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- Préparation au bac de français
BAC : il vous est proposé d'acquérir la méthode pour réussir durant les examens de français : sur le commentaire et la dissertation, on vous dira tout : méthode, exercices, corrigés etc... Fable de La Fontaine "le laboureur et ses enfants", dessin Grandville Préparation au bac de français La Gazette vous propose une série d’articles pour vous aider durant toute l'année dans votre préparation au bac de français. Il vous sera ainsi proposé des méthodes accessibles à tous pour comprendre l’enjeu de l’écrit et le maîtriser au mois de juin. Méthodes et exercices Dans ce tableau, découvrez les deux épreuves écrites avec leur méthode propre et leurs exercices d'application : Commentaire composé dissertation l a m éthode des 6 GR OS SES C LE FS © : Application en vidéo de la méthode (16:08) la méthode l e plan type CIIGARE les deux types de plan les figures de style Les genres et les registres littéraires analyse du sujet, la question du plan to-do list to-do list fiche théâtre fiche poésie Fiche argumentation fiche roman la rédaction de l'introduction rédaction du développement rédaction de la conclusion, Entraînements durant l'année au commentaire : exercices et corrigés Entraînement durant l'année à la dissertation : exercices et corrigés Sujets passés Sujets possibles
- Commentaire composé expliqué
La Gazette vous propose un entraînement complet à l a m éthode des 6 GR OS SES C LE FS © et au plan type CIIGARE : pour cela, nous avons choisi un texte difficile en prose d'un poète contemporain, Christophe Tarkos (1963-2004), extrait de son recueil le Petit bidon et autres textes. Découvrez la vidéo avant de retrouver l'analyse et le plan. Commentaire composé expliqué Si vous avez des difficultés en français, c'est probablement parce que vous ne maîtrisez pas bien la méthode. Il n'est pas trop tard pour remédier à cela... Vous avez quinze minutes devant vous ? Eh bien ! Découvrez la méthode utilisée par la Gazette depuis des années pour aider bien des élèves en difficulté. - Est-ce qu'elle fonctionne ? - Bien sûr ! Elle offre trois avantages : de comprendre ce qui vous est demandé, de vous redonner confiance, et évidemment d'avoir une excellente note au bac. - Comment ? - En vous donnant un cadre simple qu'il ne vous reste plus qu'à suivre. La Gazette vous propose de l'expérimenter à l'aide de la vidéo ci-après. Vidéo Il est temps de découvrir la méthode des 6 GR OS SES C LE FS © à l'aide de la vidéo de 16: 08 (séquencée) ci-dessous : - 08:50 minutes pour la compréhension du texte : i l s’agit de colorier le texte en le prenant sous six angles, à l'aide du moyen mnémotechnique suivant : 6 GR OS SES C LE FS Gr : grammaire C : Conjugaison OS : oppositions le : champ lexical SE : les 5 sens FS : figures de style - 07: 58 minutes pour l'organisation du plan type : Plan C I I G A R E : Ie partie : IIe partie : A) C adre spatio-temporel A) Genre littéraire B) Intérêt du texte B) Argumentaire de l'auteur C) Impressions suscitées C) Registre littéraire La Gazette vous guide pas à pas, sans jamais vous perdre. Pour l'exercice, un poème difficile a été volontairement choisi pour que vous puissiez vous sentir plus à l'aise sur une texte moins ardu, ce qui sera nécessairement le cas le jour de l'épreuve. Il s'agit d'un texte en prose d'un poète contemporain, Christophe Tarkos (1963-2004) extrait de son recueil le Petit bidon et autres textes. Vous êtes prêts ? C'est parti ! La méthode du commentaire composé expliquée À la fin de l'article, retrouvez en pdf le texte colorié et le plan proposé ci-dessous pour vous permettre de le reprendre à votre rythme. Analyse Voici la synthèse de notre coloriage : Pour le poète Christophe Tarkos (1963-2004), la parole est comme une pâte à mastiquer qu’il figure avec l’expression la Patmo, la pâte-mot, et sa poésie prend la forme d’une régurgitation de l’absurdité du monde. Dans la bouche du poète, les mots pèsent, collent, s’agitent, se bousculent, sont expressifs… C’est une langue triviale et insoumise. C’est une langue au travail. " Je peux sortir de la maison avec un bonnet à pompon sur la tête , un bonnet à trois gros pompons de couleur , je peux aussi sortir tête nue, ou pieds nus , ou torse nu, ou le crâne rasé, lisse, poli, ou avec des moustaches , avec une barbe, ou avec des poils juste sur le milieu du menton , ou juste sous les pattes , devant les oreilles, ou avec une queue de cheval, ou avec des couettes, je peux sortir en couettes, ou avec une raie et une queue de cheval qui part du sommet du crâne ou qui part de la frange ou qui part de côté, du côté des pattes, ou avec une moustache qui n'en est pas une, qui est juste un trait de poils au-dessus de la lèvre supérieure, un fin trait de poils noirs , je peux sortir avec les cheveux noirs, noir de jais, ou avec des cheveux blonds , ou jaunes, ou roses , ou jaune et rose, ou bleus, toute une tignasse bleue, des cheveux longs et bleus, ou des cheveux bleu et blanc et rouge, ou seulement rouges ou seulement blancs , avoir tous les cheveux blancs, ou être rasé en lignes, trois lignes rasées sur la tête, seulement sur trois lignes, ou être rasé en pointillé et d'avoir les sourcils rasés en pointillé aussi et d'avoir la moustache rasée en pointillé aussi, ou de sortir avec une longue barbe bouclée et rousse, avec un long bonnet rouge sur la tête, et un kilt à l'endroit du pantalon, une jupe , une robe, une robe de chambre, et des sandales, ou des sabots, ou des talons hauts, des escarpins à talons hauts, et me maquiller, me maquiller c omme un pierrot, comme un clown, comme un indien, comme une femme, comme une femme accentuée, mettre des faux cils, m' épiler les bras et les sourcils, dessiner du khôl autour des yeux, peindre mes lèvres en rouge à lèvres, retoucher mon rouge à lèvres, m'épiler la barbe et la moustache pour avoir un visage lisse et blanc, mettre de la poudre, me poudrer pour avoir un visage blanc sur le cou aussi, sur tout ce qui se voit depuis devant qui n'est pas recouvert, cela changerait tout si je sortais tout nu, avec un bonnet bleu sur la tête et un foulard bleu et un masque de chirurgien bleu sur le nez pour cacher mon nez , ou tout habillé sauf le bas, tout bien habillé en haut avec une cravate, un chapeau et une écharpe et le bas sans rien, tout nu en bas, et avec un chapeau de cow-boy, un chapeau mexicain, un chapeau marocain, une plume de sioux, avec un sari orange , un kilt dessous et une plume dessus sur la tête, avec des cheveux longs et une longue barbe et un sari orange de bonze, je peux sortir aussi en petit, en nain, au ras du sol, pas plus haut que trois pommes, en rase-mottes , je serais le nain nu. " Tarkos, Christophe, Le Petit Bidon et autres textes, Anachronismes , POL Editeur 2001 Plan possible Plan C I I G A R E : Ie partie : IIe partie : A) C adre spatio-temporel A) G enre littéraire B) I ntérêt du texte B) A rgumentaire de l'auteur C) I mpressions suscitées C) Re gistre littéraire Problématique choisie : quel rôle le poète confère-t-il aux mots ? I. Des mots pour décrire une apparence…. une préoccupation ordinaire (Cadre spatio-temporel ) - il n’y a pas de cadre spatial défini précisément. Et c’est un marqueur important à souligner : on se trouve dans un lieu flou figuré par l’opposition entre dedans/dehors avec “maison/sortir”. C’est un positionnement qui oppose la sphère intime et la sphère sociale avec la problématique de l'apparence. On est donc précipité dans un vaste inconnu où le temps du discours poétique devrait tenir une importance constructive, mais là encore, ce n’est pas le cas. - ce poème repose sur une lente énonciation avec pour seul verbe, pouvoir, conjugué au présent de l’indicatif et suivi de l'infinitif sortir : “Je peux sortir de la maison”. Cette formulation concrète, de la vie de tous les jours, produit un effet poussif et sans harmonie. Le mode indicatif est répété plusieurs fois avant de venir se heurter au conditionnel qui est le mode de l’hypothèse avec "cela changerait tout si je sortais. On retrouve cette alternance indicatif/conditionnel à la fin du texte “je peux sortir/je serais.” L’effet voulu est de rechercher une extension du discours qui s’étend à ce nouveau mode qui achève le discours. On a donc une énonciation au départ indicative qui glisse vers un discours hypothétique donnant un effet bancal au poème. un discours poétique en cours d’élaboration (intérêt du texte) L’originalité réside dans le fait que le sujet ne sait pas exactement ce qu’il va dire ainsi que l’abondante ponctuation le laisse à penser : en effet, on relève des propositions indépendantes toutes juxtaposées et répétées sept fois “je peux sortir de la maison” avec un effet d’insistance notable. Ces dernières sont entrecoupées par de nombreuses virgules insérant une multitude de groupes nominaux : “avec les cheveux noirs, noir de jais, ou avec des cheveux blonds, ou jaunes, ou roses, ou jaune et rose, ou bleus,”cette ponctuation singulière hache manifestement le texte. Celui-ci trouve encore des variantes avec les propositions infinitives “pour cacher” “pour avoir” qui complexifie la lecture ainsi déstructurée. Enfin, l’auteur ajoute également des phrases infinitives : ”mettre de la poudre, me poudrer “ alourdissant le propos rendu totalement confus. Il s’agit d’un poème en vers libres à la première personne du singulier comme l’indiquent l’emploi des deux pronoms personnels “je” et “me”. Il s’agit d’un moi individuel et autocentré sur lui-même. Le poète a cherché, en outre, à mettre en scène le questionnement de l’apparence physique ; l’auteur recourt à des termes définis tels que "poils""barbe""moustache" “rasé”. Mais ce poème, volontiers flou comme on n’a pu le voir précédemment, casse les codes avec l’emploi de termes appartenant au genre féminin “queue de cheval” “couettes” “frange” “épilé”. La lecture de ce poème s’effectue donc dans la plus grande des confusions. Ce discours aux effets lents et laborieux se clôt curieusement par un unique point à la fin du texte : “je serais le nain nu“. Cette fin insolite prend la forme d’une pirouette, loin de la proposition du début : “je peux sortir de la maison avec un bonnet.” Tout ceci donne un aspect spontané et irréfléchi au discours qui présente un sens caché comme nous le verrons. Il s’écrit et se lit donc en temps réel, en opposition avec des textes fondés sur un discours organisé. Ce poème repose en outre sur des impressions contrastées. 3. une poésie sous forme d’inventaire (impressions) L’auteur mélange sans logique le champ lexical du corps, “cou”, ”lèvres”,”poils”, comprenant la tenue vestimentaire “robe”, “pantalon, “sabot” et le maquillage “rouge à lèvres” “khôl”. Mais ce corps dont il est question ne porte aucun possessif “le cou”, “les bras" et les vêtements dont on parle ne sont pas définis “un pantalon", “un kilt.” L'auteur recourt, en outre, à une accumulation de compléments circonstanciels de manière tout le long du texte produisant un un effet catalogue : “tête nue, ou pieds nus, ou torse nu, ou le crâne rasé, lisse, poli, ou avec des moustaches, avec une barbe,” : la conjonction de coordination “ou” se lit comme autant de possibilités offertes, c’est à dire de combinaisons multiples selon un rythme ternaire: “je peux sortir en couettes, ou avec une raie et une queue de cheval”. Cette combinaison se démultiplie ensuite en trois autres possibilités “qui part du sommet du crâne ou qui part de la frange ou qui part de côté”. Cette dernière possibilité se recentre sur une partie : “ du côté des pattes, ou avec une moustache qui n'en est pas une, qui est juste un trait de poils au-dessus de la lèvre supérieure, un fin trait de poils noirs” : on obtient ainsi un discours circulaire puisque l’on revient au début avec la question de la moustache. Cela crée une impression de malaise voulue. II…. à une poésie contestataire u ne poésie dysharmonique (genre) Ce poème offre sur la forme une singularité particulière touchant aux deux principales figures de style employée tout le long du texte, la répétition qui va de pair avec l’énumération. :” je peux sortir avec les cheveux noirs, noir de jais, ou avec des cheveux blonds, ou jaunes, ou roses, ou jaune et rose, ou bleus, toute une tignasse bleue, des cheveux longs et bleus, ou des cheveux bleu et blanc et rouge, ou seulement rouges ou seulement blancs, avoir tous les cheveux blancs…”. Ces procédés précis ont pour objet de refuser toute mise en valeur et toute harmonie ; il existe un véritable refus de recherche d’assonance ou d’allitération harmonieuse; on note un effet d’alourdissement volontaire du discours poétique qui devient lent, haché, sinueux sur la forme. Il traduit un projet poétique qui va de pair avec le fond du discours. Sur le fond, ces répétitions et ces énumérations portent sur la question du travestissement. On note que le sens de la vue est omniprésente dans ce texte avec le jeu des couleurs “jaune” “rouge” et le verbe “qui se voit”; il est associé au toucher “retoucher” “peindre” : ces deux sens permettent à la représentation sociale de soi d’être en évidence. La question de l’apparence physique est ainsi extrêmement large, car elle endosse tous les genres sexués avec les oppositions notamment entre “femme” et homme “clown”, “indiens” “nain”. Mais l’apparence culturelle est évoquée avec la question de la pilosité “épiler”, mais également du vêtement traditionnel tels que le “kilt” pour évoquer la tenue d’un Ecossais ou d’un” sari orange” “bonze” évoquant la tenue d’un moine boudhiste. Ce travestissement concerne les mille et une possibilité de l’individu de paraître au monde. Dans le cadre de ce travestissement, la lecture du poème offre une opposition saillante entre le début avec l’individu habillé “pantalon” et la fin avec le “nain nu”: on assiste à la fois à un changement de taille grand:petit et à un dépouillement corporel habillé/nu. Entre ces deux extrêmes, peut considérer le lent effacement du sujet. Cela se fait en deux temps ; d’abord il s’effectue derrière un rôle de scène avec l’accumulation des comparaisons suivantes : “me maquiller comme un pierrot, comme un clown, comme un indien, comme une femme, comme une femme accentuée “, puis ce sera derrière les énumérations de chapeaux, “et avec un chapeau de cow-boy, un chapeau mexicain, un chapeau marocain, une plume de sioux…”. On assiste ainsi à l’effacement de l'homme détaché de tous codes sociaux, pour faire advenir un exclu dans sa condition de dépouillement. Ce texte porte en effet en lui un engagement du poète. 2 . une poésie de rupture (argumentaire) L'enjeu du texte est celui d’un travail sur les mots qui s’étirent à l’infini à la fois dans le son et dans le sens avec la Patmo, la pâte-mot, qui permet de sortir du schéma traditionnel de la poésie. Ces mots sont répétés à l’envi pour s’entrechoquer et choquer le lecteur : “ ou avec une queue de cheval, ou avec des couettes, je peux sortir en couettes, ou avec une raie et une queue de cheval”; les mots ainsi répétés ne signifient pas la même chose “avec des couettes”/ “en couettes” et l’apposition de “raie” avec” queue de cheval”. Cela produit un effet d’à-coups, caractérisant une forme de violence disséminée dans ce texte. Cette violence surgit d’abord dans cette difficulté à dire qui prend la forme d’un acharnement à dire avec l’adverbe aussi : “ je peux aussi sortir” ou avec l’omission du verbe pouvoir “ou de sortir avec”. Mais c’est également une difficulté avec les choix que la société impose d’effectuer souvent de manière binaire : le poète, lui, cherche à sortir du cadre et propose pour ce faire un rythme ternaire : “le crâne rasé, lisse, poli,” conforme à une plus grande liberté. Or, cette liberté ne connaît plus de limite avec la multiplicité des options : “ je peux sortir avec les cheveux noirs, noir de jais, ou avec des cheveux blonds, ou jaunes, ou roses, ou jaune et rose, ou bleus, toute une tignasse bleue, des cheveux longs et bleus, ou des cheveux bleu et blanc et rouge, ou seulement rouges ou seulement blancs, avoir tous les cheveux blancs…”. C’est également une critique de l'homme pour qui l’apparence physique passe par la possession. Ce texte comporte une tension manifeste entre le verbe être qui sous-tend “Je peux sortir de la maison” et qui ne trouve de réponse que dans l’avoir “avec” qui précède les nombreuses énumérations. Le poète se fait alors plus pressant lorsqu’il entrechoque ces deux notions :”avoir tous les cheveux blancs, ou être rasé en lignes,”. On peut aussi noter ce lent appel au dépouillement avec les nombreuses répétitions sur la nudité “nus”“nu” “nue”. Cette poésie se fait sous certains aspects moraux. L’argumentation repose aussi sur un humour qui sert la violence des mots. d’un registre comique à un registre tragique (registre) Ce texte comporte deux registres, l’humour qui transparaît dans ce texte : “tout bien habillé en haut avec une cravate, un chapeau et une écharpe et le bas sans rien, tout nu en bas”: on voit le mélange des genres qui n’est pas sans rappeler le surréalisme et le dadaïsme. On retrouve l’idée d’une écriture automatique et l’affaiblissement du sens premier du mot pour questionner ce monde. L’humour remet en effet tout en perspective et devient une arme pour s’opposer au monde. Il le fait lorsqu’il confine à l’absurde comme dans ce texte avec notamment les redondances “un masque de chirurgien bleu sur le nez pour cacher mon nez,”. Le comique de ce texte n’est là que pour souligner la vacuité de nos vies tournées vers l’apparence et non la profondeur des choses. Le poète le dit à sa manière avec cette étrange expression placée au milieu du texte : “cela changerait tout si je sortais tout nu”. C’est une sorte de prise de conscience qui surgit de manière furtive pour exprimer un registre plus pathétique, comme un cri du cœur qu’exprime ici le conditionnel. Mais il faut s’interroger sur la dernière affirmation : “je serais le nain nu” avec la seule allitération harmonieuse en n qui marque la douceur. C’est la seule fois dans le texte que le je se définit et il le fait avec un attribut du sujet, le “nain nu” : c’est une qualification qui n’est pas sans rappeler notre condition humaine, celle du nain rappelant l’enfance et la nudité de notre naissance et celle de notre mort.
- To-do list pour le commentaire composé
Bac de français : suivre le déroulé de la méthode durant l'examen afin de ne rien oublier. La Gazette vous aide à vous organiser pour bien structurer votre devoir. Commentaire composé Suivez la méthode pas à pas de la Gazette littéraire pour ne rien manquer dans l'élaboration de votre commentaire composé. Comment procéderons-nous ? Il convient de décomposer votre travail en deux temps : le temps du brouillon le temps de la rédaction. Brouillon (1H30 maximum) 1.Mettre d’abord son plan type CIIGARE sur son brouillon, en laissant beaucoup de place dans le tableau pour le compléter au fur et à mesure ( rappel : 4 colonnes X 2) : Titre I Titre II I.A C adre spatio-temporel II.A G enre : originalité du texte par rapport au genre littéraire considéré (théâtre//théâtre, roman//roman etc.) I.B I ntérêt évident du texte dans la littérature générale II.B A rgumentation de l’auteur I.C I mpressions : les sens II.C R egistre(s) Bien lire le paratexte (texte introduisant le texte) en soulignant les mots clefs pour éviter les contresens et regardez la date de l’œuvre qui donne des indications sur le courant littéraire (siècle) Bien lire le texte, surveillez-vous, évitez les contresens en vous posant des questions. Si vous n'y comprenez rien du tout, optez rapidement pour la dissertation, sauf si vous n'en avez jamais fait... Pour le 2A : se souvenir des éléments clés dans les fiches de révision : fiche roman ( notamment les points de vue), fiche théâtre (notamment le dynamisme), fiche poésie (notamment la forme géométrique du poème) et argumentation (registres) Coloriez enfin selon le code couleurs avec la méthode des 6 GR OS SES C LE FS en pensant à les placer d’abord dans les cases faciles du plan type : 1A et 1C et 2C. Attention : on ne fait pas un catalogue, on souligne ce qui est étonnant, ce qui n’est pas normal=original Gagnez des points sur la grammaire : ponctuation/sujet/cod/CCT, CCL, CCM/ propositions/ connecteurs logiques, (car, mais, parce que, puisque : cause) etc Oppositions : c’est facile ! Sens La conjugaison Champs lexicaux : attention ! ça rapporte peu de points, donc on y va vite : maximum 2 à placer souvent en 1B ou en 2C, à voir… Figures de style : travaillez par boites ( cf les 4 boites) et être capable de nommer les principales : énumération, métaphore, comparaison, litote etc... les placer toutes dans différentes parties de la copie (pas au même endroit svp) Complétez son plan type vide avec le coloriage fait (6 couleurs= 6 sous-parties, attention à les fractionner). Ne pas reprendre une idée déjà dite... Donnez des titres au 6 sous-parties (titres courts avec des mots simples) Donnez un titre aux 2 grandes parties (titres courts avec des mots simples) Posez la question (c'est votre problématique) qui conduit au 1/ et au 2/ Rédaction (2H30) a) Conseils de forme Faire l’introduction (5mn) : l'avoir déjà préparée en avance avec des phrases à trous (phrase générale rappelant le thème du texte/présentation du texte (auteur/œuvre/contexte)/ problématique /annonce du plan avec les 2 parties. Rédigez le corps du devoir : Deux carreaux à laisser + alinéa : annoncez dans le 1/ les 3 sous-parties. Alinéa suivant : commencez le 1A (conclusion partielle annonçant la partie suivante ) Alinéa suivant : ensuite le 1B (conclusion partielle annonçant la partie suivante ) Alinéa suivant : ensuite le 1C (conclusion partielle annonçant la partie suivante ) Rappelez le 1 : On a vu que … (titre du 1). Il reste que…. (annoncez le 2/) Deux carreaux à laisser+ alinéa : annoncez dans le 2/ les 3 sous-parties. Alinéa suivant : commencer le 2A (conclusion partielle annonçant la partie suivante ) Alinéa suivant : le 2B (conclusion partielle annonçant la partie suivante ) Alinéa suivant : le 2C (conclusion partielle annonçant la partie suivante ) Rappelez le 2 : On a vu que … (titre du 2) Conclusion : Rappelez la problématique On a montré que (reprendre titre 1/ et titre 2) Ouverture b) Conseils de forme Rédaction efficace : utilisez le DCE : Dire/Citer/Expliquer pour chaque idée et donc en 3 phrases simples : 1 verbe conjugué. Pensez à recourir aux mots de liaison : ainsi, en effet, par conséquent, donc etc… Interdiction d’employer des mots que l’on ne maîtrise pas bien. se relire : corrigez ses fautes d'accords : adjectif +nom/ sujet+verbe etc... c ) conseils pratiques : la veille, on ne travaille plus ; on prépare juste son sac : Convocation, carte d’identité, Eau, snack, Trousse : règle (pour souligner les titres de l'œuvre), crayons de couleurs, gomme, crayon de papier, bics noirs, taille-crayons, pas de surligneurs (!) On se regarde un film drôle, promenade, sport etc… En attendant, entraînez-vous avec deux types d'exercices qui vont vous aider : les sujets d'entraînement de la Gazette dans les 4 genres littéraires ( théâtre, poésie, roman et argumentation), l es analyses linéaires de votre oral de français en les transformant en commentaires composés : NB pensez à reprendre les fiches de révision (théâtre, poésie, roman et argumentation précitées) : Cela vous donnera des réflexes utiles pour l'examen...
- Parcours bac français 2026 : œuvres analysées
Spécial bac 2026 : découvrez l'intégralité des douze œuvres étudiées par la Gazette pour vous aider à préparer l'oral de français : théâtre, roman, poésie et littérature d'idées expliqués et analysés. Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Prévost, Manon Lescaut , personnages en marge et plaisir du romanesque : Le choix du titre du roman Le contexte du roman La géographie du roman La question du "je" L'ambiguïté de "l'auteur" La transgression sociale La transgression familiale La transgression morale La transgression pénale Un récit rétrospectif Colette, Sido et les vrilles de la vigne : 1.Présentation des œuvres dans le parcours " célébration du monde" 2. Analyses linéaires de 4 extraits : le rôle d’initiatrice de la mère : analyse du passage : “« Sido » répugnait à toute hécatombe de fleurs. … je me taisais, jalouse…” ( Sido) le jardin d’Éden : “Dans mon quartier natal, on n’eût pas compté vingt maisons privées de jardin… (Sido) la conscience de soi : analyse du passage le Miroir dans les vrilles de la vigne : “Quoi, vous prétendez n’avoir jamais été petite…la fin. L'enjeu poétique : le rossignol : “Autrefois, le rossignol ne chantait pas la nuit” (Les vrilles de la vigne). La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle Rimbaud, Cahier de Douai (aussi connu sous les titres Cahiers de Doua i, «Recueil Demeny » ou Recueil de Douai), 22 poèmes : de « Première soirée » à « Ma Bohème (Fantaisie) » / parcours : émancipations créatrices : les circonstances de la rédaction des Cahiers, la forme et la composition précise des Cahiers, Pourquoi étudier les Cahiers de Douai ? la situation des Cahiers par rapport à l’ensemble de l’œuvre de Rimbaud. Sensation, expérimentation sensorielle, le Mal, expérimentation du sacrilège, Rêvé pour l’hiver : expérimentation sensuelle. Hélène Dorion, Mes forêts / parcours : la poésie, la nature, l'intime : le titre l’organisation du recueil, le style dans le recueil, la singularité du recueil, analyse linéaire de l’écorce, analyse linéaire « Il fait un temps de bourrasques » analyse linéaire « mes forêts sont de longues tiges d’histoire » Ponge, La rage de l'expression / parcours : dans l'atelier du poète : le sommaire, le choix du titre, le contenu du recueil, la démarche poétique l'inventaire de l’atelier de Ponge, la portée de son œuvre. analyse de l’extrait de “la Guêpe” (Ponge) La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle : Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire / parcours : « Défendre » et « entretenir » la liberté. Lecture suivie de l'ouvrage : Podcast gratuit sur Spotify à découvrir Analyse de l'œuvre Bernard Le Bouyer de Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes / parcours : le goût de la science. (à venir) Françoise de Graffigny, Lettres d'une Péruvienne (en incluant les éléments de la seconde édition augmentée de 1752 suivants : l'introduction historique aux Lettres Péruviennes et les Lettres XXVIII, XXIX, XXX et XXXIV) / parcours : « un nouvel univers s’est offert à mes yeux ». (à venir) Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle : Pierre Corneille, Le Menteur / parcours : mensonge et comédie : 1 . l'introduction à l'œuvre : contexte, origine et nature de la pièce 2. Le mensonge sous toutes ses formes compréhension de l'acte I compréhension de l'acte II compréhension de l'acte III compréhension de l'acte IV compréhension de l'acte V 3. La portée du " Menteur" : la morale de la pièce, la fonction de la comédie cornélienne, le rôle du mensonge, le héros cornélien, Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour / parcours : les jeux du cœur et de la parole : De l’art du duo au trio Acte I Acte II Acte III Portée de la pièce : la crise du discours Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non / parcours : théâtre et dispute. 1. Introduction ; 2. Un balancement continu : 2.1 Les personnages ; 2.2. L’action ; 2.3 La dynamique à l’œuvre ; 3. Les intentions de l’auteure : 3.1 Le rôle du temps et de l’espace ; 3.2 La ponctuation ; 3.3 L’argumentation de N. Sarraute ; 3.4 Les figures de style et les registres .
- Les figures de style
Une figure de style est un procédé de langue qui permet de produire du sens par une impression. Cette définition, elle-même bien théorique, ne dit rien sur ses différentes catégories dans la langue française. Comment comprendre et retenir les figures de style ? Analyse de 4 grandes catégories pour ne plus se tromper : une synthèse en tableau. Figures de style Une figure de style est un procédé de langue qui permet de produire du sens par une impression. La Gazette vous propose de trouver un moyen mnémotechnique pour vous souvenir des principales figures de style, car c'est vrai qu'il est souvent difficile de les retenir... Catégories Le plus simple consiste alors à considérer 4 catégories différentes : - les figures permettant d'aller d'un sens vers un sens voisin, - les figures permettant d'opposer une idée à une autre, - les figures de répétition du même mot ou de la même idée, - les figures de mise en valeur. Il vous est proposé de les retrouver à l’aide d’un tableau récapitulatif qui comprend ce que nous appelons désormais nos 4 "boites". Tableau boite 1 Les figures allant d'un sens à un autre (parallèles) // - la comparaison : introduit par les conjonctions c omme, tel etc... ex : Pierre rêve comme (tel) un enfant : parallèle entre Pierre et l'enfant; - la personnification : prêter à une chose des caractéristiques humaines. ex : le ciel malade - l'animalisation : prêter à l'homme des caractéristiques animales. ex : c'est le dindon de la farce! - la réification (ou chosification) : prêter à l'homme des caractéristiques d'une chose. ex : l'ouvrier machine. - l'allégorie : une image figurée. ex :"la faucheuse" pour la mort - la métaphore : une analogie entre 2 termes sans recours à comme/tel. ex: un puits de science - la métonymie : rapport contenant/contenu, cause/effet... ex : La France ( les Français) a faim - la synecdoque : rapport entre une partie/tout ou l'inverse. ex : le camion a crevé (son pneu) - la périphrase (Diderot) : dire en plusieurs mots ce que l'on peut dire en un. ex : la langue de Molière (le français) boite 3 les figures de répétition - Une figure de répétition : le(s) même(s) mot(s) répété(s) ex: je peux sortir de la maison avec un bonnet (...), je peux aussi sortir (Tarkos) - la redondance : répétition de la même idée : ex : elle était à la fois jolie et belle - poésie : cf. fiche ( rimes, allitération et assonance) - l'anaphore : répétition en début de phrase : ex: "toujours aimé, toujours souffrir, toujours mourir" - l'accumulation : série de termes de même catégorie ex : il attrapa du pain, des oeufs, du lard et de la bière - la gradation : énumération de mots dans un sens croissant ou décroissant ex : il y eut une goutte, puis une pluie forte et une tempête dévastatrice... boite 2 les figures d 'opposition ou de contraste - la réversion : inverser deux termes répétés pour donner un sens contraire. ex : la forme du plaisir, le plaisir de la forme. - le chiasme : 2 expressions symétriques et opposées. ex : Le soleil noir luit, luit la noire lune (construction en miroir) - l'antithèse : deux expressions opposées. ex : la vie et la mort, l'ombre et la nuit - l'oxymore : deux mots opposés combinés. ex : le soleil noir boite 4 les figures de mise en valeur - l'onomatopée (Balzac) - l’hyperbole : exagération du sens des choses. ex : Il hurla à la mort - la litote : affaiblir sa pensée pour en dire plus qu’on ne le dit vraiment (Larousse) ex : " Va, je ne te hais point! " pour dire qu'elle aime. ( Cid, Corneille)
- Commentaire composé : méthode
Bac : la Gazette met à votre disposition une méthode complète (la méthode des 6 GR OS SES C LE FS © et le plan CIIGARE) pour vous permettre de réussir votre épreuve du commentaire composé. Découvrons-la à l'appui d'un texte court : une « nouvelle en trois lignes », rédigée par Félix Fénéon pour la presse au début du XXe siècle. Ce sera notre sujet d’étude... Commentaire composé Exerçons-nous, ensemble, au commentaire composé avec ce texte extrêmement court de Félix Fénéon, journaliste et critique d’art, écrit en 1906 pour le quotidien Le Matin. Sa chronique est appelée : Nouvelles en trois lignes. Il s’agit d’une rubrique de brèves histoires en trois lignes. L’auteur livre ainsi de véritables chefs-d’œuvre de concision et d’humour noir. Ce format de trois lignes est en quelque sorte l’ancêtre du tweet, si l’on veut tenter une comparaison. Comment raconter une histoire avec une telle contrainte ? Chaque mot compte et c’est, pour nous, un texte idéal pour commencer dans l’analyse de textes et mesurer l'intérêt de la méthode proposée depuis des années par la Gazette littéraire. Voici la nouvelle sur laquelle nous allons travailler ensemble : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux. Reste une main munie d’une chevalière.” Il s’agit donc d’un fait divers croqué en trois phrases. La littérature a puisé dans la réalité même (et surtout) sordide pour nourrir un récit. Nous allons d'abord utiliser la méthode des 6 GR OS SES C LE FS © avant d'utiliser la méthode du plan type CIIGARE. Analyse La méthode des 6 GR OS SES C LE FS © est un acronyme facile à retenir. Il s’agit tout simplement de colorier le texte en fonction de 6 angles de vue : 6 GR OS SES C LE FS Gr : grammaire C : Conjugaison OS : oppositions le : champ lexical SE : les 5 sens FS : figures de style Prenons les 6 clefs et voyons ce que nous devons colorier. a) Grammaire : recherchons : - La ponctuation, - La forme du texte, - Le type de discours, - La nature des phrases, - Le type des phrases, - La forme des phrases, - La recherche de sujets identifiables et de compléments Cela donne : Zoo de Vincennes , la nuit passée . Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux . Reste une main munie d’une chevalière . b) Opposition : On recherche les termes qui s'opposent : cela donne : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux . Reste une main munie d’une chevalière.” c) Sens : On recherche ce qui a trait à la vue, l'ouïe, l'odorat etc.. Ainsi on obtient : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux. Reste une main munie d’une chevalière.” d) Conjugaison : Ce sont les modes et temps qui sont analysés : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux. Reste une main munie d’une chevalière.” e) Champ lexical : On recherche les grands thèmes : “ Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux. Reste une main munie d’une chevalière.” F. Fénéon Figures de style : Vous cherchez les effets stylistiques. Cela donne : “Zoo de Vincennes, la nuit passée. Pour un cadeau original, M.Henri visite les lionceaux. Reste une main munie d’une chevalière. ” En résumé, votre texte colorié reprenant le code couleurs est ainsi constitué : “Zoo de Vincennes, la nuit passée . Pour un cadeau original , M.Henri visite les lionceaux . Reste une main munie d’ une chevalière. ” Synthèse Il est temps de comprendre l es intentions de l'auteur avec le coloriage que vous avez fait. Cette étape vous permettra d'utiliser vos observations pour l'élaboration du plan CIIGARE. Grammaire point de vue omniscient : le narrateur voit tout et comprend tout : 3 lignes : concision fait divers en 3 lignes 1e proposition non verbale le CCL et CCT : posant le cadre spatio-temporel. “Zoo de Vincennes,”“la nuit. la scène se déroule dans un lieu de divertissement,“Zoo”, qui est déterminé dans sa localisation, “Vincennes”, alors que l’horaire, lui, est indéfini “la nuit passée”. Le caractère extraordinaire du cadre saute aux yeux. Que fait-on dans un zoo, la nuit ? La deuxième phrase est verbale et c’est la plus longue de la nouvelle : apposition “Pour un cadeau original”.complément circonstanciel de cause avec la préposition “pour”. On entrevoit une explication au caractère extraordinaire du fait divers avec l’adjectif épithète “original”. sujet : nommer par son prénom ou son patronyme “M.Henri” 3e : l’épilogue du fait divers : aucun connecteur logique. inversion du sujet et du verbe :”Reste une main “. c conjugaison visite : verbe de mouvement que nous découvrons le protagoniste. Deux particularités sont à noter dans l’emploi de ce verbe, d’abord la valeur du temps et ensuite, le sens du verbe. Cette action pourtant du passé est décrite au présent. Pourquoi ? La valeur de ce temps a pour effet de donner de la vivacité à ce très court récit : cette nouvelle de trois lignes suit donc un rythme dense à l’image de sa concision. oppositions homme/animaux “ M.Henri visite les lionceaux.” effet de surprise. Il détourne les codes pour jouer sur la double opposition entre l’humain et l'animal d’une part, mais d'autre part, entre le singulier “M.Henri” et le pluriel “les lionceaux”. champ lexical divertissement : cadeau, zoo, sens main/reste : toucher : le fait d’avoir été dévoré ; la vue est absente car il fait nuit figures de style et registres “original”, destinée à fêter un évènement. Pour souligner le caractère transgressif, cette équipée a lieu à l’heure où le parc est fermé et le champ lexical de l’exotisme “zoo/lionceaux” en donne tout son piment. “Reste une main “ : ellipse du récit d’un carnage Il s’agit d’un euphémisme apparent destiné à cacher une vérité trop crue, la mort soudaine de l’homme dévoré par les animaux. jeux de mots : avec reste (restes humains) Le fait de ne mentionner qu’un membre du corps exclut par définition tous les autres. Pour le dire autrement, il ne reste plus rien de M.Henri. chevalière : Cette bague est un signe de distinction sociale, portée par la classe aristocratique. On notera que tout ce qui touche au personnage est déterminé par des articles indéfinis, preuve d’une volonté de l’auteur de le rabaisser socialement : “un cadeau”/”une main/une chevalière” La lecture de la nouvelle ouvre alors un registre proprement satirique : il s’agit de se moquer en trois lignes du comportement d’une noblesse désoeuvrée. On peut voir dans l'adjectif “original” une ironie de l’auteur qui critique en se moquant du projet festif déconnecté du danger. Il le fait tout autant avec le verbe “visite” prenant un tour parfaitement condescendant. Enfin arrêtons-nous sur la dénomination “Monsieur Henri” puisqu’il s’agit de son prénom à défaut de connaître son patronyme aristocratique complet. C’est ainsi que les domestiques appelaient leur maître, ce qui n’empêchait pas de les critiquer. Plan Avec notre analyse, nous pouvons débuter le stade suivant. Le plan CIIGARE est un acronyme permettant de dresser un plan type en deux parties avec trois sous-parties comme ci-dessous : Titre 1 titre 2 1A C adre spatio-temporel 2A : originalité du texte par rapport à son G enre littéraire 1B I ntérêt du texte 2B A rgumentation de l'auteur 1C les I mpressions 2C les RE gistres a) les sous-parties Il faut d'abord remplir les sous-parties avec les éléments tirés de la synthèse du code couleurs. Cela donne ainsi : Titre 1 titre 2 1A Cadre spatio-temporel 1e proposition non verbale le CCL et CCT : posant le cadre spatio-temporel. “Zoo de Vincennes,”“la nuit. la scène se déroule dans un lieu de divertissement,“Zoo”, qui est déterminé dans sa localisation, “Vincennes”, alors que l’horaire, lui, est indéfini “la nuit passée”. 2A : originalité du texte par rapport à son genre littéraire point de vue omniscient : le narrateur voit tout et comprend tout : 3 lignes : concision La deuxième phrase est verbale et c’est la plus longue de la nouvelle : apposition “Pour un cadeau original”.complément circonstanciel de cause avec la préposition “pour”. On entrevoit une explication au caractère extraordinaire du fait divers avec l’adjectif épithète “original”. sujet : nommer par son prénom ou son patronyme “M.Henri” 3e : l’épilogue du fait divers : aucun connecteur logique. inversion du sujet et du verbe :”Reste une main “. Cette action pourtant du passé est décrite au présent. Pourquoi ? La valeur de ce temps a pour effet de donner de la vivacité à ce très court récit : cette nouvelle de trois lignes suit donc un rythme dense à l’image de sa concision. 1B intérêt du texte fait divers en 3 lignes Le caractère extraordinaire du cadre saute aux yeux. Que fait-on dans un zoo, la nuit ? champ lexical : divertissement : cadeau, zoo, “Reste une main “ : ellipse du récit d’un carnage Il s’agit d’un euphémisme apparent destiné à cacher une vérité trop crue, la mort soudaine de l’homme dévoré par les animaux. 2B argumentation de l’auteur “original”, destinée à fêter un évènement. Pour souligner le caractère transgressif, cette équipée a lieu à l’heure où le parc est fermé et le champ lexical de l’exotisme “zoo/lionceaux” en donne tout son piment. chevalière : Cette bague est un signe de distinction sociale, portée par la classe aristocratique. On notera que tout ce qui touche au personnage est déterminé par des articles indéfinis, preuve d’une volonté de l’auteur de le rabaisser socialement : “un cadeau”/”une main/une chevalière” 1C les impressions vue est absente car il fait nuit main/reste : toucher : le fait d’avoir été dévoré 2C les registres l’humour noir : reste - jeux de mots : avec reste (restes humains) satirique La lecture de la nouvelle ouvre alors un registre proprement satirique : il s’agit de se moquer en trois lignes du comportement d’une noblesse désoeuvrée. On peut voir dans l'adjectif “original” une ironie de l’auteur qui critique en se moquant du projet festif déconnecté du danger. Il le fait tout autant avec le verbe “visite” prenant un tour parfaitement condescendant. Enfin arrêtons-nous sur la dénomination “Monsieur Henri” puisqu’il s’agit de son prénom à défaut de connaître son patronyme aristocratique complet. C’est ainsi que les domestiques appelaient leur maître, ce qui n’empêchait pas de les critiquer. b) les titres des sous-parties Ensuite, il convient de trouver des titres aux 6 sous-parties : 1A Un moment extraordinaire ( Cadre spatio-temporel) 2A : l’art de la concision (originalité du texte par rapport à son genre littéraire) 1B Un fait divers (intérêt du texte) 2B critique d’une transgression (argumentation de l’auteur) 1C Le rôle du toucher (les impressions) 2C le registre satirique c) les titres des axes Puis, il est désormais possible de trouver un titre général à chacune de vos deux parties : I. Un récit elliptique II. Une dénonciation satirique d) la problématique Enfin avec ces deux axes, vous devez vous poser la question correspondante. Vous obtenez ainsi votre problématique. Comment l’auteur conçoit-il l’art du récit ?
- La grammaire française
Nous avons passé des années sur les bancs de l’école à écouter des leçons de grammaire aussi vite apprises qu’oubliées. La maîtrise grammaticale conditionne pourtant notre réussite dans notre vie professionnelle, mais également pour les candidats à des épreuves de fin de second cycle ou au niveau des études supérieures. Et si la langue française n’était pas si difficile qu’elle en a l’air ? Grammaire française En dépit des années passées sur les bancs de l’école , pouvons-nous répondre à ces deux questions : combien de mots existe-t-il dans la langue française ? Pourquoi accordons-nous tel terme et pas un autre ? Admettons que peu d’entre nous savent répondre, car il ne nous reste que peu de notions claires, seulement des automatismes. Encore sommes-nous heureux de faire moins de fautes que nos contemporains. La maîtrise grammaticale conditionne pourtant notre réussite dans notre vie professionnelle, mais également pour les candidats à des épreuves de fin de second cycle ou au niveau des études supérieures. Technologie À l’heure des correcteurs orthographiques et de l’IA, ce besoin de replonger dans la grammaire française parait incongru, voire totalement dépassé. Il n’en est rien au contraire. Il convient de se réapproprier nos bases pour ne pas être dépendants de la technologie. S’abandonner dans les mains des machines contribue à nous déshumaniser : cela formate nos esprits au point de nous rendre bêtement semblables. La grammaire expliquée Et si nous la maîtrisions enfin pour nous aider à réfléchir et à apporter de la nuance à nos propos comme le dit un grand auteur : Je regarde la grammaire comme la première partie de l'art de penser" Condillac, Cours d'étude pour l'instruction du prince de Parme. Cherchons ensemble à appréhender l’architecture générale de notre langue. Cela nous permettra de comprendre l’origine de nos erreurs de syntaxe avant de les corriger. Pas besoin, pour autant, de devenir un linguiste distingué, revenons seulement à nos fondamentaux grâce à ce précis grammatical. Il s’agit de manière synthétique de reprendre les bases de notre savoir avec des trucs et astuces pour les retenir. Une grammaire pour tous en somme est à découvrir sur ce site. Bac Par ailleurs, la Gazette littéraire travaille depuis des années pour nos amis lycéens dans la préparation de leurs deux épreuves du bac, à savoir l’écrit et l’oral. Elle se fonde sur l’utilisation de la grammaire pour comprendre l’enjeu du texte. Retrouvez, en outre, toutes ses fiches méthodologiques et synthétiques pour soutenir les candidats indépendamment de l’analyse des œuvres au programme. Par ailleurs, il est proposé des entraînements à l’écrit durant toute l'année ainsi que des solutions clé en main pour comprendre les erreurs dans sa propre copie. (offres payantes) Prépas scientifiques La Gazette accompagne également les étudiants de prépas scientifiques avec ses podcasts comprenant des épisodes de lecture suivie des livres au programme et d’analyse comparée dans leur épreuve de français-philosophie sur spotify.
- "L’écorce" (H.Dorion)
L’auteure a choisi « l’écorce » pour faire écho à la première partie du recueil ; elle convoque ainsi l’ouïe et le toucher, place l’homme dans la nature avant de montrer le pouvoir des forêts sur la nature humaine : on assiste ainsi à un triple mouvement poétique : extérieur/intérieur/extérieur. détail de "forêt", litteratus "L’écorce" (H.Dorion) On voit dans ce poème, "L’écorce" (H.Dorion), un texte court de sept vers. L’auteure a choisi « l’écorce » pour faire écho à la première partie du recueil ; elle convoque ainsi l’ouïe et le toucher, place l’homme dans la nature avant de montrer le pouvoir des forêts sur la nature humaine : on assiste ainsi à un triple mouvement poétique : extérieur/intérieur/extérieur. L'écorce : Débutons notre analyse par un premier texte du recueil situé dans la première partie, elle-même intitulée l’écorce incertaine , le poème consacré à l’écorce . Nous utiliserons un outil basé sur la méthode des 6 GR OS SES C LE FS de la Gazette. Il s’agit de colorier le texte sous six angles à l’aide du moyen mnémotechnique suivant : 6 GR OS SES C LE FS Gr : grammaire C : Conjugaison OS : oppositions le : champ lexical SE : les 5 sens FS : figures de style L’ écorce un b ruit de sc ie b rouille l e s i l en c e per c e l e mur de nos frê l e s i ll us i ons les forêts g rin ce nt et ce gémi sse ment s ecoue nos s olitudes Commentaire "L’écorce" (H.Dorion) est composé de sept vers qui sont libres, ce qui n’exclut pas des procédés classiques tels que les enjambements et le jeu de sonorités, les figures de style tout en présentant une originalité liée à un triple mouvement : extérieur/intérieur/extérieur. Il se décompose en deux parties inégales : l’activité forestière : les 4 premiers vers, le pouvoir de la forêt : les 3 derniers vers La problématique choisie s’articule autour de la question de savoir comment le dérèglement du monde extérieur produit un effet sur l’intime. La première partie de ce poème permet de mettre au jour une évocation complexe de la vie au travers d’une triple action extérieur/intérieur/extérieur. La seconde reprend ce schéma de manière plus concise. Analyse linéaire l’activité forestière On voit que l’auteure a choisi un titre faisant écho à la première partie du recueil, elle convoque deux sens particuliers avant de placer l’homme au cœur de la nature. a) Le titre On notera l’emploi de l’article défini « l’écorce » renvoyant à l’enveloppe du tronc ou des branches. Ce choix donne à ce poème un aspect universel. La lecture de ce texte tranche avec le titre. Il traite davantage de l’abattage de l’arbre et moins de la destruction de son écorce. On est en présence d’une synecdoque qui évoque une partie pour parler d’un tout. L’auteure a voulu présenter l’écorce comme une barrière de protection. Elle reprend cette idée avec la métaphore du « mur » qui va dans le même sens comme nous le verrons ci-après. Mais comment cette écorce est-elle fragilisée ? b) Les deux sens La poétesse utilise un nom « un bruit » et deux verbes « brouille » et « perce » pour évoquer l’ouïe qui décrit donc une atmosphère désagréable. On note l’allitération en b, qui est brutale et qui oppose la douceur du s de « silence »/ » perce »/« scie » avec l’aspect dérangeant du z « frêle s illu si ons » : il y a un travail poétique sur les sonorités. Elle emploie, en outre, la valeur du présent comme une vérité générale. L’action humaine joue ainsi un rôle dévastateur sur la nature. Le sens de l’ouïe est utilisé avec « brouille » et « perce » selon un procédé d’enjambement avec un contre-rejet : l’idée est d’accentuer le poids des deux verbes. Notons le double sens du terme « perce » qui fait surgir le toucher. Ces deux sens sont donc convoqués comme des opérations extérieures et violentes. Notons que le premier verbe fait entrer de la confusion là où il y avait une unité verticale avec l’emploi du nom « le silence », le second suggère un acte de destruction qui est horizontal. La nature est donc cernée de toute part par l’activité humaine. Elle est ainsi empêchée par la main de l’homme. c) la présence de l’homme "L’écorce" (H.Dorion) met en scène deux représentations opposées de l’homme, le forestier et le genre humain. Si l’un n’est pas nommé pour contester sa force, l’autre l’est pour en souligner paradoxalement sa fragilité. Dans le vers 1, la poétesse évoque l’action du forestier sans jamais le nommer expressément. En effet, c’est l’outil qu’il tient dans sa main qui est le sujet de l’action « une scie ». Avec l’emploi du déterminant indéfini, c’est un objet de force menant à la destruction. Le procédé choisi est donc allusif, péjoratif en l’espèce, car il est destiné à critiquer. À l’opposé, on note le genre humain qui est nommé avec l’emploi de « nos frêles illusions « . C’est une volonté de l’auteure de le valoriser avec la répétition du déterminant possessif « nos ». Cet emploi de la première personne du pluriel permet d’établir une intimité entre la poétesse et les hommes en soulignant leur proximité. Cette vision suggère non la force comme dans le vers 1, mais au contraire la fragilité au vers 4 avec l’emploi de "frêles" qui constitue un enjambement avec un contre-rejet, ayant une valeur de mise en valeur. Ce groupe nominal comporte une opposition : l’épithète « frêle » renvoie à une apparence physique alors que les « illusions » évoquent, à l’inverse, l’esprit. Hélène Dorion montre ainsi la confusion de la nature humaine et donc sa faiblesse. Mais cette faiblesse est cachée à l’homme lui-même qui s’est créé une protection avec le mot « mur » qu’il faut prendre au sens métaphorique. « Le mur » suggère une structure dure et rigide faite pour se protéger. De quoi se protège-t-on ? L’auteure joue sur les termes « silence/illusions » : on note l’opposition entre le singulier qui est défini « le silence », c’est-à-dire l’unité et le pluriel, « nos illusions » pour signifier la confusion. On comprend ainsi que l’homme se fuit lui-même, se coupe de son intériorité avec « le silence » pour vivre à l’extérieur de lui-même dans le mensonge « illusions ». On a une référence pascalienne dans ce passage (cf. le divertissement). On voit que c’est le vers le plus long du poème à l’image du rapport faussé que la nature humaine entretient avec la vérité. Mais chez Hélène Dorion, tout est dualité : là où l’activité nous éloigne de nous-mêmes, «brouille l e silence “, elle nous permet aussi d’y revenir comme le dit "perce le mur/de nos frêles illusions" : on obtient un mouvement extérieur/intérieur/extérieur. Le registre se fait lyrique. On note ainsi la singularité poétique de l’auteure qui se fonde sur un équilibre impossible : cela figure la complexité de la vie. Voyons le pouvoir de la forêt. 2. Le pouvoir de la forêt La suite du poème donne un effet de concision. Le centre de gravité quitte l’arbre pour englober, cette fois, les forêts. Le schéma extérieur/intérieur/extérieur est repris. a) la concision Ce qui frappe dans ces trois derniers vers, c’est la recherche de simplicité : si on relève deux propositions simples comme dans la première partie, l’absence d’adjectif permet d’obtenir un effet de concision. Pourquoi ? Hélène Dorion évoque, cette fois, la nature qui s’oppose aux faux-semblants des hommes. Cette nature nous est donnée à voir sans artifice. Qu’est-ce qu’elle a donc à nous apporter ? b) les forêts On est ainsi passé de l’écorce d’un arbre (une partie) à l’ensemble des arbres (le tout) : c’est encore une synecdoque. Cela donne au poème un angle plus large d’autant plus large qu’il ne s’agit pas de la forêt au singulier, mais du pluriel, "les forêts". Le déterminant défini nous situe donc sur une vaste échelle, le monde. Alors que dans la première partie, la nature était l’objet de l’action humaine, l’auteure en fait désormais le premier sujet de l’action "les forêts g rin ce nt’"au vers 4. Au vers suivant, on passe au singulier avec "ce gémi sse ment" : l’auteure joue sur la dualité de la vie. Il s’agit de considérer le pouvoir des arbres sans l’homme, de redonner à la nature sa place. Quelle est donc sa place ? Loin de proposer une vision classique, contemplative, Hélène Dorion insiste sur un aspect désagréable de la nature : elle reprend le sens de l’ouïe avec le verbe "grincent" et le nom "ce gémissement" qui est une personnification. Notons la gradation entre le premier qui évoque du bruit indistinct et le second qui indique, cette fois, un bruit précis, une plainte : on est en effet passé d’un bruit de la nature à une récrimination comme le ferait un homme. Les forêts ont ainsi un message triste et douloureux à délivrer. Cette note négative est contrebalancée par la reprise de l’allitération en s : la douce sonorité en s est amplifiée au dernier vers où il apparaît à deux reprises : "grincent/gémissement/secoue/solitudes". Cela donne au texte un effet lyrique. Par ailleurs, le toucher avec le verbe "secoue", verbe qui fait l’objet d’un enjambement avec contre-rejet pour exprimer une certaine violence, est encore présent : on est sur une continuité poétique comme l’indique la repétition du triple mouvement. c) reprise du mouvement Le schéma extérieur/intérieur/extérieur est repris de manière condensée. C’est l’extérieur, par l’intermédiaire de deux bruits, celui désagréable des arbres "grincent" et celui plaintif "ce gémissement", qui entre en résonance avec notre intériorité. Celle-ci est exprimée par le groupe nominal "nos solitudes" : là encore, le déterminant possessif renvoie au commun destin de l’humanité. C’est alors que le dernier vers "secoue nos solitudes" prend la forme d’une invitation positive à sortir de nous-mêmes pour être en harmonie avec l’extérieur. Le rôle des forêts est donc d’offrir le meilleur rapport de soi au monde. article à suivre : Il fait un temps de bourrasques” (3e partie)
- "Pour un oui ou pour un non" (Sarraute)
bac : la Gazette littéraire vous propose un dossier complet consacré à la pièce de théâtre de Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non dans le cadre du parcours : théâtre et dispute. Vous trouverez tous les éléments et les références nécessaires pour la composition de votre dissertation. "Pour un oui ou pour un non" (Sarraute) Les programmes officiels proposent avec la pièce de théâtre de Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non d’étudier le parcours : théâtre et dispute. Nous commencerons par une présentation de la pièce avant de préciser la problématique de notre étude. Introduction Il convient, avant toute chose, de définir ce dernier terme. Ce mot dispute nous oblige aussi à un bref rappel historique ; enfin, nous aborderons l’origine de la pièce. 1.1 étymologie de dispute L’étymologie provient d’un mot latin disputare qui se décompose ainsi dis/putare : · dis équivaut à une séparation, · putare * signifie, quant à lui, apurer, mettre au net après examen et discussion [putare, puto]) « examiner ; discuter, raisonner ». Si l’on considère la définition actuelle du Larousse ** : on voit que le premier sens « Discussion vive » conduit à un sens bien plus large « querelle, altercation, heurt. » Dans la pure tradition médiévale, cela revient à analyser oralement une question, à débattre de manière contradictoire (deux thèses opposées soutenues par des interlocuteurs) avant d’aboutir à une conclusion. Il s’agit d’un examen d’éloquence où les arguments sont avancés à l'aide de procédés rhétoriques permettant d'exposer une pensée. C’est ainsi que s’effectue au Moyen-Âge la transmission du savoir. La dispute s’apparente à une joute oratoire qui perdurera, au fil des siècles, mais en changeant de support : l'oral laissera la place à l’écrit ( traité, essais, etc.). Voyons son application dans la perspective théâtrale. 1.2 bref rappel historique Déjà au XVIIIe siècle, Marivaux avait écrit une comédie intitulée la Dispute (1744) qui pose la question de savoir qui a trompé l’autre en premier, l’homme ou la femme ? La pièce met en scène des jeunes des deux sexes qui aiment et trahissent tout à la fois, vidant la discussion philosophique laissée dès lors sans réponse… Suivant cet auteur qu’elle admirait, Nathalie Sarraute entre à son tour dans cette même perspective intellectuelle, mais en adoptant un changement radical : cette pièce utilise la sémantique pour faire pivoter la dispute : nous assisterons en effet à une simple recherche d'explication à une lutte ouverte. 1.3 Origine de la pièce Précisons l’originalité de cette pièce écrite pour la radio et diffusée en 1981 sur les ondes. Cette circonstance éclaire bien des points relatifs notamment à l'identité des personnages, au choix de l'épure avec un cadre spatial flou, un jeu de scène réduit à l'extrême. Notons qu’elle a été jouée d’abord en anglais, For no Good Reason , à New York en 1985 puis, enfin, en France en 1986. Sources : * https://www.cnrtl.fr/etymologie/disputer ** https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/dispute/25971 Pour Un oui, pour un non, Sarraute, édition d’Arnaud Rykner, mise en scène p.65 Problématique La Gazette littéraire vous propose un dossier pour vous préparer spécifiquement à la dissertation. Cette pièce est assez complexe et vous devez disposer d’éléments précis. Différentes problématiques sont possibles dans "Pour un oui ou pour un non" (Sarraute) : – Comment le théâtre rend-il compte de l’impuissance de l’homme à communiquer valablement avec autrui ? – la pièce de théâtre Pour un oui ou pour un non peut-elle être considérée comme un dialogue de sourds ? – Nathalie Sarraute disait : « c’est ce qui échappe aux mots que les mots doivent dire ». En quoi la lecture de la pièce de théâtre Pour un oui ou pour un non éclaire-t-elle cette citation ? On voit donc que vous aurez à traiter d’un sujet portant sur le langage et sur l’enjeu de la pièce. Nous avons justement choisi une problématique qui articule ces deux aspects : qu’est-ce que la dispute dans la pièce de Nathalie Sarraute met en scène ? Pour répondre à cette problématique, nous analyserons dans un premier temps le balancement dynamique entre le mot, ce qui est dit, et le sens, ce que cela veut dire. Dans un deuxième temps, on mettra en évidence l’intention de l’auteure visant à dépasser le sens des mots courants pour les questionner et les libérer. Il faut avoir en tête que cette pièce est un texte sur le langage, sur la difficulté intrinsèque des hommes à communiquer. Analyse Cette pièce sera examinée sous l'angle de son dynamisme à travers le balancement entre ce qui est dit et ce qui est sous-jacent. Nous verrons ensuite les intentions de l'écrivaine. 3.1 Un balancement Nous assistons à une double lecture : une lecture concrète, qui se comprend dans le réel et une lecture abstraite faisant appel à un raisonnement intellectuel, spéculatif. Cette pièce nous invite, en effet à découvrir : – Ce qui est réellement dit, – Ce qui est sous-jacent. En premier lieu, examinons le statut des personnages. 3.1.1 Les personnages S’agissant du rôle des personnages, voyons la lecture de base que nous pouvons en faire avant de comprendre les enjeux souterrains. a) une amitié remise en question Nous avons d’un côté, deux personnages masculins (H1 et H2) qui entreprennent de questionner leur propre amitié nouée depuis des années. Ils vivent dans une certaine proximité partageant des souvenirs communs (l’épisode de la mère de H2, une excursion en montagne, une intimité familiale connue de l’un et de l’autre). Au fil des mots, on apprend finalement peu de choses sur les personnages : ainsi le caractère flou enveloppe les protagonistes de l’action. On entraperçoit vaguement une opposition sociale entre les personnages : H1 qui aurait réussi, habitant dans une maison avec femme et enfant et H2, à l’inverse, serait vu comme « un marginal » (p.33) et demeurerait dans un simple appartement. Mais ces données ne sont pas au cœur de cette pièce. D’un autre côté, nous avons deux personnages secondaires (H3 et F), des voisins de H2, appelés à les départager dans le conflit qui les divise. Quel conflit ? L’offense de H1 est-elle avérée ? Justifie-t-elle la rupture des liens ? Découvrons ce qui est suggéré par l’autrice avec ses personnages. b) des archétypes Nathalie Sarraute dépasse cette lecture concrète, nécessaire pour la mise en scène, pour faire advenir en creux une lecture sous-jacente. Nous notons trois singularités. Nous sommes loin des personnages supposés réels représentés habituellement par un nom (Argante), une fonction sociale (valet, etc.), etc. Ici, les personnages sont dénués de toute identité. L’auteur les distingue seulement à l’aide de lettres et de chiffres : nous avons H1 H2 H3 et F. Cette économie de moyens dans la détermination des personnages est une originalité de la pièce. Rappelons que cette pièce a été conçue pour être écoutée à la radio... Par ailleurs, notons l’autre caractéristique : aucun des protagonistes ne s’appelle ou ne se nomme. On dialogue à l’aide de pronoms personnels à la 2 e personne (tu) et (vous) : cette pièce met ainsi en scène ces pronoms pour rendre paradoxalement opaque l’identité des personnages. Dans l’esprit de Nathalie Sarraute, ils constituent certainement des archétypes, mais surtout des prétextes à un enjeu dépassant une action conduite par des protagonistes comme dans le théâtre traditionnel. L’autrice se focalise sur les dialogues, plus précisément sur le pouvoir des mots : seuls ces derniers mènent “l’intrigue”. Il vous est proposé de parcourir le résumé de notre analyse dans ce premier tableau : Théâtre/dispute Concret abstraction rôle des personnages vieux amis : « tu te souviens comme on attendrissant ta mère ? »/Elle t’aimait bien » (p.23-24) Deux voisins H2 : « un marginal » (p.33) « Tournée de conférences… 3 (p.33) archétypes : tu/vous anonymes, identifiables (lettres et chiffres) : H1/H2 et — H3 — F 3.1.2 l'action Cette pièce ne comporte pas d’action éclatante, nous savons que ce sont les mots qui forment l’intrigue : nous sommes dans le domaine de l’intime. Par ailleurs, vous aurez remarqué l’absence de scène d’exposition censée nous expliquer les données du problème. Au contraire, l’action se situe in média res, ce qui permet normalement au spectateur d’entrer de manière plus vivante dans l’histoire. Or, ici, l’intrigue est délibérément floue et se veut un libre discours non préparé, un dialogue spontané. Pour nous repérer précisément, la Gazette décompose les moments comme suit : · L’enquête de H1, · La révélation de H2, · La discussion H1/H 2, · L’intervention des voisins, · La conclusion de la discussion, · Le faux départ et la réconciliation, · La lutte ouverte, · La conclusion de la lutte. Décomposition Ainsi que nous l’avons dit dans l’introduction, l’auteure joue en réalité sur le terme de la dispute dans sa double définition, passant d’une discussion animée à une lutte ouverte. Il convient de reprendre les différentes étapes. a) l’enquête de H1 Ainsi c’est H1 qui est à l’origine de la discussion, c’est lui qui pousse son ami à la confession. Pour cela, il utilise des tournures déclaratives affirmatives ou négatives, des exclamatives et des interrogatives pour susciter par tous les moyens une confidence. Il faut noter la première parole : « Écoute, je voulais te demander… ». L’emploi du verbe écouter n’est pas neutre ; de manière sous-jacente, elle donne déjà un premier aperçu de la difficulté de communication à venir : il s’agit d’une stratégie destinée à capter l’attention de son interlocuteur. On verra toute l’âpreté de l’entreprise. Il faut relever tout d’abord le caractère banal de la demande : « qu’est-ce que tu as contre moi… » (p23) qui est une autre façon d’annoncer plus globalement : « que s’est-il passé ? » (p.32). On est donc bien sur ce balancement entre le concret et l’abstrait. La stratégie est payante puisque H2 livre son secret. b) la révélation de H2 À l’inverse de l’étape précédente, c’est par l’abstraction que la révélation s’effectue. H2 emploie en effet des phrases simples marquant des hésitations, des dénégations pour finir par aboutir à l’aveu d’un problème nommé : « juste des mots » (p 25). Poussé dans ses retranchements, il va même qualifier de manière négative : « des mots qu’on n’a pas eus justement » (page 25). La révélation se fait lente avec la terminologie « une réussite quelconque » (page 26) allant jusqu’à un souvenir à peine ébauché : « quand je me suis vanté de je ne sais plus quoi » (page 26). On est donc sur un niveau d’imprécision qui présente un terreau nécessaire à un discours sous-jacent. Mais la révélation va prendre une tournure plus concrète avec la fameuse expression : « c’est biiien… ça » avec la précision suivante : « Un accent mis sur “bien”… un étirement sur “ça” et un suspens avant que ça arrive… ce n’est pas sans importance » (p.27). On a la justification des griefs en trois points fixant le différend entre les amis. Et c’est ainsi que nous avons les clés pour faire naître la dispute au sens traditionnel du terme, c’est-à-dire la discussion animée sur une divergence de vues entre deux interlocuteurs. c) Discussion H1/H2 À nouveau, la partie abstraite prend le pas, lorsque H2 justifie ainsi son attitude : « un peu d’éloignement » (p. 27). Avec l’adverbe, « un peu », on est sur du flou. Et c’est à H1 que revient l’entreprise de clarification. En effet, il cherche à préciser le sentiment mal exprimé par son ami. Il dit : « Ce que tu as senti dans cet accent mis sur bien… dans ce suspens, c’est qu’ils étaient ce qui se nomme condescendants » (p.30). Le mot « condescendant » prend la place de la terminologie « c’est bien ça ». Mais loin de clarifier la dispute purement intellectuelle, elle enferme les parties. On voit donc que la discussion entre amis ne trouve pas d’issue autre que celle de s’ouvrir à la sagesse de personnes moins impliquées. Il s’agit d’un couple de voisins. d) l’intervention des voisins Ces derniers sont en charge de départager les amis. Mais la mission est mal comprise, on y fait des jeux de mots : « une souricière d’occasion » (p.33). Au bout du compte, les voisins prennent le parti de H1 : “ vous ne trouvez pas ça gentil ? Moi une proposition…” (p33). H2 est prisonnier de ses mots, il recourt à des métaphores comme “la cage” pour s’en sortir (p. 34). On se trouve alors une nouvelle fois dans une impasse avec le départ des voisins. Sur le plan du balancement, on se situe au bout de la logique de la dispute, perdu entre les événements exprimables donc de l’ordre du concret et les éléments inexprimables qui sont du domaine de l’abstraction. Cette dispute intellectuelle aboutit à une conclusion. e) la conclusion de la discussion Les deux amis se retrouvent seuls. La balance penche du côté de H 2. Le malaise est palpable. Et H2 trouve les mots pour les dire ; H2 est vu comme : « cinglé/persécuté « (p.35), il se sent pris au « piège » (p35). Mais la tentation de l’inexprimable revient : « Tu présentes tes étalages. » / « Ça existe, c’est tout. Comme un lac. Comme une montagne « (p 36). Et c’est encore à H1 d’essayer de clarifier la pensée de son ami. Et l’on arrive à un nouveau thème qui est celui du bonheur. Ce concept constitue la 3e entreprise de discussion. Il s’avère que ce terme est parfaitement abstrait, car pour l’un il s’agit d’un « bonheur sans nom » alors que pour l’autre, il s’agit d’un bonheur refusé (page 39). Le débat va prendre de la clarté, mais aussi de l’intensité : loin d’apporter des considérations générales, le mot se focalise concrètement sur la famille de H1. On est donc monté d’un niveau puisqu’à nouveau H1 a fait mouche : il a forcé son ami à avouer le malaise sous-jacent qui n’est autre que de la jalousie à son égard. Pour lui, la discussion a rempli son office et il est prêt à sortir : « Cette fois vraiment je crois qu’il vaut mieux que je parte. » (p.39) f) le faux départ et la réconciliation Mais on assiste à un faux départ. H1 reste comme on peut le voir la lecture de la didascalie page 39. Que signifie la non-exécution de son plan ? Pourquoi ne part-il pas ? Il s’agit du premier silence entre les amis, celui qui nécessite une action négative. Cette communication sous-jacente signifie une volonté de ne pas se séparer. Et justement, les personnages se retrouvent sur la même contemplation du monde. Cette action a un effet sur la dispute puisqu’elle provoque un apaisement. Et l’initiative en revient à H2. On assiste à une réconciliation entre eux. Là où les mots ont entraîné une impasse sur le plan de leur amitié, le faux-départ signe leur attachement. Est-ce pour autant la fin de la dispute ? Il s’avère que H2 se sent tenu de justifier ses propos et cette entreprise le mène à un aveu : « Voilà ce que c’est que de se lancer dans ces explications… on parle à tort et à travers… on se met à dire plus qu’on ne pense. Mais je t’aime bien, tu sais… (p 39-40) » Mais l’homme est incorrigible et ne peut à nouveau s’empêcher de s’exprimer sans clarté : “il y a chez toi parfois, comme un abandon, on dirait que tu te fonds avec ce que tu vois, que tu te perds dedans » (p 40). Ce balancement entre le concret et l’abstrait alimente la dispute entre les amis. Mais, cette fois, la pièce prend un tour dramatique puisque l’on assiste à une mutation de la discussion qui se transforme en lutte ouverte. g) la lutte ouverte Il est intéressant de noter que cette lutte débute par un vers de Verlaine : « la vie est là, simple et tranquille ». Une querelle va s’installer entre eux, d’une part, sur la référence textuelle implicite, et, d’autre part, sur le positionnement des amis sur leur conception de la vie. On est encore sur l’abstrait qui remet à nouveau l’ouvrage sur le métier. Les propos deviennent plus durs : on assiste à un véritable dialogue de sourds. Ils ne sont d’accord sur rien : c’est à ce moment-là que l’on voit l’opposition entre celui qui travaille et celui qui crée, opposition existentielle. Derrière cette question de la vraie vie qui fait référence cette fois à Rimbaud, il s’agit pour chacun des amis de se positionner sur le sujet de la réussite sociale. On mesure que pour l’un c’est important : « Je crois que si tu te révélais comme un vrai poète... il me semble que la chance serait plutôt pour toi » (p. 47) alors que pour l’autre, ça ne l’est pas : « Ou même du plomb n’est-ce pas ? Pourvu qu’on voie ce que c’est, pourvu qu’on puisse le classer, le coter… » (p. 47). Il n’existe pas de solutions à ces différends qui puissent aboutir à une victoire de l’un ou de l’autre ; de même, nul n’éprouve le souhait de recourir à l’intervention d’une tierce partie. Il faut pourtant conclure la lutte. h) conclusion de la querelle : Elle reprend les codes abstraits précédents avec l’introduction d’une locution qui succède aux discussions sémantiques et c’est aussi celle du titre « pour un oui ou pour un non ». Il s’avère que c’est H1 qui est le premier à indiquer : « c’est vrai qu’auprès de toi j’éprouve parfois comme de l’appréhension… » (page 48). On retrouve l’imprécision qui signe l’ambiguïté de leur amitié, entre amour/haine. C’est alors que la scène s’emballe. Chacun est persuadé qu’il faut à ce stade des paroles échangées trouver une solution radicale. Cette solution passe par la rupture. On assiste au balancement entre les deux adverbes d’affirmation ou de négation, qui sont clairement des concepts abstraits tels qu’énoncés : "H1 dit « Pour un oui.. ou pour un non ? » H2 répond « oui ou non ?... » (p.50) On arrive à l’acmé de l’abstrait. Qui veut quoi ? La scène s’achève sur l’imprécision des choix des amis. On sait juste que ce choix est opposé, mais on ne comprend pas ce qu’ils veulent dire en réalité. Le fait même de répondre laisse à penser que cette amitié n’est pas parvenue à son terme. Notons que la dispute, du départ jusqu’à sa fin, demeure dans l’imprécision. Retrouvons en un tableau la synthèse de ce qui vient d’être dit. action : pas de scène d’exposition : intrigue apparemment floue et spontanée concret Abstrait a) enquête de H1 : phrases interrogatives, déclaratives affirmatives et négatives, exclamatives « Qu’est-ce que tu as contre moi « (p.23) b) révélation de H2 : 3 points du différend : “c’est biiien… ça” Un accent mis sur “bien”… un étirement sur “ça” et un suspens avant que ça arrive… ce n’est pas sans importance » (p.27) c) Discussion H1/H2 « Ce que tu as senti dans cet accent mis sur bien… dans ce suspens, c’est qu’ils étaient ceux qui se nomme condescendants » (p.30) d) intervention des voisins : « vous ne trouvez pas ça gentil ? Moi une proposition… « (p.33) (31 à 35) e. conclusion de la discussion : thème du bonheur H2 vu comme : « cinglé/persécuté « (p.35) pris au « piège » (p.35 « jaloux « (p. 37) famille : “image de la paternité comblée” (p.37) annonce du départ de H1 : page 39 : “Cette fois vraiment je crois qu’il vaut mieux que je parte.” F.. Réconciliation : H2 dit “pardonne-moi” “Voilà ce que c’est que de se lancer dans ces explications… on parle à tort et à travers… on se met à dire plus qu’on ne pense. Mais je t’aime bien tu sais… (p 39-40) G. lutte : ‘D’un côté le camp où je suis, celui où les hommes luttent, où il donne toutes leurs forces… ils créent la vie autour d’eux… Pas celle que tu contemples par la fenêtre, mais la ‘vraie’ celle que tous vivent.’p. 45 H2 :” Un raté » (p. 46) sur la qualité de poète : H1 dit : « Je crois que si tu te révélais comme un vrai poète il me semble que la chance serait plutôt pour toi » (p. 47) H. conclusion de la querelle : Réputation : « ils peuvent rompre pour un oui ou pour un non » (p.50) a) enquête de H1 : flou : « écoute « ; « que s’est-il passé ? « (p.23) b) révélation de H2 : phrases simples, gêne « juste des mots » (p.25) « Des mots qu’on n’a pas eus justement » p.25 « une réussite quelconque « (p.26) « Quand je me suis « vanté de je ne sais plus quoi » (p.26) « C’est bien ça » (p.26) c) Discussion H1/H2 « un peu d’éloignement » (p. 27) d) intervention des voisins : « une souricière d’occasion » (p.33) H2 « une cage » (p.34) e. conclusion de la discussion : thème du bonheur H2 dit : « Tu présentes tes étalages. » Ça existe, c’est tout. Comme un lac. Comme une montagne « (p 36) H1 dit « un bonheur sans nom ». /Refus du bonheur de H2 (p.39) F.Réconciliation Faux départ de H1 : : didascalie « se dirige vers la porte s’arrête devant la fenêtre » p. 39 H2 dit : « Il y a chez toi parfois, comme un abandon, on dirait que tu te fonds avec ce que tu vois, que tu te perds dedans » (p 40) G. lutte ouverte : à propos de vers poétique : référence à Verlaine page 40 « la vie est là, simple et tranquille » et référence à Rimbaud : « vraie » vie (p.45) H1 dit : « La vie ne vaut plus la peine d’être vécue (...) c’est exactement ce que je sens quand j’essaie de me mettre à ta place » p. 46 sur la qualité de poète : H1 dit : « Dommage ça aurait pu être de l’or pur. Du diamant » p.47 « Ou même du plomb n’est-ce pas ? pourvu qu’on voie ce que c’est, pourvu qu’on puisse le classer, le coter… » (p. 47) H conclusion de la querelle H1 dit « C’est vrai qu’auprès de toi j’éprouve parfois comme de l’appréhension » (p. 48) métaphore judiciaire (reprise) : autorisation conjointe de se séparer : « On aurait peut-être plus de chance » (p. 49) « déboutés tous les deux « (p.49) « ils seront signalés « (p.49) H1 dit « Pour un oui.. ou pour un non ? » H2 répond « oui ou non ?... » (p.50) Oui à la rupture pour H1 Non pour H2 (p.50) Voyons dans un prochain paragraphe le dynamisme qui est à l’œuvre. 3.1.3 la dynamique Après avoir examiné l’action, analysons la dynamique à l’œuvre dans cette pièce qui se mesure à l’aune des didascalies et des histoires rapportées. Il vous est proposé de vous reporter au tableau récapitulatif à la fin de l’article. On vient de voir que cette dispute ne règle finalement pas le différend, elle l’aggrave même dans un sens indéterminé. Il est intéressant de noter le paradoxe entre une pièce de théâtre où il ne se passe rien sur le plan de l’action et les nombreux mouvements qui sont à l’œuvre. Les didascalies L’essentiel des didascalies concerne H2 qui est en mouvement. Il vous suffit de vous reporter au tableau pour constater les gestes initiés par H2, celui qui ne veut pas dire. Il est intéressant de comparer les mouvements corporels aux paroles tout en retenue ou abstraites. Les premiers sont visibles, ne prêtent pas la discussion, alors que les secondes posent problème. Cela monte la division de l’individu entre ce qu’il dit et ce qu’il pense vraiment. À l’inverse, H1 ne se voit accorder qu’une seule didascalie : cf. le moment où il a le triomphe modeste après le départ des voisins ayant abondé dans son sens. L’unique mouvement qu’il entreprend, c’est celui de partir et encore c’est un faux départ. Le jeu de scène des protagonistes est intéressant puisqu’il s’agit d’un autre langage, qui est sous-jacent, qui participe à la poursuite de la dispute. Les récits Cette pièce comprend différentes actions racontées. Elles vont toujours dans le sens d’un mouvement allant de pair avec les didascalies. Et l’essentiel du récit est mis dans la bouche de H2. On a cette référence au champ lexical de la justice avec: " la demande, l’autorisation, les jurés, le casier judiciaire, la condamnation aux dépens". /« C’est que ce n’est pas permis. Je n’ai pas eu l’autorisation. »/« J’ai fait quelques démarches… » /« Comme les jurés des cours d’assises, des citoyens dont on peut garantir la responsabilité” (p28). En parlant ainsi, H 2 entre dans le domaine de l’abstrait avec la métaphore filée. Cette autorisation qu’il demande d’un tribunal pour pouvoir rompre son amitié est quelque chose de tout à fait imagé. Cela signifie la difficulté de résoudre un conflit nécessitant la médiation d’un tiers judiciaire ou de voisinage. On retrouvera cette métaphore filée à la fin de la pièce lorsque les amis évoquent une demande conjointe, cette fois, pour obtenir la rupture de leur amitié. On voit donc le mouvement incessant du conflit intérieur entre les deux amis. Dans tous les cas, jamais ce conflit n’est résolu. Par ailleurs, H1 prend la main lui aussi pour se remémorer une action du passé (l’excursion en montagne). On voit à ce moment-là le mouvement encore à l’œuvre dans le récit avec cette volonté symbolique de s’entre-tuer. Enfin, on trouve également une dynamique avec la métaphore de la lutte. Et c’est H 2 qui est encore à la manœuvre. Cette lutte toute symbolique est celle qui empêche le rapprochement des deux corps dans la réalité : les mots ont cette faculté de remplacer un vrai combat. Nous avons également la métaphore des mythes sortant de la bouche de H2 avec le conte de Blanche-Neige : l’intertextualité rend compte de la difficulté de communication entre les amis. Plus on se parle, moins on se comprend. Les mots, les contes, tout bouge, tout sort de son contexte pour habiller un autre univers. La dynamique qui est à l’œuvre est celle du pouvoir des mots. Ces derniers sortent de leur utilisation habituelle pour incarner un autre imaginaire, libéré de toute emprise, ce qui ne facilite pas la communication entre les hommes. dynami-sme concret abstrait H2 en mouvement : « H2 dans un élan » (p.24) « piteusement », (p.25) » soupire » (2 fois p.26) « prenant courage » (p.26) « gémit » (p.33) H1 : didascalies « doucement « (p.35) « Il vaut mieux que je parte » (p. 39) H2 : action racontée champ lexical justice : « C’est que ce n’est pas permis. je n’ai pas eu l’autorisation. » « j’ai fait quelques démarches… » « Comme les jurés des cours d’assises, des citoyens dont on peut garantir la responsabilité » « condamnés aux dépens. et même certains, comme moi poursuivis, « (page 27) j’ai appris que j’avais un casier judiciaire où j’étais désigné comme “celui qui rompt pour un oui ou pour un non” (p.28) H1 : action racontée épisode montagnard (p.43 à 44) : “Nous étions là à attendre”/j’ai eu envie de te tuer » symbolisme : métaphore de la lutte « Et tu m’as soulevé par la peau du cou, tu m’as tenu dans ta main, tu m’as tourné et retourné… et tu m’as laissé retomber » (p.29) « Il a disposé une souricière » (p. 33) métaphore des mythes Blanche-Neige (p.38) : « Il y avait donc là-bas… caché au fond de la forêt, une petite princesse… » « miroir », « reine » 3.2. Les intentions de l'autrice Après avoir vu le balancement dans cette œuvre, il est temps de comprendre les intentions de l’autrice. Nous le ferons aujourd’hui au travers du rôle du temps et de l’espace. 3.2.1 Structure Notons, en tout premier lieu, que cette pièce n’est pas découpée en actes ou en scènes, ce qui habituellement offre un cadre spatial (un ou plusieurs lieux au cours des actes, par exemple) et un axe temporel (une progression de l’action dans une journée au moins). Ici il n’en est rien par la volonté même de l’autrice. Le rôle du temps On peut voir que cette pièce est dénuée de temporalité : on ne sait pas à quelle époque nous nous trouvons, ni le moment où cela se passe et nous n’avons par ailleurs aucune notion de durée : la durée de l’amitié ou même de leur éloignement initial, etc. Nous ne sommes pas en présence de connecteurs de temps, si ce n’est pour évoquer le passé. Là encore l’imprécision est de mise : « l’autre jour » (p.24). C’est, en outre, une pièce qui joue sur l'opposition passé/présent. Relevons que la conjugaison dans cette pièce est essentiellement figée à l’indicatif avec l’imparfait, « je voulais te demander » (p 23), le passé composé, « que s’est-il passé ? » (p 23), ou le présent « non, je sens qu’il y a quelque chose » (p 23). La relation d’amitié est questionnée au présent à l’aune du passé. Nulle référence au futur si ce n’est lors de l’épisode avec les voisins « cela ne vous prendra pas longtemps » (p. 31) puisque l’existence de cette relation est précisément sous caution. Nous avons aussi du conditionnel qui permet d’échafauder des hypothèses : « il m’a dit que peut-être il pourrait demander à quelqu’un… » (p. 33). Enfin nous trouvons également du subjonctif qui est le temps de la pensée, de la résolution : « Cette fois vraiment je crois qu’il vaut mieux que je parte. » Il s’agit d’une volonté claire de Nathalie Sarraute de décontextualiser totalement cette pièce qui vise l’épure. Seule la confrontation des mots compte. Pourquoi adopte-t-elle cette perspective ? L’entreprise littéraire de l’auteure est attachée à une seule chose : la mise en évidence du caractère figé des mots à l’image des personnages figé dans une temporalité bouchée. Et quoi de mieux que de les mettre en valeur en rendant abstrait tout ce qui peut faire écran, comme les références au temps et à la durée. Le rôle de l’espace S’agissant du cadre spatial, on note paradoxalement sa grande importance : là où le temps est escamoté, l’espace, lui, est omniprésent. Nous sommes ainsi à l’intérieur d’un lieu propice à la conversation. Mais c’est aussi un endroit où la tension se fait palpable. Nous sommes dans un huis clos propice à l’émergence d’une dispute théâtralisée. Mais c’est par petites touches que l’auteure expose le cadre : on est encore dans l’entreprise d’imprécision déjà caractérisée : « là-bas » (p.33), « ici » (p.34), etc. Il faut attendre la page 40 pour que le cadre enfin se précise : H2 ne dit-il pas : « tu comprends pourquoi je tiens tant à cet endroit ? » (p.40). Mais ce qui intéresse en réalité Nathalie Sarraute, c’est moins l’espace concret que celui intérieur à l’homme. Elle nous brosse ainsi l’univers mental des deux amis : chacun vit dans son propre monde : « Il n’y a aucune chance que je t’y trouve…/non ni là, ni ailleurs » (p. 39) « Il faut absolument que tu viennes (...) est-ce toujours là quelque part hors de nos frontières ?" (p. 39) Le rôle de l’espace a pour fonction de signifier l’impossibilité pour les hommes de se comprendre dès lors qu’on se confronte aux mots. Battus en brèche, ces derniers conduisent à la solitude. concret abstrait rôle du temps Pas de durée exprimée, brièveté de la pièce conjugaison : opposition passé/présent pas de futur connecteurs de temps flous : “depuis tant d’années” (p.23) “toujours été très chic” (p.24) “l’autre jour” (p.24) rôle du lieu À l’intérieur d’un lieu : huis clos chez H2 : “‘tu comprends pourquoi je tiens tant à cet endroit ?’ (p. 40) didascalie : ‘Regarde dehors’ (p.39) H2 dit rien ne me fera quitter ‘mon trou, j’y suis trop bien’ (p.46) H2 dit : ‘quand je suis chez toi c’est comme la claustrophobie/Du mal à reprendre vie.’ (p. 48) cf. didascalies : — ” sort et revient avec un couple » (p.31) - « se dirige vers la porte. S’arrête à la fenêtre ». connecteurs de lieu flous : « tu étais à l’autre bout du monde » p.24 « là-bas, chez lui… » (p 33) « J’avais moi aussi une place ici chez eux » (p. 34) deux univers intérieurs séparés : « Il n’y a aucune chance que je t’y trouve…/non ni là, ni ailleurs » (p. 39) « Il faut absolument que tu viennes (...) est-ce toujours là quelque part hors de nos frontières ? p. 39 3.2.2 Ultra ponctuation Après l'examen du rôle du temps et de l’espace, il est temps de comprendre les intentions de l’auteure en nous intéressant à l'ultra ponctuation du texte. On rappelle que cette pièce a été d’abord créée pour la radio. Elle a donc été conçue pour être écoutée : on comprend alors l’importance de la ponctuation, qui s'analyse en une véritable partition musicale, pour percevoir les émotions exprimées par les personnages. Les intonations sont donc rendues essentielles à la compréhension du texte. Il faut donc noter que l'ultra ponctuation fonde la cohérence même de la dispute : Nombreux points d’interrogation pour marquer le questionnement des amis, et souvent en série pour montrer la véritable enquête, sans compromissions, mais aussi l’ironie, Nombreux points d’exclamation pour faire apparaître les tensions et l’ironie, Des points pour achever des phrases déclaratives : lorsque le dialogue n’est pas interrompu et que l’idée est close. Les guillemets : pour insister sur une locution, sur un terme, Omniprésence des points de suspension constituant la principale singularité en la matière. Chaque phrase se termine singulièrement ainsi. Le rythme est ainsi haché, toujours interrompu. On voit même que la personne qui parle s’interrompt. Pourquoi ? Il s’agit de montrer le caractère spontané de la réflexion en cours, mais également les hésitations, les non-dits, la gêne, la cruauté autant de sentiments éprouvés par les deux amis. Cela donne une véritable tension à la pièce ; ce malaise participe à la théâtralisation de la dispute. il s’agit donc d’un dialogue qui est à destination de son interlocuteur et du public, mais également à l’intention de celui qui parle. On est donc dans une double énonciation au carré. Type Sens premier Sens second Points d’interrogation Questionnement, enquête « Pourquoi ? dis-moi pourquoi ? » (p.24) Ironie « Quelle forêt ? Quelle princesse ? tu divagues » (p.38) Points d’exclamation Humeur, tension « Je n’étais pas jaloux ! » (p.37) « Non ! » (p.50) Ironie « Peur ? Peur ! » (p.46) Guillemets Locution mise en exergue : mot « condescendant » (p.30) « raté » (p.46) « celui qui rompt pour un oui ou pour non » (p.28) Discours direct : « suis-je la plus belle, dis-moi « (p.38) Ironie : "malgré moi les guillemets arrivent" (p 43) Points de suspension Réflexion en cours, mais hésitations, non-dits, gêne, critique "c’est biiien… ça…"(p27) Ironie : "On en trouve partout… tiens ici tout près… mes voisins… des gens très serviables… des gens très bien… tout à fait de ceux qu’on choisit pour les jurys… intègres." (p31) Point Phrase déclarative "De Verlaine. C’est ça"(p 40) Ironie : "C’est dommage que tu ne m’aies pas consulté, j’aurais pu te conseiller sur la façon de rédiger ta demande." (p 29) Silence C’est également une pièce faite de silences comme l’indiquent les deux dernières didascalies à la fin de la pièce. Le silence reste un langage au-delà des mots : c’est un desserrement des contraintes sémantiques. Il permet ainsi de prendre du recul, de faire baisser la tension : "H2, l’observe un instant. S’approche de lui, lui met la main sur l’épaule : pardonne-moi…" (p. 39) À l’inverse, le silence permet également de passer à l’action : "H2 : oui je vois. Un silence. À quoi bon s’acharner ?" (p.48) Mais cette action mûrie par le silence peut très bien aboutir à l’inaction comme à la fin de la pièce : "Un silence H2 : oui ou non ?... H1 : Ce n’est pourtant pas la même chose… H2 : En effet : Oui. Ou non. H1 : Oui H2 : Non ! (p. 50)" 3.2.3 Argumentation Il s’agit de montrer les constructions langagières des hommes. Au cœur de ces constructions, on trouve l’inauthenticité. Caractère figé L’inauthenticité résulte du caractère figé du terme qui perd tout son sens du fait de la norme sociale. Les préjugés sociaux sont la seule clé de lecture alors que le terme en lui-même est de l’ordre du subjectif et se prête ainsi à différentes interprétations. Tel est le cas si l’on regarde les quatre points d’achoppement de la dispute : – c’est bien ça : il faut exclure toute idée psychanalytique avec le ‘ça’ dont l’auteur avait particulièrement horreur, sauf à considérer que cette enquête sur ce fameux ‘ça’, loin de régler le problème comme cherche à le faire la psychanalyse, l’aggrave. Cette tournure relève de l'appréciation subjective. – la condescendance : le mépris des hommes ; il s'agit d'un critère subjectif. – le bonheur : notion philosophique, là encore notons le critère subjectif, – la vraie vie : notion philosophique, relevons le critère subjectif. Dans tous les cas, il est question de concepts abstraits qui sont travaillés par les personnages dans cette dispute. Sarraute entend redonner vie aux termes, débarrassés de leur tropisme, de leur donner un sens plus authentique. On assiste alors à une sorte d’épurement du langage, au dévoilement de l’homme au travers de ses maladresses langagières. On a vu que H2 commet des abus de langage qui consistent pour lui à faire état de son propre univers. Chacun, en effet, habite un univers intérieur distinct : "Il n’y a aucune chance que je t’y trouve…/non ni là, ni ailleurs" (p. 39). L’auteur insiste finalement sur la solitude existentielle de l’homme. On note avec intérêt que la seule chose qui n'est pas discutée entre les amis : c’est l’expression à l’origine du titre de la pièce : pour un oui ou pour un non. Que signifie donc cette expression ? Désinvolture L'expression pour un oui ou pour un non présente un sens passablement péjoratif. Elle a pour synonyme un caprice, une désinvolture : on peut dire que l’amitié ne serait pas une vertu durable puisqu’elle pourrait être rompue sans motif sérieux. Dans la pièce, cette expression est employée, en outre, comme un préjugé : c’est une critique sociale : "J'ai appris que j’avais un casier judiciaire où j’étais désigné même "celui qui rompt pour un oui ou pour un non" (p 28). On retrouve ce même préjugé à la fin de la pièce où il est indiqué : "chacun saura de quoi ils sont capables, de quoi ils peuvent se rendre coupables : ils peuvent rompre pour un oui ou pour un non" (p. 50). Cette expression aurait pu être discutée entre les amis. Mais elle ne l’est pas. On note, en effet, le fait qu’ils s’accordent parfaitement sur la définition. Pourquoi ? Parce que cette locution est déjà binaire (oui/non) et ne peut logiquement engendrer une tierce notion. Et pour autant, cette expression mériterait d’être discutée pour savoir si cette amitié peut être rompue avec ou sans motif. Cependant, ils ne cherchent qu'une chose parfaitement futile : ils veulent seulement savoir s’ils seront condamnés à être vus comme des personnes rompant pour un oui ou pour un non : ils sont donc soumis à un impératif social. C’est leur point commun, le seul dans toute cette dispute. Ils ne peuvent pas échapper au regard de l'autre et de la société, c’est pour cela qu’ils cherchent paradoxalement à être d’accord pour ne plus se voir. Et justement, ils n’y arrivent pas puisqu’à la fin de la pièce, ils sont incapables de s’entendre : la réponse est diamétralement opposée. On assiste alors à une fragmentation de l’expression, à une libération de l’emprise sociale en quelque sorte. C’est une liberté langagière. Le titre de la pièce rend donc compte de cet éclatement, de cette vie… 3.2.4 Les principales figures de style et les registres Ce sont essentiellement des figures de répétition qui figurent dans le texte. Répétitions On peut voir des répétitions au sens strict du terme : "- H2 : Eh bien ? – H1 : Eh bien… – H2 : Eh bien ?"(p.45) La répétition permet d’inviter l'autre à exprimer sa pensée. Elle sert aussi à se confronter : « – H1 : Peur ? Peur ! - H2 : oui, peur. Ça te fait peur (…)" (p. 46) Cette répétition fait partie de la stratégie théâtrale : elle souligne la tension entre les amis, leur difficulté à se comprendre. Cela forme un écho, une interpellation sur le sens et la portée du mot. On trouve, en outre, des antithèses : la plus importante est celle entre le je et le tu qui parcourent tout le texte et évidemment entre le oui/non. "- H2 : (…) Tu n’auras pas cette chance. - H1 : Moi ? Cette chance ? Je crois que si tu te révélais comme un vrai poète… il me semble que la chance serait plutôt pour toi ."(p.47) On relève également les oppositions entre le dit et le non dit : "(…) juste des mots"/"des mots qu’on n’a pas "eus" justement…"(p. 25) : cette figure de style entre pleinement dans le champ de la dispute reposant sur des interprétations opposées d’un même mot. Par ailleurs, on note des métaphores : "tu doutes toujours, tu crains qu’il n’y ait là-bas, dans une petite cabane dans la forêt…’ (p. 46). "Dommage. Ça aurait pu être de l’or pur. Du diamant." (p 47). Ces figures métaphoriques permettent aux termes de sortir de leur caractère figé et de revêtir un imaginaire, un espace de liberté, un nouvel esthétique, ainsi qu’on l’a vu précédemment. Ce sont des stratégies stylistiques importantes pour la dispute. Registres On note enfin deux registres : Cette pièce comprend un registre comique dans les dialogues faisant appel à des images inattendues : "- H1 : c’est que tout à l’heure, tu m’as parlé pour ne rien dire… tu m’as énormément appris, figure-toi (…) cette fois-ci celui qui a placé le petit bout de lard, c’est toi. - H2 : Quel bout de lard ?" (p. 41) Excluons toute idée d’absurde. En effet, si l’auteure joue sur l’abstraction du langage, son enfermement, elle n’a pas souhaité faire entrer sa pièce dans le champ l’absurde. On a vu que les parties se répondent avec une forme de logique alors que ce n’est pas le cas dans le théâtre de l’absurde. On n’oublie pas que c’est un texte sur la libération des mots trop souvent figés, c’est un marqueur puissant que de les délier par... l’humour. Il reste qu’un autre registre est à l’œuvre. Le registre tragique est également présent dans cette pièce : le thème de la mort est abordé par les protagonistes au sens premier du terme : "- H2 : Ah oui. Je m’en souviens… j’ai eu envie de te tuer. - H1 : et moi aussi. Tous les autres, s’ils avaient pu parler, ils auraient avoué qu’ils avaient envie de te pousser dans une crevasse…" (p. 44) Mais il s’agit surtout de la mort d’une amitié, de cette faculté de rompre les liens. Au-delà de cette amitié, Sarraute peint l’immense solitude de l’être humain, considère tragiquement l’incommunicabilité entre les hommes une fois les mots rendus plus sincères et donc plus libres… Il s'agit d'une pièce présentant un fond pessimiste.
- "On ne badine pas avec l'amour" : acte 3
Bac : dans cet acte III, nous assistons au dénouement de la pièce offrant une contraction de l’action libertine qui domine avant que le drame n’impose son aspect parfaitement romantique. Gallica "On ne badine pas avec l'amour" : acte 3 Dans "On ne badine pas avec l'amour" : acte 3, nous verrons l’issue de la confrontation du discours entre romantisme et libertinage. Nous allons examiner l’importance de la contraction de l’action libertine qui domine avant de constater la conclusion du drame sous son aspect romantique. Libertinage L’effet de surprise réside dans la révélation du caractère libertin de Camille comme on peut le comprendre avec la deuxième lettre qui entre comme la première dans une stratégie libertine. Il s’agit de la missive adressée à Louise pour la tenir informée du plan initial en cours de conclusion (plan A) : “tout est arrivé comme je l’avais prévu. Ce pauvre jeune homme a le poignard dans le cœur ; il ne se consolera pas de m’avoir perdue.” (scène 2). L’interception de cette lettre par Perdican entraîne ce dernier dans une vengeance prenant la forme d’un jeu cruel de séduction. Il cherche à susciter la jalousie de sa cousine en choisissant Rosette comme victime. Il se met à emprunter les codes libertins et écrit à son tour : “Oui, tu sauras que j’en aime une autre avant de partir d’ici.” (scène 2) : il s’agit de la 3e lettre de la pièce : “qu’on envoie un valet porter à Mlle. Camille le billet que voici. (Il écrit.) (scène 2). Le plan est simple pour Perdican (plan C) qui use de sa position de maître : “Je veux faire la cour à Rosette devant Camille elle-même.” (scène 2). Il use de son autorité, il la presse pour que la mise en scène soit parfaite : elle repose sur une didascalie : à haute voix, de manière que Camille l’entende. (scène 3). Le jeu va loin puisqu’il aboutit à une offre de mariage non négociable avec l’impératif et le futur ayant valeur de projet ferme : “lève-toi, tu seras ma femme” (scène 3). Que cherche au fond Perdican ? La même chose que Camille à son égard : l’aveu d’amour : “qu’avez-vous à me dire ? Vous m’avez fait rappeler pour me parler ?” (scène 7) De part et d’autre, on trouve l’utilisation du mensonge, le caractère libertin allant de pair avec l’art de la tromperie : “je ne mens jamais.” (scène 5), “oui je l’épouserai” (scène 5). Chez Camille, le mensonge est tout azimut : à Rosette : “Non, je ne t’ai pas vue. “ et à Perdican : “je suis fâchée de n’avoir pu me rendre au rendez-vous que vous m’avez demandé “/ (scène 5). Son plus grand mensonge consiste à dire : “Je ne vous aime pas, moi ; “ (scène 5) La vengeance de l’un entraîne celle de l’autre : on est dans la surenchère, mais celle de Camille est la plus cruelle avec Rosette dont elle abuse là encore de son autorité comme l’indique l’usage de l’impératif ayant une valeur d’ordre : “rentre derrière ce rideau,”. Elle a un bref scrupule qu’elle balaie : ” Moi qui croyais faire un acte de vengeance, ferais-je un acte d’humanité ?” (scène 5). La vengeance est menée de main de maître par la jeune fille : “Vous dites que vous m’aimez, et vous ne mentez jamais ?” (scène 6). “Si vous ne mentez jamais, d’où vient donc qu’elle s’est évanouie en vous entendant me dire que vous m’aimez ? (scène 6). Camille frappe fort : “Tu as voulu te venger de moi, n’est-ce pas, et me punir d’une lettre écrite à mon couvent ? tu as voulu me lancer à tout prix quelque trait qui pût m’atteindre, et tu comptais pour rien que ta flèche empoisonnée traversât cette enfant, pourvu qu’elle me frappât derrière elle. “(scène 6) On notera que ces jeux de séduction reposent sur une caractéristique libertine, l’insensibilité à l’amour. Le discours n’est pas vraiment ressenti, il n’est qu’intellectuel. Il repose sur l’art du langage libertin, celui de parler avec ambiguïté. C’est le sens de : “J’aime la discussion ; je ne suis pas bien sûre de ne pas avoir eu envie de me quereller encore avec vous.” (scène 6). Notons la double négation ayant valeur de litote. Le langage occupe une part essentielle dans la séduction libertine : elle occupe toute la place avec des formules complexes. : “savez-vous si elles changent réellement de pensée en changeant quelquefois de langage ? “/ “vous voyez que je suis franche “/ “ êtes-vous sûr que tout mente dans une femme, lorsque sa langue ment ?/(scène 6). Le langage joue aussi la fonction de caprice : “Je voudrais qu’on me fît la cour” et de défi : “vous n’avez plus au doigt la bague que je vous ai donnée.” (scène 6) / “apprends-le de moi, tu m’aimes, entends-tu ; mais tu épouseras cette fille, ou tu n’es qu’un lâche !” (scène 6) La dernière fonction du langage libertin est celle de révéler l ’ironie : “Je suis curieuse de danser à vos noces !/”persiflage “ / “Allez-vous chez votre épousée ?”(scène 7) C’est le moment de constater les accents romantiques dans ce même acte. Romantisme Chez Perdican, on retrouve l’ exaltation de la nature : “mais tu sais ce que disent ces bois et ces prairies, ces tièdes rivières, ces beaux champs couverts de moissons, toute cette nature splendide de jeunesse. Tu reconnais tous ces milliers de frères, et moi pour l’un d’entre eux ;” (scène 3). Par ailleurs, la confusion des sentiments revient également : “Je voudrais bien savoir si je suis amoureux." (scène 1). Le jeu se fait cruel pour lui : “Parle, coquette et imprudente fille, pourquoi pars-tu ? pourquoi restes-tu ? Pourquoi, d’une heure à l’autre, changes-tu d’apparence et de couleur, comme la pierre de cette bague à chaque rayon de soleil ?” (scène 5). Camille le trouble : “Je ne sais ce que j’éprouve ; il me semble que mes mains sont couvertes de sang." (scène 8) Chez Camille, on retrouve aussi cette confusion : “Que se passe-t-il donc en moi ?” (scène 7)/“je ne puis plus prier ! (scène 8) La sincérité est encore de mise pour nos deux héros romantiques : Camille formule comme un cri du cœur une critique de la société et du sort des femmes : ”Avez-vous bien réfléchi à la nature de cet être faible et violent, à la rigueur avec laquelle on le juge, aux principes qu’on lui impose ?” (scène 5). Elle dévoile aussi le jeu de Perdican prenant corps dans le projet de mariage avec Rosette : elle s’en offusque auprès de lui : “Combien de temps durera cette plaisanterie ?” (scène 7) avant de signifier la mauvaise plaisanterie jouée à la paysanne : “Tu es une bonne fille, Rosette ; garde ce collier, c’est moi qui te le donne, et mon cousin prendra le mien à la place. Quant à un mari, n’en sois pas embarrassée, je me charge de t’en trouver un.” (scène 7). La dernière scène voit chez nos deux héros une prise de conscience de leur amour réciproque, la sincérité réside entre eux. Lorsque Camille dit : “j’ai cru parler sincèrement “ (à Dieu, scène 8), Perdican lui répond en écho : “Orgueil, le plus fatal des conseillers humains, qu’es-tu venu faire entre cette fille et moi ?” (scène 8). On assiste au moment décisif où Perdican critique le libertinage : “Lequel de nous a voulu tromper l’autre ? “(scène 8). Le champ lexical du jeu est exprimé : “et nous, comme des enfants gâtés que nous sommes, nous en avons fait un jouet. / (scène 8). “ nous avons joué avec la vie et la mort “ (scène 8). C’est le moment de la prise de conscience des artifices de séduction employés par le duo Camille/Perdican : c’est le choix de la vérité de l’instant, de la révélation de l’amour : pour Camille, cet amour pour Perdican est la preuve de sa fausse vocation religieuse : “Ce Dieu qui nous regarde ne s’en offensera pas ; il veut bien que je t’aime ; il y a quinze ans qu’il le sait.” (scène 8). Chez Perdican, même constat : “Il a bien fallu que la vanité, le bavardage et la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route céleste, qui nous aurait conduits à toi dans un baiser ! Il a bien fallu que nous nous fissions du mal, car nous sommes des hommes. Ô insensés !” (scène 8). La sincérité romanesque l’emporte sur le mensonge du libertinage. On retrouve enfin comme critère romantique l’exaltation de l’amour ainsi que nous l’avions vu précédemment. Perdican s’interroge : “Quelle honte peut-il y avoir à aimer ?” (scène 2), et aussi sous son aspect idéalisé : “Écoute ! le vent se tait ; la pluie du matin roule en perles sur les feuilles séchées que le soleil ranime. Par la lumière du ciel, par le soleil que voilà, je t’aime !” (à Rosette, scène 2). Il se laisse emporter par ses émotions avec cette métaphore bucolique : “et nous prendrons racine ensemble dans la sève du monde tout-puissant.” (scène 2). Il faut attendre la scène 5 pour que l’aveu d’amour tant attendu émane de Perdican : “ La voilà ; c’est toi qui me la mets au doigt ! “ (scène 5). On sent la sensibilité à fleur de peau : le discours est bref, il est vrai : “Je t’aime Camille, voilà tout ce que je sais.” ( scène 5). On est dans l’union des coeurs et des corps et dans un silence : le duo, sûr de lui, s’est apaisé : “Insensés que nous sommes ! nous nous aimons.” (scène 8) (Il la prend dans ses bras.) (scène 8). La possession de l’autre est envisagée : “Chère créature, tu es à moi ! (Il l’embrasse)” (scène 8). Même écho du côté de Camille : “Oui, nous nous aimons, Perdican ; laisse-moi le sentir sur ton cœur. “ (scène 8) Mais c’est la première fois dans cette pièce que la notion d ’amour impossible est mentionnée : “Hélas ! cette vie est elle-même un si pénible rêve ! Pourquoi encore y mêler les nôtres ? Ô mon Dieu ! le bonheur est une perle si rare dans cet océan d’ici-bas !” (scène 8) Ce désespoir très romantique conduit Perdican à être critique à l’égard de la religion à la scène 3 : “ces pâles statues fabriquées par les nonnes, qui ont la tête à la place du cœur, “ à formuler une prière : “Je vous en supplie, mon Dieu ! ne faites pas de moi un meurtrier !” (scène 8). Seule Camille prend conscience de l’étendue du désastre : “Elle est morte. Adieu, Perdican !” (scène 8). C’est pour elle l’occasion de choisir la retraite hors du monde avec pour corollaire le refus de l’amour humain exprimé à la scène 7 : “Non, non. — Ô Seigneur Dieu !” Camille évolue en ce qui concerne son rapport au corps : elle s’examine lorsqu’elle commerce à admettre son amour pour Perdican : “il me semble que la tête me tourne./Je n’en puis plus, mes pieds refusent de ne soutenir.” (scène 7). “Pourquoi suis-je si faible ?” (scène 8). D’ailleurs ce point est noté par son cousin : “vous voilà pâle” ( scène 7) “La voilà pâle et effrayée,” (Perdican, scène 8) Vous trouverez ci-après le tableau récapitulatif : Acte III confrontation entre deux discours/lieux Romantisme en chemin (scène 2) le petit bois (scène 3) libertinage en chemin (scène 2) le petit bois (scène 3) chambre de Camille (scène 6) un oratoire (scène 8) Perdican - exaltation de la nature : “mais tu sais ce que disent ces bois et ces prairies, ces tièdes rivières, ces beaux champs couverts de moissons, toute cette nature splendide de jeunesse. Tu reconnais tous ces milliers de frères, et moi pour l’un d’entre eux ;” (scène 3) - confusion des sentiments : “ Je voudrais bien savoir si je suis amoureux.(scène 1) “Parle, coquette et imprudente fille, pourquoi pars-tu ? pourquoi restes-tu ? Pourquoi, d’une heure à l’autre, changes-tu d’apparence et de couleur, comme la pierre de cette bague à chaque rayon de soleil ?” (scène 5) “Je ne sais ce que j’éprouve ; il me semble que mes mains sont couvertes de sang.(scène 8) -exaltation de l’amour a) aspect naturel :“Quelle honte peut-il y avoir à aimer ?” (scène 2) b) aspect lyrique: “Écoute ! le vent se tait ; la pluie du matin roule en perles sur les feuilles séchées que le soleil ranime. Par la lumière du ciel, par le soleil que voilà, je t’aime !” (à Rosette, scène 2) “et nous prendrons racine ensemble dans la sève du monde tout-puissant.” (scène 2) c)aveu d’amour : “ La voilà ; c’est toi qui me la mets au doigt ! “ (scène 5) “Je t’aime Camille, voilà tout ce que je sais.” ( scène 5) d)la paix des corps et des âmes, le silence : :“Insensés que nous sommes ! nous nous aimons.” (scène 8) (Il la prend dans ses bras.) (scène 8) “Chère créature, tu es à moi ! (Il l’embrasse ;” (scène 8) e) amour impossible : “Hélas ! cette vie est elle-même un si pénible rêve ! pourquoi encore y mêler les nôtres ? Ô mon Dieu ! le bonheur est une perle si rare dans cet océan d’ici-bas !” (scène 8) f) désespoir : i nvocation de la religion a)critique : “ces pâles statues fabriquées par les nonnes, qui ont la tête à la place du cœur, “ (scène 3) b)prière de Perdican : “Je vous en supplie, mon Dieu ! ne faites pas de moi un meurtrier !” (scène 8) -soupçon : “billet doux” (2e lettre, Blazius, scène 2) “en qualité de fiancé de Camille, je m'arroge le droit de la lire” (scène 2) -vengeance : plan C a) susciter la jalousie “ Oui, tu sauras que j’en aime une autre avant de partir d’ici.” (scène 2) b)rôle de la correspondance : 3e lettre : “qu’on envoie un valet porter à Mlle. Camille le billet que voici. (Il écrit.) (scène 2) c) jeu : “Je veux faire la cour à Rosette devant Camille elle-même.” (scène 2) c) rôle du temps : “dépêche-toi”(à Rosette, scène 2) d) mise en scène : didascalie : à haute voix, de manière que Camille l’entende. (scène 3) e) promesse de mariage: “lève-toi, tu seras ma femme” (scène 3) “lui promettant de l’épouser” (Bridaine, scène 5) f) jeux de séduction mensonges : à Camille : “Voilà, sur ma vie, un petit mensonge assez gros, pour un agneau sans tache ; je l’ai vue derrière un arbre écouter la conversation. “ “ Je l’ai perdue.” (la bague scène 5)/ “je ne mens jamais.” (scène 5) défi “Le plus tôt possible ; j’ai déjà parlé au notaire, au curé, et à tous les paysans.” (scène 7)/ “Soyez-en donc fâchée ; quant à moi, cela m’est bien égal.” (scène 7) “je trouve plaisant qu’on dise que je ne t’aime pas quand je t’épouse. Pardieu ! nous les ferons bien taire. (Il sort avec Rosette.)” (scène 7) plaisirs : “Le plaisir des disputes, c’est de faire la paix.”(scène 5) “Oui, je l’épouserai.” (scène 5) impiété : ironie : “Et ils me donneront en échange le royaume des cieux, car il est à eux.” (scène 7)/ “Bien peu de temps ; Dieu n’a pas fait de l’homme une œuvre de durée : trente ou quarante ans, tout au plus.” (scène 7) recherche de l’aveu : “qu’avez-vous à me dire ? Vous m’avez fait rappeler pour me parler ?” (scène 7) absence de valeur de l’amour : “Je lui trouverai un mari, je réparerai ma faute, elle est jeune, elle sera heureuse “(scène 8) Camille fuite de la réalité : a)choix de la retraite “Hélas ! ma chère, que pouvais-je y faire ? Priez pour moi ; nous nous reverrons demain et pour toujours.”(scène 2) b) refus du monde : refus de l’amour : “Non, non. — Ô Seigneur Dieu !” (scène 7) “Adieu, Perdican !” (scène 8) b)refus du corps : peur du corps “Cependant j’ai fait tout au monde pour le dégoûter de moi.”(scène 2) “il me semble que la tête me tourne./Je n’en puis plus, mes pieds refusent de ne soutenir.” (scène 7) “vous voilà pâle” (Perdican, scène 7) “Pourquoi suis-je si faible ?” (scène 8) “La voilà pâle et effrayée,” (Perdica, scène 8) Critique de la société et du sort des femmes :”Avez-vous bien réfléchi à la nature de cet être faible et violent, à la rigueur avec laquelle on le juge, aux principes qu’on lui impose ?” (scène 5) Sincérité : a) dévoilement du jeu“Combien de temps durera cette plaisanterie ?” (scène 7) b) remise en ordre : “Tu es une bonne fille, Rosette ; garde ce collier, c’est moi qui te le donne, et mon cousin prendra le mien à la place. Quant à un mari, n’en sois pas embarrassée, je me charge de t’en trouver un.” (scène 7) c) prise de conscience :“j’ai cru parler sincèrement “ (à Dieu, scène 8) “hélas ! tout cela est cruel.” (scène 8) d)reconnaissance de la fausse vocation : “Ce Dieu qui nous regarde ne s’en offensera pas ; il veut bien que je t’aime ; il y a quinze ans qu’il le sait.” (scène 8) confusion des sentiments “Que se passe-t-il donc en moi ?”/ (scène 7) “je ne puis plus prier ! (scène 8) aveu d’amour : paix “Oui, nous nous aimons, Perdican ; laisse-moi le sentir sur ton cœur. “ (scène 8) amour impossible : “Elle est morte. Adieu, Perdican !” (scène 8) - rôle de la correspondance : révélation des intentions cachées (2e lettre à Louise) existence d’un plan A : “ tout est arrivé comme je l’avais prévu. “ (scène 2) “ce pauvre jeune homme a le poignard dans le cœur ; il ne se consolera pas de m’avoir perdue./ “Cela était convenu entre les bonnes amies avant de partir du couvent. On a décidé que Camille allait revoir son cousin, qu’on le lui voudrait faire épouser, qu’elle refuserait, et que le cousin serait désolé. (Perdican,scène 2) - j alousie de Camille : ”Il la fait asseoir près de lui ?/”Il a jeté ma bague dans l’eau.” (scène 3) “Perdican ne t’épousera pas, mon enfant.” (scène 5) “Faites-le appeler, et dites-lui nettement que ce mariage vous déplaît. Croyez-moi, c’est une folie, et il ne résistera pas. (scène 7 au baron) - colère et blasphème de Camille “Allez au diable, vous et votre âne ; je ne partirai pas aujourd’hui.” / “Seigneur Jésus ! Camille a juré ! (Pluche)(scène 4) - mensonge de Camille à Rosette : “Non, je ne t’ai pas vue. “/ “je suis fâchée de n’avoir pu me rendre au rendez-vous que vous m’avez demandé “/ (scène 5) “Je ne vous aime pas, moi ; “ (scène 5) vengeance de Camille : “rentre derrière ce rideau,”/” Moi qui croyais faire un acte de vengeance, ferais-je un acte d’humanité ?” (scène 5) “Vous dites que vous m’aimez, et vous ne mentez jamais ?” (scène 6) “Si vous ne mentez jamais, d’où vient donc qu’elle s’est évanouie en vous entendant me dire que vous m’aimez ? (scène 6) “Tu as voulu te venger de moi, n’est-ce pas, et me punir d’une lettre écrite à mon couvent ? tu as voulu me lancer à tout prix quelque trait qui pût m’atteindre, et tu comptais pour rien que ta flèche empoisonnée traversât cette enfant, pourvu qu’elle me frappât derrière elle. “(scène 6) jeux de séduction : insensibilité à l’amour : discours intellectuel, rapporté a)langage“J’aime la discussion ; je ne suis pas bien sûre de ne pas avoir eu envie de me quereller encore avec vous.” / “Je voudrais qu’on me fît la cour”/ “savez-vous si elles changent réellement de pensée en changeant quelquefois de langage ? “/ “vous voyez que je suis franche “/ “ êtes-vous sûr que tout mente dans une femme, lorsque sa langue ment ?/(scène 6) b) défi “vous n’avez plus au doigt la bague que je vous ai donnée.” (scène 6) “apprends-le de moi, tu m’aimes, entends-tu ; mais tu épouseras cette fille, ou tu n’es qu’un lâche !” (scène 6) c) ironie : “Je suis curieuse de danser à vos noces !/”persiflage “ / “Allez-vous chez votre épousée ?”(scène 7) Rosette innocence : “ Hélas ! monsieur le docteur, je vous aimerai comme je pourrai.” (scène 3) “Comment n’y croirais-je pas ? il me tromperait donc ? Pour quoi faire ?” (scène 5) “Permettez-moi de vous rendre le collier que vous m’avez donné, et de vivre en paix chez ma mère.” (scène 7) “ on entend un grand cri derrière l’autel.) (scène 8) - Rosette, instrumentalisée par Perdican: “maintenant à l’autre” (Perdican, scène 2) Rosette, instrumentalisée par Camille : “ il ne t’épousera pas, et la preuve, je vais te la donner ;” (scène (5) -faux aveux : “ Je t’aime, Rosette !” (scène 3 vrai cadeau : “ (Il lui pose sa chaîne sur le cou.)/”Il jette sa bague dans l’eau.) (scène 3) -inégalité de Rosette “Sais-tu ce que c’est que l’amour, Rosette ?” / “tu ne sais rien ;” (scène 3) -victime du libertin : “ Hélas ! la pauvre fille ne sait pas quel danger elle court en écoutant les discours d’un jeune et galant seigneur. (Choeur, scène 3) “Rosette paraît dans le fond, évanouie sur une chaise.). Que répondrez-vous à cette enfant, Perdican, lorsqu’elle vous demandera compte de vos paroles ? “ (scène 6) article à suivre : la crise du langage dans "On ne badine pas avec l'amour"
- "On ne badine pas avec l'amour" : acte 2
Bac : dans cet acte II, on retrouve les éléments du romantisme vus précédemment. Ce qui surprend, c’est l’importance du discours libertin utilisé par Perdican, mais aussi par Camille dans une surenchère : on est dans un jeu de séduction. Gallica "On ne badine pas avec l'amour" : acte 2 Examinons ensemble l’acte II en cherchant la confrontation des discours amoureux, romantisme vs libertinage. Lieux Il est intéressant de croiser les lieux avec la catégorie de langage. Il s’avère que le romantisme a pour cadre des scènes extérieures, ce qui est conforme à la représentation de ce courant valorisant la nature. Par opposition, le libertinage a pour localisation l’intérieur d’un lieu. Nous voyons ici que Musset brouille les cartes puisque le même cadre voit passer les deux types de discours comme on peut le voir à la scène 3 située “au champ” et la scène 5 sise à la fontaine dans un bois. Entrons dans le détail de l’acte. Romantisme Nous avions souligné trois marqueurs romantiques dans l’article précédent (jeunesse/éducation/sensibilité). Dans "On ne badine pas avec l'amour" : acte 2, nous allons conserver la sensibilité à laquelle nous ajouterons d’autres comme la sincérité, l’exaltation de l’amour. a) sensibilité : l’acte II se situe dans la quasi totalité dans la nature (jardin, champ, bois) et c’est un lieu propice à l’envolée lyrique pour Perdican “j’ aurais voulu m’asseoir avec toi sous les marronniers du petit bois” (scène 2). À la scène 4, cet être ultra sensible pleure comme le relève Rosette. Chez Camille, la sensibilité du romantisme prend la forme d’un refus marquant une désunion intérieure. Elle refuse tout contact corporel : ”je n’aime pas les attouchements “ (scène 1). Ce rejet du corps va de pair avec la variation des dispositions d’esprit. “Je suis d’humeur changeante “ (scène 5). Sa sensibilité l’empêche de dire les choses. Elle reste dans le secret : “Je suis obligée de partir.”/“C’est mon secret.”(scène 1). Les scènes défilent et à la dernière de l’acte, elle se livre enfin. Sa confidence à Perdican la dépeint non comme une héroïne froide et distante, mais comme un être de feu. L'examen attentif de ses paroles montre sa compassion, littéralement cum-passere en latin ( soit avec-souffrir ) : elle est réceptive à des émotions. Ces dernières ne sont pas positives, car elles ne sont pas liées à une joie communicative, mais au contraire à des passions tristes : ici le chagrin d’autrui. Cependant, il ne s’agit pas pour elle d’éprouver un amour du genre humain, on a vu le mépris qu’elle entretient à l’endroit de Rosette notamment lorsqu’elle ne court pas la revoir à l’acte I et lorsqu’elle la qualifie de “fille de rien” à l’acte 3. Non, elle n’a vraiment de la compassion que pour une seule personne : sa voisine de chambre, Louise. Musset insiste longuement sur cette empathie : “ses malheurs ; ils sont presque devenus les miens ;” / “c’était moi que je voyais agir tandis qu’elle parlait. Quand elle disait : Là, j’ai été heureuse, mon cœur bondissait ; et quand elle ajoutait : Là, j’ai pleuré, mes larmes coulaient.” (scène 5). On assiste à une confusion entre les sentiments vécus par l’une et ressentis par l’imagination par l’autre. Camille ressent les émotions par procuration. Elle est dotée d’une sensibilité exacerbée, poussée à l’excès en ce qui concerne le corps, l’esprit et son rapport à autrui. Qu’est-ce qui la conduit à ressentir les choses si vivement ? La peur. Camille a développé une sensibilité à fleur de peau, car elle craint le monde, son chaos qu’elle perçoit non de sa propre perception, mais du seul discours de Louise. L’amour humain l’angoisse avec son lot de trahisons et d'abandons : sa vision de l’amour est déformée par une fatalité comme chez tous les romantiques. Chez Rosette, on trouve cette sensibilité pure et innocente. Elle est ajustée au réel à la différence de Camille. Son empathie à l’égard de Perdican est juste : “ Comme vous paraissez triste ce matin !” (scène 3). Cette sensibilité va de pair avec la sincérité des mots. b) sincérité : cette sincérité apparaît à l’acte II. C’est un critère du romantisme. Le héros se veut authentique, rejetant l’insincérité du monde avec ses compromissions. Son discours se veut vrai, il ne l’est pas forcément. C’est un idéal. Chez Perdican, cette sincérité le rend vulnérable et le fait passer pour un incompris : “Les paysans de ton village se souviennent de m’avoir aimé ; les chiens de la basse-cour et les arbres du bois s’en souviennent aussi ; mais Camille ne s’en souvient pas” (scène 3). Dans le même temps, il croit à ses propres mensonges : “ne sommes-nous pas le frère et la sœur ?” (scène 1). Enfin, Perdican est un être lucide : avec sincérité, il détecte les changements de discours de Camille : “ Il y a de la franchise dans ta démarche” (scène 1). Sa lucidité sert également de fondement à sa critique de l’attitude de sa cousine (acte 5) : il perçoit toutes les illusions qu’elle livre dans sa relation avec Louise. Chez Camille, la sincérité transparaît de deux manières à l’égard de son cousin et à son égard. Il lui faut percer l’armure en Perdican pour pouvoir se livrer en confiance : Elle le juge positivement : “vous n'êtes point un libertin” /“vous ne vous seriez pas livré à un caprice” (scène 5). En outre, elle dit : “je crois que votre coeur a de la probité” (scène 5). C’est dans ces conditions que sa sincérité lui permettra de lui révéler sa confidence au sujet de Louise comme on l’a vu. Elle fait de son point de vue excès de sincérité : “J’ai eu tort de parler ; j’ai ma vie entière sur les lèvres. “ (scène 5). Cet aveu de sincérité est aussitôt regretté en raison de la crainte que le monde et autrui lui inspirent. c) l’exaltation de l’amour C’est un marqueur important du romantisme cette quête de l’amour. Perdican ne se considère pas comme un libertin avec cet aveu négatif : “ma foi je ne m’en souviens pas” (scène 5). La fidélité demeure un idéal pour lui : “je crois qu’il y a des hommes capables de n’aimer qu’une fois” (scène 5). Personnellement, il se situe non sur le terrain de la fidélité, mais sous l’empire de l’amour avec son célèbre hymne : “mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.” (scène 5) Le héros romantique revendique le fait d’aimer, de vivre une passion brûlante. Chez Camille, on trouve deux sortes d’amour et une conséquence de cette exaltation. Sa vision du monde est fondée sur le récit de Louise. Elle vit par procuration : “une vie imaginaire ; cela a duré quatre ans “ (scène 5). Perdican a bien compris l’illusion dans laquelle est plongée sa cousine : “Elles ont vécu, n’est-ce pas ? et elles t’ont montré avec horreur la route de leur vie “ (Perdican, scène 5). Cela disqualifie l’amour physique qu’elle rejette avec passion comme on le voit avec l’opposition : “ vierges et pleines d’espérances” /”vieilles et désolées ”(scène 5). Elle avoue même les motifs de son aversion sans détour : “Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir. Je veux aimer d’un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas” (scène 5). C’est la souffrance causée par l’amour que la jeune fille fuit en réalité. Et plus particulièrement l’abandon qui la pousse dans les bras de la religion : “je vais prendre le voile.” (scène 5). Mais cette manière de parler de sa foi la discrédite. “ Voilà mon amant. Elle montre son crucifix.” (scène 5). Camille emploie, en effet, des mots d’amour, “amant”, ce qui paradoxalement humanise Dieu, tout en montrant un objet divin, un crucifix. Cela suggère qu’elle n’éprouve pas de vocation authentique ; celle-ci n’est qu’un simple refuge, une manière étanche de vivre bien loin des hommes. On assiste à une exaltation du sentiment amoureux humain/divin loin de toute forme de raison. Voyons maintenant les aspects du libertinage dans cet acte. Libertinage Ils sont plus nombreux que les éléments propres au romantisme. Par ailleurs, ils ne sont plus en germe comme dans l’acte I et plus seulement à l’initiative de Perdican : on est dans le jeu de séduction. a) Perdican On retrouve le rôle de l’apparence physique importante pour le libertin qui se flatte d’aimer sans être amoureux. Avec Rosette, il reprend son attitude de maître en adoptant la posture de flatteur : “quel mal y trouves-tu ?”/“Ne suis-je pas ton frère comme le sien ?” (scène 3)/ “Que tu es jolie, mon enfant !” (scène 3). Avec Camille, il choisit le vocabulaire libertin : “y-a t-il une intrigue ?” (scène 5). Il adopte une attitude pleine de force, voire menaçante : “prends garde à toi.” (scène 5). Il recourt, en outre, dans son expression à des provocations. Il lui dispense d’abord des conseils immoraux liés à l’amour : “de prendre un amant (scène 5)/ “Tu en prendras un autre.” (scène 5). Il la provoque par ailleurs sur le terrain de la religion si décriée par les libertins : “En voilà un ; je ne crois pas à la vie immortelle.” (scène 5). Il se déclare athée alors qu’à l’acte III, il s’élancera dans une prière. Il s’emploie à dénigrer la vocation des religieuses : “Elles qui te représentent l’amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu’il y a pis encore, le mensonge de l’amour divin ?” /“le ciel n’est pas pour elles.” (scène 5). C’est alors qu’il se livre à une déclaration du libertin qui constitue la première partie de l'hymne romantique à l’amour : “Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ;” (scène 5). La surprise du libertinage vient de Camille. b) Camille La jeune fille change en effet d’attitude, elle passe de la froideur à l’affection. Elle adopte un plan. Pourquoi ? Parce qu’ elle est jalouse depuis qu’elle a surpris le duo Perdican/Rosette : “ Ce matin, en me promenant avec Rosette, j’ai entendu remuer dans les broussailles, il m’a semblé que c’était un pas de biche.” (Perdican, scène 5). Elle va à son tour adopter un langage libertin. On peut noter des marqueurs du libertinage. Elle recourt tout d’abord à l’envoi d’une lettre , procédé très courant dans cet univers : «Trouvez-vous à midi à la petite fontaine. » (scène 5). Elle a conscience du caractère libertin du message puisqu’elle se défend auprès de sa gouvernante : "Ne dois-je pas être sa femme ? je puis bien écrire à mon fiancé.” (scène 1). Furieuse que son ordre ne soit pas exécuté, la douce Camille se met en colère : "Allez-y ! Trouvez-le ! Faites ce qu’on vous dit ! Vous êtes une sotte ! Je le veux ! Et elle frappait avec son éventail sur le coude de dame Pluche, qui faisait un soubresaut dans la luzerne à chaque exclamation.” (scène 4). Pour l’exécution de son plan, elle est prête à tout et notamment à engager son corps : “Je vous ai refusé un baiser, le voilà. “ (scène 5)/”une froide statue”. Sur la forme, elle flatte Perdican en recueillant ses conseils : “Je suis bien aise de vous consulter.” (scène 5) Sur le fond, elle discourt faussement sur l’amour libre au conditionnel : “Croyez-vous que ces femmes-là auraient mieux fait de prendre un amant et de me conseiller d’en faire autant ? (scène 5)/“Que me conseilleriez-vous de faire le jour où je verrais que vous ne m’aimez plus ?” (scène 5) avant de lui demander de trancher cette question terriblement personnelle : “savoir si j’ai tort ou raison de me faire religieuse.” (scène 5). Ce qui frappe le plus dans cet entretien très long, c’est la connaissance précise par Camille du monde libertin. Elle connaît ce qui s’y passe et comment le discours libertin est utilisé. Elle en adopte tous les codes : aborde l’éducation des hommes aux plaisirs : “Vous faites votre métier de jeune homme,” (scène 5)/”vos maîtresses,” (Scène 5). Elle a conscience des moments de jouissance : “Il me semble que vous devez cordialement mépriser les femmes qui vous prennent tel que vous êtes, et qui chassent leur dernier amant pour vous attirer dans leurs bras avec les baisers d’un autre sur les lèvres. “ (scène 5). Elle reprend sans rougir la conception de l’amour par les libertins, la femme-objet. On note également la métaphore libertine entre la femme et les voyages, soit une relation libre sans attaches , et la femme représentée comme de l’argent qui circule. On voit donc la hardiesse des propos dans la bouche d’une jeune fille tout juste sortie du couvent : “ Est-ce donc une monnaie que votre amour, pour qu’il puisse passer ainsi de mains en mains jusqu’à la mort ? “ (scène 5). Elle utilise une autre métaphore alliant les cheveux et les bijoux : “mais ils (cheveux) ne se changeront pas en bagues et en chaînes pour courir les boudoirs” (scène 5). Cela cache sa fausse vocation : “ la froide nonne qui coupera mes cheveux, pâlira peut-être de sa mutilation “/“je ne veux qu’un coup de ciseau, et quand le prêtre qui me bénira me mettra au doigt l’anneau d’or de mon époux céleste, la mèche de cheveux que je lui donnerai, pourra lui servir de manteau.” (scène 5) On a ainsi les éléments prouvant qu’il ne s’agit pas d’un entretien franc, mais d'une pure mise à l’épreuve toute libertine. Les questions n’ont pas d’autres objets que de susciter, par jeu, chez Perdican un aveu d’amour. Pour l’obtenir, elle provoque l’aveu en elle : “en vérité, je vous ai aimé, Perdican” (scène 5). On note l’emploi du passé composé, temps du passé. Elle attend en retour une déclaration conforme. c) Rosette On notera chez elle la finesse de son jugement critiquant l’attitude libertine de Perdican qui la compromet : “ Croyez-vous que cela me fasse du bien, tous ces baisers que vous me donnez ? (scène 3) Vous trouverez ci-après le tableau récapitulatif. Acte II confrontation entre deux discours/lieux Romantisme conversations : au jardin (scène 1) au champ (scène 3) à la fontaine dans un bois (scène 5) libertinage: au champ (scène 3) à la fontaine dans un bois (scène 5) Perdican sensibilité : - à la nature : “j’aurais voulu m’asseoir avec toi sous les marronniers du petit bois et causer de bonne amitié une heure ou deux.” (scène 2) Perdican pleure (scène 4) sincérité : Perdican “ Il y a de la franchise dans ta démarche” (scène 1) a)amitié, fraternité : à Camille : “ne sommes-nous pas le frère et la sœur ?”(scène 1) b) être incompris : “Les paysans de ton village se souviennent de m’avoir aimé ; les chiens de la basse-cour et les arbres du bois s’en souviennent aussi ; mais Camille ne s’en souvient pas.” (scène 3) exaltation de l’amour : -sincérité sur le non libertinage : “ ma foi je ne m’en souviens pas” (scène 5) “je crois qu’il y a des hommes capables de n’aimer qu’une fois” (scène 5) - déclaration à l’amour : “mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.” (scène 5) apparence : rôle de la beauté ”tu es jolie comme un coeur” (scène 1) - au corps : “ touche là et soyons bons amis.”/ “Donne-moi ta main, Camille, je t’en prie.”/ “voilà ta main et voilà la mienne”(scène 1) Séduction de Rosette: jeux :vanité masculine ” Quel mal y trouves-tu ?”/“Ne suis-je pas ton frère comme le sien ?” (scène 3)/“Que tu es jolie, mon enfant !” (scène 3) - langage libertin de Perdican : a) interrogation à lui-même “y-a t-il une intrigue ?” (scène 5) b) menace envers Camille : “Tu es une orgueilleuse ; prends garde à toi.” (scène 5) c) provocations sur -son impiété : “En voilà un ; je ne crois pas à la vie immortelle.” (scène 5) -en dénigrant la religion : (fausse vocation) : “Elles qui te représentent l’amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu’il y a pis encore, le mensonge de l’amour divin ?” /“le ciel n’est pas pour elles.”(scène 5) d)conseils immoraux : à Camille : “de prendre un amant (scène 5)/ “Tu en prendras un autre.” (scène 5) e) déclaration du libertin : “Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ;” (scène 5) Camille sensibilité exacerbée : peur -refus du corps : ”je n’aime pas les attouchements “(scène 1) -instabilité de l’esprit : “Je suis d’humeur changeante “ (scène 5) -compassion fusionnelle avec Louise : “ses malheurs ; ils sont presque devenus les miens ;” (scène 5) “c’était moi que je voyais agir tandis qu’elle parlait. Quand elle disait : Là, j’ai été heureuse, mon cœur bondissait ; et quand elle ajoutait : Là, j’ai pleuré, mes larmes coulaient.” (scène 5) - motivation confuse : secrète :“Je suis obligée de partir.”/ “C’est mon secret.” (scène 1) sincérité : -jugement positif sur Perdican : “vous n'êtes point un libertin” /“vous ne vous seriez pas livré à un caprice” (scène 5) “je crois que votre coeur a de la probité” (scène 5) - Confidence, récit intime de Louise : trio amoureux malheureux : “Son mari l’a trompée ; elle a aimé un autre homme, et elle se meurt de désespoir.’ (scène 5) -sur elle-même : “J’ai eu tort de parler ; j’ai ma vie entière sur les lèvres. “ (scène 5) exaltation de l’amour amour charnel impossible : peur - statut des jeunes filles “ vierges et pleines d’espérances” /”vieilles et désolées.”(scène 5) -“Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir. je veux aimer d’un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas” (scène 5) - vous ne croyez pas qu’on puisse mourir d’amour”(scène 5) amour de Dieu (religion) : “Voilà mon amant. Elle montre son crucifix.” (scène 5) fuite de la réalité de l’amour : peur a) refus du monde : “Vous ne savez pas la raison pour laquelle je pars, et je viens vous la dire : je vais prendre le voile.” (scène 5) b)vision par procuration : “une vie imaginaire ; cela a duré quatre ans “ (scène 5) “Qu’est-ce donc que le monde ?” (scène 5) “Elles ont vécu, n’est-ce pas ? et elles t’ont montré avec horreur la route de leur vie “ (Perdican, scène 5) plan B : orgueil a) cause : Camille jalouse depuis qu’elle a surpris Perdican/Rosette “ Ce matin, en me promenant avec Rosette, j’ai entendu remuer dans les broussailles, il m’a semblé que c’était un pas de biche.” (scène 5) b)langage libertin de Camille (scène 5) 1)l ettre secrete à Perdican : faux aveu à Dame Pluche: “ Ne dois-je pas être sa femme ? je puis bien écrire à mon fiancé.” (scène 1)/ contenu de la lettre à Perdican : «Trouvez-vous à midi à la petite fontaine. » (scène 5) 2)colère de Camille : (Blazius) : “mais elle s’écriait avec force : Allez-y ! Trouvez-le ! Faites ce qu’on vous dit ! Vous êtes une sotte ! Je le veux ! Et elle frappait avec son éventail sur le coude de dame Pluche, qui faisait un soubresaut dans la luzerne à chaque exclamation.” (scène 4) 3)faux engagement du corps : baiser de Camille : “Je vous ai refusé un baiser, le voilà. “ (scène 5)/”une froide statue” “Que me “conseilleriez-vous de faire le jour où je verrais que vous ne m’aimez plus ?” (scène 5) 4)recherche d’aveu d’amour : -forme : “Je suis bien aise de vous consulter./ “Veux-tu te faire mon confesseur ?” ( Perdican, scène 5) -mise à l'épreuve : savoir si j’ai tort ou raison de me faire religieuse.” scène 5) / “Croyez-vous que ces femmes-là auraient mieux fait de prendre un amant et de me conseiller d’en faire autant ? (scène 5) exaltation de l’amour : provocation - aveu d’amour au passé : “en vérité, je vous ai aimé, Perdican” (scène 5) 5) connaissance du monde libertin : a)-critique de l’éducation aux plaisirs : “Vous faites votre métier de jeune homme,”(scène 5)/”vos maîtresses,” (Scène 5) b)jouissance : “Il me semble que vous devez cordialement mépriser les femmes qui vous prennent tel que vous êtes, et qui chassent leur dernier amant pour vous attirer dans leurs bras avec les baisers d’un autre sur les lèvres. “ (scène 5)/ c)femme - objet “voyage” et “ Est-ce donc une monnaie que votre amour, pour qu’il puisse passer ainsi de mains en mains jusqu’à la mort ? “ (scène 5) “mais ils (cheveux) ne se changeront pas en bagues et en chaînes pour courir les boudoirs” (scène 5) 6) impiété : -blasphèmes : “Si le curé de votre paroisse soufflait sur un verre d’eau, et vous disait que c’est un verre de vin, le boiriez-vous comme tel ?” / “Si le curé de votre paroisse soufflait sur vous, et me disait que vous m’aimerez toute votre vie, aurais-je raison de le croire ?”(scène 5) - fausse vocation : “ la froide nonne qui coupera mes cheveux, pâlira peut-être de sa mutilation “/“je ne veux qu’un coup de ciseau, et quand le prêtre qui me bénira me mettra au doigt l’anneau d’or de mon époux céleste, la mèche de cheveux que je lui donnerai, pourra lui servir de manteau.” (scène 5) Rosette sensibilité : empathie à l’égard de Perdican: “ Comme vous paraissez triste ce matin !” (scène 3) critique de l’attitude compromettante de Perdican : “ Croyez-vous que cela me fasse du bien, tous ces baisers que vous me donnez ? (scène 3) article à suivre : Acte III
- "On ne badine pas avec l'amour" : acte I
Bac : l’acte I permet la confrontation de deux types de discours : le discours romantique et le discours libertin : nous avons affaire à un discours amoureux de type essentiellement romantique non dénué cependant de germes de libertinage comme vous pourrez le constater avec le tableau récapitulatif (citations et références) pour vous aider dans votre dissertation. Gallica On ne badine pas avec l'amour : acte I Nous avons affaire à un discours amoureux de type romantique non dénué de germes de libertinage. Romantique Notons, en effet, que les personnages sont tous jeunes, ce qui correspond à la caractéristique du héros romantique dans Les deux personnages moteurs de l’action sont, en outre, éduqués (Perdican et Camille) : ce qui correspond là encore au critère. Les trois personnages ont en commun une véritable sensibilité. Ils sont à fleur de peau. Dès l’acte I, on la trouve bien brossée chez Perdican : la nostalgie et le goût pour la nature répondent aux codes romantiques. Chez Camille, on note la pudeur qui correspond aux normes des héroïnes romantiques : “ L’amitié ni l’amour ne doivent recevoir que ce qu’ils peuvent rendre” (scène 2) Rosette, qui est une simple paysanne, partage enfin la sensibilité romantique liée à sa simplicité du cœur allant de pair avec le corps. Là où Camille refuse les attouchements de Perdican, Rosette accepte, elle, de lui donner la “main” (scène 5) : elle est parfaitement innocente. Cependant cet acte comprend en germe des éléments du libertinage. Libertinage "On ne badine pas avec l'amour" : acte I : Perdican adopte le registre de la séduction à l’égard des deux jeunes filles : l'apparence physique l’intéresse en premier lieu, plus que la personnalité morale. Il voudrait joindre le geste à la parole, en leur serrant la main ou en obtenant un baiser qui entrerait dans le champ du libertinage. S’agissant du libertinage, on note un facteur social qui est un marqueur du libertinage, c’est celui de l’inégalité des conditions. Un libertin abuse plus facilement des paysannes que des femmes de sa condition. On a un rapport de domination dans le libertinage qui fait défaut au romantisme. Vous trouverez ci-après les citations et les références scéniques pour vous permettre de les comprendre avant de les choisir pour la dissertation. Tableau Acte I confrontation entre deux discours Romantisme : salon (scène 2) libertinage : une place (scène 4) une salle (scène 5) Perdican jeunesse : “ Mon fils a eu hier matin, à midi huit minutes, vingt et un ans comptés” (scène 2) éducation : “ il est docteur à quatre boules blanches”. (scène 2) sensibilité : -timidité : “ les voilà qui se tournent le dos.” (scène 2) - nostalgie de l’enfance : “pas un battement de cœur pour notre enfance, pour tout ce pauvre temps passé, si bon, si doux, si plein de niaiseries délicieuses ?” (scène 3) “le monde mystérieux des rêves de mon enfance” (scène 4) - goût pour la nature : “ Je trouve qu’elle sent bon, voilà tout.” (tournesol) (scène 2)/dans un cadre bucolique “la prairie” “la ferme” (scène 3) communion avec la nature : “ces arbres et ces prairies enseignent à haute voix la plus belle de toutes, l’oubli de ce qu’on sait.” (scène 5) -égalité entre les êtres : “Va-t’en vite mettre ta robe neuve, et viens souper au château.” (scène 5) apparence de Camille : à la beauté du corps “ Comme te voilà métamorphosée en femme ! Je suis donc un homme, moi ?” (scène 2) - : “ Comme te voilà grande, Camille ! ( scène 1) corps de Rosette : “ main” et les joues” (scène 5) i négalité sociale : évocation inconsciente des rapports issus de la féodalité Perican/Rosette “monseigneur”/”petite( scène 5) Bridaine : “Il tient sous le bras une jeune paysanne.” (scène 5) Le baron : “ mon fils séduit toutes les filles du village en faisant des ricochets.” (scène 5) Camille jeunesse : “ Ma nièce est depuis hier, à sept heures de nuit, parvenue à l’âge de dix-huit ans “ (scène 2) éducation : “ elle sort du meilleur couvent de France.” (scène 2) sensibilité exacerbée : -pudeur : “ L’amitié ni l’amour ne doivent recevoir que ce qu’ils peuvent rendre” (scène 2) - froideur du corps : “ les voilà qui se tournent le dos.” (scène 2) “je dis que les souvenirs d’enfance ne sont pas de mon goût” (scène 3) Rosette jeunesse : “la soeur de lait” (scène 5) sensibilité : exaltation des origines simples : ici paysanne : fille de nourrice (scène 5) simplicité du cœur allant avec le langage du corps : elle accepte de donner la “main”à Perdican (scène 5) repère suivant : Acte II















