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- "Pour un oui ou pour un non" (Sarraute)
bac : la Gazette littéraire vous propose un dossier complet consacré à la pièce de théâtre de Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non dans le cadre du parcours : théâtre et dispute. Vous trouverez tous les éléments et les références nécessaires pour la composition de votre dissertation. "Pour un oui ou pour un non" (Sarraute) Les programmes officiels proposent avec la pièce de théâtre de Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non d’étudier le parcours : théâtre et dispute. Nous commencerons par une présentation de la pièce avant de préciser la problématique de notre étude. Introduction Il convient, avant toute chose, de définir ce dernier terme. Ce mot dispute nous oblige aussi à un bref rappel historique ; enfin, nous aborderons l’origine de la pièce. 1.1 étymologie de dispute L’étymologie provient d’un mot latin disputare qui se décompose ainsi dis/putare : · dis équivaut à une séparation, · putare * signifie, quant à lui, apurer, mettre au net après examen et discussion [putare, puto]) « examiner ; discuter, raisonner ». Si l’on considère la définition actuelle du Larousse ** : on voit que le premier sens « Discussion vive » conduit à un sens bien plus large « querelle, altercation, heurt. » Dans la pure tradition médiévale, cela revient à analyser oralement une question, à débattre de manière contradictoire (deux thèses opposées soutenues par des interlocuteurs) avant d’aboutir à une conclusion. Il s’agit d’un examen d’éloquence où les arguments sont avancés à l'aide de procédés rhétoriques permettant d'exposer une pensée. C’est ainsi que s’effectue au Moyen-Âge la transmission du savoir. La dispute s’apparente à une joute oratoire qui perdurera, au fil des siècles, mais en changeant de support : l'oral laissera la place à l’écrit ( traité, essais, etc.). Voyons son application dans la perspective théâtrale. 1.2 bref rappel historique Déjà au XVIIIe siècle, Marivaux avait écrit une comédie intitulée la Dispute (1744) qui pose la question de savoir qui a trompé l’autre en premier, l’homme ou la femme ? La pièce met en scène des jeunes des deux sexes qui aiment et trahissent tout à la fois, vidant la discussion philosophique laissée dès lors sans réponse… Suivant cet auteur qu’elle admirait, Nathalie Sarraute entre à son tour dans cette même perspective intellectuelle, mais en adoptant un changement radical : cette pièce utilise la sémantique pour faire pivoter la dispute : nous assisterons en effet à une simple recherche d'explication à une lutte ouverte. 1.3 Origine de la pièce Précisons l’originalité de cette pièce écrite pour la radio et diffusée en 1981 sur les ondes. Cette circonstance éclaire bien des points relatifs notamment à l'identité des personnages, au choix de l'épure avec un cadre spatial flou, un jeu de scène réduit à l'extrême. Notons qu’elle a été jouée d’abord en anglais, For no Good Reason , à New York en 1985 puis, enfin, en France en 1986. Sources : * https://www.cnrtl.fr/etymologie/disputer ** https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/dispute/25971 Pour Un oui, pour un non, Sarraute, édition d’Arnaud Rykner, mise en scène p.65 Problématique La Gazette littéraire vous propose un dossier pour vous préparer spécifiquement à la dissertation. Cette pièce est assez complexe et vous devez disposer d’éléments précis. Différentes problématiques sont possibles dans "Pour un oui ou pour un non" (Sarraute) : – Comment le théâtre rend-il compte de l’impuissance de l’homme à communiquer valablement avec autrui ? – la pièce de théâtre Pour un oui ou pour un non peut-elle être considérée comme un dialogue de sourds ? – Nathalie Sarraute disait : « c’est ce qui échappe aux mots que les mots doivent dire ». En quoi la lecture de la pièce de théâtre Pour un oui ou pour un non éclaire-t-elle cette citation ? On voit donc que vous aurez à traiter d’un sujet portant sur le langage et sur l’enjeu de la pièce. Nous avons justement choisi une problématique qui articule ces deux aspects : qu’est-ce que la dispute dans la pièce de Nathalie Sarraute met en scène ? Pour répondre à cette problématique, nous analyserons dans un premier temps le balancement dynamique entre le mot, ce qui est dit, et le sens, ce que cela veut dire. Dans un deuxième temps, on mettra en évidence l’intention de l’auteure visant à dépasser le sens des mots courants pour les questionner et les libérer. Il faut avoir en tête que cette pièce est un texte sur le langage, sur la difficulté intrinsèque des hommes à communiquer. Analyse Cette pièce sera examinée sous l'angle de son dynamisme à travers le balancement entre ce qui est dit et ce qui est sous-jacent. Nous verrons ensuite les intentions de l'écrivaine. 3.1 Un balancement Nous assistons à une double lecture : une lecture concrète, qui se comprend dans le réel et une lecture abstraite faisant appel à un raisonnement intellectuel, spéculatif. Cette pièce nous invite, en effet à découvrir : – Ce qui est réellement dit, – Ce qui est sous-jacent. En premier lieu, examinons le statut des personnages. 3.1.1 Les personnages S’agissant du rôle des personnages, voyons la lecture de base que nous pouvons en faire avant de comprendre les enjeux souterrains. a) une amitié remise en question Nous avons d’un côté, deux personnages masculins (H1 et H2) qui entreprennent de questionner leur propre amitié nouée depuis des années. Ils vivent dans une certaine proximité partageant des souvenirs communs (l’épisode de la mère de H2, une excursion en montagne, une intimité familiale connue de l’un et de l’autre). Au fil des mots, on apprend finalement peu de choses sur les personnages : ainsi le caractère flou enveloppe les protagonistes de l’action. On entraperçoit vaguement une opposition sociale entre les personnages : H1 qui aurait réussi, habitant dans une maison avec femme et enfant et H2, à l’inverse, serait vu comme « un marginal » (p.33) et demeurerait dans un simple appartement. Mais ces données ne sont pas au cœur de cette pièce. D’un autre côté, nous avons deux personnages secondaires (H3 et F), des voisins de H2, appelés à les départager dans le conflit qui les divise. Quel conflit ? L’offense de H1 est-elle avérée ? Justifie-t-elle la rupture des liens ? Découvrons ce qui est suggéré par l’autrice avec ses personnages. b) des archétypes Nathalie Sarraute dépasse cette lecture concrète, nécessaire pour la mise en scène, pour faire advenir en creux une lecture sous-jacente. Nous notons trois singularités. Nous sommes loin des personnages supposés réels représentés habituellement par un nom (Argante), une fonction sociale (valet, etc.), etc. Ici, les personnages sont dénués de toute identité. L’auteur les distingue seulement à l’aide de lettres et de chiffres : nous avons H1 H2 H3 et F. Cette économie de moyens dans la détermination des personnages est une originalité de la pièce. Rappelons que cette pièce a été conçue pour être écoutée à la radio... Par ailleurs, notons l’autre caractéristique : aucun des protagonistes ne s’appelle ou ne se nomme. On dialogue à l’aide de pronoms personnels à la 2 e personne (tu) et (vous) : cette pièce met ainsi en scène ces pronoms pour rendre paradoxalement opaque l’identité des personnages. Dans l’esprit de Nathalie Sarraute, ils constituent certainement des archétypes, mais surtout des prétextes à un enjeu dépassant une action conduite par des protagonistes comme dans le théâtre traditionnel. L’autrice se focalise sur les dialogues, plus précisément sur le pouvoir des mots : seuls ces derniers mènent “l’intrigue”. Il vous est proposé de parcourir le résumé de notre analyse dans ce premier tableau : Théâtre/dispute Concret abstraction rôle des personnages vieux amis : « tu te souviens comme on attendrissant ta mère ? »/Elle t’aimait bien » (p.23-24) Deux voisins H2 : « un marginal » (p.33) « Tournée de conférences… 3 (p.33) archétypes : tu/vous anonymes, identifiables (lettres et chiffres) : H1/H2 et — H3 — F 3.1.2 l'action Cette pièce ne comporte pas d’action éclatante, nous savons que ce sont les mots qui forment l’intrigue : nous sommes dans le domaine de l’intime. Par ailleurs, vous aurez remarqué l’absence de scène d’exposition censée nous expliquer les données du problème. Au contraire, l’action se situe in média res, ce qui permet normalement au spectateur d’entrer de manière plus vivante dans l’histoire. Or, ici, l’intrigue est délibérément floue et se veut un libre discours non préparé, un dialogue spontané. Pour nous repérer précisément, la Gazette décompose les moments comme suit : · L’enquête de H1, · La révélation de H2, · La discussion H1/H 2, · L’intervention des voisins, · La conclusion de la discussion, · Le faux départ et la réconciliation, · La lutte ouverte, · La conclusion de la lutte. Décomposition Ainsi que nous l’avons dit dans l’introduction, l’auteure joue en réalité sur le terme de la dispute dans sa double définition, passant d’une discussion animée à une lutte ouverte. Il convient de reprendre les différentes étapes. a) l’enquête de H1 Ainsi c’est H1 qui est à l’origine de la discussion, c’est lui qui pousse son ami à la confession. Pour cela, il utilise des tournures déclaratives affirmatives ou négatives, des exclamatives et des interrogatives pour susciter par tous les moyens une confidence. Il faut noter la première parole : « Écoute, je voulais te demander… ». L’emploi du verbe écouter n’est pas neutre ; de manière sous-jacente, elle donne déjà un premier aperçu de la difficulté de communication à venir : il s’agit d’une stratégie destinée à capter l’attention de son interlocuteur. On verra toute l’âpreté de l’entreprise. Il faut relever tout d’abord le caractère banal de la demande : « qu’est-ce que tu as contre moi… » (p23) qui est une autre façon d’annoncer plus globalement : « que s’est-il passé ? » (p.32). On est donc bien sur ce balancement entre le concret et l’abstrait. La stratégie est payante puisque H2 livre son secret. b) la révélation de H2 À l’inverse de l’étape précédente, c’est par l’abstraction que la révélation s’effectue. H2 emploie en effet des phrases simples marquant des hésitations, des dénégations pour finir par aboutir à l’aveu d’un problème nommé : « juste des mots » (p 25). Poussé dans ses retranchements, il va même qualifier de manière négative : « des mots qu’on n’a pas eus justement » (page 25). La révélation se fait lente avec la terminologie « une réussite quelconque » (page 26) allant jusqu’à un souvenir à peine ébauché : « quand je me suis vanté de je ne sais plus quoi » (page 26). On est donc sur un niveau d’imprécision qui présente un terreau nécessaire à un discours sous-jacent. Mais la révélation va prendre une tournure plus concrète avec la fameuse expression : « c’est biiien… ça » avec la précision suivante : « Un accent mis sur “bien”… un étirement sur “ça” et un suspens avant que ça arrive… ce n’est pas sans importance » (p.27). On a la justification des griefs en trois points fixant le différend entre les amis. Et c’est ainsi que nous avons les clés pour faire naître la dispute au sens traditionnel du terme, c’est-à-dire la discussion animée sur une divergence de vues entre deux interlocuteurs. c) Discussion H1/H2 À nouveau, la partie abstraite prend le pas, lorsque H2 justifie ainsi son attitude : « un peu d’éloignement » (p. 27). Avec l’adverbe, « un peu », on est sur du flou. Et c’est à H1 que revient l’entreprise de clarification. En effet, il cherche à préciser le sentiment mal exprimé par son ami. Il dit : « Ce que tu as senti dans cet accent mis sur bien… dans ce suspens, c’est qu’ils étaient ce qui se nomme condescendants » (p.30). Le mot « condescendant » prend la place de la terminologie « c’est bien ça ». Mais loin de clarifier la dispute purement intellectuelle, elle enferme les parties. On voit donc que la discussion entre amis ne trouve pas d’issue autre que celle de s’ouvrir à la sagesse de personnes moins impliquées. Il s’agit d’un couple de voisins. d) l’intervention des voisins Ces derniers sont en charge de départager les amis. Mais la mission est mal comprise, on y fait des jeux de mots : « une souricière d’occasion » (p.33). Au bout du compte, les voisins prennent le parti de H1 : “ vous ne trouvez pas ça gentil ? Moi une proposition…” (p33). H2 est prisonnier de ses mots, il recourt à des métaphores comme “la cage” pour s’en sortir (p. 34). On se trouve alors une nouvelle fois dans une impasse avec le départ des voisins. Sur le plan du balancement, on se situe au bout de la logique de la dispute, perdu entre les événements exprimables donc de l’ordre du concret et les éléments inexprimables qui sont du domaine de l’abstraction. Cette dispute intellectuelle aboutit à une conclusion. e) la conclusion de la discussion Les deux amis se retrouvent seuls. La balance penche du côté de H 2. Le malaise est palpable. Et H2 trouve les mots pour les dire ; H2 est vu comme : « cinglé/persécuté « (p.35), il se sent pris au « piège » (p35). Mais la tentation de l’inexprimable revient : « Tu présentes tes étalages. » / « Ça existe, c’est tout. Comme un lac. Comme une montagne « (p 36). Et c’est encore à H1 d’essayer de clarifier la pensée de son ami. Et l’on arrive à un nouveau thème qui est celui du bonheur. Ce concept constitue la 3e entreprise de discussion. Il s’avère que ce terme est parfaitement abstrait, car pour l’un il s’agit d’un « bonheur sans nom » alors que pour l’autre, il s’agit d’un bonheur refusé (page 39). Le débat va prendre de la clarté, mais aussi de l’intensité : loin d’apporter des considérations générales, le mot se focalise concrètement sur la famille de H1. On est donc monté d’un niveau puisqu’à nouveau H1 a fait mouche : il a forcé son ami à avouer le malaise sous-jacent qui n’est autre que de la jalousie à son égard. Pour lui, la discussion a rempli son office et il est prêt à sortir : « Cette fois vraiment je crois qu’il vaut mieux que je parte. » (p.39) f) le faux départ et la réconciliation Mais on assiste à un faux départ. H1 reste comme on peut le voir la lecture de la didascalie page 39. Que signifie la non-exécution de son plan ? Pourquoi ne part-il pas ? Il s’agit du premier silence entre les amis, celui qui nécessite une action négative. Cette communication sous-jacente signifie une volonté de ne pas se séparer. Et justement, les personnages se retrouvent sur la même contemplation du monde. Cette action a un effet sur la dispute puisqu’elle provoque un apaisement. Et l’initiative en revient à H2. On assiste à une réconciliation entre eux. Là où les mots ont entraîné une impasse sur le plan de leur amitié, le faux-départ signe leur attachement. Est-ce pour autant la fin de la dispute ? Il s’avère que H2 se sent tenu de justifier ses propos et cette entreprise le mène à un aveu : « Voilà ce que c’est que de se lancer dans ces explications… on parle à tort et à travers… on se met à dire plus qu’on ne pense. Mais je t’aime bien, tu sais… (p 39-40) » Mais l’homme est incorrigible et ne peut à nouveau s’empêcher de s’exprimer sans clarté : “il y a chez toi parfois, comme un abandon, on dirait que tu te fonds avec ce que tu vois, que tu te perds dedans » (p 40). Ce balancement entre le concret et l’abstrait alimente la dispute entre les amis. Mais, cette fois, la pièce prend un tour dramatique puisque l’on assiste à une mutation de la discussion qui se transforme en lutte ouverte. g) la lutte ouverte Il est intéressant de noter que cette lutte débute par un vers de Verlaine : « la vie est là, simple et tranquille ». Une querelle va s’installer entre eux, d’une part, sur la référence textuelle implicite, et, d’autre part, sur le positionnement des amis sur leur conception de la vie. On est encore sur l’abstrait qui remet à nouveau l’ouvrage sur le métier. Les propos deviennent plus durs : on assiste à un véritable dialogue de sourds. Ils ne sont d’accord sur rien : c’est à ce moment-là que l’on voit l’opposition entre celui qui travaille et celui qui crée, opposition existentielle. Derrière cette question de la vraie vie qui fait référence cette fois à Rimbaud, il s’agit pour chacun des amis de se positionner sur le sujet de la réussite sociale. On mesure que pour l’un c’est important : « Je crois que si tu te révélais comme un vrai poète... il me semble que la chance serait plutôt pour toi » (p. 47) alors que pour l’autre, ça ne l’est pas : « Ou même du plomb n’est-ce pas ? Pourvu qu’on voie ce que c’est, pourvu qu’on puisse le classer, le coter… » (p. 47). Il n’existe pas de solutions à ces différends qui puissent aboutir à une victoire de l’un ou de l’autre ; de même, nul n’éprouve le souhait de recourir à l’intervention d’une tierce partie. Il faut pourtant conclure la lutte. h) conclusion de la querelle : Elle reprend les codes abstraits précédents avec l’introduction d’une locution qui succède aux discussions sémantiques et c’est aussi celle du titre « pour un oui ou pour un non ». Il s’avère que c’est H1 qui est le premier à indiquer : « c’est vrai qu’auprès de toi j’éprouve parfois comme de l’appréhension… » (page 48). On retrouve l’imprécision qui signe l’ambiguïté de leur amitié, entre amour/haine. C’est alors que la scène s’emballe. Chacun est persuadé qu’il faut à ce stade des paroles échangées trouver une solution radicale. Cette solution passe par la rupture. On assiste au balancement entre les deux adverbes d’affirmation ou de négation, qui sont clairement des concepts abstraits tels qu’énoncés : "H1 dit « Pour un oui.. ou pour un non ? » H2 répond « oui ou non ?... » (p.50) On arrive à l’acmé de l’abstrait. Qui veut quoi ? La scène s’achève sur l’imprécision des choix des amis. On sait juste que ce choix est opposé, mais on ne comprend pas ce qu’ils veulent dire en réalité. Le fait même de répondre laisse à penser que cette amitié n’est pas parvenue à son terme. Notons que la dispute, du départ jusqu’à sa fin, demeure dans l’imprécision. Retrouvons en un tableau la synthèse de ce qui vient d’être dit. action : pas de scène d’exposition : intrigue apparemment floue et spontanée concret Abstrait a) enquête de H1 : phrases interrogatives, déclaratives affirmatives et négatives, exclamatives « Qu’est-ce que tu as contre moi « (p.23) b) révélation de H2 : 3 points du différend : “c’est biiien… ça” Un accent mis sur “bien”… un étirement sur “ça” et un suspens avant que ça arrive… ce n’est pas sans importance » (p.27) c) Discussion H1/H2 « Ce que tu as senti dans cet accent mis sur bien… dans ce suspens, c’est qu’ils étaient ceux qui se nomme condescendants » (p.30) d) intervention des voisins : « vous ne trouvez pas ça gentil ? Moi une proposition… « (p.33) (31 à 35) e. conclusion de la discussion : thème du bonheur H2 vu comme : « cinglé/persécuté « (p.35) pris au « piège » (p.35 « jaloux « (p. 37) famille : “image de la paternité comblée” (p.37) annonce du départ de H1 : page 39 : “Cette fois vraiment je crois qu’il vaut mieux que je parte.” F.. Réconciliation : H2 dit “pardonne-moi” “Voilà ce que c’est que de se lancer dans ces explications… on parle à tort et à travers… on se met à dire plus qu’on ne pense. Mais je t’aime bien tu sais… (p 39-40) G. lutte : ‘D’un côté le camp où je suis, celui où les hommes luttent, où il donne toutes leurs forces… ils créent la vie autour d’eux… Pas celle que tu contemples par la fenêtre, mais la ‘vraie’ celle que tous vivent.’p. 45 H2 :” Un raté » (p. 46) sur la qualité de poète : H1 dit : « Je crois que si tu te révélais comme un vrai poète il me semble que la chance serait plutôt pour toi » (p. 47) H. conclusion de la querelle : Réputation : « ils peuvent rompre pour un oui ou pour un non » (p.50) a) enquête de H1 : flou : « écoute « ; « que s’est-il passé ? « (p.23) b) révélation de H2 : phrases simples, gêne « juste des mots » (p.25) « Des mots qu’on n’a pas eus justement » p.25 « une réussite quelconque « (p.26) « Quand je me suis « vanté de je ne sais plus quoi » (p.26) « C’est bien ça » (p.26) c) Discussion H1/H2 « un peu d’éloignement » (p. 27) d) intervention des voisins : « une souricière d’occasion » (p.33) H2 « une cage » (p.34) e. conclusion de la discussion : thème du bonheur H2 dit : « Tu présentes tes étalages. » Ça existe, c’est tout. Comme un lac. Comme une montagne « (p 36) H1 dit « un bonheur sans nom ». /Refus du bonheur de H2 (p.39) F.Réconciliation Faux départ de H1 : : didascalie « se dirige vers la porte s’arrête devant la fenêtre » p. 39 H2 dit : « Il y a chez toi parfois, comme un abandon, on dirait que tu te fonds avec ce que tu vois, que tu te perds dedans » (p 40) G. lutte ouverte : à propos de vers poétique : référence à Verlaine page 40 « la vie est là, simple et tranquille » et référence à Rimbaud : « vraie » vie (p.45) H1 dit : « La vie ne vaut plus la peine d’être vécue (...) c’est exactement ce que je sens quand j’essaie de me mettre à ta place » p. 46 sur la qualité de poète : H1 dit : « Dommage ça aurait pu être de l’or pur. Du diamant » p.47 « Ou même du plomb n’est-ce pas ? pourvu qu’on voie ce que c’est, pourvu qu’on puisse le classer, le coter… » (p. 47) H conclusion de la querelle H1 dit « C’est vrai qu’auprès de toi j’éprouve parfois comme de l’appréhension » (p. 48) métaphore judiciaire (reprise) : autorisation conjointe de se séparer : « On aurait peut-être plus de chance » (p. 49) « déboutés tous les deux « (p.49) « ils seront signalés « (p.49) H1 dit « Pour un oui.. ou pour un non ? » H2 répond « oui ou non ?... » (p.50) Oui à la rupture pour H1 Non pour H2 (p.50) Voyons dans un prochain paragraphe le dynamisme qui est à l’œuvre. 3.1.3 la dynamique Après avoir examiné l’action, analysons la dynamique à l’œuvre dans cette pièce qui se mesure à l’aune des didascalies et des histoires rapportées. Il vous est proposé de vous reporter au tableau récapitulatif à la fin de l’article. On vient de voir que cette dispute ne règle finalement pas le différend, elle l’aggrave même dans un sens indéterminé. Il est intéressant de noter le paradoxe entre une pièce de théâtre où il ne se passe rien sur le plan de l’action et les nombreux mouvements qui sont à l’œuvre. Les didascalies L’essentiel des didascalies concerne H2 qui est en mouvement. Il vous suffit de vous reporter au tableau pour constater les gestes initiés par H2, celui qui ne veut pas dire. Il est intéressant de comparer les mouvements corporels aux paroles tout en retenue ou abstraites. Les premiers sont visibles, ne prêtent pas la discussion, alors que les secondes posent problème. Cela monte la division de l’individu entre ce qu’il dit et ce qu’il pense vraiment. À l’inverse, H1 ne se voit accorder qu’une seule didascalie : cf. le moment où il a le triomphe modeste après le départ des voisins ayant abondé dans son sens. L’unique mouvement qu’il entreprend, c’est celui de partir et encore c’est un faux départ. Le jeu de scène des protagonistes est intéressant puisqu’il s’agit d’un autre langage, qui est sous-jacent, qui participe à la poursuite de la dispute. Les récits Cette pièce comprend différentes actions racontées. Elles vont toujours dans le sens d’un mouvement allant de pair avec les didascalies. Et l’essentiel du récit est mis dans la bouche de H2. On a cette référence au champ lexical de la justice avec: " la demande, l’autorisation, les jurés, le casier judiciaire, la condamnation aux dépens". /« C’est que ce n’est pas permis. Je n’ai pas eu l’autorisation. »/« J’ai fait quelques démarches… » /« Comme les jurés des cours d’assises, des citoyens dont on peut garantir la responsabilité” (p28). En parlant ainsi, H 2 entre dans le domaine de l’abstrait avec la métaphore filée. Cette autorisation qu’il demande d’un tribunal pour pouvoir rompre son amitié est quelque chose de tout à fait imagé. Cela signifie la difficulté de résoudre un conflit nécessitant la médiation d’un tiers judiciaire ou de voisinage. On retrouvera cette métaphore filée à la fin de la pièce lorsque les amis évoquent une demande conjointe, cette fois, pour obtenir la rupture de leur amitié. On voit donc le mouvement incessant du conflit intérieur entre les deux amis. Dans tous les cas, jamais ce conflit n’est résolu. Par ailleurs, H1 prend la main lui aussi pour se remémorer une action du passé (l’excursion en montagne). On voit à ce moment-là le mouvement encore à l’œuvre dans le récit avec cette volonté symbolique de s’entre-tuer. Enfin, on trouve également une dynamique avec la métaphore de la lutte. Et c’est H 2 qui est encore à la manœuvre. Cette lutte toute symbolique est celle qui empêche le rapprochement des deux corps dans la réalité : les mots ont cette faculté de remplacer un vrai combat. Nous avons également la métaphore des mythes sortant de la bouche de H2 avec le conte de Blanche-Neige : l’intertextualité rend compte de la difficulté de communication entre les amis. Plus on se parle, moins on se comprend. Les mots, les contes, tout bouge, tout sort de son contexte pour habiller un autre univers. La dynamique qui est à l’œuvre est celle du pouvoir des mots. Ces derniers sortent de leur utilisation habituelle pour incarner un autre imaginaire, libéré de toute emprise, ce qui ne facilite pas la communication entre les hommes. dynami-sme concret abstrait H2 en mouvement : « H2 dans un élan » (p.24) « piteusement », (p.25) » soupire » (2 fois p.26) « prenant courage » (p.26) « gémit » (p.33) H1 : didascalies « doucement « (p.35) « Il vaut mieux que je parte » (p. 39) H2 : action racontée champ lexical justice : « C’est que ce n’est pas permis. je n’ai pas eu l’autorisation. » « j’ai fait quelques démarches… » « Comme les jurés des cours d’assises, des citoyens dont on peut garantir la responsabilité » « condamnés aux dépens. et même certains, comme moi poursuivis, « (page 27) j’ai appris que j’avais un casier judiciaire où j’étais désigné comme “celui qui rompt pour un oui ou pour un non” (p.28) H1 : action racontée épisode montagnard (p.43 à 44) : “Nous étions là à attendre”/j’ai eu envie de te tuer » symbolisme : métaphore de la lutte « Et tu m’as soulevé par la peau du cou, tu m’as tenu dans ta main, tu m’as tourné et retourné… et tu m’as laissé retomber » (p.29) « Il a disposé une souricière » (p. 33) métaphore des mythes Blanche-Neige (p.38) : « Il y avait donc là-bas… caché au fond de la forêt, une petite princesse… » « miroir », « reine » 3.2. Les intentions de l'autrice Après avoir vu le balancement dans cette œuvre, il est temps de comprendre les intentions de l’autrice. Nous le ferons aujourd’hui au travers du rôle du temps et de l’espace. 3.2.1 Structure Notons, en tout premier lieu, que cette pièce n’est pas découpée en actes ou en scènes, ce qui habituellement offre un cadre spatial (un ou plusieurs lieux au cours des actes, par exemple) et un axe temporel (une progression de l’action dans une journée au moins). Ici il n’en est rien par la volonté même de l’autrice. Le rôle du temps On peut voir que cette pièce est dénuée de temporalité : on ne sait pas à quelle époque nous nous trouvons, ni le moment où cela se passe et nous n’avons par ailleurs aucune notion de durée : la durée de l’amitié ou même de leur éloignement initial, etc. Nous ne sommes pas en présence de connecteurs de temps, si ce n’est pour évoquer le passé. Là encore l’imprécision est de mise : « l’autre jour » (p.24). C’est, en outre, une pièce qui joue sur l'opposition passé/présent. Relevons que la conjugaison dans cette pièce est essentiellement figée à l’indicatif avec l’imparfait, « je voulais te demander » (p 23), le passé composé, « que s’est-il passé ? » (p 23), ou le présent « non, je sens qu’il y a quelque chose » (p 23). La relation d’amitié est questionnée au présent à l’aune du passé. Nulle référence au futur si ce n’est lors de l’épisode avec les voisins « cela ne vous prendra pas longtemps » (p. 31) puisque l’existence de cette relation est précisément sous caution. Nous avons aussi du conditionnel qui permet d’échafauder des hypothèses : « il m’a dit que peut-être il pourrait demander à quelqu’un… » (p. 33). Enfin nous trouvons également du subjonctif qui est le temps de la pensée, de la résolution : « Cette fois vraiment je crois qu’il vaut mieux que je parte. » Il s’agit d’une volonté claire de Nathalie Sarraute de décontextualiser totalement cette pièce qui vise l’épure. Seule la confrontation des mots compte. Pourquoi adopte-t-elle cette perspective ? L’entreprise littéraire de l’auteure est attachée à une seule chose : la mise en évidence du caractère figé des mots à l’image des personnages figé dans une temporalité bouchée. Et quoi de mieux que de les mettre en valeur en rendant abstrait tout ce qui peut faire écran, comme les références au temps et à la durée. Le rôle de l’espace S’agissant du cadre spatial, on note paradoxalement sa grande importance : là où le temps est escamoté, l’espace, lui, est omniprésent. Nous sommes ainsi à l’intérieur d’un lieu propice à la conversation. Mais c’est aussi un endroit où la tension se fait palpable. Nous sommes dans un huis clos propice à l’émergence d’une dispute théâtralisée. Mais c’est par petites touches que l’auteure expose le cadre : on est encore dans l’entreprise d’imprécision déjà caractérisée : « là-bas » (p.33), « ici » (p.34), etc. Il faut attendre la page 40 pour que le cadre enfin se précise : H2 ne dit-il pas : « tu comprends pourquoi je tiens tant à cet endroit ? » (p.40). Mais ce qui intéresse en réalité Nathalie Sarraute, c’est moins l’espace concret que celui intérieur à l’homme. Elle nous brosse ainsi l’univers mental des deux amis : chacun vit dans son propre monde : « Il n’y a aucune chance que je t’y trouve…/non ni là, ni ailleurs » (p. 39) « Il faut absolument que tu viennes (...) est-ce toujours là quelque part hors de nos frontières ?" (p. 39) Le rôle de l’espace a pour fonction de signifier l’impossibilité pour les hommes de se comprendre dès lors qu’on se confronte aux mots. Battus en brèche, ces derniers conduisent à la solitude. concret abstrait rôle du temps Pas de durée exprimée, brièveté de la pièce conjugaison : opposition passé/présent pas de futur connecteurs de temps flous : “depuis tant d’années” (p.23) “toujours été très chic” (p.24) “l’autre jour” (p.24) rôle du lieu À l’intérieur d’un lieu : huis clos chez H2 : “‘tu comprends pourquoi je tiens tant à cet endroit ?’ (p. 40) didascalie : ‘Regarde dehors’ (p.39) H2 dit rien ne me fera quitter ‘mon trou, j’y suis trop bien’ (p.46) H2 dit : ‘quand je suis chez toi c’est comme la claustrophobie/Du mal à reprendre vie.’ (p. 48) cf. didascalies : — ” sort et revient avec un couple » (p.31) - « se dirige vers la porte. S’arrête à la fenêtre ». connecteurs de lieu flous : « tu étais à l’autre bout du monde » p.24 « là-bas, chez lui… » (p 33) « J’avais moi aussi une place ici chez eux » (p. 34) deux univers intérieurs séparés : « Il n’y a aucune chance que je t’y trouve…/non ni là, ni ailleurs » (p. 39) « Il faut absolument que tu viennes (...) est-ce toujours là quelque part hors de nos frontières ? p. 39 3.2.2 Ultra ponctuation Après l'examen du rôle du temps et de l’espace, il est temps de comprendre les intentions de l’auteure en nous intéressant à l'ultra ponctuation du texte. On rappelle que cette pièce a été d’abord créée pour la radio. Elle a donc été conçue pour être écoutée : on comprend alors l’importance de la ponctuation, qui s'analyse en une véritable partition musicale, pour percevoir les émotions exprimées par les personnages. Les intonations sont donc rendues essentielles à la compréhension du texte. Il faut donc noter que l'ultra ponctuation fonde la cohérence même de la dispute : Nombreux points d’interrogation pour marquer le questionnement des amis, et souvent en série pour montrer la véritable enquête, sans compromissions, mais aussi l’ironie, Nombreux points d’exclamation pour faire apparaître les tensions et l’ironie, Des points pour achever des phrases déclaratives : lorsque le dialogue n’est pas interrompu et que l’idée est close. Les guillemets : pour insister sur une locution, sur un terme, Omniprésence des points de suspension constituant la principale singularité en la matière. Chaque phrase se termine singulièrement ainsi. Le rythme est ainsi haché, toujours interrompu. On voit même que la personne qui parle s’interrompt. Pourquoi ? Il s’agit de montrer le caractère spontané de la réflexion en cours, mais également les hésitations, les non-dits, la gêne, la cruauté autant de sentiments éprouvés par les deux amis. Cela donne une véritable tension à la pièce ; ce malaise participe à la théâtralisation de la dispute. il s’agit donc d’un dialogue qui est à destination de son interlocuteur et du public, mais également à l’intention de celui qui parle. On est donc dans une double énonciation au carré. Type Sens premier Sens second Points d’interrogation Questionnement, enquête « Pourquoi ? dis-moi pourquoi ? » (p.24) Ironie « Quelle forêt ? Quelle princesse ? tu divagues » (p.38) Points d’exclamation Humeur, tension « Je n’étais pas jaloux ! » (p.37) « Non ! » (p.50) Ironie « Peur ? Peur ! » (p.46) Guillemets Locution mise en exergue : mot « condescendant » (p.30) « raté » (p.46) « celui qui rompt pour un oui ou pour non » (p.28) Discours direct : « suis-je la plus belle, dis-moi « (p.38) Ironie : "malgré moi les guillemets arrivent" (p 43) Points de suspension Réflexion en cours, mais hésitations, non-dits, gêne, critique "c’est biiien… ça…"(p27) Ironie : "On en trouve partout… tiens ici tout près… mes voisins… des gens très serviables… des gens très bien… tout à fait de ceux qu’on choisit pour les jurys… intègres." (p31) Point Phrase déclarative "De Verlaine. C’est ça"(p 40) Ironie : "C’est dommage que tu ne m’aies pas consulté, j’aurais pu te conseiller sur la façon de rédiger ta demande." (p 29) Silence C’est également une pièce faite de silences comme l’indiquent les deux dernières didascalies à la fin de la pièce. Le silence reste un langage au-delà des mots : c’est un desserrement des contraintes sémantiques. Il permet ainsi de prendre du recul, de faire baisser la tension : "H2, l’observe un instant. S’approche de lui, lui met la main sur l’épaule : pardonne-moi…" (p. 39) À l’inverse, le silence permet également de passer à l’action : "H2 : oui je vois. Un silence. À quoi bon s’acharner ?" (p.48) Mais cette action mûrie par le silence peut très bien aboutir à l’inaction comme à la fin de la pièce : "Un silence H2 : oui ou non ?... H1 : Ce n’est pourtant pas la même chose… H2 : En effet : Oui. Ou non. H1 : Oui H2 : Non ! (p. 50)" 3.2.3 Argumentation Il s’agit de montrer les constructions langagières des hommes. Au cœur de ces constructions, on trouve l’inauthenticité. Caractère figé L’inauthenticité résulte du caractère figé du terme qui perd tout son sens du fait de la norme sociale. Les préjugés sociaux sont la seule clé de lecture alors que le terme en lui-même est de l’ordre du subjectif et se prête ainsi à différentes interprétations. Tel est le cas si l’on regarde les quatre points d’achoppement de la dispute : – c’est bien ça : il faut exclure toute idée psychanalytique avec le ‘ça’ dont l’auteur avait particulièrement horreur, sauf à considérer que cette enquête sur ce fameux ‘ça’, loin de régler le problème comme cherche à le faire la psychanalyse, l’aggrave. Cette tournure relève de l'appréciation subjective. – la condescendance : le mépris des hommes ; il s'agit d'un critère subjectif. – le bonheur : notion philosophique, là encore notons le critère subjectif, – la vraie vie : notion philosophique, relevons le critère subjectif. Dans tous les cas, il est question de concepts abstraits qui sont travaillés par les personnages dans cette dispute. Sarraute entend redonner vie aux termes, débarrassés de leur tropisme, de leur donner un sens plus authentique. On assiste alors à une sorte d’épurement du langage, au dévoilement de l’homme au travers de ses maladresses langagières. On a vu que H2 commet des abus de langage qui consistent pour lui à faire état de son propre univers. Chacun, en effet, habite un univers intérieur distinct : "Il n’y a aucune chance que je t’y trouve…/non ni là, ni ailleurs" (p. 39). L’auteur insiste finalement sur la solitude existentielle de l’homme. On note avec intérêt que la seule chose qui n'est pas discutée entre les amis : c’est l’expression à l’origine du titre de la pièce : pour un oui ou pour un non. Que signifie donc cette expression ? Désinvolture L'expression pour un oui ou pour un non présente un sens passablement péjoratif. Elle a pour synonyme un caprice, une désinvolture : on peut dire que l’amitié ne serait pas une vertu durable puisqu’elle pourrait être rompue sans motif sérieux. Dans la pièce, cette expression est employée, en outre, comme un préjugé : c’est une critique sociale : "J'ai appris que j’avais un casier judiciaire où j’étais désigné même "celui qui rompt pour un oui ou pour un non" (p 28). On retrouve ce même préjugé à la fin de la pièce où il est indiqué : "chacun saura de quoi ils sont capables, de quoi ils peuvent se rendre coupables : ils peuvent rompre pour un oui ou pour un non" (p. 50). Cette expression aurait pu être discutée entre les amis. Mais elle ne l’est pas. On note, en effet, le fait qu’ils s’accordent parfaitement sur la définition. Pourquoi ? Parce que cette locution est déjà binaire (oui/non) et ne peut logiquement engendrer une tierce notion. Et pour autant, cette expression mériterait d’être discutée pour savoir si cette amitié peut être rompue avec ou sans motif. Cependant, ils ne cherchent qu'une chose parfaitement futile : ils veulent seulement savoir s’ils seront condamnés à être vus comme des personnes rompant pour un oui ou pour un non : ils sont donc soumis à un impératif social. C’est leur point commun, le seul dans toute cette dispute. Ils ne peuvent pas échapper au regard de l'autre et de la société, c’est pour cela qu’ils cherchent paradoxalement à être d’accord pour ne plus se voir. Et justement, ils n’y arrivent pas puisqu’à la fin de la pièce, ils sont incapables de s’entendre : la réponse est diamétralement opposée. On assiste alors à une fragmentation de l’expression, à une libération de l’emprise sociale en quelque sorte. C’est une liberté langagière. Le titre de la pièce rend donc compte de cet éclatement, de cette vie… 3.2.4 Les principales figures de style et les registres Ce sont essentiellement des figures de répétition qui figurent dans le texte. Répétitions On peut voir des répétitions au sens strict du terme : "- H2 : Eh bien ? – H1 : Eh bien… – H2 : Eh bien ?"(p.45) La répétition permet d’inviter l'autre à exprimer sa pensée. Elle sert aussi à se confronter : « – H1 : Peur ? Peur ! - H2 : oui, peur. Ça te fait peur (…)" (p. 46) Cette répétition fait partie de la stratégie théâtrale : elle souligne la tension entre les amis, leur difficulté à se comprendre. Cela forme un écho, une interpellation sur le sens et la portée du mot. On trouve, en outre, des antithèses : la plus importante est celle entre le je et le tu qui parcourent tout le texte et évidemment entre le oui/non. "- H2 : (…) Tu n’auras pas cette chance. - H1 : Moi ? Cette chance ? Je crois que si tu te révélais comme un vrai poète… il me semble que la chance serait plutôt pour toi ."(p.47) On relève également les oppositions entre le dit et le non dit : "(…) juste des mots"/"des mots qu’on n’a pas "eus" justement…"(p. 25) : cette figure de style entre pleinement dans le champ de la dispute reposant sur des interprétations opposées d’un même mot. Par ailleurs, on note des métaphores : "tu doutes toujours, tu crains qu’il n’y ait là-bas, dans une petite cabane dans la forêt…’ (p. 46). "Dommage. Ça aurait pu être de l’or pur. Du diamant." (p 47). Ces figures métaphoriques permettent aux termes de sortir de leur caractère figé et de revêtir un imaginaire, un espace de liberté, un nouvel esthétique, ainsi qu’on l’a vu précédemment. Ce sont des stratégies stylistiques importantes pour la dispute. Registres On note enfin deux registres : Cette pièce comprend un registre comique dans les dialogues faisant appel à des images inattendues : "- H1 : c’est que tout à l’heure, tu m’as parlé pour ne rien dire… tu m’as énormément appris, figure-toi (…) cette fois-ci celui qui a placé le petit bout de lard, c’est toi. - H2 : Quel bout de lard ?" (p. 41) Excluons toute idée d’absurde. En effet, si l’auteure joue sur l’abstraction du langage, son enfermement, elle n’a pas souhaité faire entrer sa pièce dans le champ l’absurde. On a vu que les parties se répondent avec une forme de logique alors que ce n’est pas le cas dans le théâtre de l’absurde. On n’oublie pas que c’est un texte sur la libération des mots trop souvent figés, c’est un marqueur puissant que de les délier par... l’humour. Il reste qu’un autre registre est à l’œuvre. Le registre tragique est également présent dans cette pièce : le thème de la mort est abordé par les protagonistes au sens premier du terme : "- H2 : Ah oui. Je m’en souviens… j’ai eu envie de te tuer. - H1 : et moi aussi. Tous les autres, s’ils avaient pu parler, ils auraient avoué qu’ils avaient envie de te pousser dans une crevasse…" (p. 44) Mais il s’agit surtout de la mort d’une amitié, de cette faculté de rompre les liens. Au-delà de cette amitié, Sarraute peint l’immense solitude de l’être humain, considère tragiquement l’incommunicabilité entre les hommes une fois les mots rendus plus sincères et donc plus libres… Il s'agit d'une pièce présentant un fond pessimiste.
- "On ne badine pas avec l'amour" : acte 3
Bac : dans cet acte III, nous assistons au dénouement de la pièce offrant une contraction de l’action libertine qui domine avant que le drame n’impose son aspect parfaitement romantique. Gallica "On ne badine pas avec l'amour" : acte 3 Dans "On ne badine pas avec l'amour" : acte 3, nous verrons l’issue de la confrontation du discours entre romantisme et libertinage. Nous allons examiner l’importance de la contraction de l’action libertine qui domine avant de constater la conclusion du drame sous son aspect romantique. Libertinage L’effet de surprise réside dans la révélation du caractère libertin de Camille comme on peut le comprendre avec la deuxième lettre qui entre comme la première dans une stratégie libertine. Il s’agit de la missive adressée à Louise pour la tenir informée du plan initial en cours de conclusion (plan A) : “tout est arrivé comme je l’avais prévu. Ce pauvre jeune homme a le poignard dans le cœur ; il ne se consolera pas de m’avoir perdue.” (scène 2). L’interception de cette lettre par Perdican entraîne ce dernier dans une vengeance prenant la forme d’un jeu cruel de séduction. Il cherche à susciter la jalousie de sa cousine en choisissant Rosette comme victime. Il se met à emprunter les codes libertins et écrit à son tour : “Oui, tu sauras que j’en aime une autre avant de partir d’ici.” (scène 2) : il s’agit de la 3e lettre de la pièce : “qu’on envoie un valet porter à Mlle. Camille le billet que voici. (Il écrit.) (scène 2). Le plan est simple pour Perdican (plan C) qui use de sa position de maître : “Je veux faire la cour à Rosette devant Camille elle-même.” (scène 2). Il use de son autorité, il la presse pour que la mise en scène soit parfaite : elle repose sur une didascalie : à haute voix, de manière que Camille l’entende. (scène 3). Le jeu va loin puisqu’il aboutit à une offre de mariage non négociable avec l’impératif et le futur ayant valeur de projet ferme : “lève-toi, tu seras ma femme” (scène 3). Que cherche au fond Perdican ? La même chose que Camille à son égard : l’aveu d’amour : “qu’avez-vous à me dire ? Vous m’avez fait rappeler pour me parler ?” (scène 7) De part et d’autre, on trouve l’utilisation du mensonge, le caractère libertin allant de pair avec l’art de la tromperie : “je ne mens jamais.” (scène 5), “oui je l’épouserai” (scène 5). Chez Camille, le mensonge est tout azimut : à Rosette : “Non, je ne t’ai pas vue. “ et à Perdican : “je suis fâchée de n’avoir pu me rendre au rendez-vous que vous m’avez demandé “/ (scène 5). Son plus grand mensonge consiste à dire : “Je ne vous aime pas, moi ; “ (scène 5) La vengeance de l’un entraîne celle de l’autre : on est dans la surenchère, mais celle de Camille est la plus cruelle avec Rosette dont elle abuse là encore de son autorité comme l’indique l’usage de l’impératif ayant une valeur d’ordre : “rentre derrière ce rideau,”. Elle a un bref scrupule qu’elle balaie : ” Moi qui croyais faire un acte de vengeance, ferais-je un acte d’humanité ?” (scène 5). La vengeance est menée de main de maître par la jeune fille : “Vous dites que vous m’aimez, et vous ne mentez jamais ?” (scène 6). “Si vous ne mentez jamais, d’où vient donc qu’elle s’est évanouie en vous entendant me dire que vous m’aimez ? (scène 6). Camille frappe fort : “Tu as voulu te venger de moi, n’est-ce pas, et me punir d’une lettre écrite à mon couvent ? tu as voulu me lancer à tout prix quelque trait qui pût m’atteindre, et tu comptais pour rien que ta flèche empoisonnée traversât cette enfant, pourvu qu’elle me frappât derrière elle. “(scène 6) On notera que ces jeux de séduction reposent sur une caractéristique libertine, l’insensibilité à l’amour. Le discours n’est pas vraiment ressenti, il n’est qu’intellectuel. Il repose sur l’art du langage libertin, celui de parler avec ambiguïté. C’est le sens de : “J’aime la discussion ; je ne suis pas bien sûre de ne pas avoir eu envie de me quereller encore avec vous.” (scène 6). Notons la double négation ayant valeur de litote. Le langage occupe une part essentielle dans la séduction libertine : elle occupe toute la place avec des formules complexes. : “savez-vous si elles changent réellement de pensée en changeant quelquefois de langage ? “/ “vous voyez que je suis franche “/ “ êtes-vous sûr que tout mente dans une femme, lorsque sa langue ment ?/(scène 6). Le langage joue aussi la fonction de caprice : “Je voudrais qu’on me fît la cour” et de défi : “vous n’avez plus au doigt la bague que je vous ai donnée.” (scène 6) / “apprends-le de moi, tu m’aimes, entends-tu ; mais tu épouseras cette fille, ou tu n’es qu’un lâche !” (scène 6) La dernière fonction du langage libertin est celle de révéler l ’ironie : “Je suis curieuse de danser à vos noces !/”persiflage “ / “Allez-vous chez votre épousée ?”(scène 7) C’est le moment de constater les accents romantiques dans ce même acte. Romantisme Chez Perdican, on retrouve l’ exaltation de la nature : “mais tu sais ce que disent ces bois et ces prairies, ces tièdes rivières, ces beaux champs couverts de moissons, toute cette nature splendide de jeunesse. Tu reconnais tous ces milliers de frères, et moi pour l’un d’entre eux ;” (scène 3). Par ailleurs, la confusion des sentiments revient également : “Je voudrais bien savoir si je suis amoureux." (scène 1). Le jeu se fait cruel pour lui : “Parle, coquette et imprudente fille, pourquoi pars-tu ? pourquoi restes-tu ? Pourquoi, d’une heure à l’autre, changes-tu d’apparence et de couleur, comme la pierre de cette bague à chaque rayon de soleil ?” (scène 5). Camille le trouble : “Je ne sais ce que j’éprouve ; il me semble que mes mains sont couvertes de sang." (scène 8) Chez Camille, on retrouve aussi cette confusion : “Que se passe-t-il donc en moi ?” (scène 7)/“je ne puis plus prier ! (scène 8) La sincérité est encore de mise pour nos deux héros romantiques : Camille formule comme un cri du cœur une critique de la société et du sort des femmes : ”Avez-vous bien réfléchi à la nature de cet être faible et violent, à la rigueur avec laquelle on le juge, aux principes qu’on lui impose ?” (scène 5). Elle dévoile aussi le jeu de Perdican prenant corps dans le projet de mariage avec Rosette : elle s’en offusque auprès de lui : “Combien de temps durera cette plaisanterie ?” (scène 7) avant de signifier la mauvaise plaisanterie jouée à la paysanne : “Tu es une bonne fille, Rosette ; garde ce collier, c’est moi qui te le donne, et mon cousin prendra le mien à la place. Quant à un mari, n’en sois pas embarrassée, je me charge de t’en trouver un.” (scène 7). La dernière scène voit chez nos deux héros une prise de conscience de leur amour réciproque, la sincérité réside entre eux. Lorsque Camille dit : “j’ai cru parler sincèrement “ (à Dieu, scène 8), Perdican lui répond en écho : “Orgueil, le plus fatal des conseillers humains, qu’es-tu venu faire entre cette fille et moi ?” (scène 8). On assiste au moment décisif où Perdican critique le libertinage : “Lequel de nous a voulu tromper l’autre ? “(scène 8). Le champ lexical du jeu est exprimé : “et nous, comme des enfants gâtés que nous sommes, nous en avons fait un jouet. / (scène 8). “ nous avons joué avec la vie et la mort “ (scène 8). C’est le moment de la prise de conscience des artifices de séduction employés par le duo Camille/Perdican : c’est le choix de la vérité de l’instant, de la révélation de l’amour : pour Camille, cet amour pour Perdican est la preuve de sa fausse vocation religieuse : “Ce Dieu qui nous regarde ne s’en offensera pas ; il veut bien que je t’aime ; il y a quinze ans qu’il le sait.” (scène 8). Chez Perdican, même constat : “Il a bien fallu que la vanité, le bavardage et la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route céleste, qui nous aurait conduits à toi dans un baiser ! Il a bien fallu que nous nous fissions du mal, car nous sommes des hommes. Ô insensés !” (scène 8). La sincérité romanesque l’emporte sur le mensonge du libertinage. On retrouve enfin comme critère romantique l’exaltation de l’amour ainsi que nous l’avions vu précédemment. Perdican s’interroge : “Quelle honte peut-il y avoir à aimer ?” (scène 2), et aussi sous son aspect idéalisé : “Écoute ! le vent se tait ; la pluie du matin roule en perles sur les feuilles séchées que le soleil ranime. Par la lumière du ciel, par le soleil que voilà, je t’aime !” (à Rosette, scène 2). Il se laisse emporter par ses émotions avec cette métaphore bucolique : “et nous prendrons racine ensemble dans la sève du monde tout-puissant.” (scène 2). Il faut attendre la scène 5 pour que l’aveu d’amour tant attendu émane de Perdican : “ La voilà ; c’est toi qui me la mets au doigt ! “ (scène 5). On sent la sensibilité à fleur de peau : le discours est bref, il est vrai : “Je t’aime Camille, voilà tout ce que je sais.” ( scène 5). On est dans l’union des coeurs et des corps et dans un silence : le duo, sûr de lui, s’est apaisé : “Insensés que nous sommes ! nous nous aimons.” (scène 8) (Il la prend dans ses bras.) (scène 8). La possession de l’autre est envisagée : “Chère créature, tu es à moi ! (Il l’embrasse)” (scène 8). Même écho du côté de Camille : “Oui, nous nous aimons, Perdican ; laisse-moi le sentir sur ton cœur. “ (scène 8) Mais c’est la première fois dans cette pièce que la notion d ’amour impossible est mentionnée : “Hélas ! cette vie est elle-même un si pénible rêve ! Pourquoi encore y mêler les nôtres ? Ô mon Dieu ! le bonheur est une perle si rare dans cet océan d’ici-bas !” (scène 8) Ce désespoir très romantique conduit Perdican à être critique à l’égard de la religion à la scène 3 : “ces pâles statues fabriquées par les nonnes, qui ont la tête à la place du cœur, “ à formuler une prière : “Je vous en supplie, mon Dieu ! ne faites pas de moi un meurtrier !” (scène 8). Seule Camille prend conscience de l’étendue du désastre : “Elle est morte. Adieu, Perdican !” (scène 8). C’est pour elle l’occasion de choisir la retraite hors du monde avec pour corollaire le refus de l’amour humain exprimé à la scène 7 : “Non, non. — Ô Seigneur Dieu !” Camille évolue en ce qui concerne son rapport au corps : elle s’examine lorsqu’elle commerce à admettre son amour pour Perdican : “il me semble que la tête me tourne./Je n’en puis plus, mes pieds refusent de ne soutenir.” (scène 7). “Pourquoi suis-je si faible ?” (scène 8). D’ailleurs ce point est noté par son cousin : “vous voilà pâle” ( scène 7) “La voilà pâle et effrayée,” (Perdican, scène 8) Vous trouverez ci-après le tableau récapitulatif : Acte III confrontation entre deux discours/lieux Romantisme en chemin (scène 2) le petit bois (scène 3) libertinage en chemin (scène 2) le petit bois (scène 3) chambre de Camille (scène 6) un oratoire (scène 8) Perdican - exaltation de la nature : “mais tu sais ce que disent ces bois et ces prairies, ces tièdes rivières, ces beaux champs couverts de moissons, toute cette nature splendide de jeunesse. Tu reconnais tous ces milliers de frères, et moi pour l’un d’entre eux ;” (scène 3) - confusion des sentiments : “ Je voudrais bien savoir si je suis amoureux.(scène 1) “Parle, coquette et imprudente fille, pourquoi pars-tu ? pourquoi restes-tu ? Pourquoi, d’une heure à l’autre, changes-tu d’apparence et de couleur, comme la pierre de cette bague à chaque rayon de soleil ?” (scène 5) “Je ne sais ce que j’éprouve ; il me semble que mes mains sont couvertes de sang.(scène 8) -exaltation de l’amour a) aspect naturel :“Quelle honte peut-il y avoir à aimer ?” (scène 2) b) aspect lyrique: “Écoute ! le vent se tait ; la pluie du matin roule en perles sur les feuilles séchées que le soleil ranime. Par la lumière du ciel, par le soleil que voilà, je t’aime !” (à Rosette, scène 2) “et nous prendrons racine ensemble dans la sève du monde tout-puissant.” (scène 2) c)aveu d’amour : “ La voilà ; c’est toi qui me la mets au doigt ! “ (scène 5) “Je t’aime Camille, voilà tout ce que je sais.” ( scène 5) d)la paix des corps et des âmes, le silence : :“Insensés que nous sommes ! nous nous aimons.” (scène 8) (Il la prend dans ses bras.) (scène 8) “Chère créature, tu es à moi ! (Il l’embrasse ;” (scène 8) e) amour impossible : “Hélas ! cette vie est elle-même un si pénible rêve ! pourquoi encore y mêler les nôtres ? Ô mon Dieu ! le bonheur est une perle si rare dans cet océan d’ici-bas !” (scène 8) f) désespoir : i nvocation de la religion a)critique : “ces pâles statues fabriquées par les nonnes, qui ont la tête à la place du cœur, “ (scène 3) b)prière de Perdican : “Je vous en supplie, mon Dieu ! ne faites pas de moi un meurtrier !” (scène 8) -soupçon : “billet doux” (2e lettre, Blazius, scène 2) “en qualité de fiancé de Camille, je m'arroge le droit de la lire” (scène 2) -vengeance : plan C a) susciter la jalousie “ Oui, tu sauras que j’en aime une autre avant de partir d’ici.” (scène 2) b)rôle de la correspondance : 3e lettre : “qu’on envoie un valet porter à Mlle. Camille le billet que voici. (Il écrit.) (scène 2) c) jeu : “Je veux faire la cour à Rosette devant Camille elle-même.” (scène 2) c) rôle du temps : “dépêche-toi”(à Rosette, scène 2) d) mise en scène : didascalie : à haute voix, de manière que Camille l’entende. (scène 3) e) promesse de mariage: “lève-toi, tu seras ma femme” (scène 3) “lui promettant de l’épouser” (Bridaine, scène 5) f) jeux de séduction mensonges : à Camille : “Voilà, sur ma vie, un petit mensonge assez gros, pour un agneau sans tache ; je l’ai vue derrière un arbre écouter la conversation. “ “ Je l’ai perdue.” (la bague scène 5)/ “je ne mens jamais.” (scène 5) défi “Le plus tôt possible ; j’ai déjà parlé au notaire, au curé, et à tous les paysans.” (scène 7)/ “Soyez-en donc fâchée ; quant à moi, cela m’est bien égal.” (scène 7) “je trouve plaisant qu’on dise que je ne t’aime pas quand je t’épouse. Pardieu ! nous les ferons bien taire. (Il sort avec Rosette.)” (scène 7) plaisirs : “Le plaisir des disputes, c’est de faire la paix.”(scène 5) “Oui, je l’épouserai.” (scène 5) impiété : ironie : “Et ils me donneront en échange le royaume des cieux, car il est à eux.” (scène 7)/ “Bien peu de temps ; Dieu n’a pas fait de l’homme une œuvre de durée : trente ou quarante ans, tout au plus.” (scène 7) recherche de l’aveu : “qu’avez-vous à me dire ? Vous m’avez fait rappeler pour me parler ?” (scène 7) absence de valeur de l’amour : “Je lui trouverai un mari, je réparerai ma faute, elle est jeune, elle sera heureuse “(scène 8) Camille fuite de la réalité : a)choix de la retraite “Hélas ! ma chère, que pouvais-je y faire ? Priez pour moi ; nous nous reverrons demain et pour toujours.”(scène 2) b) refus du monde : refus de l’amour : “Non, non. — Ô Seigneur Dieu !” (scène 7) “Adieu, Perdican !” (scène 8) b)refus du corps : peur du corps “Cependant j’ai fait tout au monde pour le dégoûter de moi.”(scène 2) “il me semble que la tête me tourne./Je n’en puis plus, mes pieds refusent de ne soutenir.” (scène 7) “vous voilà pâle” (Perdican, scène 7) “Pourquoi suis-je si faible ?” (scène 8) “La voilà pâle et effrayée,” (Perdica, scène 8) Critique de la société et du sort des femmes :”Avez-vous bien réfléchi à la nature de cet être faible et violent, à la rigueur avec laquelle on le juge, aux principes qu’on lui impose ?” (scène 5) Sincérité : a) dévoilement du jeu“Combien de temps durera cette plaisanterie ?” (scène 7) b) remise en ordre : “Tu es une bonne fille, Rosette ; garde ce collier, c’est moi qui te le donne, et mon cousin prendra le mien à la place. Quant à un mari, n’en sois pas embarrassée, je me charge de t’en trouver un.” (scène 7) c) prise de conscience :“j’ai cru parler sincèrement “ (à Dieu, scène 8) “hélas ! tout cela est cruel.” (scène 8) d)reconnaissance de la fausse vocation : “Ce Dieu qui nous regarde ne s’en offensera pas ; il veut bien que je t’aime ; il y a quinze ans qu’il le sait.” (scène 8) confusion des sentiments “Que se passe-t-il donc en moi ?”/ (scène 7) “je ne puis plus prier ! (scène 8) aveu d’amour : paix “Oui, nous nous aimons, Perdican ; laisse-moi le sentir sur ton cœur. “ (scène 8) amour impossible : “Elle est morte. Adieu, Perdican !” (scène 8) - rôle de la correspondance : révélation des intentions cachées (2e lettre à Louise) existence d’un plan A : “ tout est arrivé comme je l’avais prévu. “ (scène 2) “ce pauvre jeune homme a le poignard dans le cœur ; il ne se consolera pas de m’avoir perdue./ “Cela était convenu entre les bonnes amies avant de partir du couvent. On a décidé que Camille allait revoir son cousin, qu’on le lui voudrait faire épouser, qu’elle refuserait, et que le cousin serait désolé. (Perdican,scène 2) - j alousie de Camille : ”Il la fait asseoir près de lui ?/”Il a jeté ma bague dans l’eau.” (scène 3) “Perdican ne t’épousera pas, mon enfant.” (scène 5) “Faites-le appeler, et dites-lui nettement que ce mariage vous déplaît. Croyez-moi, c’est une folie, et il ne résistera pas. (scène 7 au baron) - colère et blasphème de Camille “Allez au diable, vous et votre âne ; je ne partirai pas aujourd’hui.” / “Seigneur Jésus ! Camille a juré ! (Pluche)(scène 4) - mensonge de Camille à Rosette : “Non, je ne t’ai pas vue. “/ “je suis fâchée de n’avoir pu me rendre au rendez-vous que vous m’avez demandé “/ (scène 5) “Je ne vous aime pas, moi ; “ (scène 5) vengeance de Camille : “rentre derrière ce rideau,”/” Moi qui croyais faire un acte de vengeance, ferais-je un acte d’humanité ?” (scène 5) “Vous dites que vous m’aimez, et vous ne mentez jamais ?” (scène 6) “Si vous ne mentez jamais, d’où vient donc qu’elle s’est évanouie en vous entendant me dire que vous m’aimez ? (scène 6) “Tu as voulu te venger de moi, n’est-ce pas, et me punir d’une lettre écrite à mon couvent ? tu as voulu me lancer à tout prix quelque trait qui pût m’atteindre, et tu comptais pour rien que ta flèche empoisonnée traversât cette enfant, pourvu qu’elle me frappât derrière elle. “(scène 6) jeux de séduction : insensibilité à l’amour : discours intellectuel, rapporté a)langage“J’aime la discussion ; je ne suis pas bien sûre de ne pas avoir eu envie de me quereller encore avec vous.” / “Je voudrais qu’on me fît la cour”/ “savez-vous si elles changent réellement de pensée en changeant quelquefois de langage ? “/ “vous voyez que je suis franche “/ “ êtes-vous sûr que tout mente dans une femme, lorsque sa langue ment ?/(scène 6) b) défi “vous n’avez plus au doigt la bague que je vous ai donnée.” (scène 6) “apprends-le de moi, tu m’aimes, entends-tu ; mais tu épouseras cette fille, ou tu n’es qu’un lâche !” (scène 6) c) ironie : “Je suis curieuse de danser à vos noces !/”persiflage “ / “Allez-vous chez votre épousée ?”(scène 7) Rosette innocence : “ Hélas ! monsieur le docteur, je vous aimerai comme je pourrai.” (scène 3) “Comment n’y croirais-je pas ? il me tromperait donc ? Pour quoi faire ?” (scène 5) “Permettez-moi de vous rendre le collier que vous m’avez donné, et de vivre en paix chez ma mère.” (scène 7) “ on entend un grand cri derrière l’autel.) (scène 8) - Rosette, instrumentalisée par Perdican: “maintenant à l’autre” (Perdican, scène 2) Rosette, instrumentalisée par Camille : “ il ne t’épousera pas, et la preuve, je vais te la donner ;” (scène (5) -faux aveux : “ Je t’aime, Rosette !” (scène 3 vrai cadeau : “ (Il lui pose sa chaîne sur le cou.)/”Il jette sa bague dans l’eau.) (scène 3) -inégalité de Rosette “Sais-tu ce que c’est que l’amour, Rosette ?” / “tu ne sais rien ;” (scène 3) -victime du libertin : “ Hélas ! la pauvre fille ne sait pas quel danger elle court en écoutant les discours d’un jeune et galant seigneur. (Choeur, scène 3) “Rosette paraît dans le fond, évanouie sur une chaise.). Que répondrez-vous à cette enfant, Perdican, lorsqu’elle vous demandera compte de vos paroles ? “ (scène 6) article à suivre : la crise du langage dans "On ne badine pas avec l'amour"
- "On ne badine pas avec l'amour" : acte 2
Bac : dans cet acte II, on retrouve les éléments du romantisme vus précédemment. Ce qui surprend, c’est l’importance du discours libertin utilisé par Perdican, mais aussi par Camille dans une surenchère : on est dans un jeu de séduction. Gallica "On ne badine pas avec l'amour" : acte 2 Examinons ensemble l’acte II en cherchant la confrontation des discours amoureux, romantisme vs libertinage. Lieux Il est intéressant de croiser les lieux avec la catégorie de langage. Il s’avère que le romantisme a pour cadre des scènes extérieures, ce qui est conforme à la représentation de ce courant valorisant la nature. Par opposition, le libertinage a pour localisation l’intérieur d’un lieu. Nous voyons ici que Musset brouille les cartes puisque le même cadre voit passer les deux types de discours comme on peut le voir à la scène 3 située “au champ” et la scène 5 sise à la fontaine dans un bois. Entrons dans le détail de l’acte. Romantisme Nous avions souligné trois marqueurs romantiques dans l’article précédent (jeunesse/éducation/sensibilité). Dans "On ne badine pas avec l'amour" : acte 2, nous allons conserver la sensibilité à laquelle nous ajouterons d’autres comme la sincérité, l’exaltation de l’amour. a) sensibilité : l’acte II se situe dans la quasi totalité dans la nature (jardin, champ, bois) et c’est un lieu propice à l’envolée lyrique pour Perdican “j’ aurais voulu m’asseoir avec toi sous les marronniers du petit bois” (scène 2). À la scène 4, cet être ultra sensible pleure comme le relève Rosette. Chez Camille, la sensibilité du romantisme prend la forme d’un refus marquant une désunion intérieure. Elle refuse tout contact corporel : ”je n’aime pas les attouchements “ (scène 1). Ce rejet du corps va de pair avec la variation des dispositions d’esprit. “Je suis d’humeur changeante “ (scène 5). Sa sensibilité l’empêche de dire les choses. Elle reste dans le secret : “Je suis obligée de partir.”/“C’est mon secret.”(scène 1). Les scènes défilent et à la dernière de l’acte, elle se livre enfin. Sa confidence à Perdican la dépeint non comme une héroïne froide et distante, mais comme un être de feu. L'examen attentif de ses paroles montre sa compassion, littéralement cum-passere en latin ( soit avec-souffrir ) : elle est réceptive à des émotions. Ces dernières ne sont pas positives, car elles ne sont pas liées à une joie communicative, mais au contraire à des passions tristes : ici le chagrin d’autrui. Cependant, il ne s’agit pas pour elle d’éprouver un amour du genre humain, on a vu le mépris qu’elle entretient à l’endroit de Rosette notamment lorsqu’elle ne court pas la revoir à l’acte I et lorsqu’elle la qualifie de “fille de rien” à l’acte 3. Non, elle n’a vraiment de la compassion que pour une seule personne : sa voisine de chambre, Louise. Musset insiste longuement sur cette empathie : “ses malheurs ; ils sont presque devenus les miens ;” / “c’était moi que je voyais agir tandis qu’elle parlait. Quand elle disait : Là, j’ai été heureuse, mon cœur bondissait ; et quand elle ajoutait : Là, j’ai pleuré, mes larmes coulaient.” (scène 5). On assiste à une confusion entre les sentiments vécus par l’une et ressentis par l’imagination par l’autre. Camille ressent les émotions par procuration. Elle est dotée d’une sensibilité exacerbée, poussée à l’excès en ce qui concerne le corps, l’esprit et son rapport à autrui. Qu’est-ce qui la conduit à ressentir les choses si vivement ? La peur. Camille a développé une sensibilité à fleur de peau, car elle craint le monde, son chaos qu’elle perçoit non de sa propre perception, mais du seul discours de Louise. L’amour humain l’angoisse avec son lot de trahisons et d'abandons : sa vision de l’amour est déformée par une fatalité comme chez tous les romantiques. Chez Rosette, on trouve cette sensibilité pure et innocente. Elle est ajustée au réel à la différence de Camille. Son empathie à l’égard de Perdican est juste : “ Comme vous paraissez triste ce matin !” (scène 3). Cette sensibilité va de pair avec la sincérité des mots. b) sincérité : cette sincérité apparaît à l’acte II. C’est un critère du romantisme. Le héros se veut authentique, rejetant l’insincérité du monde avec ses compromissions. Son discours se veut vrai, il ne l’est pas forcément. C’est un idéal. Chez Perdican, cette sincérité le rend vulnérable et le fait passer pour un incompris : “Les paysans de ton village se souviennent de m’avoir aimé ; les chiens de la basse-cour et les arbres du bois s’en souviennent aussi ; mais Camille ne s’en souvient pas” (scène 3). Dans le même temps, il croit à ses propres mensonges : “ne sommes-nous pas le frère et la sœur ?” (scène 1). Enfin, Perdican est un être lucide : avec sincérité, il détecte les changements de discours de Camille : “ Il y a de la franchise dans ta démarche” (scène 1). Sa lucidité sert également de fondement à sa critique de l’attitude de sa cousine (acte 5) : il perçoit toutes les illusions qu’elle livre dans sa relation avec Louise. Chez Camille, la sincérité transparaît de deux manières à l’égard de son cousin et à son égard. Il lui faut percer l’armure en Perdican pour pouvoir se livrer en confiance : Elle le juge positivement : “vous n'êtes point un libertin” /“vous ne vous seriez pas livré à un caprice” (scène 5). En outre, elle dit : “je crois que votre coeur a de la probité” (scène 5). C’est dans ces conditions que sa sincérité lui permettra de lui révéler sa confidence au sujet de Louise comme on l’a vu. Elle fait de son point de vue excès de sincérité : “J’ai eu tort de parler ; j’ai ma vie entière sur les lèvres. “ (scène 5). Cet aveu de sincérité est aussitôt regretté en raison de la crainte que le monde et autrui lui inspirent. c) l’exaltation de l’amour C’est un marqueur important du romantisme cette quête de l’amour. Perdican ne se considère pas comme un libertin avec cet aveu négatif : “ma foi je ne m’en souviens pas” (scène 5). La fidélité demeure un idéal pour lui : “je crois qu’il y a des hommes capables de n’aimer qu’une fois” (scène 5). Personnellement, il se situe non sur le terrain de la fidélité, mais sous l’empire de l’amour avec son célèbre hymne : “mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.” (scène 5) Le héros romantique revendique le fait d’aimer, de vivre une passion brûlante. Chez Camille, on trouve deux sortes d’amour et une conséquence de cette exaltation. Sa vision du monde est fondée sur le récit de Louise. Elle vit par procuration : “une vie imaginaire ; cela a duré quatre ans “ (scène 5). Perdican a bien compris l’illusion dans laquelle est plongée sa cousine : “Elles ont vécu, n’est-ce pas ? et elles t’ont montré avec horreur la route de leur vie “ (Perdican, scène 5). Cela disqualifie l’amour physique qu’elle rejette avec passion comme on le voit avec l’opposition : “ vierges et pleines d’espérances” /”vieilles et désolées ”(scène 5). Elle avoue même les motifs de son aversion sans détour : “Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir. Je veux aimer d’un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas” (scène 5). C’est la souffrance causée par l’amour que la jeune fille fuit en réalité. Et plus particulièrement l’abandon qui la pousse dans les bras de la religion : “je vais prendre le voile.” (scène 5). Mais cette manière de parler de sa foi la discrédite. “ Voilà mon amant. Elle montre son crucifix.” (scène 5). Camille emploie, en effet, des mots d’amour, “amant”, ce qui paradoxalement humanise Dieu, tout en montrant un objet divin, un crucifix. Cela suggère qu’elle n’éprouve pas de vocation authentique ; celle-ci n’est qu’un simple refuge, une manière étanche de vivre bien loin des hommes. On assiste à une exaltation du sentiment amoureux humain/divin loin de toute forme de raison. Voyons maintenant les aspects du libertinage dans cet acte. Libertinage Ils sont plus nombreux que les éléments propres au romantisme. Par ailleurs, ils ne sont plus en germe comme dans l’acte I et plus seulement à l’initiative de Perdican : on est dans le jeu de séduction. a) Perdican On retrouve le rôle de l’apparence physique importante pour le libertin qui se flatte d’aimer sans être amoureux. Avec Rosette, il reprend son attitude de maître en adoptant la posture de flatteur : “quel mal y trouves-tu ?”/“Ne suis-je pas ton frère comme le sien ?” (scène 3)/ “Que tu es jolie, mon enfant !” (scène 3). Avec Camille, il choisit le vocabulaire libertin : “y-a t-il une intrigue ?” (scène 5). Il adopte une attitude pleine de force, voire menaçante : “prends garde à toi.” (scène 5). Il recourt, en outre, dans son expression à des provocations. Il lui dispense d’abord des conseils immoraux liés à l’amour : “de prendre un amant (scène 5)/ “Tu en prendras un autre.” (scène 5). Il la provoque par ailleurs sur le terrain de la religion si décriée par les libertins : “En voilà un ; je ne crois pas à la vie immortelle.” (scène 5). Il se déclare athée alors qu’à l’acte III, il s’élancera dans une prière. Il s’emploie à dénigrer la vocation des religieuses : “Elles qui te représentent l’amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu’il y a pis encore, le mensonge de l’amour divin ?” /“le ciel n’est pas pour elles.” (scène 5). C’est alors qu’il se livre à une déclaration du libertin qui constitue la première partie de l'hymne romantique à l’amour : “Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ;” (scène 5). La surprise du libertinage vient de Camille. b) Camille La jeune fille change en effet d’attitude, elle passe de la froideur à l’affection. Elle adopte un plan. Pourquoi ? Parce qu’ elle est jalouse depuis qu’elle a surpris le duo Perdican/Rosette : “ Ce matin, en me promenant avec Rosette, j’ai entendu remuer dans les broussailles, il m’a semblé que c’était un pas de biche.” (Perdican, scène 5). Elle va à son tour adopter un langage libertin. On peut noter des marqueurs du libertinage. Elle recourt tout d’abord à l’envoi d’une lettre , procédé très courant dans cet univers : «Trouvez-vous à midi à la petite fontaine. » (scène 5). Elle a conscience du caractère libertin du message puisqu’elle se défend auprès de sa gouvernante : "Ne dois-je pas être sa femme ? je puis bien écrire à mon fiancé.” (scène 1). Furieuse que son ordre ne soit pas exécuté, la douce Camille se met en colère : "Allez-y ! Trouvez-le ! Faites ce qu’on vous dit ! Vous êtes une sotte ! Je le veux ! Et elle frappait avec son éventail sur le coude de dame Pluche, qui faisait un soubresaut dans la luzerne à chaque exclamation.” (scène 4). Pour l’exécution de son plan, elle est prête à tout et notamment à engager son corps : “Je vous ai refusé un baiser, le voilà. “ (scène 5)/”une froide statue”. Sur la forme, elle flatte Perdican en recueillant ses conseils : “Je suis bien aise de vous consulter.” (scène 5) Sur le fond, elle discourt faussement sur l’amour libre au conditionnel : “Croyez-vous que ces femmes-là auraient mieux fait de prendre un amant et de me conseiller d’en faire autant ? (scène 5)/“Que me conseilleriez-vous de faire le jour où je verrais que vous ne m’aimez plus ?” (scène 5) avant de lui demander de trancher cette question terriblement personnelle : “savoir si j’ai tort ou raison de me faire religieuse.” (scène 5). Ce qui frappe le plus dans cet entretien très long, c’est la connaissance précise par Camille du monde libertin. Elle connaît ce qui s’y passe et comment le discours libertin est utilisé. Elle en adopte tous les codes : aborde l’éducation des hommes aux plaisirs : “Vous faites votre métier de jeune homme,” (scène 5)/”vos maîtresses,” (Scène 5). Elle a conscience des moments de jouissance : “Il me semble que vous devez cordialement mépriser les femmes qui vous prennent tel que vous êtes, et qui chassent leur dernier amant pour vous attirer dans leurs bras avec les baisers d’un autre sur les lèvres. “ (scène 5). Elle reprend sans rougir la conception de l’amour par les libertins, la femme-objet. On note également la métaphore libertine entre la femme et les voyages, soit une relation libre sans attaches , et la femme représentée comme de l’argent qui circule. On voit donc la hardiesse des propos dans la bouche d’une jeune fille tout juste sortie du couvent : “ Est-ce donc une monnaie que votre amour, pour qu’il puisse passer ainsi de mains en mains jusqu’à la mort ? “ (scène 5). Elle utilise une autre métaphore alliant les cheveux et les bijoux : “mais ils (cheveux) ne se changeront pas en bagues et en chaînes pour courir les boudoirs” (scène 5). Cela cache sa fausse vocation : “ la froide nonne qui coupera mes cheveux, pâlira peut-être de sa mutilation “/“je ne veux qu’un coup de ciseau, et quand le prêtre qui me bénira me mettra au doigt l’anneau d’or de mon époux céleste, la mèche de cheveux que je lui donnerai, pourra lui servir de manteau.” (scène 5) On a ainsi les éléments prouvant qu’il ne s’agit pas d’un entretien franc, mais d'une pure mise à l’épreuve toute libertine. Les questions n’ont pas d’autres objets que de susciter, par jeu, chez Perdican un aveu d’amour. Pour l’obtenir, elle provoque l’aveu en elle : “en vérité, je vous ai aimé, Perdican” (scène 5). On note l’emploi du passé composé, temps du passé. Elle attend en retour une déclaration conforme. c) Rosette On notera chez elle la finesse de son jugement critiquant l’attitude libertine de Perdican qui la compromet : “ Croyez-vous que cela me fasse du bien, tous ces baisers que vous me donnez ? (scène 3) Vous trouverez ci-après le tableau récapitulatif. Acte II confrontation entre deux discours/lieux Romantisme conversations : au jardin (scène 1) au champ (scène 3) à la fontaine dans un bois (scène 5) libertinage: au champ (scène 3) à la fontaine dans un bois (scène 5) Perdican sensibilité : - à la nature : “j’aurais voulu m’asseoir avec toi sous les marronniers du petit bois et causer de bonne amitié une heure ou deux.” (scène 2) Perdican pleure (scène 4) sincérité : Perdican “ Il y a de la franchise dans ta démarche” (scène 1) a)amitié, fraternité : à Camille : “ne sommes-nous pas le frère et la sœur ?”(scène 1) b) être incompris : “Les paysans de ton village se souviennent de m’avoir aimé ; les chiens de la basse-cour et les arbres du bois s’en souviennent aussi ; mais Camille ne s’en souvient pas.” (scène 3) exaltation de l’amour : -sincérité sur le non libertinage : “ ma foi je ne m’en souviens pas” (scène 5) “je crois qu’il y a des hommes capables de n’aimer qu’une fois” (scène 5) - déclaration à l’amour : “mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.” (scène 5) apparence : rôle de la beauté ”tu es jolie comme un coeur” (scène 1) - au corps : “ touche là et soyons bons amis.”/ “Donne-moi ta main, Camille, je t’en prie.”/ “voilà ta main et voilà la mienne”(scène 1) Séduction de Rosette: jeux :vanité masculine ” Quel mal y trouves-tu ?”/“Ne suis-je pas ton frère comme le sien ?” (scène 3)/“Que tu es jolie, mon enfant !” (scène 3) - langage libertin de Perdican : a) interrogation à lui-même “y-a t-il une intrigue ?” (scène 5) b) menace envers Camille : “Tu es une orgueilleuse ; prends garde à toi.” (scène 5) c) provocations sur -son impiété : “En voilà un ; je ne crois pas à la vie immortelle.” (scène 5) -en dénigrant la religion : (fausse vocation) : “Elles qui te représentent l’amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu’il y a pis encore, le mensonge de l’amour divin ?” /“le ciel n’est pas pour elles.”(scène 5) d)conseils immoraux : à Camille : “de prendre un amant (scène 5)/ “Tu en prendras un autre.” (scène 5) e) déclaration du libertin : “Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ;” (scène 5) Camille sensibilité exacerbée : peur -refus du corps : ”je n’aime pas les attouchements “(scène 1) -instabilité de l’esprit : “Je suis d’humeur changeante “ (scène 5) -compassion fusionnelle avec Louise : “ses malheurs ; ils sont presque devenus les miens ;” (scène 5) “c’était moi que je voyais agir tandis qu’elle parlait. Quand elle disait : Là, j’ai été heureuse, mon cœur bondissait ; et quand elle ajoutait : Là, j’ai pleuré, mes larmes coulaient.” (scène 5) - motivation confuse : secrète :“Je suis obligée de partir.”/ “C’est mon secret.” (scène 1) sincérité : -jugement positif sur Perdican : “vous n'êtes point un libertin” /“vous ne vous seriez pas livré à un caprice” (scène 5) “je crois que votre coeur a de la probité” (scène 5) - Confidence, récit intime de Louise : trio amoureux malheureux : “Son mari l’a trompée ; elle a aimé un autre homme, et elle se meurt de désespoir.’ (scène 5) -sur elle-même : “J’ai eu tort de parler ; j’ai ma vie entière sur les lèvres. “ (scène 5) exaltation de l’amour amour charnel impossible : peur - statut des jeunes filles “ vierges et pleines d’espérances” /”vieilles et désolées.”(scène 5) -“Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir. je veux aimer d’un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas” (scène 5) - vous ne croyez pas qu’on puisse mourir d’amour”(scène 5) amour de Dieu (religion) : “Voilà mon amant. Elle montre son crucifix.” (scène 5) fuite de la réalité de l’amour : peur a) refus du monde : “Vous ne savez pas la raison pour laquelle je pars, et je viens vous la dire : je vais prendre le voile.” (scène 5) b)vision par procuration : “une vie imaginaire ; cela a duré quatre ans “ (scène 5) “Qu’est-ce donc que le monde ?” (scène 5) “Elles ont vécu, n’est-ce pas ? et elles t’ont montré avec horreur la route de leur vie “ (Perdican, scène 5) plan B : orgueil a) cause : Camille jalouse depuis qu’elle a surpris Perdican/Rosette “ Ce matin, en me promenant avec Rosette, j’ai entendu remuer dans les broussailles, il m’a semblé que c’était un pas de biche.” (scène 5) b)langage libertin de Camille (scène 5) 1)l ettre secrete à Perdican : faux aveu à Dame Pluche: “ Ne dois-je pas être sa femme ? je puis bien écrire à mon fiancé.” (scène 1)/ contenu de la lettre à Perdican : «Trouvez-vous à midi à la petite fontaine. » (scène 5) 2)colère de Camille : (Blazius) : “mais elle s’écriait avec force : Allez-y ! Trouvez-le ! Faites ce qu’on vous dit ! Vous êtes une sotte ! Je le veux ! Et elle frappait avec son éventail sur le coude de dame Pluche, qui faisait un soubresaut dans la luzerne à chaque exclamation.” (scène 4) 3)faux engagement du corps : baiser de Camille : “Je vous ai refusé un baiser, le voilà. “ (scène 5)/”une froide statue” “Que me “conseilleriez-vous de faire le jour où je verrais que vous ne m’aimez plus ?” (scène 5) 4)recherche d’aveu d’amour : -forme : “Je suis bien aise de vous consulter./ “Veux-tu te faire mon confesseur ?” ( Perdican, scène 5) -mise à l'épreuve : savoir si j’ai tort ou raison de me faire religieuse.” scène 5) / “Croyez-vous que ces femmes-là auraient mieux fait de prendre un amant et de me conseiller d’en faire autant ? (scène 5) exaltation de l’amour : provocation - aveu d’amour au passé : “en vérité, je vous ai aimé, Perdican” (scène 5) 5) connaissance du monde libertin : a)-critique de l’éducation aux plaisirs : “Vous faites votre métier de jeune homme,”(scène 5)/”vos maîtresses,” (Scène 5) b)jouissance : “Il me semble que vous devez cordialement mépriser les femmes qui vous prennent tel que vous êtes, et qui chassent leur dernier amant pour vous attirer dans leurs bras avec les baisers d’un autre sur les lèvres. “ (scène 5)/ c)femme - objet “voyage” et “ Est-ce donc une monnaie que votre amour, pour qu’il puisse passer ainsi de mains en mains jusqu’à la mort ? “ (scène 5) “mais ils (cheveux) ne se changeront pas en bagues et en chaînes pour courir les boudoirs” (scène 5) 6) impiété : -blasphèmes : “Si le curé de votre paroisse soufflait sur un verre d’eau, et vous disait que c’est un verre de vin, le boiriez-vous comme tel ?” / “Si le curé de votre paroisse soufflait sur vous, et me disait que vous m’aimerez toute votre vie, aurais-je raison de le croire ?”(scène 5) - fausse vocation : “ la froide nonne qui coupera mes cheveux, pâlira peut-être de sa mutilation “/“je ne veux qu’un coup de ciseau, et quand le prêtre qui me bénira me mettra au doigt l’anneau d’or de mon époux céleste, la mèche de cheveux que je lui donnerai, pourra lui servir de manteau.” (scène 5) Rosette sensibilité : empathie à l’égard de Perdican: “ Comme vous paraissez triste ce matin !” (scène 3) critique de l’attitude compromettante de Perdican : “ Croyez-vous que cela me fasse du bien, tous ces baisers que vous me donnez ? (scène 3) article à suivre : Acte III
- "On ne badine pas avec l'amour" : acte I
Bac : l’acte I permet la confrontation de deux types de discours : le discours romantique et le discours libertin : nous avons affaire à un discours amoureux de type essentiellement romantique non dénué cependant de germes de libertinage comme vous pourrez le constater avec le tableau récapitulatif (citations et références) pour vous aider dans votre dissertation. Gallica On ne badine pas avec l'amour : acte I Nous avons affaire à un discours amoureux de type romantique non dénué de germes de libertinage. Romantique Notons, en effet, que les personnages sont tous jeunes, ce qui correspond à la caractéristique du héros romantique dans Les deux personnages moteurs de l’action sont, en outre, éduqués (Perdican et Camille) : ce qui correspond là encore au critère. Les trois personnages ont en commun une véritable sensibilité. Ils sont à fleur de peau. Dès l’acte I, on la trouve bien brossée chez Perdican : la nostalgie et le goût pour la nature répondent aux codes romantiques. Chez Camille, on note la pudeur qui correspond aux normes des héroïnes romantiques : “ L’amitié ni l’amour ne doivent recevoir que ce qu’ils peuvent rendre” (scène 2) Rosette, qui est une simple paysanne, partage enfin la sensibilité romantique liée à sa simplicité du cœur allant de pair avec le corps. Là où Camille refuse les attouchements de Perdican, Rosette accepte, elle, de lui donner la “main” (scène 5) : elle est parfaitement innocente. Cependant cet acte comprend en germe des éléments du libertinage. Libertinage "On ne badine pas avec l'amour" : acte I : Perdican adopte le registre de la séduction à l’égard des deux jeunes filles : l'apparence physique l’intéresse en premier lieu, plus que la personnalité morale. Il voudrait joindre le geste à la parole, en leur serrant la main ou en obtenant un baiser qui entrerait dans le champ du libertinage. S’agissant du libertinage, on note un facteur social qui est un marqueur du libertinage, c’est celui de l’inégalité des conditions. Un libertin abuse plus facilement des paysannes que des femmes de sa condition. On a un rapport de domination dans le libertinage qui fait défaut au romantisme. Vous trouverez ci-après les citations et les références scéniques pour vous permettre de les comprendre avant de les choisir pour la dissertation. Tableau Acte I confrontation entre deux discours Romantisme : salon (scène 2) libertinage : une place (scène 4) une salle (scène 5) Perdican jeunesse : “ Mon fils a eu hier matin, à midi huit minutes, vingt et un ans comptés” (scène 2) éducation : “ il est docteur à quatre boules blanches”. (scène 2) sensibilité : -timidité : “ les voilà qui se tournent le dos.” (scène 2) - nostalgie de l’enfance : “pas un battement de cœur pour notre enfance, pour tout ce pauvre temps passé, si bon, si doux, si plein de niaiseries délicieuses ?” (scène 3) “le monde mystérieux des rêves de mon enfance” (scène 4) - goût pour la nature : “ Je trouve qu’elle sent bon, voilà tout.” (tournesol) (scène 2)/dans un cadre bucolique “la prairie” “la ferme” (scène 3) communion avec la nature : “ces arbres et ces prairies enseignent à haute voix la plus belle de toutes, l’oubli de ce qu’on sait.” (scène 5) -égalité entre les êtres : “Va-t’en vite mettre ta robe neuve, et viens souper au château.” (scène 5) apparence de Camille : à la beauté du corps “ Comme te voilà métamorphosée en femme ! Je suis donc un homme, moi ?” (scène 2) - : “ Comme te voilà grande, Camille ! ( scène 1) corps de Rosette : “ main” et les joues” (scène 5) i négalité sociale : évocation inconsciente des rapports issus de la féodalité Perican/Rosette “monseigneur”/”petite( scène 5) Bridaine : “Il tient sous le bras une jeune paysanne.” (scène 5) Le baron : “ mon fils séduit toutes les filles du village en faisant des ricochets.” (scène 5) Camille jeunesse : “ Ma nièce est depuis hier, à sept heures de nuit, parvenue à l’âge de dix-huit ans “ (scène 2) éducation : “ elle sort du meilleur couvent de France.” (scène 2) sensibilité exacerbée : -pudeur : “ L’amitié ni l’amour ne doivent recevoir que ce qu’ils peuvent rendre” (scène 2) - froideur du corps : “ les voilà qui se tournent le dos.” (scène 2) “je dis que les souvenirs d’enfance ne sont pas de mon goût” (scène 3) Rosette jeunesse : “la soeur de lait” (scène 5) sensibilité : exaltation des origines simples : ici paysanne : fille de nourrice (scène 5) simplicité du cœur allant avec le langage du corps : elle accepte de donner la “main”à Perdican (scène 5) repère suivant : Acte II
- "On ne badine pas avec l'amour" Musset
Bac : il vous est proposé d’examiner "les jeux du cœur et du langage" faisant référence aux discours amoureux dans On ne badine pas avec l'amour de Musset. On note deux conceptions de l'amour, le libertinage et le romantisme. Au travers de ces deux prismes, nous verrons leur vision opposée sur l’amour, le temps, le corps. C'est autour de cette confrontation entre ces deux pôles de séduction, choisis tour à tour par Perdican et Camille au détriment de Rosette, que la Gazette articulera son analyse. Reprenons le fil de la pièce et arrêtons-nous aux scènes où il est question d’amour à l'aide d'un tableau récapitulatif. illustration, Gallica "On ne badine pas avec l'amour" Musset La Gazette littéraire vous propose un dossier consacré au parcours jeux du cœur et de la parole s'appuyant sur la pièce de théâtre de Musset intitulée On ne badine pas avec l'amour. Nous allons dans un premier temps nous demander ce que les programmes officiels nous invitent à analyser : jeux/cœur et parole. Nous verrons ensuite la manière dont deux conceptions opposées de l'amour, le libertinage et le romantisme, sont à l'œuvre dans cette pièce. Reprenons le fil de la pièce et arrêtons-nous enfin aux scènes où il est question d’amour à l'aide d'un tableau récapitulatif. Définitions Commençons par le premier terme. Qu'entend-on par “jeux” ? Il nous est demandé de réfléchir sur les attitudes des personnages sur scène. Vous savez que la scénographie est au cœur du projet théâtral avec le dynamisme à l'œuvre (les entrées, les sorties, le rôle du corps, etc.). Mais avec le mot “parole”, il nous faut dans un deuxième temps analyser les propos tenus qui font l’action. Au fondement de la spécificité du genre théâtral se trouve, en effet, la double énonciation (le discours adressé aux personnages et au public). C’est à l’aune de ce discours que nous sommes invités à percevoir les intentions sous-jacentes des personnages, entre vérité ou mensonge. Enfin il ne s’agit pas d’examiner tous les jeux de cette pièce, mais celui qui concerne l’amour comme le terme “cœur” nous l’indique. Pour résumer, les jeux du cœur et du langage font donc référence aux discours amoureux. Ce discours amoureux convoque trois personnages : Perdican, Camille et Rosette. Il vous est proposé d’examiner ces relations triangulaires dans la perspective de l'épreuve de dissertation. On peut ainsi regrouper différentes problématiques applicables au thème général : Quelle conception de l’amour est à l'œuvre dans On ne badine pas avec l'amour ? Comment les personnages utilisent-ils le langage pour jouer avec les sentiments des autres ? Comment la pièce reflète-t-elle les tensions entre les conventions sociales et les désirs individuels au sujet de l’amour et du mariage ? Musset propose-t-il une éducation sentimentale et morale dans cette pièce ? Comment l’amour dans On ne badine pas avec l'amour fait-il naître une confrontation entre romantisme et libertinage ? La Gazette traitera de la dernière question dans le dossier consacré à Musset. Concrètement, nous vous aiderons à vous repérer dans ce trio amoureux avec un tableau synthétique pour chaque acte. L'analyse mettra donc en balance le poids du romantisme et du libertinage dans le discours amoureux dans "On ne badine pas avec l'amour" de Musset. Libertinage vs romantisme Débutons, si vous le voulez bien, en nous intéressant à l'intitulé de la problématique. Qu'entend-on par romantisme ? Qu'est-ce que le libertinage ? Il s'agit de deux courants philosophiques et littéraires qu'il convient de replacer dans leur contexte. Libertinage Il s'agit d'un mouvement d’opposition à une pensée religieuse dominante. On le définit comme un mouvement philosophique et littéraire dont le terme "libertin" -éclos au 16e siècle- se comprend au sujet d'une personne qui adopte “toutes les positions religieuses et les conduites morales qui prennent quelques distances à l'égard de la stricte orthodoxie” (Delon, le savoir-vivre libertin, Hachette 2000 page 22). Dès le siècle suivant, le libertin équivaut à un libre penseur, à un rationaliste qui se permet “de juger ce qui devrait être accepté par principe d'autorité” (Delon, le savoir-vivre libertin, Hachette 2000 page 25). En effet, un libertin va rapidement devenir un impie, celui “ qui ne s’assujettit ni aux croyances ni aux pratiques religieuses” (Littré). De ce point de vue, un libertin s'oppose au dévot. C'est après le décès de Louis XIV que le libertinage a pris un nouvel essor en réaction à une fin de règne jugée étouffante du point de vue de la religion et de la morale. On parle alors de libertinage des mœurs et notamment des mœurs sexuelles au 18e siècle. Ce terme donne par la suite une place considérable au corps. (cf. Choderlos de Laclos, les liaisons dangereuses) Mais au 18e siècle, le libertinage ne constitue pas la norme, mais une proposition de vie partagée par la haute noblesse dans les salons parisiens. Comme le dit un auteur :” s'il est vrai que la libre imagination des plaisirs constitue l'un des pôles de cette société, l'équilibre est solidement assuré par le pôle antagoniste : la tyrannie des bienséances, des préjugés, de l'ordre moral. ” ( Robert Mauzi, l'idée du bonheur dans la littérature et la pensée française au 18e siècle Albin Michel 1979, page 29). Le libertinage peut constituer une simple étape dans l'éducation sentimentale et morale ou le choix d’adulte dans une multiplicité d'aventures. Dans les deux cas, le temps du libertinage est toujours limité : “ L'expérience du libertinage n'est qu'une aberration passagère et toujours corrigée, non une chute irrémédiable dans un infernal abîme.” (Robert Mauzi, l'idée du bonheur dans la littérature et la pensée française au 18e siècle Albin Michel 1979, page 31). Plusieurs choses sont notamment à l'œuvre dans le libertinage : une situation mondaine à conserver (une réputation à entretenir), une volonté de puissance (la force) des refus : un refus de la passion (un libertin n’est pas amoureux), un refus de l’immédiateté (temps du discours préalable), un refus de ne pas choisir sa proie, un art de séduire : “ Le libertinage n'est plus dans la conclusion sexuelle, dans le résultat génital, mais dans l'art de séduire” (Delon, le savoir-vivre libertin, Hachette 2000, page 43) La principale cause de cessation du libertinage, c'est la rencontre du sentiment de l'amour. Voyons le contraste proposé par le romantisme. Romantisme On le définit également comme un mouvement philosophique (fin 18e siècle avec Rousseau en France) et littéraire (au début du 19e siècle avec Hugo dont Musset notamment a été un temps très proche) ayant pour but d'exalter le sujet dans une exaltation du “moi” placé dans le cadre de la nature au travers d'un discours souvent solitaire. Il s'agit là encore d'un mouvement d'opposition à la matière et à la raison : le romantique est guidé par ses seuls sentiments ; c’est un être sensible, incompris et nostalgique, soumis à une sorte de fatalité dans son destin. C'est enfin un mouvement qui donne une place considérable à l’amour comme un idéal et à l'innocence du corps. Confrontation On voit donc que le discours amoureux repose sur deux conceptions de l'amour qui ont, entre elles, certains points communs : un mouvement en réaction contre l’ordre social et de la religion officielle, une place pour le corps, une place pour le temps, une place pour le discours. Mais elles ont aussi de nombreux points de divergence dont notamment : un carcan moral et religieux (libertin), un carcan matérialiste (romantique) l’absence de sentiment amoureux (libertin) et l’exaltation de l’amour (romantique), le temps du futur (libertin) par opposition au passé nostalgique et à un futur impossible (romantique) un discours de séduction mensongère (libertin), une quête de vérité (romantique) C'est cette confrontation entre ces deux pôles de séduction choisie tour à tour par Perdican et Camille au détriment de la pauvre Rosette que la Gazette articulera son analyse. Dans le prochain article, nous étudierons l'acte 1. sources : Robert Mauzi, l'idée du bonheur dans la littérature et la pensée française au 18e siècle Albin Michel 1979, Delon, le savoir-vivre libertin, Hachette 2000, Valentine Ponzetto, Musset ou la tentation libertine, Droz, 2007 Dans la perspective de la dissertation, il sera question de circonscrire les scènes qui nous intéressent dans la perspective Romantisme/libertinage. Pour ce faire, reprenons le fil de la pièce et arrêtons-nous aux scènes où il est question d’amour. Il vous est proposé un tableau récapitulatif. Duos/Trio Ce discours amoureux convoque trois personnages : Perdican, Camille et Rosette. On distingue les scènes suivantes mettant aux prises les duos ou le trio d’amour : pour la compréhension, voici le code couleur : duos Perdican/Camille duos Perdican/Rosette trios Perdican/Camille/Rosette Actes/scènes Perdican Camille Rosette acte 1, scène 2 acte 1, scène 3 Acte 1, scène 4 X X X X X X acte 2, scène 1 acte 2, scène 3 acte 2, scène 5 X X X X X X acte 3, scène 2 acte 3, scène 3 acte 3, scène 6 acte 3, scène 7 acte 3, scène 8 X X X X X X X X X X X X X Analyse Comptons les scènes, si vous le voulez bien : il ressort de la lecture de ce tableau que nous sommes en présence de 5 duos Perdican/Camille, ce qui souligne l’importance de cette relation aux yeux mêmes des deux protagonistes. Ils se cherchent de toute évidence. Musset intercale ce duo avec les 3 duos Perdican/Rosette : il cherche à montrer, à l’inverse, le caractère résiduel de cette amourette. Enfin, dès la scène 3 de l’acte 3, on passe à une intensité plus grave puisque les duos s’éclipsent (deux scènes (2/6) seulement sur les 8) pour laisser la place aux 3 trios Perdican/Camille/Rosette. On a donc un changement de rythme évident qui précipite l’action. Avec la substitution du trio au duo, le discours amoureux passe de la comédie au drame : avec la mort de Rosette, le triangle amoureux va se trouver liquidé : on note donc une progression tragique de l’action formalisée par les duos/trios d’amour aboutissant à une crise du langage comme nous le verrons. Repère à suivre : Acte I
- "On ne badine pas avec l'amour" : portée
Bac : nous verrons l’enjeu de la pièce ainsi que ses registres. Les duos amoureux mis en scène aboutissent à une crise du langage sous sept différentes formes : perte du réel, volonté de se parler sans cesse, provocations et surenchères, rôle du silence, présence de l'ironie, l'emploi du langage de pauvre, et de la double annonce. C’est la leçon du langage voulue par Musset : le jeu du langage par des “enfants insensés” commence par le registre comique avant de s'achever, par suite d’inconséquences puériles, aux registres dramatique et tragique. Gallica "On ne badine pas avec l'amour" : portée Venons-en à la dernière partie de notre dossier. Nous verrons l’enjeu de la pièce "On ne badine pas avec l'amour" : portée et registres. Les duos amoureux qui sont mis en scène aboutissent à une crise du langage. Crise De quelle crise parlons-nous ? Nous verrons sept manifestations différentes dans cette pièce. Reprenons-les, si vous le voulez bien. 1) La première manifestation de cette crise s'articule autour de la perte du réel. La parole dite repose sur une illusion : c'est le cas pour Camille qui est victime du langage. Sa vocation religieuse repose sur une vision tronquée du monde. Le tragique de l'amour est érigé en dogme. Les confidences de Louise sont à l'origine du refus du mariage avec Perdican. Pour cela, Camille recourt à son tour à un langage faussé, elle devient cette fois actrice de la crise du langage. Elle invente une vocation religieuse pour masquer sa peur du monde. Les mots constituent une protection étanche contre l'amour de Perdican. il s'avère qu'un autre langage, plus sincère, prend le relais : le langage du corps. Musset nous montre la montée en puissance du corps avec les différents états physiques ressentis par Camille à l'acte 3 ( faiblesse, pâleur, etc.). 2) La deuxième manifestation de cette crise a trait à cette volonté permanente de se parler en dépit des mouvements de sortie de scène. Plus on se quitte, plus on veut reprendre le fil de la conversation comme s'il fallait faire cesser le malaise ressenti à la suite de l'initiative de l'un ou de l'autre dans ce jeu amoureux. Ainsi l'annonce du mariage avec Rosette pousse Camille à chercher Perdican, à vouloir lui “parler” pour ne pas le perdre. Les deux lettres échangées entre eux ont pour but de se donner des rendez-vous pour ne pas interrompre le fil de la conversation. 3) La troisième crise du langage conduit à la perversion des dialogues poussant aux provocations et à la surenchère. Chacun répond à la provocation de l'autre. Ainsi Perdican joue-t-il le rôle de l'impie : “ je ne crois pas à la vie immortelle” ( acte II, Scène 5). En retour, Camille lui assène une autre provocation : “ je veux aimer d'un amour éternel et faire des serments qui ne se violent pas. Voilà mon amant. Elle montre un crucifix.” ( acte 2, scène 5). 4) La quatrième manifestation de cette crise du discours amoureux résulte paradoxalement de l ’importance des silences. L’essentiel de l’action se situe finalement hors champ, lorsque les deux amants mesurent le risque de se perdre à l'issue des entretiens menés de manière vaine. L’action résulte ainsi non des dialogues où les mots sonnent faux, mais dans les monologues des personnages placés à la suite de ces entretiens. C’est le cas au moment où Perdican comprend qu’il a été joué à la lecture de la lettre de Camille à Louise, ou lorsque Camille à l’issue du premier duo de séduction Rosette/Perdican décide de se venger. 5) La cinquième crise du discours amoureux repose sur le ressort de l’ironie nécessaire pour fustiger l’autre. Chez Perdican, on la trouve lorsqu’il se moque de la religion ; pour Camille, lorsqu’elle se moque de Rosette en mariée. Ils se fustigent l’un et l’autre. 6) L’avant-dernière crise du discours amoureux mène à l’émergence d’un autre langage, celui du pauvre. Tout le long de la pièce, on a eu des échanges de paroles, puis on voit arriver à l’acte III la prière qui se conçoit comme la plus haute des paroles dans le champ du religieux avant le silence de Perdican et de Camille à la suite de l’aveu d’amour et leur embrasement des corps (enlacement et baiser). Le dénouement résulte d’un simple cri, c’est-à-dire de la négation même du langage des deux mondains, Perdican et Camille. C’est le langage de Rosette qui n’a pas les mots, celui de la solitude, de la trahison, de la mort. 7) On trouve enfin la dernière crise du langage amoureux, celui de l a double annonce, celle de la mort de Rosette et du départ de Camille : “Elle est morte. Adieu, Perdican !” (scène 8). On note le lien logique entre les deux phrases. La dernière non verbale a de surcroît un effet performatif, la réalisation de l’action au même moment où le mot est dit. “Adieu” qui signe la retraite au couvent de Camille, loin du monde. Leçon C’est le silence qui gagne à la fin de la pièce. Le discours amoureux a tardé à faire preuve de vérité et a entraîné une victime à sa perte, signant la fin de la relation amoureuse. C’est la leçon du langage voulue par Musset : le jeu du langage par des “enfants insensés” commence par le registre comique avant de s'achever, par suite d’inconséquences puériles, aux registres dramatique et tragique.
- La grammaire française
Nous avons passé des années sur les bancs de l’école à écouter des leçons de grammaire aussi vite apprises qu’oubliées. La maîtrise grammaticale conditionne pourtant notre réussite dans notre vie professionnelle, mais également pour les candidats à des épreuves de fin de second cycle ou au niveau des études supérieures. Et si la langue française n’était pas si difficile qu’elle en a l’air ? Grammaire française En dépit des années passées sur les bancs de l’école , pouvons-nous répondre à ces deux questions : combien de mots existe-t-il dans la langue française ? Pourquoi accordons-nous tel terme et pas un autre ? Admettons que peu d’entre nous savent répondre, car il ne nous reste que peu de notions claires, seulement des automatismes. Encore sommes-nous heureux de faire moins de fautes que nos contemporains. La maîtrise grammaticale conditionne pourtant notre réussite dans notre vie professionnelle, mais également pour les candidats à des épreuves de fin de second cycle ou au niveau des études supérieures. Technologie À l’heure des correcteurs orthographiques et de l’IA, ce besoin de replonger dans la grammaire française parait incongru, voire totalement dépassé. Il n’en est rien au contraire. Il convient de se réapproprier nos bases pour ne pas être dépendants de la technologie. S’abandonner dans les mains des machines contribue à nous déshumaniser : cela formate nos esprits au point de nous rendre bêtement semblables. La grammaire expliquée Et si nous la maîtrisions enfin pour nous aider à réfléchir et à apporter de la nuance à nos propos comme le dit un grand auteur : Je regarde la grammaire comme la première partie de l'art de penser" Condillac, Cours d'étude pour l'instruction du prince de Parme. Cherchons ensemble à appréhender l’architecture générale de notre langue. Cela nous permettra de comprendre l’origine de nos erreurs de syntaxe avant de les corriger. Pas besoin, pour autant, de devenir un linguiste distingué, revenons seulement à nos fondamentaux grâce à ce précis grammatical. Il s’agit de manière synthétique de reprendre les bases de notre savoir avec des trucs et astuces pour les retenir. Une grammaire pour tous en somme est à découvrir sur ce site. Bac Par ailleurs, la Gazette littéraire travaille depuis des années pour nos amis lycéens dans la préparation de leurs deux épreuves du bac, à savoir l’écrit et l’oral. Elle se fonde sur l’utilisation de la grammaire pour comprendre l’enjeu du texte. Retrouvez, en outre, toutes ses fiches méthodologiques et synthétiques pour soutenir les candidats indépendamment de l’analyse des œuvres au programme. Par ailleurs, il est proposé des entraînements à l’écrit durant toute l'année ainsi que des solutions clé en main pour comprendre les erreurs dans sa propre copie. (offres payantes) Prépas scientifiques La Gazette accompagne également les étudiants de prépas scientifiques avec ses podcasts comprenant des épisodes de lecture suivie des livres au programme et d’analyse comparée dans leur épreuve de français-philosophie sur spotify.
- Publications numériques
Depuis des années, la Gazette publie sur ce site des nouvelles, avant d'étendre son offre littéraire à des romans et à de la poésie. Parallèlement, elle propose un précis de grammaire à destination de tout public et notamment aux lycéens et aux étudiants pour lesquels des fiches de lecture analytiques conformes à leurs programmes sont à leur disposition. Retrouvons ces ouvrages dans le détail. Les publications numériques Retrouvez les ouvrages disponibles en ebook sur la plateforme bookelis selon leur genre littéraire : Education La grammaire pour le bac : ce qu'il manque aux candidats du bac, c'est la démonstration de leur parfaite maîtrise de la langue française. En dépit de longues années d'enseignement, les élèves commettent beaucoup de fautes liées à l'absence de compréhension des règles grammaticales pourtant vues et revues. À l'écrit comme à l'oral, ils semblent incapables de comprendre concrètement la manière dont un texte est construit révélant ainsi les intentions de son auteur. La réforme du bac conduit l'examinateur à interroger le candidat à l'oral sur la grammaire. Il vous est proposé de reprendre toutes vos bases de manière synthétique pour réussir votre examen ... Discours de la servitude volontaire (La Boetie) : analyse : retrouvez le plan de cette fiche : 1. La tyrannie : comprendre pour résister, 2. Les procédés argumentatifs du discours : 2.1. Une argumentation directe, 2.2. Une stratégie argumentative : 2.2.1. La raison mathématique, 2.2.2. La persuasion, 2.2.3. Les intentions de l'auteur : a) les références à l'Antiquité, b) les références à la Renaissance, 2.3. Les principales figures de style, 2.4. Les registres littéraires, 3. Les ambiguïtés de l'œuvre, 4. La portée philosophique de l'œuvre, Poésie Le livre de l'exil : Le livre de l'exil retrace le parcours de celui qui fuit son pays pour un ailleurs meilleur au péril de sa vie. L'exilé arrive alors dans un lieu inconnu souvent hostile, sans jamais oublier d'où il vient. Il demeure sur cette nouvelle terre en pensant à ceux qu'il a laissés, espérant toujours revenir. L'exil comprend ainsi trois temps : partir, séjourner et revenir...
- Sélection de livres sortis en 2025
Comme chaque année, la Gazette vous propose un choix de livres sortis au cours de l'année : il s'agit d'ouvrages de fiction ou d'essais disponibles grâce à la formidable production éditoriale française. Sélection de livres 2025 La Gazette vous propose une sélection de livres 2025 que ce soit des ouvrages de fiction ou des essais publiés cette année grâce à la formidable exception française. Il s'agit de livres choisis et lus de manière indépendante au gré de mes intuitions et de mes découvertes. Bonne découverte ! Tableau Fiction Non-fiction Le Chant du prophète Paul Lynch Albin Michel En Irlande, dans une époque qui nous est contemporaine, comment s'efface subrepticement la démocratie. Lutte éternelle entre le pot de terre et le pot de fer Quand j'étais licorne, Michel Zink Bestial JC Lattès Le mythe de la licorne vu par ce grand médiéviste, qui y ajoute, avec beaucoup esprit, le souvenir de cette passion atypique et toute personnelle pour cet animal symbolique... Vivre tout bas, Jeanne Benameur Actes Sud Le relèvement d'une mère après la mort violente de son fils... Notre Guerre quotidienne Andreï Kourkov Noir sur blanc Récit journalier de la guerre entre août 2022 et février 2024 : un témoignage de résistance... L'Or de Jérusalem Nathalie Cohen Flammarion Un couple en fuite se trouve en Judée à l'époque où la Rome de Néron cherche à mater la révolte des juifs... Autocratie(s) : quand les dictateurs s'associent pour diriger le monde Anne Applebaum Grasset Un examen passionnant de l'association de fait des autocrates et aussi des pistes de réflexion pour lutter contre ce fléau (actions collectives notamment contre la kleptocratie et protection de l'information...) L'Inventaire des rêves Chimanda Ngozi Adichie Gallimard le rêve américain partagé par quatre femmes issues du continent africain... La Bible : qu'est-ce que ça change ? Thomas Römer Labor et fides Un ouvrage de culture générale, passionnant... Giovanni Falcone Roberto Saviano Gallimard Récit de la lutte menée par des juges intègres et courageux contre la mafia sicilienne, et combat dans lequel s'inscrit le juge Falcone qui, sans jamais faiblir, le mène au sacrifice de sa vie... Le Jardin anglais Charles Wright Albin Michel Partez sur les routes anglaises avec l'auteur et son père et savourez le charme so british de leurs rapports familiaux si pudiques et pourtant si profonds... Immortels Camille Kouchner Seuil Récit d'une complicité entre deux jeunes élevés ensemble dans une atmosphère familiale délétère... La Nef de Géricault Patrick Grainville, Julliard Récit autour de la conception et l'exécution du Radeau de la Méduse, tableau iconique du Louvre..., Mirages et naufrages Giosuè Calaciura Notabilia Recueil de nouvelles autour de la mer... L'Accident Jean-Paul Kauffmann Equateurs littérature Pour comprendre comment l'auteur a fait preuve de résilience durant ses trois années de captivité, récit poignant d'une France des années 1950... L'affaire de la rue Transnonain Jérôme Chantreau La Tribu Un fait divers survenu le 14 mars 1834 à Paris cachant une bavure militaire couverte par le pouvoir... L'Heure des Prédateurs Giuliano Da Empoli Gallimard Une galerie de portraits des prédateurs de notre époque à la lumière de la vie de César Borgia ... Rendez-vous ici David Nicolls Belfond Un week-end de marche dans le nord de l'Angleterre, entre humour et gravité : une romance qui ne cède pas à la facilité... Une nuit au cap de la Chèvre François Cheng, Gallimard Méditations du poète à la pointe du Finistère : recherche de l'unité entre la pensée occidentale et orientale... Haute-Folie Antoine Wauters Gallimard Rentrée littéraire : un secret de famille pèse sur deux générations qui cherchent à s'en libérer par différents moyens... Toutes les époques sont dégueulasses, Laure Murat, Verdier Un essai littéraire qui a le mérite de revenir sur la question des adaptations des classiques pour tenir compte des sensitive readers... La Maison vide Laurent Mauvignier les Éditions de minuit Rentrée littéraire : un chef-d'œuvre, un coup de cœur tant sur le fond que sur la forme : une famille française sur quatre générations avec ses injonctions, ses failles, ses trahisons, ses non-dits... Émile de Girardin : le Napoléon de la presse Adeline Wrona Gallimard Biographie d'un Rastignac de la Presse devenue une figure incontournable du XIXe siècle Nourrices Séverine Cressan Dalva Dans une langue exceptionnelle, le récit de ces femmes autrefois employées à nourrir les enfants des autres : entre nécessité économique et attachement à un enfant qui n'est pas le sien... J'ai choisi la vie Monique Lévi-Strauss Plon Parcours personnel de cette femme juive-américano-belge en Allemagne durant la 2e Guerre mondiale, avant sa rencontre donnant lieu à une vie commune avec le célèbre anthropologue... Tant mieux Amélie Nothomb Albin Michel Hommage à la mère de l'auteure dont le parcours de vie est narré à la première personne du singulier... Le Buveur de brume Guillaume Gallienne Stock Dans cette collection, l'auteur a relevé le défi de passer une nuit dans un musée, pas n'importe lequel, celui où est exposé le tableau de son aïeule à Tbilissi en Géorgie : récit intime avec émotions et autodérision au cours duquel l'auteur revisite son histoire personnelle et familiale. Des Enfants uniques Gabrielle de Tournemire Flammarion Comment une histoire d'amour entre deux jeunes handicapés demeure sous le contrôle de la société et de leurs familles... L'Ours et le Dragon Russie-Chine : histoire d'une amitié sans limites ? Sylvie Bermann Tallandier Essai Analyse des relations sino-russes depuis le 17e siècle à nos jours : une vassalisation à géographie variable L'homme qui lisait des livres Rachid Benzine Juillard L'histoire d'une famille palestinienne racontée par un libraire à Gaza... Folcoche Emilie Lanez Grasset Un sordide règlement de compte familial entre Hervé Bazin, au casier judiciaire bien rempli, et sa mère devenue -sous sa plume rageuse-, u ne Folle cochonne (abréviation: Folcoche ) : un "meurtre" littéraire bien documenté à partir d'archives de police et de la famille réduite au silence... Les Preuves de mon innocence Jonathan Coe Gallimard Une narration enlevée autour d'un crime commis sous l'ère de Liz Truss... La Collision Paul Gasnier Gallimard À la suite de l'accident survenu entre un jeune garçon et la mère de l'auteur, enquête sur deux France séparées... Passagères de nuit Yanick Lahens Sabine Wespieser Lignée matriarcale de femmes ayant vécu sous le joug de l'esclavage... Pour l'amour du peuple Marc Lazar Gallimard Histoire du populisme en France du XIXe-XXe siècle La thèse de cet ouvrage vise à montrer que le populisme n'est pas une nouveauté mais un mal récurrent s'épanouissant dans les périodes de crise démocratique... Adieu Kolyma Antoine Sénanque Grasset À Budapest occupée par les chars russes en 1956, d'anciens détenus du goulag vivant cachés voient leur haine se raviver... 38 rue de Londres Philippe Sands Albin Michel Récit autour de l'arrestation en 1998 de Pinochet à Londres et de la protection que ce dernier a accordé dès son accession en 1973 à un ancien SS Rauff au Chili : deux impunités scandaleuses... Les Éléments John Boyne, JC Lattes L'eau, la terre, le feu et l'air à l'épreuve d'une tragédie familiale en Irlande... Le Christ de Camus, Véronique Albanel, Desclée de Brouwer, Vénération de l'auteur pourtant non chrétien pour le Christ au travers de ses écrits... Gabriel's Moon William Boyd Seuil Un roman d'espionnage qui conduit un journaliste-écrivain pendant la Guerre froide à effectuer des missions dangereuses... Avec les grands livres , Emmanuel Godo, éditions de l'Observatoire, sur l'importance de ces œuvres intemporelles d'hier et d'aujourd'hui et les ressources qu'elles offrent pour toute une vie...
- Le plaisir de lire
"L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté." Montesquieu, Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères. Jeune fille lisant, Fragonnard 1770, musée National Gallery of Art de Washington Plaisir de lire Retrouvez les différentes propositions de lecture de la Gazette que ce soit la sélection des livres de l'année en cours ou ses deux parcours de reprise de lecture destinés aux éloignés de la lecture. Pour que tous puisse (re)trouver le plaisir de lire...
- Présentation de la Gazette littéraire
Créée en 2009, la Gazette littéraire a pour vocation de redonner le goût de lire avec ses analyses abordables, ses conseils et ses séminaires de lecture. Elle s'adresse à un large public que ce soit des lycéens ou des étudiants en prépas scientifiques soucieux d'approfondir leurs connaissances ou toute personne désireuse de reprendre la lecture ainsi évidemment qu'à tous les passionnés de littérature. Présentation de la Gazette littéraire en trois points... présentation Lecture La Gazette propose de rendre accessible la littérature grâce à de larges thématiques facilitant la tâche de tous ceux qui veulent reprendre des lectures abandonnées, faute de temps. Son originalité réside dans son catalogue de plus de 60 thèmes, facilement consultables. Il s'agit de sujets extrêmement variés relatifs à la nature, à la société, mais aussi liés à l'économie, à la famille, au rapport de soi au monde, et enfin à la création au sens large. De quoi, s'ouvrir à une culture générale accessible à tous... Il vous est aussi possible découvrir ses carnets de voyages littéraires effectués en France, en Angleterre ou en Méditerranée. La présence de la Gazette littéraire sur les réseaux sociaux lui permet, en outre, de donner des informations sur l'actualité culturelle et d'élargir le centre de ses intérêts. Elle offre une présence visible exclusivement sur le net : un paradoxe assumé ! Tant qu'à être connectés sur nos écrans, autant que ce soit pour nous instruire ensemble ! Cette Gazette est enfin tenue par une personne bien de son temps, désireuse de transmettre autrement la littérature. Lycéens et étudiants Au fil du temps, la Gazette s'est mise à l'école de ses amis lycéens, avec lesquels elle passe chaque année (!) le bac de français. Outre ses fiches de révision, elle analyse les œuvres proposées à l'oral du bac et propose à l'écrit deux méthodes : la méthode éprouvée des 6 GR OS SES C LE FS © suivie du plan type (acronyme CIIGARE) qui permet de gagner du temps et des points à l'épreuve écrite du commentaire composé. La Gazette offre une méthode simple pour composer une bonne dissertation. Pour maîtriser les deux techniques, retrouvez les exercices d'application proposés durant l'année. La méthodologie est également expliquée pas à pas avec une to-do list qui cadre chacune des deux épreuves. La Gazette accompagne également les étudiants de prépas scientifiques avec ses podcasts comprenant des épisodes de lecture et d'analyse comparée dans leur épreuve de français-philosophie sur spotify. Podcasts La Gazette propose une série de podcasts pour découvrir autrement les œuvres littéraires. Retrouvez les épisodes sur Spotify. promouvoir la lecture et l'étude d'œuvres littéraires pour les rendre accessibles à tous.
- Nos podcasts littéraires
La Gazette littéraire vous propose une série de podcasts sur Spotify pour "lire" autrement des œuvres du patrimoine littéraire. C'est une invitation à entrer plus facilement dans un livre, sans crainte de l'ouvrir, de tourner la page et surtout de le finir. Un temps de lecture où vous êtes accompagnés dans la compréhension du texte et où vous pouvez lire à votre rythme. Un pan de la bibliothèque de la Gazette littéraire Podcasts littéraires 7e droit imprescriptible du lecteur : " Le droit de lire n'importe où." Daniel Pennac, Comme un roman Avec ce droit absolu découvrez les podcasts littéraires qui vous sont proposés pour vous permettre d'entrer dans une œuvre en étant accompagnés et à votre rythme. livres épisodes destination du public Apprendre à lire ? Comment lire ? (5:17) Une "mauvaise" lectrice (O4:06) CP² (09:43) Premières stratégies pour lire (09:36) Comment je suis devenue une "bonne" lectrice (O5:36) Lire avec un crayon (06:43) La lecture à l'âge adulte (10:11) La création de la Gazette littéraire (12:26) Le pouvoir du livre (10:22) Toute personne qui souhaite reprendre la lecture ou améliorer ses performances. (gratuit) Discours de la servitude volontaire, de la Boétie introduction et exposé de la thèse de l'auteur (12:55) la perte de la liberté (12:29) la solution pour s'opposer au tyan et moyen pour ce dernier de conserver son pouvoir (12:19) pages 145 à 157 : le secret de la domination (05:23) Lycéens et adultes (gratuit) retrouvez les autres podcasts Vingt mille Lieues sous la mer, J. Verne, Le Mur invisible M. Haushofer et la Connaissance de la vie , Canguilhem élèves de Prépas scientifiques et adultes (contenu semi payant)















