fénéon pour la presse au début du XXe siècle. Ce sera notre sujet d’étude... Commentaire composé Exerçons-nous, ensemble, au commentaire composé avec ce texte extrêmement court de Félix Fénéon, journaliste et critique d’art, écrit en 1906 pour le quotidien Le Matin. Sa chronique est appelée : Nouvelles en trois lignes.  Il s’agit d’une rubrique de brèves histoires en trois lignes. L’auteur livre ainsi de véritables chefs-d’œuvre de concision et d’humour noir. Ce format de trois lignes est en quelque sorte l’ancêtre du tweet, si l’on veut tenter une comparaison. Comment raconter une histoire avec une telle contrainte ? Chaque mot compte et c’est, pour nous, un texte idéal pour commencer dans l’analyse de textes et mesurer l'intérêt de la méthode proposée depuis des années par la Gazette littéraire. Voici la nouvelle sur laquelle nous allons travailler ensemble : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux. Reste une main munie d’une chevalière.” Il s’agit donc d’un fait divers   croqué en trois phrases. La littérature a puisé dans la réalité même (et surtout) sordide pour nourrir un récit. Nous allons d'abord utiliser la méthode des   6  GR OS SES   C LE FS   ©   avant d'utiliser la méthode du plan type CIIGARE. Analyse La méthode des   6  GR OS SES   C LE FS   ©   est un acronyme facile à retenir. Il s’agit tout simplement de colorier le texte en fonction de 6 angles de vue :         6           GR OS SES                                       C LE FS Gr : grammaire                               C : Conjugaison OS : oppositions                            le : champ lexical  SE : les 5 sens                            FS : figures de style Prenons les 6 clefs et voyons ce que nous devons colorier. a) Grammaire : recherchons : -   La ponctuation, -   La forme du texte, -   Le type de discours, -   La nature des phrases, -   Le type des phrases, -   La forme des phrases, -   La recherche de sujets identifiables et de compléments Cela donne : Zoo de Vincennes , la nuit passée . Pour  un cadeau original, M.Henri  visite les lionceaux . Reste une main  munie d’une chevalière . b) Opposition : On recherche les termes qui s'opposent : cela donne : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux . Reste une main munie d’une chevalière.”  c) Sens : On recherche ce qui a trait à la vue, l'ouïe, l'odorat etc.. Ainsi on obtient : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux. Reste une main  munie d’une chevalière.” d) Conjugaison : Ce sont les modes et temps qui sont analysés : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite  les lionceaux. Reste une main munie d’une chevalière.” e) Champ lexical : On recherche les grands thèmes : “ Zoo  de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux.  Reste une main munie d’une chevalière.” F. Fénéon Figures de style : Vous cherchez les effets stylistiques. Cela donne : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original,  M.Henri visite les lionceaux. Reste une main munie d’une chevalière. ”  En résumé, votre texte colorié reprenant le code couleurs est ainsi constitué : “Zoo de Vincennes, la nuit passée . Pour un cadeau original , M.Henri visite les lionceaux . Reste une main munie d’ une chevalière. ” Synthèse Il est temps de comprendre l es intentions de l'auteur avec le coloriage que vous avez fait. Cette étape vous permettra d'utiliser vos observations pour l'élaboration du plan CIIGARE. Grammaire point de vue omniscient : le narrateur voit tout et comprend tout : 3 lignes : concision fait divers en 3 lignes 1e proposition non verbale le CCL et CCT :  posant le cadre spatio-temporel. “Zoo de Vincennes,”“la nuit. la scène se déroule dans un lieu de divertissement,“Zoo”, qui est déterminé dans sa localisation, “Vincennes”, alors que l’horaire, lui, est indéfini “la nuit passée”.  Le caractère extraordinaire du cadre saute aux yeux. Que fait-on dans un zoo, la nuit ?  La deuxième phrase est verbale et c’est la plus longue de la nouvelle : apposition  “Pour un  cadeau original”.complément circonstanciel de cause avec la préposition “pour”. On entrevoit une explication au caractère extraordinaire du fait divers avec l’adjectif  épithète “original”. sujet : nommer par son prénom ou son patronyme “M.Henri”  3e : l’épilogue du fait divers : aucun connecteur logique. inversion du sujet et du verbe :”Reste une main “. c conjugaison visite : verbe de mouvement que nous découvrons le protagoniste. Deux particularités sont à noter dans l’emploi de ce verbe, d’abord la valeur du temps et ensuite, le sens du verbe. Cette action pourtant du passé est décrite au présent. Pourquoi ? La valeur de ce temps a pour effet de donner de la vivacité à ce très court récit :  cette nouvelle de trois lignes suit donc un rythme dense à l’image de sa concision.  oppositions  homme/animaux  “ M.Henri visite les lionceaux.” effet de surprise. Il détourne les codes pour jouer sur la double opposition entre l’humain et l'animal d’une part, mais d'autre part, entre le singulier “M.Henri” et le pluriel “les lionceaux”.  champ lexical divertissement : cadeau, zoo, sens main/reste :  toucher : le fait d’avoir été dévoré ; la vue est absente car il fait nuit figures de style et registres “original”, destinée à fêter un évènement. Pour souligner le caractère transgressif, cette équipée a lieu à l’heure où le parc est fermé et le champ lexical de l’exotisme “zoo/lionceaux” en donne tout son piment. “Reste une main “ : ellipse du récit d’un carnage Il s’agit d’un euphémisme apparent destiné à cacher une vérité trop crue, la mort soudaine de l’homme dévoré par les animaux.  jeux de mots : avec reste (restes humains) Le fait de ne mentionner qu’un membre du corps exclut par définition tous les autres. Pour le dire autrement, il ne reste plus rien de M.Henri.  chevalière : Cette bague est un signe de distinction sociale, portée par la classe aristocratique. On notera que tout ce qui touche au personnage est déterminé par des articles indéfinis, preuve d’une volonté de l’auteur de le rabaisser socialement : “un cadeau”/”une main/une chevalière” La lecture de la nouvelle ouvre alors un registre  proprement satirique : il s’agit de se moquer en trois lignes du comportement d’une noblesse désoeuvrée. On  peut voir dans l'adjectif “original” une ironie de l’auteur qui critique en se moquant du projet festif déconnecté du danger. Il le fait tout autant avec le verbe “visite” prenant un tour parfaitement condescendant. Enfin arrêtons-nous sur la dénomination “Monsieur Henri” puisqu’il s’agit de son prénom à défaut de connaître son patronyme aristocratique complet. C’est ainsi que les domestiques appelaient leur maître, ce qui n’empêchait pas de les critiquer.  Plan Avec notre analyse, nous pouvons débuter le stade suivant. Le plan CIIGARE est un acronyme permettant de dresser un plan type en deux parties avec trois sous-parties comme ci-dessous : Titre 1 titre 2 1A C adre spatio-temporel 2A : originalité du texte par rapport à son G enre littéraire 1B I ntérêt du texte 2B A rgumentation de l'auteur 1C les I mpressions 2C les RE gistres a) les sous-parties Il faut d'abord remplir les sous-parties avec les éléments tirés de la synthèse du code couleurs. Cela donne ainsi : Titre 1 titre 2 1A Cadre spatio-temporel 1e proposition non verbale le CCL et CCT :  posant le cadre spatio-temporel. “Zoo de Vincennes,”“la nuit. la scène se déroule dans un lieu de divertissement,“Zoo”, qui est déterminé dans sa localisation, “Vincennes”, alors que l’horaire, lui, est indéfini “la nuit passée”.   2A : originalité du texte par rapport à son genre littéraire point de vue omniscient : le narrateur voit tout et comprend tout : 3 lignes : concision La deuxième phrase est verbale et c’est la plus longue de la nouvelle : apposition  “Pour un  cadeau original”.complément circonstanciel de cause avec la préposition “pour”. On entrevoit une explication au caractère extraordinaire du fait divers avec l’adjectif  épithète “original”. sujet : nommer par son prénom ou son patronyme “M.Henri”  3e : l’épilogue du fait divers : aucun connecteur logique. inversion du sujet et du verbe :”Reste une main “.  Cette action pourtant du passé est décrite au présent. Pourquoi ? La valeur de ce temps a pour effet de donner de la vivacité à ce très court récit :  cette nouvelle de trois lignes suit donc un rythme dense à l’image de sa concision.  1B intérêt du texte fait divers en 3 lignes Le caractère extraordinaire du cadre saute aux yeux. Que fait-on dans un zoo, la nuit ?  champ lexical : divertissement : cadeau, zoo, “Reste une main “ : ellipse du récit d’un carnage Il s’agit d’un euphémisme apparent destiné à cacher une vérité trop crue, la mort soudaine de l’homme dévoré par les animaux.  2B argumentation de l’auteur “original”, destinée à fêter un évènement. Pour souligner le caractère transgressif, cette équipée a lieu à l’heure où le parc est fermé et le champ lexical de l’exotisme “zoo/lionceaux” en donne tout son piment. chevalière :  Cette bague est un signe de distinction sociale, portée par la classe aristocratique. On notera que tout ce qui touche au personnage est déterminé par des articles indéfinis, preuve d’une volonté de l’auteur de le rabaisser socialement : “un cadeau”/”une main/une chevalière” 1C les impressions vue est absente car il fait nuit main/reste :  toucher : le fait d’avoir été dévoré 2C les registres l’humour noir : reste - jeux de mots : avec reste (restes humains) satirique La lecture de la nouvelle ouvre alors un registre  proprement satirique : il s’agit de se moquer en trois lignes du comportement d’une noblesse désoeuvrée. On  peut voir dans l'adjectif “original” une ironie de l’auteur qui critique en se moquant du projet festif déconnecté du danger. Il le fait tout autant avec le verbe “visite” prenant un tour parfaitement condescendant. Enfin arrêtons-nous sur la dénomination “Monsieur Henri” puisqu’il s’agit de son prénom à défaut de connaître son patronyme aristocratique complet. C’est ainsi que les domestiques appelaient leur maître, ce qui n’empêchait pas de les critiquer.  b) les titres des sous-parties Ensuite, il convient de trouver des titres aux 6 sous-parties : 1A Un moment extraordinaire  ( Cadre spatio-temporel) 2A : l’art de la concision  (originalité du texte par rapport à son genre littéraire) 1B Un fait divers  (intérêt du texte) 2B critique d’une transgression (argumentation de l’auteur) 1C Le rôle du toucher (les impressions) 2C le registre satirique c) les titres des axes Puis, il est désormais possible de trouver un titre général à chacune de vos deux parties : I. Un récit elliptique II. Une dénonciation satirique d) la problématique Enfin avec ces deux axes, vous devez vous poser la question correspondante. Vous obtenez ainsi votre problématique. Comment l’auteur conçoit-il l’art du récit ?

  • Préparation au bac de français

    BAC : il vous est proposé d'acquérir la méthode pour réussir durant les examens de français : sur le commentaire et la dissertation, on vous dira tout : méthode, exercices, corrigés etc... Fable de La Fontaine "le laboureur et ses enfants", dessin Grandville Préparation au bac de français La Gazette vous propose une série d’articles pour vous aider durant toute l'année dans votre préparation au bac de français. Il vous sera ainsi proposé des méthodes accessibles à tous pour comprendre l’enjeu de l’écrit et le maîtriser au mois de juin. Méthodes et exercices Dans ce tableau, découvrez les deux épreuves écrites avec leur méthode propre et leurs exercices d'application : Commentaire composé dissertation l a  m éthode des   6  GR OS SES   C LE FS  ©   :    la méthode le plan type CIIGARE  les deux types de plan les figures de style Les genres et les registres littéraires analyse du sujet, la question du plan to-do list to-do list fiche théâtre fiche poésie Fiche argumentation fiche roman la rédaction de l'introduction rédaction du développement rédaction de la conclusion, Entraînements durant l'année au commentaire  :   exercices et corrigés Entraînement durant l'année   à la dissertation : exercice s et corrigés Sujets passés Sujets possibles

  • Le "Discours de la servitude volontaire " (La Boétie)

    La Gazette vous propose une fiche synthèse correspondant au parcours Défendre et Entretenir la liberté  ; elle est conçue pour vous aider à préparer votre dissertation avec des tableaux récapitulatifs et les thématiques principales. Mais en premier lieu, il vous est proposé d'effectuer une lecture expliquée et intégrale  de ce livre que vous pouvez retrouver gratuitement  sur   Spotify. "Discours de la servitude volontaire "(La Boétie) Les programmes officiels renouvellent, cette année, les œuvres appartenant à la littérature d'idées. L'argumentation est un genre difficile qui nécessite une compréhension fine de ce qui est exposé. S'agissant du "Discours de la servitude volontaire " (La Boétie), il est écrit au 16e siècle pose de nombreuses difficultés à cet égard tant sur le fond que sur la forme. Avant toute chose, la première difficulté consiste à être capable de le lire en entier. La  connaissance complète de ce livre est indispensable si vous souhaitez prendre cette épreuve au bac : retrouvez gratuitement la Gazette littéraire sur   Spotify   pour comprendre cette œuvre à l'aide de courts épisodes explicatifs. Il vous sera, en outre, proposé une fiche récapitulative correspondant au parcours  Défendre et Entretenir la liberté  : cette synthèse est destinée à vous aider à préparer votre dissertation avec des tableaux récapitulatifs et les thématiques principales. Spotify Devant un tel monument littéraire, il vous est proposé   un podcast gratuit   en 4 courts épisodes pour vous aider dans cette tâche.  Vous êtes prêts ? pages 107 à 117 : introduction et exposé de la thèse de l'auteur  (12:55) pages 117 à 131  : la perte de la liberté (12:29) pages 131 à 145 :   la solution pour s'opposer au tyan et moyen pour ce dernier de conserver son pouvoir (12:19) pages 145 à 157 : le secret de la domination (05:23) I.               Présentation générale Débutons par une brève présentation de l’auteur et l’examen des vicissitudes autour de la publication de l’œuvre avant d’entrer dans l’étude proprement dite.      1.1. La présentation de l’écrivain  On connait peu de choses de la vie de la Boétie, né à Sarlat en 1530 et décédé en 1563 à l’âge de 33 ans. Bref destin de l’auteur du Discours de la servitude volontaire, devenu spontanément une œuvre emblématique de résistance par-delà les crises religieuses et politiques du XVIe siècle, mais au-delà surtout des siècles (ex : La Résistance, Gandhi, Martin Luther King). Juriste et conseiller au Parlement de Bordeaux, il y rencontre Montaigne avec lequel il noue une amitié indéfectible. C’est un être sensible porté sur la lecture de textes latins qu’il traduit tout comme il aime écrire lui-même de la poésie. Il meurt terrassé par une maladie en instituant Montaigne comme son exécuteur testamentaire. 1.2   La publication de l’œuvre Dès 1571, Montaigne s’est chargé de la diffusion de certaines œuvres de La Boétie à l’exception du Discours de la servitude volontaire.  Pourquoi ? Il compte, en effet, l’insérer dans le premier livre de ses  Essais  à venir. Cependant, il est devancé par des personnes qui publient en 1574 un fragment du Discours en latin avant de le traduire en français, dans le recueil pamphlétaire protestant Le Réveille-matin des Français   et de leurs voisins . Le texte complet du Discours  qui porte alors le nom du Contr’un  est ensuite intégré en 1577 à Genève dans un autre recueil protestant, Les  Mémoires de l’État de France sous Charles IX, sous la plume de Simon Goulart. En 1579, par décision de justice, la totalité de ce recueil est brûlée en place publique à Bordeaux. C’est dans ces conditions que Montaigne choisit de publier en 1580 ses Essais sans  y insérer le Discours de la servitude volontaire . Il le remplace par la diffusion de poèmes de son ami. Il s’en excusera auprès de son public au motif que les troubles politiques (entendez entre protestants et catholiques) expliqueraient son renoncement. Le texte de la Boétie connaît au cours du siècle suivant une audience relative jusqu’à la nouvelle édition des Essais  de Montaigne en 1727 publiée en cinq tomes à La Haye, puis à Genève en 1739 et en 1745 à Londres étant traduite en anglais (villes sans censure). On y trouve le Discours de la servitude volontaire qui se diffuse alors largement.   Lors de la période révolutionnaire, le Discours se présente comme un manifeste contre l’absolutisme. Il faut attendre le XIXe siècle pour que le texte soit lu de manière indépendante de l’ouvrage de Montaigne. Il devient un hymne à la liberté sous la plume de son préfacier, Lamennais. Comme le dit Simone Goyard-Fabre : « la publication de l’œuvre de la Boétie s’est, en tout temps, toujours accompagnée d’intentions militantes, comme si l’essai secrétait un prosélytisme combatif. » (préface à l'édition)   II.            Étude du Discours de la servitude volontaire  Ce texte de la Boétie doit être analysé au regard du parcours : « défendre » et « entretenir » la liberté. L’auteur met en scène successivement ces deux axes de réflexion lorsqu’on comprend que : – le verbe défendre signifie la protection d’un droit, évoquant ainsi un but, – le verbe entretenir est tourné, lui, vers les moyens  tendant à la conservation de ce même droit. Il vous est proposé d’étudier ces deux notions comparativement au travers du plan suivant : Plan 1.     La tyrannie : comprendre pour résister, 2.     Les procédés argumentatifs du discours : 2.1. Une argumentation directe, 2.2. Une stratégie argumentative :                         2.2.1. La raison mathématique,                         2.2.2. La persuasion,                         2.2.3. Les intentions de l’auteur :        a) les références à l’Antiquité,        b) les références à la Renaissance,              2.3. Les principales figures de style,              2.4. Les registres littéraires, 3.     Les ambiguïtés de l’œuvre, 4.     La portée philosophique de l’œuvre, 1.      La tyrannie Le tableau récapitulatif avec les citations justificatives vous permet de saisir les différents arguments développés par La Boétie. Ces derniers sont alors confrontés au visa de la thématique défendre et entretenir  : la défense repose sur la compréhension des mécanismes de la servitude tandis que le verbe « entretenir » met en lumière les moyens pour demeurer libre. Précisons que le terme tyran doit être entendu, dans l’esprit de La Boétie, comme le détenteur unique du pouvoir, sans tenir compte du caractère moderne du mot qui lui ajoute un aspect péjoratif. C’est ce système de concentration du pouvoir entre les mains d’un seul qui est appelé ici tyrannie. Arguments Comprendre les ressorts de la servitude Moyens pour l’homme de rester libre La nature de la tyrannie 3 types de tyrans : - celui qui gouverne un royaume par l'adhésion du peuple, -celui qui exerce le pouvoir mais par la force des armes -celui qui gouverne par hérédité « la succession de leur race »  (p. 121 ). Comprendre que toutes les tyrannies sont mauvaises : Dès lors on comprend bien qu'il n'y a pas de différence entre ces 3 sortes de tyrans : « toujours la façon de régner est quasi semblable » . (p.122) Le rôle des nombres Question d’arithmétique pure : -1 million de millions d'hommes (p. 109) face à un seul (tyran) -   « je voudrais sinon entendre (comprendre) comme (comment) il se peut que tant d'hommes, tant de bourgs (villages), tant de villes, tant de nations endurent (supportent) quelques fois un tyran seul, qui n'a puissance que celle qu’ils lui donnent (… ) » (p. 109) - le titre de l’œuvre souvent utilisé par la suite « le Contr’Un »  montre ce paradoxe saisissant. La conséquence arithmétique : Déséquilibre des forces : l e rapport de force est en faveur du plus grand nombre et pourtant ce dernier n’en a pas conscience. Comprendre que l’importance du nombre soumis devant le tyran ne signifie pas que par nature les hommes soient lâches ; il n’y a pas de lâcheté collective : «   cela n'est pas couardise  » (=lâcheté) (p. 111) Refuser d’être sujet Du tyran Toute tyrannie est mauvaise  : en raison du pouvoir du tyran d’être bon ou mauvais s’il le veut : «  on ne se peut jamais assurer qu'il soit bon, puisqu'il est toujours en sa puissance d'être mauvais quand il voudra »  (p. 108) Résister au tyran  : c’est le meilleur moyen de recouvrer sa liberté. Rejet de la violence. Action passive par la désobéissance collective : «   le pays ne consente (plus) à sa servitude ; Il ne faut pas lui ôter rien, mais ne lui donner rien  » (p 113)  «  si on ne leur bâille (donne) rien, si on ne leur obéit (pas) ; sans combattre sans frapper, ils demeurent nus et défaits  et ne sont plus rien sinon que comme la racine n'ayant plus d'humeur (substance) ou alignement la branche devient sèche et morte . » (p. 115) Responsabilité de la servitude Le peuple est responsable de ce qui lui arrive - Vision péjorative du peuple : «  gros populas, de regardant ce qui est devant leurs pieds  » (p. 131). - « ce sont donc les peuples mêmes qui se laissent ou plutôt se font gourmander (traiter durement) puisqu'en cessant de servir ils en seraient quittes  » (p.113). - «  c'est le peuple qui s'asservit, qui se coupe la gorge, qui ayant le choix ou d'être serf (cf. au Moyen Âge un paysan attaché à la terre du seigneur) ou d'être libre, quitte la franchise (ses droits) et prend le joug qui consent à son mal ou plutôt le pourchasse.  » (p 114). Composition du peuple : - les lâches ou les indifférents : « les lâches et engourdis ne savent ni endurer le mal ni recouvrer le bien  » (p 115). - les hardis : (courageux) - les avisés : (sages) Comprendre que la libération du peuple repose sur le courage de certains : -   les hardis (les courageux), les avisés (ceux qui ont de l'intelligence) vont se battre pour conserver leur liberté, «  les hardis, pour acquérir le bien qu’ils demandent, ne craignent point le danger ; les avisés ne refusent point la peine »   (p.115) La nature humaine Dualité de la nature humaine : contradiction entre être libre/supporter l’habitude « la nature de l'homme est bien d'être franc et de le vouloir être mais aussi sa nature est telle que naturellement il tient le pli que la nourriture lui donne  » (p.130) Considérer : - Le tyran comme un homme : «   Celui qui vous maîtrise tant n'a que deux yeux, n'a que deux mains, n'a qu'un corps et n'a autre chose que ce qu'à le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes sinon que l'avantage que vous lui faites pour vous détruire »  (p.116) - Le goût naturel de l’être humain pour la liberté : «  est amère la sujétion (le fait d’être un sujet et non libre) et plaisant d'être libre  » (p. 129). Cf : Illustration de ce goût naturel pour la liberté avec une pure hypothèse : « quelques gens tout neufs »  qui choisiraient la liberté (p.122) Cause de la servitude : La coutume - Intériorisation de la contrainte :  la contrainte n'en devient plus une. L’oubli de la liberté conduit à l’habitude de ne plus l’être :   « mais ceux qui viennent après servent sans regret  et font volontiers ce que leurs devanciers avaient fait par contrainte  » (p. 124)   « on ne plaint jamais ce que l'on n'a jamais eu »  (p. 130). - Perte de sa qualité humaine : animalisation de l’homme devenu une bête, dénaturation (perte de la qualité naturelle) :   « ayant sur le col (cou) le joug  » (p.109) «  quel mal contre (événements fâcheux) a été cela qui a pu tant dénaturer  (changer la nature) l'homme, seul n'est devrait pour vivre franchement (avec ses droits) et lui faire perdre la   souvenance (le souvenir) de son premier être et le désir de le reprendre.  » (p 121). - Comparaison avec les animaux - équivalent à l’homme  : le bœuf (joug) : - supériorité de l’animal sur l’homme  : a) cri des animaux : « si les hommes ne font trop les sourds, leur crient : vive liberté ! »  (p.120) b) lutte des animaux avant  de mourir (poissons, oiseaux, gibier, éléphant) c) cas du cheval domestiqué qui lutte pour sa liberté : « et si ne le savons-nous si bien flatter que, quand ce vient à le dompter, ils ne mordent le frein qu'il ne rue contre l'éperon »  (p.120) d)l’homme est donc inférieur  car il ne se défend pas contre la tyrannie : cf. vers de la Boétie : «  Même les bœufs sous le poids du joug geignent/et les oiseaux dans la cage se plaignent »  (p. 121) - Rompre avec l’habitude et donc la coutume et rôle de l’éducation :   « à entretenir la liberté, ainsi appris effet dès le berceau  qu'il ne prendrait point tout le reste des faits illicites de la terre pour perdre le moindre de leur franchise  » (p 126). - Valorisation des hommes éduqués : «   ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue et toute hors du monde l'imaginent et la sentent en leur esprit et encore la savourent et la servitude ne leur est de goût pourtant bien qu'on l’accoutre (quelques assaisonnements qu'on lui donne) » (p. 131). Il a une vision aristocratique  de l’homme. - Redevenir un être humain : «  Combien qu'est-ce que l'homme doit avoir plus cher que de se remettre en son droit naturel  et par manière de dire, de bête revenir homme  ». (p.114) 1 e  conséquence pour le peuple  Restriction du droit de penser et de s’exprimer contribuant au maintien de l'asservissement général : « Ils deviennent tous singuliers en leur fantaisie »  (p.131)  Droit de comploter : Exemple :   décision faisant suite à un accord entre deux hommes, Brutus et Cassius, qui ont assassiné Jules César, au nom de la liberté : « Lorsqu’ils entreprirent la délivrance de Rome ou plutôt de tout le monde  » (p. 132). 2 e  conséquence pour le peuple - Lâcheté des hommes asservis (ce défaut n’est pas dans la nature humaine, mais survient du fait de la coutume) : «  les gens deviennent sous les tyrans, lâches et efféminés  »  (p. 133) Un peuple soumis : (ils) « ont le cœur bas et mol (mou) et incapable de toutes choses grandes » (p. 134) - Courage : Exemple  : Hippocrate, le père de la médecine, qui a refusé de soigner l’occupant : « il lui répondit franchement qu'il ferait grande conscience (il aurait des scrupules) de se mêler de guérir les Barbares qui voulaient tuer les Grecs et de bien servir par son art à lui qui entreprenait d'asservir la Grèce »  (p. 134) 1 e conséquence pour le tyran : maintenir son pouvoir - Fragilité du pouvoir du tyran : Exemple de Xénophon « Les tyrans qui sont contraints, faisant mal à tous se craindre (se méfier) »  de tous. (p.135) -   Choix du tyran d’engager des mercenaires pour se protéger et protéger son pouvoir  : «  Les mauvais rois se servent d'étrangers à la guerre et les soudoient (les payent), ne s’osant fier est de mettre à leur s gens, à qui ils ont fait tort, les armes en main »  (p. 135). - Abrutir les asservis :  l es occuper, les divertir pour qu’ils ne pensent pas à contester son pouvoir : « efféminer leurs gens » (p136) / « les peuples assotis  » (rendus sots, idiots). Exemple de Cyrus :   « y établit des bordeaux (des bordels), des tavernes et des jeux publics et fit publier une ordonnance que les habitants usent à en faire état ( devaient s'y rendre).  » Le résultat fut « que jamais depuis contre les Lydiens, il ne fallut tirer un coup d'épée  » (p 136) Exemple : Tibère et Néron avec des pains et des jeux pour abrutir le peuple. - Rappel de l’histoire : assassinats de tyrans Exemple  : Jules César poignardé (complot de Brutus et Cassius) - Révéler le “secret de la domination » (p145) : - rôle des favoris : « 4 ou 5 qui maintiennent tout le pays en servage »  (p.146 ) - Précarité des favoris qui sont moins libres que les autres hommes : «  en font pis que forçats et esclaves  » (p149) - création d’une sorte de pyramide  de la tyrannie, allant de haut en bas, de favoris en favoris : “ il verra que non pas les six mille, mais les cent mille, mais les millions, par cette corde  se tiennent au tyran s’aident d’icelle (de celle-ci)  » ( p.146). “ tyran”//tyranneaux”  (p.147) - Annonce d’une mort violente des favoris : « mange peuples  »   (p. 157) - Comprendre la solitude du tyran : - absence de toute forme de sincérité : “Le tyran n’est jamais aimé ni n’aime »,   - tyrannie, empêchement à l’amitié :  “ il  ne goûte pas à la vertu par excellence l’amitié” l’amitié, vertu cardinale : « c’est un nom sacré »  (p.153) - damnation éternelle des tyrans : “ que la tyrannie qu’il réserve là-bas à part, pour les tyrans et leurs complices, quelques peine particulière ” (p.157) 2 e  conséquence pour le tyran : Religion, nécessaire à la conservation du pouvoir politique Tyran, guérisseur « Par ce moyen, ils s’assuraient que le peuple se fierait plus (à) d’eux »  (p.139) «  ils voulaient mettre la religion devant pour garde-corps  » (p.142) Exemples : - rois d’Égypte - Pyrrhus - Jules César qualifié de « Père du peuple »  et à suite, tous les autres prirent le titre de tribun du peuple, (p.139) -Vespasien : “il addressait (redressait) les boiteux ” (p.141). -royauté française : saint-chrême etc… Avoir conscience de sa naïveté : « Toutefois ainsi le peuple sot fait lui-même les mensonges, pour puis après les croire »  (p.141) la suite ici

  • Portée du "Menteur"(Corneille)

    Bac : quelle est la portée de la pièce ? Quelle est sa morale ? Quelle est la fonction de la comédie cornélienne ? Quel rôle joue le mensonge ? Enfin comment décrire le héros cornélien ? source Gallica Portée du "Menteur"(Corneille) Nous allons chercher à comprendre la portée du "Menteur"(Corneille), c'est-à-dire l'enjeu de la pièce au regard des aspects suivants : La morale de la pièce Le sujet de la pièce invite à se questionner sur la morale posée par la pièce. On rappelle le propos de la comédie de Corneille tourne autour du mensonge qui est vu, du point de vue de la morale, comme un vice.  Le Menteur serait-il donc une comédie immorale ? Contexte  Dans le contexte du XVIIe siècle, il faut rappeler l'influence morale de deux courants : les jansénistes et les jésuites. Les jansénistes condamnent le genre théâtral considéré comme un divertissement frivole au sens pascalien du terme : la littérature, en général, et le théâtre, en particulier, ne créent que du mensonge en croyant imiter le vrai. Cette circonstance détourne ainsi l'homme de sa quête personnelle de la vérité.   Le courant jésuite, réputé trop laxiste, est critiqué par les jansénistes avant que ce dernier mouvement ne soit condamné par Louis XIV.  Il a fallu pour les théoriciens de la morale justifier du bien-fondé de la littérature théâtrale. Aubignac a ainsi cherché à promouvoir l’idée que la littérature a pour mission noble d’enseigner de grandes vérités aux hommes. On a ainsi conçu le théâtre comme un moyen d'expression destiné à corriger l'homme. Castigat ridendo mores , le rire corrige les mœurs, ce qui est le propre du théâtre de Molière.  La comédie, de ce point de vue, est censée inviter l'homme à s’amender, à corriger ses défauts par le rire.  On voit donc l'enjeu moral qui sous-tend le théâtre au 17e siècle. Qu'en est-il chez Corneille ? Comédie cornélienne Intéressons-nous, si vous le voulez bien, à la dernière tirade de l’acte V mise dans la bouche du valet, Cliton : analysons-la selon l a m éthode des 6 GR OS SES   C LE FS ©  :  Gr  : grammaire                               C  : Conjugaison OS : oppositions                            le : champ lexical  SE  : les 5 sens                            FS : figures de style CLITON , seul. Comme en sa propre fourbe un  menteur s’ embarrasse  ! Peu   sauraient comme   lui  s’en tirer avec grâce. Vous  autres qui  doutiez   s’ il en pourrait sortir, Par un si rare exemple apprenez  à mentir.   Le dernier vers surprend sur le plan de la morale. Le Menteur serait-il donc une comédie immorale ? On souligne l’habileté de la tirade reposant sur une maxime morale (a), sur une double interpellation (b) et enfin sur la dispensation d’un conseil apparemment immoral ©. a) une maxime Le premier vers est amené par le résumé de la comédie. “Comme en sa propre fourbe un menteur s’embarrasse !“. Avec cette phrase exclamative, Corneille évoque les pièges du mensonge ou, pour le dire autrement, le risque du menteur d’être pris à ses propres mensonges. Il s'agit pour lui de poser une maxime ayant une valeur de vérité générale dite au mode indicatif présent. On est donc dans une posture morale, dissuasive en somme. Mais la suite de la tirade sort de ce champ avec une double interpellation. b) une double interpellation Dans les deux vers suivants, Corneille interpelle à la fois le genre humain  “peu”, mais également les spectateurs “vous autres” dans un face à face avec le valet dont la didascalie nous dit qu’il est “seul” : on a donc une gradation descendante. Par ailleurs, il recourt au mode conditionnel, celui de l’hypothèse. Ainsi on a une opposition dans la quantité avec l’adverbe “peu” signifiant une quantité moindre et “vous autres” avec le pronom personnel 2e personne du pluriel, indiquant, à l’inverse, une grande quantité. C’est dans les deux cas l’évocation d'une impossibilité  avec l’utilisation du mode conditionnel, celui de l’hypothèse avec “sauraient/pourrait”. Les deux propositions subordonnées successives, l’une relative “qui doutiez” à l'imparfait de l'indicatif marquant la suspicion du public et, l'autre, interrogative indirecte au conditionnel “ s’il en pourrait sortir,” sont destinées à montrer l’imbroglio des mensonges et le talent du personnage principal. Cette double interpellation du genre humain et du public laisse la victoire au héros cornélien avec la comparaison avec l’adverbe “comme lui”. On aurait pu en rester là, mais Corneille va plus loin… c) Immoralité ? On aboutit enfin à un changement de ton, l’impératif “apprenez à mentir” qui est mis en fin de vers. Notons l'insistance sur l’exemplarité mise en avant : quelle est donc la valeur de ce mode ?  Comme vous le savez, l’impératif renvoie à l’ordre ou au conseil. Il s'agit de déterminer ce point pour voir la valeur morale ou immorale de cette comédie en particulier et de la comédie en général. Il existe une nuance de taille : Si c’est un ordre, c’est nécessairement immoral ; Si c’est un conseil, on entre alors dans un domaine qui dépasse la morale. Qu’en est-il ?  À la lecture fine de ce dernier vers, on note une ambiguïté : “Par un si rare exemple apprenez à mentir.”, Deux sens sont, en effet, à relever :  soit si vous voulez mentir, mentez bien sinon abstenez-vous : conseil pratique plutôt immoral, soit si vous voulez mentir compris comme une volonté de créer une œuvre de fiction, soyez crédible :  c’est évidemment un conseil, non immoral, mais d’ordre esthétique. C’est évident le second sens qui prévaut et renvoie à la fonction de la comédie dévolue par Corneille La fonction de la comédie cornélienne Plaisir Au XXe siècle, on a estimé que Corneille a dispensé des idées morales et politiques, mais c'est sans compter sur ses nombreuses dénégations formulées de son temps. Tout au long de sa carrière, il n'a cessé, en effet, de dire que la fin ultime de son théâtre n'avait rien à voir avec l'instruction morale ou civique du spectateur.  Il se sert des travers humains pour nourrir sa comédie :  il fait donc de la comédie à partir des mœurs de la société de son temps. Mais ce n'est que son matériau et non une fin en soi. Pour Corneille, le théâtre doit ainsi obéir à un seul impératif : le plaisir. Il considère qu'une œuvre doit procurer au spectateur un divertissement. Il faut aussi rappeler qu’au moment du Menteur triomphe alors, depuis la Fronde, la comédie burlesque espagnole, au rire plus fin, plus délicat que celui de la commedia dell’arte italienne.  Epître Pour s’en convaincre, relevons ses propos dans l’épître précédant sa pièce en coloriant les points les plus importants selon  l a m éthode des 6 GR OS SES   C LE FS ©  :  Gr  : grammaire                               C  : Conjugaison OS : oppositions                            le : champ lexical  SE  : les 5 sens                            FS : figures de style “ J ’ ai fait   Pompée   pour   satisfaire à ceux   qu i ne trouvaient pas  les vers de Polyeucte   si  puissants que  ceux de Cinna ,  et leur montrer que  j’en saurais  bien retrouver la pompe quand le sujet le pourrait  souffrir  ;  j’ai fait   le Menteur   pour contenter les souhaits de beaucoup d’autres   qui,  suivant l’humeur des Français, aiment le changement , et après tant de poèmes graves   dont nos meilleures plumes  ont enrichi la scène, m’ont demandé quelque chose   de plus enjoué   qui   ne   servît   qu’ à les divertir. “ https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Menteur_(Corneille,_Marty-Laveaux,_1862)/%C3%89p%C3%AEtre Le  Menteur (Corneille, Marty-Laveaux, 1862)/Épître - Wikisource La problématique qui se pose est celle de savoir sur quoi se fonde la singularité de la comédie singulière. Nous verrons qu’elle repose sur l’opposition entre les deux genres littéraires (a), sur le public de la comédie (b) et l’objectif poursuivi ©. a) tragédie/comédie On voit une argumentation reposant sur une volonté de convaincre par une construction en miroir, avec deux phrases juxtaposées reposant sur la répétition du verbe de création “j’ai fait” au passé composé, temps proche du présent.  Corneille dresse, en effet, un parallèle entre deux genres littéraires, ses tragédies et sa dernière comédie, reposant sur une même volonté de plaire comme le suggère les deux propositions infinitives “pour satisfaire/pour contenter”.  On relève aussi une critique ironique en ce qui concerne la réception de ses œuvres tragiques par ses pairs qui ne le ménagent pas “ à ceux   qu i ne trouvaient pas “ : il s’en moque en recourant à une tournure négative et des pronoms produisant un effet impersonnel ; par ailleurs il utilise trois propositions relatives et conjonctives complétives et circonstancielles pour donner un effet de fausse justification reposant sur l’utilisation du conditionnel produisant un effet de litote “ que  j’en saurais  bien retrouver la pompe quand le sujet le pourrait  souffrir  “.   Notons enfin l’opposition entre “à ceux”  pour les tragédies et “ beaucoup d’autres” en faveur de la comédie. Corneille cherche désormais à se justifier positivement et à donner un sens à la comédie.  b) le public de la comédie Sa première idée consiste à privilégier les bénéficiaires de ses pièces :  pour cela, on retrouve la même construction avec les propositions subordonnées destinées, cette fois, après une gradation montante entre ceux/beaucoup d’autres et enfin le peuple, à mettre en valeur le public “ des Français ”. C’est donc non pour plaire aux critiques, mais aux hommes que la comédie cornélienne est destinée.  Et après sa destination, il y voit une fonction singulière : “ quelque chose   de plus enjoué   qui   ne   servît   qu’ à les divertir. On avait vu dans un autre article l’emploi de périphrase qu’il reprend ici pour parler du genre de la comédie “quelque chose”. Et cette manière de nommer est méliorative, car elle est associée à  un superlatif “de plus enjoué” qui s’oppose de manière péjorative aux “tant de poèmes graves (...) nos meilleures plumes” avec de l’ironie en prime à l'adresse de ses contemporains. Dans l’esprit de Corneille, le champ lexical de la réjouissance est à relever : “contenter”/”souhaits”/”humeur”/”changement”/” enjoué ”/” divertir”. Pour que son argumentation soit claire, il emploie la tournure restrictive avec le mode subjonctif, celui du jugement de valeur : “ ne   servît   qu’ à les divertir. Il ne voit donc qu’une seule et unique fonction à la comédie, celle d’être simplement plaisante. pour le dire autrement, la comédie cornélienne n’entre pas dans le champ de l’édification des consciences ; elles ne visent pas à instruire. Elle a sa propre esthétique dépassant la fonction morale, ce qui est novateur à l’époque.  Il ne déviera jamais de cet objet dans l'épître de la Suite du Menteur (sa dernière pièce comique) : “ Je voudrais que le peuple y eût trouvé autant d’agréable, afin que je vous pusse présenter quelque chose qui eût mieux atteint le but de l’art. Telle qu’elle est, je vous la donne, aussi bien que la première, et demeure de tout mon cœur,” https://fr.wikisource.org/wiki/La_Suite_du_Menteur/%C3%89p%C3%AEtre Les différentes formes d'altération de la vérité Il résulte de la lecture de cette pièce  que nous ne sommes pas en présence d'un seul menteur mais de plusieurs. En effet, tous à différents niveaux entrent dans une stratégie de la dissimulation de la vérité pour obtenir un objectif déterminé. Vous pourrez retrouver dans cette synthèse les trois procédés à l'œuvre dans cette comédie : les mensonges, les feintes et les quiproquos. Les mensonges Voici le premier procédé dans les cinq actes de la pièce : Procédés Temporalité Caractère Effets   Mensonges         N°1 : Dorante : Soldat et amour secret Acte 1, scène 3 : Durée variable : -4 ans/ 1 an Exotisme et la vaillance   Intérêt suscité   N°2 : Dorante : Organisateur de la fête Acte 1, scène 5 1 mois Acte 3 scène 1 Féérie, illusion Jalousie d’Alcippe Réconciliation avec Alceste N°3 : Géronte   Mariage forcé Deux actes : Acte 2, Scène 1 (projet) scène 5 (concrétisation) Manipulation Identification de Dorante N°4 : Dorante Mariage secret Un acte : Acte 2, scène 5 Défensif et offensif avec le récit épique du mariage secret mettant fin au déshonneur Contentement du père N°5 : Dorante : la femme mariée Acte 3, scène 2 : Amitié Réconciliation avec Alcippe N°6 Clarice qui joue l’indifférente Acte 4, Sc9 Rivalité : dissimulation de sa jalousie Laisse le champ libre à Lucrèce. N°7 Lucrèce joue l’indifférente Acte 4, Sc9 Rivalité : dissimulation de son amour Lucrèce manœuvre pour gagner Dorante. N° 8 : Dorante : duel sanglant et magique Acte 4, scène 3 Illusion, conte Mise en scène démasquée par Cliton N°9 : Dorante et sa femme enceinte/nom du beau-père Acte 4, scène 4 Acte V, scène 1 Défensif Contentement du père, Colère du père N°10 :  Sabine lettre de Dorante déchirée sans avoir été lue par Lucrèce Acte 5 scène 5     Offensif Mensonge à peine dit qu’il est démenti par Sabine N°11 : Dorante qui aime la vraie Lucrèce tout en flirtant avec Lucrèce Acte 5, scène 6 Défensif et spirituel Cette version est confortée par l’annonce de Géronte du mariage organisé entre Dorante et Lucrèce Mensonge n°12 obéissance au père Acte 5, scène 7 Défensif Défaite de Clarice Mensonge n°13 Obéissance au père Acte 5, scène 7 Offensif Victoire de Lucrèce Les feintes Feintes       N°1 : Clarice  Faux-pas Acte 1, scène 2, instantanée Maniérée Déclenchement de l’action N°2 Isabelle Projet de rendez-vous galant Acte 2 scène 4 Manipulation poursuite du quiproquo sur les identités amoureuses N°3 Clarice qui va chez Lucrèce Acte 3 scène 3 Manipulation Clarice alimente le premier quiproquo N°4 Lucrèce qui cherche à ravir Dorante (lettre) à son amie et acceptation de la méprise qui l’arrange Acte 3 scène 3 manipulation Rivalité avec Clarice N°5 Lucrèce qui donne des consignes à Sabine Acte 3 , scène 8 Impératif Obtention des informations sur l’amour de Dorante pour elle. N°6 Sabine fait semblant d’être là par hasard Acte 4, scène 6, intuitive Elle rapproche Lucrèce et Dorante N° 7 Dorante : soudoie Sabine Acte 4, scène 1 Corruption Information sur le demi amour de Lucrèce.   N°8 : Dorante avoue son amour pour Lucrèce Acte 5, scène 3 Défensif Chantage au mariage du père N°9 Dorante prévoit une ruse finale pour Acte 5 scène 6 ingénieux Ne pas perdre la face les quiproquos Quiproquos       N°1 : Dorante confond les deux amies, Clarice et Lucrèce  Acte 1, Scène 4 Qui va durer jusqu’à l’acte 5, scène 6 jugement fondé sur la beauté     Confusion et rivalité des amies N°2 Clarice ne sait pas que Dorante les confond Acte 3, scène 5 Il n’est jamais levé… Symétrique Confusion de Dorante, éclaircissement pour les amies : colère de Clarice et contentement de Lucrèce Silences :       Lucrèce Long durant les scènes 2 et 3 de l’acte I Passive Mise en place du quiproquo Lucrèce Acte 3 scène 5 Active Elle écoute les déclarations d’amour qu’elle prend pour elle Clarice Acte 5, scène 7 Passive Son orgueil est blessé Lucrèce Acte 5, scène 7 Active La situation l’enchante Analyse de la portée des " mensonges" des effets paradoxalement positifs Le mensonge, au sens large dans la pièce de Corneille, c'est-à-dire l’altération volontaire de la vérité (duperie par des mots, manipulation), le quiproquo et la feinte présentent un caractère actif ou passif avec des effets paradoxalement positifs. L’esthétique de la pièce, le schéma actanciel, l’effet comique, le caractère plaisant de la comédie recherchée reposent sur le caractère des procédés et leurs effets. Caractère Si l'on regarde le tableau, on peut considérer l'imbrication des deux caractères actif/attaquant ou défensif/passif : on ment donc de sa propre initiative ou l’on ment pour se sortir de l'embarras. C’est l’alternance entre les deux qui donne la dynamique de la comédie.  Rappelons que l'intrigue démarre à partir d'une action positive, c'est-à-dire d'une feinte voulue délibérément par Clarice, qui fait naître le mensonge tout aussi volontaire de Dorante. Le ressort comique résulte de l'utilisation du mensonge lorsqu'il est employé à titre purement défensif comme une réaction impulsive destinée à éviter la colère du père ou l’aveu d'un orgueil blessé (Clarice) ou un triomphe modeste (Lucrèce) etc…  Par ailleurs, ces mensonges présentent des caractéristiques positives,  ce qui est paradoxal s'agissant d'un vice de l'homme. Ainsi le mensonge de Dorante conduit à susciter de l'illusion, les exagérations, un imaginaire fantasmagorique. Lorsqu’il suscite de la jalousie avec Alcippe, un nouveau mensonge permet de conforter la réconciliation.  Chez les autres personnages, les mensonges ou les feintes ont pour objectif de faire révéler une vérité sous-jacente. Si nous reprenons les différents personnages, nous pouvons relever les différents objectifs poursuivis.  Ainsi, il s'agit pour Clarice, qui souhaite ne pas être dupée, de mettre à l'épreuve son galant et cette mise à l'épreuve consiste à jouer de la feinte pour forcer Dorante à se trahir,  à montrer ses vrais sentiments. Chez Lucrèce, la question consiste à ne pas se dévoiler dans cette rivalité entretenue avec Clarice. Pour les deux jeunes filles, il s’agit, en toute hypothèse, de faire éclore l’amour. À l’inverse, on a vu la pure manipulation de Géronte vis-à-vis de Dorante consistant à l'amener sous la fenêtre de celle qu'il escompte marier à son fils. Il s’agit pour lui d’un acte égoïste puisqu’il veut avoir une descendance ; par ailleurs, il fait preuve d’autoritarisme en désavouant son fils par un odieux chantage. Cette situation se fait jour lorsque le faux mariage inventé de toute pièce est enfin révélé.   Effets La comédie cornélienne s'appuie sur le mensonge au sens large pour produire des effets sur le schéma actanciel de la pièce.  Le mensonge produit paradoxalement des résultats positifs pour celui qui s'y emploie : cette absence d'échec dans le mensonge des uns et des autres personnages contribue à en susciter d’autres et donc à faire avancer l'action qui devient ainsi périlleuse.  L’essentiel des mensonges aux actes 1 et 2 produisent du charme : ainsi le père est content du pseudo mariage de son fils et Clarice tout comme Lucrèce sont charmées devant le nouveau galant. Le mensonge de Dorante le rend finalement agréable aux yeux de tous avant la découverte de son caractère affabulateur (par Philiste dès l’acte I) et Clarice (à l'acte III), ce qui n’empêche pas Lucrèce de l’aimer malgré le doute. C'est dans ces conditions qu’elle va s’employer à clarifier la situation avec l’aide de Sabine. Mais à ce jeu extrêmement fin, il n’y a pas que des gagnants : on a vu l’échec du duo Clarice/Isabelle. Géronte et Lucrèce sont en revanche clairement gagnants dans l'opération. Reste le sort de Dorante qui se trouve marié pour échapper à la colère de son père. On sait que dans la suite de la pièce, il s’enfuira avant sa noce. (CF la suite du Menteur ). Il reste que le mensonge contribue à forger le héros cornélien comme nous le verrons.   Le héros cornélien Un menteur, admirable héros ? Il sera question de se demander comment le menteur peut devenir un héros admirable. Cette problématique trouve sa réponse dans le statut de l’honneur et dans sa volonté de devenir ce qu’il s’imagine. 1.Honneur Le héros cornélien du  Menteur ne fait pas injure à la notion d’honneur. S'il ment, ce n'est pas du fait d’une intention malicieuse, pour obtenir indûment un bénéfice. Dorante sait se montrer brave lorsqu'il se bat en duel avec Alcippe : il respecte les codes de l'honneur.  Il peut même être un homme de parole dans les moments où il n'affabule pas. Avec élégance, il dédouane ainsi Clarice de la fête galante pour rassurer son amant.  Par ailleurs, il respecte son père, selon l'usage de l'époque, où il est nécessaire que le fils soit soumis à son géniteur pour préserver l’honneur familial qui dépasse tout. (cf le Cid) Il est en fait totalement dans son rôle lorsqu'il entreprend des manœuvres de galanterie propre à son rang.  Et pour autant Dorante entretient un rapport tronqué avec la vérité. Pourquoi ment-il donc ? Il faut chercher la réponse dans l'enjeu du mensonge qui réside dans une quête d'identité entreprise par notre héros. Identité Dorante se présente comme un personnage en quête de lui-même. Le mensonge constitue une conquête non du monde, mais d’un autre lui-même. Il a hâte d'être un héros et non plus un simple étudiant arrivé à Paris en provenance de Poitiers. Comme l'indique Starobinski, le théâtre cornélien comprend deux personnages clés :  Matamore ( dans l'Illusion comique ) et Dorante. La ressemblance entre les deux est frappante puisqu'ils ont un rapport tronqué avec la réalité. Comment comprendre le positionnement du menteur cornélien ?  Le héros cornélien s'invente perpétuellement : il cherche un modèle qui le satisferait : les exagérations et les affabulations entrent dans cette stratégie de devenir ce qu'il voudrait être.   Dorante ne se montre pas tel qu'il est, mais tel qu'il voudrait être :  on est sur une construction d'une identité imaginaire. Il cherche avant tout à se plaire à lui-même, à dépasser une réalité ennuyeuse.  Il est épris de rêve de conquête, non du monde, mais de lui-même ; pour ce faire, il a recourt à une imagination folle.  Ce débordement d'esprit, de création chimérique, fait de lui un menteur, mais également un héros par rapport à une réalité sublimée.   Il croit ses mensonges en dépit de sa lucidité comme on l'a vu avec son valet : ce qui l'intéresse, c'est ce qu'il peut être le temps d'un instant volé  à un présent en devenir.   Sa parole finalement le projette bien en amont de ce qu'il est, et surtout de ce qu'il pourra être.   Son mensonge n'est que temporaire face à la conquête de lui-même qu'il cherche à entreprendre. Il est l'inventeur de lui-même grâce au pouvoir du langage qui joue parallèlement le même rôle que l’exploit héroïque. On voit la richesse d’un personnage qui s’invente sur scène sous nos yeux. Source : Starobinski, l’oeil vivant,  Gallimard

  • Acte V du "Menteur" de Corneille

    Bac : étudions ensemble le dénouement de la pièce. Dans le cadre de l'étude comédie et mensonge, il s'avère que les moments de vérité vont clarifier la situation sans pour autant faire disparaître... le mensonge. Illustrations, Pauquet, 1851 Acte V du "Menteur" de Corneille Nous achevons avec ce dernier acte la première partie de notre dossier consacrée au mensonge comme moyen utilisé dans la stratégie de la comédie. Depuis le début,  ainsi que vous le savez, la Gazette vous propose un tableau d'analyse qui reprend le code couleur vu dans les précédents actes : vérité /  mensonge/  quiproquo /  artifice, ce qui permet de mesurer l'avancée des procédés de tromperie dans chaque scène. Retrouvons-les dans l' Acte V du "Menteur" de Corneille : Actes/ lieu/ personnages   fin de matinée place royale Dorante Confrontation avec son père (Sc3) :”Qui vous dit que je mens”  V1528 Aveu d’amour pour Lucrèce : “Non la pure vérité”  Sc 3 V1558.  Pour garant de sa confession : cf. son valet  Sc 3 V 1580 Peur  du Père : Sc4 V 1601 : “ D'un trouble tout nouveau j'ai l'esprit agité” Sentiment exagéré  pour Lucrèce   : “Il ne m'aurait pas cru si je ne l'avais fait” Sc 4 V 16 27 Aveu : “C'était le seul moyen d'apaiser sa colère” Sc 4 V1629 Hésitation du coeur  : “Avec ce faux hymen j'aurais eu le loisir/ D'en consulter mon cœur, et je pourrais choisir” Sc 4 V1631 confusion Sc 4 1635 conversation avec Sabine : demande encore son intervention (Sc 5) Dorante plaide sa cause à Clarice au lieu de Lucrèce sc 6 V 1672 : il lui révèle son amour et ses mensonges à cette fin. Il comprend le quiproquo : Lucrèce/Clarice  il ne veut pas perdre la face et se rabat sur la vraie Lucrèce : “Bonne bouche, j’en tiens ; mais l'autre la vaut bien Sc6 V1724.  Annonce de sa ruse : “ Tu vas me voir, Cliton, jouer un nouveau jeu” Sc6 V17 28 duperie de Dorante envers Clarice pour cacher son véritable amour pour Lucrèce : “Elle avait mes discours mais vous aviez mon cœur.”  (Sc6 V1768)  preuve de sa bonne foi : demande en mariage de son père à celui de Lucrèce sc 6 V 1677) Clarice conseil à son amie : “Il peut te dire vrai, mais ce n'est pas son vice (Sc6 V1670)  double quiproquo : Dorante s’adresse à Clarice au lieu de Lucrèce :   On dirait qu'il m'en veut, et c'est moi qui le regarde. (sc 6 V 1673) Rivalité entre amies Sc6 V1684 Pour elle, nouveau mensonge de Dorante Sc7 v1686 : “Il te flatte de nuit, et mon compte de jour” SC7 V1689 Confrontation sur les deux amours en balance sc 6 confusion avant d’interpeller Lucrèce Sc6 V 1717 annonce de son mariage et de celui de son amie : silence :  explication : “Mon père a sur mes vœux une entière puissance” sc7 V1793 Lucrèce incrédulité obstinée : quiproquo : “Quelques regards sur toi sont tombés par mes gardes/voyons s'il continue. (Sc 6 V 1674)  Rivalité entre amies (Sc 6 V168o 1681) Confusion, volonté de vengeance Sc6 V1693) annonce de son mariage et de celui de son amie : silence :  explication : “Le devoir d'une fille est dans l'obéissance” Cliton conseil à son maître : “Dites que le sommeil vous l'a fait oublier” Sc 3 1531 ironie : Appeler la mémoire ou l'esprit au secours ( Sc 3 V1536 rappel du v 1261 raillerie (sc 4 V 1603). Défiance sur les sentiments de son maître pour Lucrèce : nouvelle ruse (Sc 4 V 1610).  Exagération des sentiments si nouveau pour elle  (Sc 4 V 1625) lucidité sur le nouveau mensonge : paradoxe : “Quoi même en disant vrai vous mentiez en effet (Sc 4 1628) lucidité du valet et révélation de la feinte des femmes. (Sc 6 V 1721) anti-morale du valet : “apprenez à mentir” (SC 7 V 1804) Alcippe confirmation par les parents du prochain mariage avec Clarice. critique du silence des deux femmes.  Philiste il révèle à Géronte le mensonge du mariage de Dorante : Sc1 : “ Mais il a le talent de bien imaginer” V 1476 Isabelle / Analyse Nous parvenons au dénouement de la pièce. Dans le cadre de l'étude comédie et mensonge , il s'avère que les moments de vérité vont clarifier la situation sans pour autant faire disparaître le mensonge. a) La vérité Ainsi la vérité commence à se faire jour et rattrape le héros cornélien. Dès la scène 1, Géronte apprend de Philiste la mystification du mariage secret : "Mais il a le talent de bien imaginer.” (scène 1 v. 1476) Cela donnera lieu à une confrontation violente entre le père et le fils à la scène 3. À cette occasion, Dorante ne s'exprime pas avec sincérité. Il essaye encore de donner le change en répliquant à son père : "Qui vous dit que je mens ? " (sc 3, v 1528). Puis devant la colère paternelle, il se sent obligé de dire enfin la vérité, qui n'est pas formellement exacte puisqu’il reprend le quiproquo initial dans son aveu d'amour à Lucrèce : pour lui, il s’agit de « …la pure vérité » (v1558). C'est encore un ressort de la comédie. La situation de la pièce se change puisque le fils se met à éprouver de la crainte vis-à-vis de son père qui, jusque-là, était complaisant : ce dernier, en le désavouant, revêt le rôle traditionnel du père autoritaire exerçant un droit de vie ou de mort. Sur le plan de la comédie cornélienne, nous nous trouvons en en présence d'un véritable péril lorsqu’il est dit : "Je jure les rayons du jour qui nous éclaire/Que tu ne mourras point que de la main d'un père/Et que ton sang indigne à mes pieds répandu/rendre à prompte justice à mon honneur perdu " (sc 3, v 1597) Dorante en est tout retourné lorsqu’il confie à son valet à la scène suivante : "D’un trouble tout nouveau j'ai l'esprit agité " (sc 4, v1601).   Il faut questionner la démarche de vérité entreprise par Dorante et la scène 4 nous permet de lire dans le cœur du héros cornélien grâce au dialogue sans fard avec son valet, sur le schéma de celui des actes 1, 2,3. La révélation de l’amour envers Lucrèce, aveu de sincérité ou résultat d’une contrainte ? Il s'avère que c'est la contrainte qui a joué dans la confession du fils. On apprend, en effet, qu’il s'agit d'une feinte puisqu'il dit : "C'était le seul moyen d'apaiser sa colère " (Sc 4, V1629). Dorante a remarqué la vraie Lucrèce par mimétisme avec son valet. Il explique que le mariage secret avait pour finalité de lui permettre de gagner du temps pour choisir entre les deux jeunes filles : "Avec ce faux hymen j'aurais eu le loisir/ D’en consulter mon cœur, et je pourrais choisir. " (Sc 4 V 1631). Il est donc pris au piège par son père et cet aveu ne se comprend que dans les limites évoquées. Pour l’heure, il est coincé et croit choisir la vraie Lucrèce puisque le premier quiproquo persiste à la scène 3. C'est dans cet esprit que l'on comprend que Dorante plaide sa cause avec sincérité tandis que Clarice-Lucrèce se positionne face à lui à la scène 6 : cette dernière déclaration joue un rôle décisif : il va enfin se rendre compte de sa méprise. En révélant son amour et ses mensonges, en regardant Clarice, le jeu de scène et les paroles échangées entre elles par les deux jeunes filles montrent le décalage entre celui qui dit les mots et celle qui prétend les recevoir. Il finit par s’en apercevoir. Et c'est alors que le premier quiproquo disparaît. Ne voulant pas perdre la face, il réagit vite en disant : " Bonne bouche, j’en tiens ; mais l’autre la vaut bien " (Sc 6 V 1724). Il en profite pour échafauder une nouvelle feinte comme il le dit à son valet : "Tu vas me voir, Cliton, jouer un nouveau jeu " ( sc 6 V1728.) Il s'en sort grâce à son esprit vif et par un nouveau mensonge : il utilise le vocabulaire galant pour persuader les deux jeunes filles de sa sincérité : "Elle avait mes discours, mais vous aviez mon cœur " (Sc 6, V 1768). Et cet aveu trouve sa confirmation par la demande en mariage en bonne et due forme faite, au préalable, par Géronte au père de Lucrèce. Il s'agit d'un véritable tour de force du héros cornélien qui échappe au péril. Notons que le deuxième quiproquo ne sera, lui, jamais levé : les jeunes filles ne sauront jamais la méprise de Dorante à leur égard. Dans cet acte, un autre personnage mène l’intrigue : Sabine. b) Sabine Cette dernière ment à la scène 5 en indiquant à Dorante que sa lettre a été déchirée sans avoir été lue. Mais ce mensonge est bref puisqu'elle le révèle en disant : " Elle m'avait donné charge de vous le dire " (v.1654) : C'est l'heure de la révélation, mais nous verrons à la dernière scène que le mensonge n'a pas totalement disparu. En effet, le ressort comique persiste avec les deux derniers mensonges émanant de Clarice et de Lucrèce. Il faut noter que le coup de théâtre produit chez elles des sentiments contrastés. L'auteur nous révèle la profondeur de leur surprise relevée par Alcippe qui dit : "êtes-vous aujourd'hui muette toutes deux ?" (scène 7, V 1792). Cette réplique a valeur d'interpellation. Prise sur le fait, elles vont s'exprimer, de manière commune, par un dernier mensonge. Clarisse dit : "mon père assure mes vœux une entière puissance " ; Lucrèce, dans le même ordre, indique faussement : "le devoir d'une fille est dans l'obéissance " . Il s'agit de deux mensonges tirés d'une fausse soumission au père alors qu'elles ont entrepris, l'une comme l'autre, des démarches pour choisir leur futur mari. Pour Clarice, c'est la défaite ; pour Lucrèce c'est la victoire. Il s'agit, pour l'une, de cacher son orgueil blessé, et pour l'autre, de dissimuler sa victoire complète. Dans un prochain article, nous analyserons dans notre parcours le mensonge comme une fin en soi... Repère à suivre : le rôle du mensonge,

  • Acte III du "Menteur" de Corneille

    Bac : l’acte III, du Menteur de Corneille voit l'action se situer toujours place royale, mais en début de soirée. Le thème mensonge et comédie se décline autour de Dorante et de Clarice, s'agissant du mensonge, mais aussi autour de la feinte avec Isabelle et de Lucrèce. Enfin c'est à ce stade de la comédie que le 2e quiproquo s'installe : tout comprendre... Détail du frontispice du Menteur de Corneille Acte III du "Menteur" de Corneille Continuons, si vous le voulez bien, l'étude de la comédie à l'aide du tableau explicatif des scènes de l' Acte III du "Menteur" de Corneille  : pour cela, je vous rappelle le code couleur choisi pour vous aider à vous repérer : vérité mensonge quiproquo artifice  Vous trouverez, après le tableau, l'analyse qui reprend les différentes stratégies mensongères dans cet acte : Actes/lieux/personnages   place royale début de soirée   Dorante duel achevé = égale vaillance avec Alcippe (sc1) recherche des causes du duel auprès d’Alcippe sc1)   Extravagance  : confirmation de la fête, mais à l'égard d'une “femme mariée” (Sc 1 v 764) : la fête= jalousie et réconciliation Art du mensonge :  “Il faut promptitude, esprit, mémoire, soin,  Ne se brouillez jamais et rougir encore moins  (Sc 4 v.935) Confiance de Dorante en lui-même :  “Ne t'épouvante point,  tout vient en sa saison (Sc 5, V995) déclaration d’amour à Lucrèce sous les traits de Clarice (sc 5) Dénégation de son mariage  (SC5 v965) puis aveu du mensonge : “Je l'ai fait, et ma feinte à vos mépris m'expose/Mais si de ces détours vous seul étiez la cause ? (sc 5 v1002 ) Sentiment de se perdre  (Sc 6) : aveu de vérité  “Je disais la vérité” v1078 Espoir dans la nuit qui vient : réflexion Clarice feinte en allant chez Lucrèce  ( Scène 3) et rencontre de Dorante sous le nom de Lucrèce.(scène 5 Affirmation de l’identité de personnage entre le galant et le fils de Géronte : 3 mensonges  éventés soldat/durées/mariage secret Acceptation de la rencontre avec “Lucrèce” montre “qu’il est fourbe” (Sc 3 v 858) comme tout son discours (fête et premier mariage) : volonté de confronter Dorante ( Sc 3 v913 ) Elle démasque Dorante et ses mensonges  Sc 5  V984 Méfiance à l’égard de Dorante : “Il fait une pièce nouvelle, écoutons  (Sc 5 V1009) Elle le met à l’épreuve s’agissant du mariage avec Clarice.  2e quiproquo : Clarice ne sait pas que Dorante les confond et que les déclarations d’amours à Lucrèce lui sont en fait destinées : symétrie dans le quiproquo soit double quiproquo. En tant que Lucrèce, elle le congédie de jalousie en le traitant de menteur en lui rappelant la  scène du faux pas de Clarice (sc2, Acte 1). Lucrèce Duplicité avec l’épisode de la lettre en son nom : “ sur l'heure” sc3 V 849 : la positionnant en rivale de Clarice Elle veut connaître les intentions de Dorante par l’entremise de Lucrèce qui se fait passer pour elle : “Mais parle sous mon nom, c'est à moi de me taire”  Sc 5 V 942 Jeu de séduction dans le mensonge : “Il aime à promener sa fourbe et son amour  (Sc5 v956) Dans le silence, Lucrèce entend les mots d’amour qui lui sont destinés et qui commencent à la toucher : “ “Plût à Dieu! “ (didascalie “en elle-même”-Sc5 V 1033) Cliton Information sur la famille de Lucrèce (sc4) Avertissement réalisé : “ Si vous vous en tirez, je vous tiens habile homme” Sc 5 v 996 Ironie du valet :  (Sc6  V1069) et “ quand un menteur l'a dit/ En passant par sa bouche, elle perd son crédit.” (Sc5 V1080) Alcippe duel achevé = égale vaillance avec Dorante (Sc1) Motif du duel expliqué à Dorante (sc1) Après les explications de Dorante, maintien du doute à l'égard de Clarice (sc2) doute sur les mensonges de Dorante :  “La valeur n'apprend point la fourbe en son école  tout homme de courage est homme de parole.”  (Sc 2 v 813/814) volonté de se faire pardonner par Clarice (Sc 2) Philiste Médiateur entre Dorante et Alcippe ( sc1) Erreur manifeste du page (sc2) lucidité par la découverte du mensonge  de Dorante(Sc 2 v 809) qui  “Est vaillant par nature et menteur par coutume  (Sc 2, V 819) “machine” (Sc 2) Isabelle rapporte l’épisode de la lettre écrite sans contestation par Lucrèce à la demande de Clarice  duplicité de Lucrèce mise à jour “sur l’heure”  (Sc3 V848) qui a aussi connaissance de l’identité de personnage entre le galant et Dorante Art de la séduction passe par le mensonge : Sc3  v859 Mensonges de Dorante = aveu d’amour pour Clarice Géronte / Sabine / Lycas / Analyse À l’acte 3, l'action se situe toujours place royale, mais en début de soirée. Le thème mensonge et comédie se décline autour de Dorante et de Clarisse, s'agissant du mensonge, mais aussi autour de la feinte avec Isabelle et de Lucrèce. Enfin c'est à ce stade de la comédie que le 2e quiproquo s'installe. Reprenons, si vous le voulez bien. a) Dorante Dorante qui s'est battu vaillamment en duel avec Alcippe finit par confesser un faux aveu : il indique, en effet, qu'il ne s'agissait pas de Lucrèce à la fête grandiose, mais d'une femme mariée (sc 2v 764). Là où la fête a conduit à la jalousie d'Alcippe, la fête mène maintenant à la réconciliation entre les deux amis : c'est un effet comique puisque dans les deux cas, c'est le même mensonge qui est maintenu.  Le héros cornélien continue dans sa lancée, en dissertant sur l'art de mentir qu'il dispense à son valet Cliton. Pour lui, quatre éléments sont nécessaires :   “Il faut promptitude, esprit, mémoire, soin, /Ne se brouillez jamais et rougir encore moins.”  (Sc 4 v.935). b) Clarice De son côté, Clarice ruse en décidant d’aller chez Lucrèce, sa voisine (scène 3). Nous avons aussi le 2e quiproquo qui se met en place depuis celui de l’acte I, scène 3 au cours duquel Dorante se méprenait entre les deux jeunes filles. D’ailleurs, Clarice alimente ce quiproquo en se faisant passer pour Lucrèce aux yeux de Dorante. Elle le met à l'épreuve en évoquant ses trois mensonges. Mais elle en crée un second, sans le savoir, dans la mesure où elle ne sait pas que Dorante les confond. On obtient ainsi un double quiproquo qui est parfaitement symétrique. Clarice ne sait pas qu’en réalité les déclarations d’amour à Lucrèce lui sont destinées. Jalouse, elle le congédie, en le traitant de menteur. On a donc un double quiproquo réciproque, dans ce trio amoureux. L'effet comique repose sur le procédé utilisé par Dorante qui consiste à dire la vérité. Cette dernière n'est pas comprise pire, elle lui est reprochée sans qu'il n'en comprenne les raisons. Il se trouve ainsi victime de la vérité qu'il a combattue jusqu'alors. Il est découragé, ce qui n’est pas dans sa nature, et contrevient à la typologie du héros. c) Lucrèce On a aussi une feinte inattendue de Lucrèce et jusque là était silencieuse. On apprend à la scène 3 dans la bouche d'Isabelle que Lucrèce s'est empressée de rédiger la lettre de rendez-vous. La suivante laisse ainsi entendre que l'amitié entre les deux amies se trouve aux prises avec une rivalité amoureuse. Dorante ne laisserait pas indifférente Lucrèce. Ce point nous est confirmé à la scène 5 lorsqu'elle enjoint son amie de parler à sa place : "Mais parle sous mon nom, c'est à moi de me taire” (Sc 5 V 942). Lucrèce joue donc un rôle actif dans le travestissement de la vérité. Elle assiste aussi à la scène en silence prenant pour elle les mots d’amour prononcés par Dorante. « Plût à Dieu », aveu d’amour assorti de la didascalie, « en elle-même » au vers 1033. Notons aussi le rôle d’Isabelle. d) Isabelle C'est à elle qu’échoit le rôle d'expliquer l'art de la séduction à la place de Dorante. Elle tente de convaincre sa maîtresse que les mensonges de Dorante constituent bel et bien un aveu d’amour (sc 3 v 859). e) Vérité Dans notre thème mensonge et comédie, il convient de relever l'importance dans cet acte des moments de vérité qui font avancer l’action. On a ainsi Le duo d'amis, Alcippe et Philiste. Le premier ne peut pas croire au mensonge de Dorante compte tenu de sa vaillance durant le duel. Cela constitue à ses yeux un brevet d’honorabilité : « La valeur n'apprend point la fourbe en son école/Tout homme de courage est homme de parole.”  (Sc 2 v 813/814).  On retrouve le rapport aristocratique entre la parole donnée et le courage. Mais il n’est pas partagé par Dorante : ce dernier estime avec lucidité que s’il est effectivement brave, il ne peut s’empêcher de mentir. Et Philiste partage ce point de vue puisqu’il a découvert toutes ses affabulations, avec le terme “machine” (Acte III, scène2). Nous avons aussi les trois mensonges de Dorante  (soldat/durées -4 ans et 1 an- mariage secret) qui sont mis à jour par Clarice et connus, dès lors, de Lucrèce ainsi que leurs deux servantes. Dans un prochain article, nous verrons l'avancement de l'action à l'acte IV. Repère à suivre :   compréhension de l'acte IV

  • Acte IV du "Menteur" de Corneille

    Bac : l 'acte IV se situe toujours place royale, mais le lendemain matin. On voit monter en puissance l'action mise en œuvre par Lucrèce et par sa servante, Sabine. A contrario, on voit le retrait du duo Clarice/Isabelle : elles ont manifestement perdu la main. Autre frontispice du "Menteur" de Corneille Acte IV du "Menteur" de Corneille Nous travaillons, depuis le début, avec un tableau qui reprend le code couleur vu dans les précédents actes : vérité /  mensonge/  quiproquo /  artifice.  Examinons ensemble l'avancée des procédés de tromperie dans cette comédie en regardant attentivement chaque scène de l' Acte IV du "Menteur" de Corneille avant de pouvoir en faire une analyse. Actes/ lieu/ personnages   place royale   le lendemain matin Dorante Reprise de  la conquête de Lucrèce avec la volonté de corrompre les serviteurs : “Mais ces gens ont des mains”  (Sc 1 V1104) : attente de Sabine pour la soudoyer. extravagance  : récit imaginaire du duel avec Alcippe réputé mort “ il tombe dans son sang” (Sc1, V 1143) persistance du mensonge “source de vie”  (sc 3 V 1181) au pouvoir de guérison ( ressusciter)  formule magique, “le secret” en hébreux (sc 3 V 1196). Polyglotte (10 langues) (sc 3 V 1200) reproche à son valet : “Quoi ! mon combat te semble un conte imaginaire ? Sc 3 V 1073) Énervement contre la présence de son père (Sc 4).  Sa femme enceinte de six mois. (Sc 4 V1227). changement du nom de son beau-père. piège  évité : “L'esprit a secouru le défaut de mémoire” Sc 5 V  1261. Argent donné à Sabine en échange d’une réponse à Lucrèce :  “le secret a joué ” (SC 6 v 1301) Clarice Acceptation de sa défaite Sc 9 V1389 acceptation de son sort avec son projet de mariage avec Alcippe Sc 9 V1390 Avertissement à Lucrèce sur Dorante :  “une étrange conquête” Sc 9 V1394 rivalité avec Lucrèce : “Que qui se croit aimée aime bientôt après”  Sc 9 V1408 orgueil : “Curiosité pure avec dessin de rire/ de tous les compliments qu'il aurait pu me dire” SC9 V 14 21 jalousie : “En l'état où je suis, j'en parle sans envie” Sc 9 V 1430 Lucrèce artifice : mettre sa servante en présence de Dorante : “Elle a voulu qu’exprès je me sois fait paraître (Sc 7 V 1346) Lecture de la lettre de Dorante. Sc 8 Doute persistant : Sc 8 V 1361 : “Et je ne suis pas fille à croire ses paroles” Lettre déchirée et soi-disant non lue (Sc 8 V 1374) Consignes pour rencontrer Dorante :  "Et l'avertis surtout des heures et des lieux  Où par rencontre il peut se montrer à mes yeux". Sc 8 V1379 “Donne lui de l’espoir avec beaucoup de crainte” SC8 V1386 Besoin d’être rassurée : "Parce qu'il est grand fourbe il faut que je m'assure”  Sc 8 V1381 Orgueil : Elle feint de ne pas l’aimer auprès de Clarice : “Et tu dois seulement présumer que je penche à le croire, et non pas à l'aimer  Sc 9 V1403 rivalité avec Clarice : “Était-ce amour alors,  ou curiosité ?” Sc 9 V1420 Orgueil : Je fais de ce billet même chose à mon tour/ je l'ai pris, je l'ai lu mais le tout sans amour :” sc9 V1423  Réitération des consignes à Sabine  Sc9 V1436 Cliton rumeur sur le duel : demande d’explication à son maître ironie : “les gens que vous tuez se portent assez bien “ (Sc 2 V1164) Ironie : “Il faut une bonne mémoire après qu'on a menti “ (Sc 4 V1260) morale : Les menteurs les plus grands disent vrai quelquefois  (Sc 7 V1336)  Alcippe Arrivée d’Alcippe bien vivant annonçant la venue de son père pour conclure son mariage avec Clarice. (Sc2) Philiste / Isabelle / Géronte Sc 4 : Lettre au père de sa “belle-fille” pour la connaître et la recevoir. Joie d’être un futur grand-père. Sabine acceptation des pièces de Dorante et de la mission auprès de Lucrèce.  rusée : “Je sais bien mon métier et ma simplicité/ Joue aussi bien son jeu que ton avidité  (Sc 7 V1311)  Confidence sur le demi-amour de Lucrèce pour Dorante qui connaît ses mensonges de la veille. présence de  Sabine voulue par sa maîtresse qu’elle voit Dorante et donne des informations sur son amour pour elle (Sc 7 V 1346).  Sc 8 remise de la lettre de Dorante. preuve d’amour des pistoles : “Si qui donne à vos gens est sans amour pour vous (Sc 8 V1368)  lucidité : rivalité entre les deux amies Lycas / Analyse L'acte se situe toujours place royale, mais le lendemain matin. On voit monter en puissance l'action de la part de Lucrèce et de sa servante Sabine. A contrario, on voit en retrait Clarice et Isabelle qui ont manifestement perdu la main. a) Clarice Notons que Clarice, si elle accepte manifestement la défaite à la scène 9 (v 1389), son orgueil est, quant à lui, durement blessé. Sa jalousie demeure intacte " En l’état où je suis, j’en parle sans envie " (Sc 9, V 1430). Contrainte par les événements, elle laisse donc le champ libre à Lucrèce. Sur le plan de notre thématique mensonge et comédie, c'est donc du côté de l'autre duo qu'il faut que nous regardions désormais. b) Lucrèce Cette dernière échafaude des ruses pour attirer l'attention de Dorante sur sa personne. Elle donne une mission précise à sa servante, Sabine, et notamment s’agissant de la lettre de Dorante qu’elle est censée avoir déchirée sans l'avoir lue (sc 8, vers 1374). La consigne générale est la suivante : "Donne lui de l’espoir avec beaucoup de crainte” Sc 8 V1386 Le rôle réservé à la servante est donc très important puisqu'elle doit appliquer à la lettre les consignes de Lucrèce qui sont toutes des ruses : “Et l'avertis surtout des heures et des lieux/ Où par rencontre il peut se montrer à mes yeux”. (Sc 8 V1379) Lucrèce a besoin d'être rassurée face aux affabulations de Dorante. Mais dans cet acte, on voit qu'elle entre activement en rivalité avec son amie. En effet, on assiste à un mensonge qui a la particularité de n'être pas adressé à Dorante. Lucrèce ment, en réalité, à Clarisse lorsqu'elle lui dit : «  …et tu dois seulement présumer/Que je penche à le croire et non pas à l'aimer » ( Sc 9, V 1403). Elle réitère son mensonge : “Je fais de ce billet même chose à mon tour;/Je l'ai pris, je l'ai lu, mais le tout sans amour :” sc 9 V1423. Voyons l’autre personnage de ce duo, Sabine. c) Sabine En effet, la servante se trouve envoyée en mission par sa maîtresse : "elle a voulu qu'exprès je me sois fait paraître " scène 6, v 1346. Nous avons donc une feinte qui se met en place. Et c'est précisément ladite servante qu'attendent Dorante et Cliton au début de l'acte. Elle doit notamment livrer des confidences sur le demi-amour de Lucrèce pour Dorante à Cliton, le valet. Or, on peut faire un parallèle avec ce dernier, puisqu'elle fait également preuve d’initiative et de clairvoyance, considérant à bon droit que le fait de la soudoyer constitue pour Dorante un aveu d'amour : " si qui donne à vos gens est sans amour pour vous " (sc 8 V 1368). Voyons Dorante. d) Dorante À ce stade de la pièce, on voit que le jeune homme perd de sa superbe  :  on a vu que la scène de la veille l’a laissé dans la plus grande confusion, c’est un sentiment qu’il ne connaît pas d'habitude, tant son assurance est en général grande. Mais en ce lendemain, il n’est plus dans le même état d’esprit : il cherche à agir et va le faire de manière cachée. C’est ainsi qu’il utilise des artifices pour arriver à ses fins. Il entreprend, en effet, de  corrompre la servante de Lucrèce. Il emploie la métonymie suivante : "Mais ces gens ont des mains " (Sc 1, V 1104). Mais le naturel revient au galop à la scène 3 où, contrairement aux différentes scènes entre le maître et le valet, Dorante se plaît à mentir à Cliton : il lui fait ainsi le récit du duel avec Alcippe où un tout nouvel imaginaire est convoqué avec le champ lexical de la magie : il excipe de son pouvoir de guérison (ressusciter), de formule magique, “le secret” en hébreux (sc 3 V 1196). Rien n’est trop beau pour enjoliver la situation : il se voit en polyglotte (maîtrise de 10 langues à la scène 3 (V. 1200). On est dans le domaine de l’extravagance qu’il ne quitte jamais vraiment, tout en se défendant d’être un affabulateur : “Quoi ! mon combat te semble un conte imaginaire ?" ( Sc 3 V 1073). Il joue avec la réalité, il crée un exploit de toute pièce. À la scène 4, il ment une nouvelle fois à son père, pris dans l’engrenage de son pseudo mariage secret. Agissant de manière défensive, il improvise, comme la stratégie du vers unique le montre amplement, là où les longues tirades signent sa passion active pour l’affabulation : on a ainsi, en trois temps, le déploiement ramassé du mensonge : “elle est grosse.” (V 1227) qu’il complète deux vers plus tard, “Et de plus de six mois” (V1229) et enfin : ”Vous ne voudriez pas hasarder sa grossesse ?” (V1229). Il est un peu plus loquace s’agissant du deuxième mensonge relatif au changement de nom du père de sa prétendue femme (v1242).  On assiste donc à un effort laborieux consenti par Dorante pour sortir du piège de son mariage secret. À la scène 5, il pousse un cri de soulagement : “Enfin j’en suis sorti” (sc 5 V1259). e) Vérité Dorante ne poursuit ses mensonges qu’à l’égard de son père et de son valet : pour les autres personnages, la vérité est désormais révélée. f) Doute Il reste que les propos sortant de la bouche de Dorante sont sujets à caution : on est donc sur le doute, qui est à mi-chemin entre la vérité et le mensonge. Ce doute participe à la stratégie de la comédie. Pourquoi ? Il a pour effet de conduire à l’instigation de feintes nécessaires pour percer le coeur du jeune héros cornélien. Passons à l’acte final dans l'article suivant. repère à suivre :  compréhension de l'acte V

  • Acte II du "Menteur" (Corneille)

    Dans ce deuxième acte, qui se situe dans un nouveau décor (intérieur/extérieur), nous verrons deux procédés principaux, d'une part, la feinte mise en œuvre par Géronte qui le conduit à un mensonge, mais, d'autre part, le 3e mensonge de Dorante auquel on ajoute la feinte d’Isabelle. Ce sera aussi l'occasion de mesurer, à ce stade de la pièce, le dévoilement de la vérité. Une page illustrée du "Menteur" de Corneille Acte II du "Menteur" Nous voici désormais à l'acte II. Comme vous le savez, la Gazette vous propose l'examen de chaque acte dans la perspective du parcours mensonge et comédie. Poursuivons ensemble notre étude à l'aide d'un tableau récapitulant les scènes de l'acte II, avant de découvrir l'analyse : pour cela, un code couleur est choisi pour vous aider à vous repérer :  vérité mensonge quiproquo artifice Actes/ lieu/ personnages 2 place royale plus tard dans l’après-midi   Dorante refus du mariage  avec Clarice  au motif d'un mariage précédent (Sc 5).  Extravagance  : récit des circonstances du mariage avec Orphise : contre-emploi du code de l’honneur du héros cornélein. Art du mensonge : “ que dis-tu de l'histoire, et de mon artifice? Sc 6, v 686) “ Un trait de gentillesse” v 693 “Industrie” v 696 Annonce de sa venue chez Lucrèce La nuit (SC7 v. 710) Acceptation du duel avec Alcippe (v.720)  Clarice Elle réclame de  voir la physionomie de Dorante (Sc1). Pourtant elle doute sur la pertinence du jugement physique de celui qui sera son futur mari :  “le dedans paraît mal en ces miroirs flatteurs “ (Sc 2 v.407) “Mais connaître dans l'âme” (v.423) En attente du consentement depuis des années du père d'Alcippe (v429 ) Lucrèce / Cliton recherche d'explication : “ quoi ce que vous disiez n'est pas vrai ? sc6 v 692 Alcippe Querelle amoureuse avec Clarice (Sc3) Proposition de mariage faite à Clarice qui n’y répond pas (Sc3) projet de duel contre Dorante (Sc 4) Philiste / Isabelle ruse : faire écrire une lettre de rendez-vous secret par Lucrèce en attirant Dorante sous sa fenêtre sc2, vers 450 : poursuite du quiproquo Géronte Il souhaite voir Clarice épouser Dorante (Sc1) et propose de lui montrer la physionomie de son fils. Projet de mariage  avec Clarice annoncé à Dorante (Sc 5) Il projette d'emmener son fils sous les fenêtres de Clarice qui le voit tout comme Lucrèce (Didascalie sc 5) il use d’un prétexte mensonger :  “ Dorante, arrêtons-nous ; le trop de promenade/ Me mettrait hors d’haleine, et me ferait malade./que l'ordre est rare et beau de ces grands bâtiments »(v 551)  Sabine Porteuse d'un message de Lucrèce Sc 7  Lycas Porteur d'un message d’Alcippe sc 8 Analyse À la différence de l'acte I, l' acte II du "Menteur" place les différents procédés dans un autre lieu : la place royale, ex place des Vosges. Pourquoi ce changement de lieu parisien ? Il permet de conserver le décor extérieur, celui des conventions sociales, tout en utilisant le logis des deux jeunes filles, c'est-à-dire l'intérieur pour assister aux manœuvres qui se forgent dans l’intimité des lieux clos.  Dans cet acte, nous verrons deux procédés, d'une part, la feinte mise en œuvre par le père de Dorante, Géronte, qui le conduit à un mensonge, mais, d'autre part, le 3e mensonge de Dorante outre la feinte d’Isabelle. Ce sera aussi l'occasion de mesurer, à ce stade de la pièce, le dévoilement de la vérité. a) Père Nous avons vu que la scène exposition contrairement à la comédie du valet ne reprend pas la problématique du mariage forcé. Mais il reste bien la question d'un mariage qui a l'originalité de n'apparaît qu'à partir de l’acte II et uniquement dans deux scènes (scène 1 et la scène 5). L'originalité de ce projet de noces réside dans le fait qu'il est présenté d'abord à la jeune fille, en l'occurrence Clarice. Il s'agit pour le père de convaincre sa future belle-fille d'épouser son fils dont il fait un éloge, mais d'ordre exclusivement physique : « Examiner sa taille, et sa mine et son air » (vers 391). Il entre de ce fait dans le grand aveuglement général des affaires de l’amour basées sur la seule apparence. C’est ce qui présente un caractère comique, puisque contraire à la raison. On rappelle que dans la littérature de l’époque, les parents ne sont pas réputés pour leur particulière tendresse et décident autoritairement du mariage de leurs enfants, ce qui constitue toujours la base de l’intrigue dans la comédie. Ici, nous sommes en présence d’un futur beau-père, au contraire tendre, qui cherche à gagner le cœur de Clarice. Nous verrons plus tard son désir égoïste de descendance qui le conduit à vouloir marier de manière autoritaire son fils : « je veux qu'un petit-fils puisse y tenir ton rang,/ Soutenir ma vieillesse, et réparer mon sang : «   (scène 5, vers 588). Pour décider Clarice tout à fait, il lui propose de faire venir Dorante sous ses fenêtres pour qu’elle puisse juger de sa beauté sur pièce. Le père entreprend donc de montrer la physionomie de son fils comme une vulgaire bête de foire. Dans cette pièce, Corneille joue sur les codes habituels en faisant jouer au père un rôle conciliant d'une part, mais paradoxalement trompeur, d'autre part, puisqu'il cache la manœuvre à son fils au début de la scène 5 : « Dorante, arrêtons-nous ; le trop de promenade/ Me mettrait hors d’haleine, et me ferait malade./Que l'ordre est rare et beau de ces grands bâtiments » ( v 551). Il s'agit donc bien d’une tromperie du père à l’égard de son fils. Cette situation aura pour effet de permettre aux deux jeunes filles de reconnaître en Dorante le jeune galant du début de l’après-midi. Notons le caractère de ce mensonge qui prend l'allure d'une véritable manipulation, ce qui distingue la manœuvre du père des affabulations du fils. b) Fils Devant cette situation, Dorante est acculé aux mensonges. Il indique qu’il est déjà marié secrètement. C'est la première fois que la vérité est travestie à titre d’élément défensif. Corneille joue donc sur les oppositions à la fois entre le père et le fils et également entre les niveaux de tromperie. Les deux derniers mensonges étaient motivés par le goût de se mettre en valeur. Là, au contraire, il choisit un argument qui le dessert. Notons l'opposition entre l'aveu du mariage secret et la reprise en main du discours sous l'angle de l'extravagance. Il faut dire que son père l’encourage sans le savoir « Mais poursuis » (vers 605). Corneille joue sur le contraste entre les vers : un seul vers, donc très court, pour l’aveu (vers 564) et deux longues tirades de Dorante lorsqu'il évoque en détail les circonstances du mariage avec Orphise (vers 606 et suiv. et 665 et suiv.). Il s’agit pour Corneille de s’amuser à détourner les codes de l’exploit chevaleresque : -          le héros reconnaît s’être introduit frauduleusement chez sa bien-aimée, la compromettant ainsi. -          Le déshonneur a entraîné le mariage forcé. Loin d’une légende héroïque, Dorante brode au contraire un récit parfaitement déshonorant. Pour les beaux-yeux de Clarice, l’imagination débordante de Dorante sert, cette fois, à le perdre dans l’esprit de son père. En réalité, il prend goût à cette fiction désavantageuse. On est dans une scène de contre-emploi complet du héros cornélien. Et loin de voir attirer sur lui le courroux, le fils rend paradoxalement son père content, détournement d’une situation en vérité dramatique pour l'époque. Il s’agit là encore d’un procédé comique. Avec cette scène, on entre véritablement dans l'art du mensonge : à la scène 6, Dorante se glorifie son exploit en parlant de « trait de gentillesse » v 693 et d’« industrie » v 696. c) Isabelle Il faut aussi évoquer l'intervention d'Isabelle, la suivante de Clarice dont c'est la première intervention dans la pièce. Elle organise une ruse destinée à permettre à sa maîtresse de connaître la personnalité réelle de celui qu'on veut lui faire épouser ( v 450) : il s'agit de demander à Lucrèce de rédiger une lettre pour attirer Dorante auprès de Clarice, qui poursuit, sans le savoir, le quiproquo du départ. d) Vérité Dans cet acte, le chemin de la vérité est encombré par les feintes et les mensonges des personnages. Voyons dans un prochain article l'avancée de l'intrigue à l'acte III.  repère à suivre :   compréhension de l'acte III

  • Acte I du "Menteur" de Corneille

    Bac : La Gazette vous propose l'examen du premier acte dans la perspective du parcours mensonge et comédie à l'aide d'un tableau explicatif et une analyse des mensonges, des artifices et des quiproquos venant entraver la vérité. frontispice du Menteur de Corneille Acte I du "Menteur" de Corneille La Gazette vous propose l'examen de chaque acte dans la perspective du parcours mensonge et comédie. Pour cela, un code couleur est choisi pour vous aider à vous repérer : vérité mensonge quiproquo artifice  Commençons par l'étude de l' acte I du "Menteur" de Corneille avant de découvrir les explications qui en découlent. Tableau Actes/ lieu/ personnages Tuileries après-midi Dorante Arrivée la veille de Poitiers, ancien étudiant en droit, ambitieux. Hasard de la rencontre avec les deux femmes (sc2) Jeu de galanterie (Sc 2,3) 4 ans comme soldat en Allemagne (sc3)  amour secret d’un an pour Clarice (sc3) 1e quiproquo : Lucrèce prise pour Clarice  “Celle qui m'a parlé, celle qui m'a su prendre,/ C'est Lucrèce (sc4 v. 202 203) Extravagance :  Dorante, organisateur de la fête (scène 5 v250) présence à Paris depuis un mois,   détails imaginaires de la fête  “Je ris de vous voir étonné/ D'un divertissement que je me suis donné. v 252) Utilité du mensonge :  “ j'en montre plus de flamme, et j'en fais mieux ma cour” (Sc 6 v 320)  Art du mensonge : “Je t'apprendrai bientôt d'autres façons de vivre”  (Sc 6 v374) Clarice initiatrice : trébuchement feint (didascalie sc2) à l’origine de la rencontre et des mensonges en série Jeu de coquetterie et flatterie  : “La douceur de me voir cajolée” (v 180) crainte d’attiser la jalousie d’Alcippe (sc 3) Lucrèce  silence Cliton pour interrompre son maître :  -gestuelle (didascalie) et paroles (scène 3) - paroles (scène 5) :  “J'enrage de me taire et d'entendre mentir !” v260 avertissement du valet : “  “mais enfin ces pratiques/ vous peuvent engager en de fâcheux intriques” (sc 6 v 370)   Alcippe jalousie envers Dorante (sc 5) Philiste doute sur la réalité de la fête rapportée par Dorante (sc 5) Isabelle Avertissement de la suivante :  annonce la venue d’Alcippe (sc 3 v 185) Géronte / Sabine / Lycas / Explications Nous voyons que la scène d’exposition oblige traditionnellement l’auteur à faire connaître très rapidement aux spectateurs le sujet et l’objet de l'action. Il s’agirait pour nous d’avoir des informations minimales en rapport avec le titre de la pièce, à savoir la nature, l’auteur et la victime du mensonge. Or, nous n'avons pas ces éléments. L’originalité de cette scène d'exposition vise à attirer notre attention sur toute autre chose :  l’arrivée d’un jeune provincial à Paris, prétexte à brosser le portrait d’un ambitieux en quête de relations galantes. Au vers 21, Dorante dit en effet : « Dis-moi comme en ce lieu l'on gouverne les dames ». Le valet se fait ainsi fort d’instruire son maitre ignorant des choses de l'amour. Dans cette scène d'exposition, l’auteur a mis en scène un maître et son valet dont la relation hiérarchique exclut précisément le rapport vérité/mensonge entre eux. Pour le dire autrement, il n'est pas nécessaire  pour un maître de mentir à son valet en général et en particulier lorsqu’il a besoin de lui pour connaître les moyens de bien se faire voir auprès des femmes : au vers 98, il aperçoit deux femmes et cherche à avoir des bonnes informations sur elles par l'entremise de son valet. Si la scène d’exposition ne met donc pas en scène le propos principal de la pièce, elle ne reprend pas davantage les codes de la comédie classiques, à savoir la question du mariage forcé, qui certes existe, mais ne se révèle qu’à l’acte II. Rappelons donc ce qui constitue donc une singularité de la scène d’exposition : - Une pièce sans menteur, - L’objet traditionnel de l’action, différé à l’acte suivant. Il faut relever que les procédés s’enracinent dans un lieu déterminé, à savoir le jardin des Tuileries. Nous avons besoin de cette indication pour comprendre le sens et la portée des différentes altérations de la vérité. Elle se situe donc toutes en extérieur, au vu et au su de tous. a) Feinte Il faut noter que la scène suivante ne change pas la donne sur le plan des deux points précédents. Mais la comédie permet d’enclencher l’action à partir d’un élément apparemment anecdotique, tiré d’une simple indication de jeu, une didascalie et donc d’un jeu de scène. La didascalie nous indique ainsi que Clarice « faisant un faux pas et comme se laissant choir ». L’emploi de l’adverbe « comme » implique qu'elle fait semblant de tomber ; ce jeu de scène va de pair avec l'interjection « Aye ! » puisqu’il s’agit pour elle d’un moyen pour attirer l'attention du jeune homme sur elle. Ce n’est donc pas Dorante, le héros cornélien, qui fait l’action, mais bien Clarice qui effectue une feinte, une ruse. Pour autant, ce n’est pas un mensonge à proprement parler, mais une manière provoquée de se rencontrer. Il faut rappeler les conventions de l’époque régissant les rapports entre les deux sexes.  Il est de bon ton d’utiliser l’art de la galanterie, c’est-à-dire des artifices tels que l'utilisation de faux gestes (faire tomber exprès son mouchoir etc..), d’être empreint de manières affichées, de recourir à des tournures d’expression exagérées, de faire preuve d’esprit. Dans quel but ?  De dire l'amour. La carte du tendre organise à cette époque le cadre de la conduite et des pratiques amoureuses platoniques ridiculement lentes. On est donc sur une convention tacite entre les hommes et les femmes. Notons que c'est à partir de l’initiative de la coquette Clarice que Dorante pourra endosser le rôle de menteur. En effet, le rythme s’accélère à la scène 3 qui s’enrichit de deux éléments de la comédie fondée sur le mensonge : -           un premier mensonge de Dorante, -           un quiproquo par l’entremise des deux domestiques. b) Le premier mensonge Le premier mensonge en comprend, en réalité, deux : d'une part, le statut de soldat en Allemagne et, d'autre part, les fausses durées. Sur ce dernier point, on note l'importance du temps sur la portée du mensonge : l'expérience de 4 ans dans l’armée et le secret d’un amour conservé durant une année ne peuvent pas laisser indifférente Clarice et c'est bien l'objet recherché sur le plan de la stratégie du galant. Pensons à réalité de la situation, celle d’un jeune ambitieux arrivé la veille à Paris, qui ne se révèle pas sauf à passer pour un fanfaron, ce que ne souhaite pas Dorante. Sur son statut militaire, il faut se référer à la scène 6 pour voir l'intérêt qu'il escomptait de la manœuvre. Aux vers 322 et suivants, il utilise le procédé stylistique de l'antiphrase pour estimer que son statut d'étudiant en droit n'est pas assez brillant pour conquérir une femme : « Qu’un homme à paragraphe est un joli galant ! (v 331). On peut dire que cette information est, en effet, de nature à susciter de l'intérêt puisque Clarice, au vers 160, utilisant la même phrase un point d’exclamation et une interrogation preuve qu'elle s'intéresse au jeune homme : « Quoi ! Vous avez donc vu l'Allemagne et la guerre ? » Le caractère exotique résulte de la réunion d’un lieu lointain et du caractère glorieux pour le héros cornélien avec des faits d’armes. Ces deux informations permettent d'inviter le jeune galant à la poursuivre de ses assiduités à la fin de la scène 3. En effet, Clarisse ne dit-elle pas : « Un cœur qui veut t'aimer et qui sait comme on aime /N'en demande jamais licence qu'à soi-même. » (v.193) On peut dire que sur le plan de la stricte galanterie, le mensonge positif sans ambiguïté de Dorante a produit son plein effet. On reste sur un schéma classique d'un faire-valoir ainsi que l'indique Clarice flattée de cet échange lorsqu'elle évoque « douceur de me voir cajolée » (v 180). Ce mensonge n’est pas à l’origine de l’enchainement de l’action. À côté de ce premier mensonge d’auto-complaisance galante, la comédie utilise, à l’inverse, le procédé du quiproquo qui va produire, lui, un puissant effet. c) Un quiproquo À côté de ce premier mensonge, somme tout mineur dans l'art de séduire, on voit apparaître à la scène 4 un quiproquo. Je rappelle qu'il s'agit d'une méprise, d'une erreur consistant à prendre quelqu'un pour un autre. Il s’agit, comme pour le mensonge, d’une altération de la vérité, mais de manière involontaire, cette fois. C’est ainsi que le ressort dynamique de cette comédie repose sur ce procédé qui dure tout au long de la pièce avant de se dissiper uniquement à l’avant-dernière scène du dernier acte (Acte V, scène 6). Il s’agit pour Dorante de prendre Clarice pour Lucrèce : c’est un premier quiproquo amoureux  annonçant celui qui sera établi symétriquement à l’acte III, scène 5. Comment ce quiproquo a-t-il pu s’installer ? Par l’entremise des deux domestiques : le cocher de Clarice et le valet de Dorante. On voit l’importance de ces employés dans cette comédie aristocratique : Corneille a ajouté à la pièce espagnole un valet qui, non seulement est présent dans tous les actes, mais également joue un rôle très important sur le plan du rapport vérité/mensonge. S’agissant du cocher, il n’apparaît pas certes sur scène, cependant ses mots nous sont connus par le truchement du discours direct au vers 198 : « La plus belle des deux, dit-il, est ma maîtresse,/Elle loge à la place, et son nom est Lucrèce. » (v 198) Il s’agit pour nous de mesurer la fiabilité de l’information avec les paroles spontanées d'un domestique dont le caractère frustre résulte dans la forme des deux propositions indépendantes coordonnées donnant un effet haché, enfantin « ma maîtresse ». Ces propos nous permettent aussi d’en apprécier au fond l'ambiguïté : le quiproquo se nourrit précisément de cette absence de clarté avec ces trois éléments d'inégale importance : le premier concerne l'apparence physique qui relève d'un jugement de valeur ; les deux autres informations sont factuelles, donc objectives, à savoir le lieu de résidence et le nom de la personne. Interrogeons-nous là encore sur la portée du commentaire du cocher : c’est la première information-non factuelle- qui est source du quiproquo. Quoi de plus trompeur que les goûts provenant de préférence forcément subjective ? C’est le ressort de la comédie d’autant que l’interprétation qui en est faite par le valet diverge de celle du maître. C’est le jugement du maître impérieux qui prévaut ; il dit en effet : « Celle qui m'a parlé, celle qui m'a su prendre,/ C'est Lucrèce (sc4 v. 202 203)”. Clitandre commet une grave erreur de jugement qui le conduit à s’enfermer dans un piège pour le plus grand plaisir des spectateurs. Il écarte Lucrèce pour un motif mondain : « Quoi ! Celle qui s’est tu et qui, dans nos propos,/N’a jamais eu l'esprit de mêler quatre mots ? (v 207) On retrouve l’opposition classique entre maître et valet, sachant que l'argument du valet est tellement plein de bon sens que le goût de ce dernier va influencer le second. En effet, Dorante se met progressivement à regarder différemment Lucrèce.  Après la feinte, le premier mensonge et le quiproquo, le même acte reprend le mensonge, mais sous un angle inédit : l’extravagance. d) L’extravagance En effet, à la scène 5, nous assistons à l'émergence d'un nouveau mensonge qui n'a plus de commune mesure avec le premier. On retrouve la question de la temporalité, mais d’une durée plus courte, d'un mois correspondant à la présence du héros cornélien à Paris. Quel est l’objectif de notre menteur ? Cette indication a pour objet de mettre en valeur l’ingéniosité du héros qui est un marqueur de la comédie cornélienne. Nous verrons que cette temporalité s’oppose à la laborieuse cour entreprise par Alcippe auprès de Clarice d'une durée de deux ans. Elle va de pair avec le caractère extravagant de la fête dont le héros s’auto-proclame grand ordonnateur : “Je ris de vous voir étonné/ D'un divertissement que je me suis donné. v 252) e) La vérité Nous avons vu dans l'acte 1 les trois procédés qui concourent à l'altération de la vérité. Je vous rappelle que le mensonge ne peut se comprendre qu’au regard de la réalité. Le tableau synthétique montre les moments de vérité qui passe par la bouche, en premier lieu, de Cliton, le valet doté du bon sens populaire dont la mission scénique est d’avertir son maître des périls qu’il court : mais enfin ces pratiques/ vous peuvent engager en de fâcheux intrigues” (sc 6 v 370), La vérité émane également des deux aristocrates, Alcippe et Philiste, ce qui correspond à l’idéal aristocratique de l’honnête homme du XVIIe siècle. Il faut désormais s'intéresser à un personnage dont l'importance va aller croissant : il s'agit de Lucrèce qui, aux scènes 2 et 3, est parfaitement silencieuse. Dans notre perspective mensonge et comédie, ne peut-on pas interpréter ce silence comme un procédé permettant l'altération de la vérité ? En effet, ce silence, qui ne sera rompu que vers la fin, concourt aux effets comiques mis en place par Corneille. Passons dans l'article suivant à l'examen détaillé des procédés comiques dans le 2e acte. repère à suivre :   compréhension de l'acte II

S'inscrire à la Newsletter 

© copyright

© 2025 la Gazette littéraire by Wix

  • Facebook
  • Twitter
bottom of page