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"Sido" et "Les Vrilles de la vigne" (Colette)

  • Photo du rédacteur: Marie-Noëlle Parisot-Schmitt
    Marie-Noëlle Parisot-Schmitt
  • il y a 2 heures
  • 24 min de lecture

Bac : parcours "célébration du monde" : nous devons examiner le rapport que Colette entretient avec la nature, mais aussi, de manière plus globale, avec ce qui constitue l’extériorité. Le monde colettien n’est pas purement descriptif, ni introspectif : c’est un monde entre les deux qui résulte d’un exercice de remémoration d’un passé réinterprété et idéalisé sous sa plume. Il n’est propre qu'à elle-même. Nous vous proposons une présentation et une analyse détaillées de l'œuvre.


profil de Colette avec une rose rouge dans son chignon
Portrait de Colette vers 1896, attribué à Ferdinand Humbert.

"Sido" et "Les Vrilles de la vigne" (Colette)

Dans le cadre de notre dossier consacré à Colette, nous vous proposons une présentation et une analyse de l'œuvre selon la progression suivante  :  

présentation des œuvres :

Présentation

Nous allons introduire les deux livres, "Sido" et "Les Vrilles de la vigne" (Colette), puis comprendre l'enjeu du parcours "célébration du monde", avant d'analyser le genre littéraire de ces deux œuvres et enfin aborder le sujet de l'idéalisation créatrice.


  1. Les deux œuvres


Présentons sommairement les deux livres, si vous le voulez bien. Précisons le contexte, la forme et le titre de chaque œuvre de manière chronologique. 


Les Vrilles de la Vigne


Âgée de 35 ans, Colette est fraîchement séparée de son premier mari, Willy. C’est une donnée qui a de l’intérêt : c’est avec lui qu'elle a écrit la série des Claudine devenue un succès de librairie. Mais c’est Willy qui a signé seul les livres, avant d’y adjoindre enfin celui de sa femme. Depuis quelques années, le couple bat de l’aile, Willy la trompe ouvertement. Au moment de la publication de ce livre, il lui a demandé de quitter le domicile. 

Sans le sou, Colette doit subvenir à ses besoins et devient une artiste de scène. Elle rencontre une femme, Missy, dont elle devient la maîtresse : c’est l’époque des amours saphiques. 

En ce début de siècle, cette vie affranchie est particulièrement choquante aux yeux de la société. 

Non seulement Colette, libre, n’en a cure, mais elle s’en amuse en défrayant la chronique :  au Moulin Rouge, elle apparait nue, embrassant sa compagne sur scène. La presse s’en émeut. On est en 1907. 

Au moment où elle publie ce livre, elle est davantage connue à Paris en tant qu'artiste de scène qu’écrivain. 

Les Vrilles de la Vigne sera donc un ouvrage pivot.

Voyons sa forme.

Ce livre a été écrit d’abord sous formes de courts récits pour la presse dès 1907. L'année suivante, elle décide de les réunir en un seul ouvrage, ce qui lui donne sa forme si singulière. On y trouve, en effet, divers genres littéraires (contes et légendes, chroniques, poèmes) qui évoquent son enfance, mais également sa nouvelle vie, ses amours etc…

Le titre du livre renvoie, quant à lui, à un embout végétal (vrille) qui permet de fixer la vigne. Présentons maintenant Sido.


Sido


C’est une œuvre publiée en 1930 et donc de maturité, Colette est alors âgée de 57 ans. C’est pour elle le moment d’évoquer ses souvenirs d’enfance. Pour cela, elle choisit une période précise de son existence : celle où elle a environ douze ans. Cela correspond au temps béni de Saint-Sauveur-en-Puisaye avant la déconfiture financière et le déménagement à Châtillon-Coligny.

Voyons sa forme.


Ce livre est composé en trois parties :


  • Sido (sa mère),

  • le capitaine (son père)

  • et les sauvages (ses frères et le reste de la famille). 

Elle choisit le titre en référence au diminutif de sa mère Sidonie, preuve de l’importance de cette femme dans sa vie. Il faut relever que ce lien a été éludé jusqu'alors dans ses écrits : Claudine n’a pas de mère, et s’il y a une mère dans ses autres écrits, elle ne sera qu’au stade de l'ébauche. Pourquoi ? 


Il lui a été difficile d’aborder leur relation tant elle était fusionnelle et donc compliquée. Prenons un exemple parmi d’autres : Sidonie n’a jamais coupé les cheveux de sa fille depuis sa naissance ; elle les brosse quotidiennement et les coiffe (longues tresses). Une fois mariée, sa fille les coupe rapidement, ce qui ne sera pas du goût de la mère. Cela en dit long sur l’emprise maternelle et le lent affranchissement de sa tutelle. Il faut avoir en tête cette donnée pour lire convenablement Sido.


  1. Le parcours


Les programmes officiels précisent un axe d’analyse défini par la notion de la célébration du monde. Mais qu’entend-on exactement par là ?

La célébration renvoie à l’émerveillement, à un sentiment de glorification et de joie. Cette contemplation n’est rendue possible que par l’exercice des cinq sens : la vue, l'ouïe, le toucher, l’odorat et le goût : on verra dans l’analyse des textes l’importance des trois premiers sens chez Colette.

Qu’est-ce que ces sens ont à nous dire ? Colette y puise la source de sa connaissance du monde : l'expérience sensorielle est de l’ordre de la curiosité et du plaisir et non de la théorie abstraite. 

On verra à cet égard l’importance de l’enfance, siège de cette première expérimentation. 

Voyons le terme "monde" dans l’esprit de Colette.


Monde 


Le monde, au sens colettien du terme, comprend un large inventaire à la Prévert partant des astres aux minéraux, en passant par les végétaux et les animaux. 

On sait que l’auteure éprouve pour la nature un véritable attachement, de nombreuses pages et sujets de son œuvre lui sont dédiés. Mais le monde, certes empreint d’éléments de la nature, recouvre un sens beaucoup plus large dans son esprit. 

Il s’agit de tout ce qui forme son rapport à l’extérieur. Dans son livre, les Vrilles de la vigne, le monde concerne ainsi à la fois l’univers urbain, tel Paris, mais aussi la campagne du Nord de la France, voire le bord de mer ou la forêt…

Peu importe au fond puisque nous devons comprendre qu’il s’agit moins de décrire une réalité que l’impression intérieure que cela suscite en elle, avant sa réécriture littéraire  : nous sommes donc appelés à cheminer avec elle : de partir de l'extérieur pour avancer dans son intimité et sa création. 

Nous sommes en droit de nous demander en quoi cette démarche serait originale par rapport à celle initiée par ses contemporains. 


Originalité


Le critique littéraire, Thierry Maulnier, disait de Colette qu’elle  possède un “art inimitable de nous faire participer, par le moyen de l’écriture à la possession de la vie”.


Nous verrons que Colette fait preuve de singularité dans son rapport au monde. Il n’est pas purement descriptif (extérieur), ni introspectif (intérieur) : c’est un monde entre les deux. 


L’auteure donne à voir un monde totalement recréé par un travail d’écriture littéraire, sur la forme et sur le fond. 


Elle s’appuie sur un exercice de remémoration d’un passé révolu, à qui elle redonne vie comme a pu le faire Marcel Proust, qui admirait l’auteure. 

Mais elle procède d’une manière originale au travers de l’utilisation de paradoxes mis en scène et de l’utilisation de registres littéraires contrastés comme nous le verrons ensemble. 


  1. Genre littéraire


Le parcours du bac nous invite à étudier les deux œuvres de Colette, Sido et Les vrilles de la vigne, rattachées à la catégorie : roman et récit du Moyen Âge au XXIe siècle. Si l’auteure a écrit des romans (les Claudine, le blé en herbe etc…), les deux œuvres au programme échappent à ce genre. Ce sont de purs récits. 


Récits

Qu’est-ce qu’on entend par récit ? On définit par là le fait de raconter à l’écrit ou à l’oral des événements ayant existé dans le passé. Le récit concerne donc l’exposé de souvenirs.

Il y a nécessairement une part d’arbitraire dans la manière de présenter les faits et dans la volonté d'exhumer tel souvenir plutôt qu’un autre. 

Sido et Les vrilles de la vigne sont-ils des autobiographies ?

Le premier récit, Les vrilles de la vigne, n’a pas été rédigé à cette fin puisqu’il s’agit de réunir différents articles de presse dans un même ouvrage : on trouve des fragments de vie distillés ça et là, mais sans but autobiographique. On aurait tort d'étudier cette œuvre en fondant son analyse sur la vie de l'auteure puisque cela n'a jamais été son objectif...

Cette question concernerait, en réalité, davantage Sido. Voyons ce qu’il en est précisément.


Récit de soi

Le récit de soi, dans le champ littéraire, exige la réunion de critères précis édictés par Philippe Lejeune* :


  • un pacte autobiographique entre l’auteur et le lecteur

L’objet doit concerner le récit d’une vie : de convention entre le lecteur et l'auteur, il s’agit bien d’une écriture du moi dans Sido. Mais il faut examiner les autres exigences.


  • un récit rétrospectif : 

Il s’agit de l’écriture de souvenirs, compris comme un passé remis au jour. Dans Sido, c’est bien le cas même si Colette ne respecte pas un ordre logique ni aucune chronologie. 

Sur ce dernier point, elle décide d’évoquer la seule période de ses douze ans. On peut ainsi dire que ce choix lui permet de laisser libre cours à la manifestation de sa liberté d’auteure : elle évoque son passé comme elle l’entend, sans aucune contrainte narrative.


  • une triple identité entre l’auteur, le narrateur “je” et le personnage.

C’est justement cette condition qui fait défaut dans Sido. Colette n’a pas voulu faire un récit autobiographique. Elle écrit pour renouer avec son passé, mais ce n’est qu’un simple moyen et non un but ultime. Elle le transforme, le sublime, lui donne une perspective conforme à la femme qu’elle est devenue. Il n’y a donc pas identité entre : 


- l’auteure : l’écrivaine, maîtresse de sa plume,

- la narratrice : Colette, enfant revue et corrigée à l’aune du présent,

- et le personnage de son enfance : la Colette du passé. 


Colette crée donc une œuvre littéraire autonome, distincte de sa propre vie.

Nous sommes dans le cadre d’une réécriture impliquant un travail du fond et de la forme dans un but précis. Lequel ?

Loin d’être un récit purement autobiographique, Sido constitue en réalité un hymne au monde, au monde de Colette convoqué et entièrement recréé.

Dans l’article suivant, nous verrons la problématique sur laquelle se fonde notre dossier.


Source : Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, le Seuil, 1975, Poétique, réédition Points 1996 


  1. l'idéalisation créatrice

Les programmes nous incitent à analyser la célébration du monde chez Colette. Nous mettrons en évidence l'idéalisation de son univers, puis l'art du paradoxe avant d'examiner la problématique de notre étude.


Le rôle des sens

Il ne s'agit pas d'une représentation de la réalité, mais d'une expérience matérielle dérivant de l'exaltation des sens.

Ces sens vont être conjugués, confrontés de manière opposée. Cela permet à l'auteure d'avoir à sa disposition un matériau qu'elle retravaille pour en faire un idéalisation par son travail d'écriture fondé sur le paradoxe.


Paradoxe 

L’art du paradoxe est manié par l’auteure : on le retrouve sous forme d'antithèses, d'oppositions ou d'oxymores dans des descriptions ou des jugements portés sur sa vie passée ou sur le monde extérieur. 

Le paradoxe correspond à une volonté de faire fi de la logique, de défier la norme ou la morale : on le verra notamment avec le portrait de Sido. 

Cet art du paradoxe permet aussi de comprendre le monde colettien, qui est ainsi mis en relief, en équilibre sur le fil, avec son registre lyrique combiné au registre pathétique ou tragique. 

Nous allons nous saisir de cet angle du paradoxe pour fonder notre problématique.


Problématique

La question à laquelle nous tenterons de répondre est celle de savoir comment l’idéalisation créatrice repose sur l'utilisation de paradoxes.

Nous chercherons ainsi les contrastes dans le texte, des oppositions aux différents  registres convoqués, qui donnent lieu à un esthétisme singulier.

Pour cela, nous vous proposons une grille d’analyse type des textes de Colette soumis à notre étude.

Clefs d’analyse

procédés de style

Cadre spatio-temporel : lieu clos

la nature :

- le minéral,

- le végétal,

- l’animal

 foisonnement de détails : regard d'entomologiste

- énumération : effets grossissants

- changement d'échelle,

- répétition,

- métaphore

- antithèse/oxymore

l’humain

 - je/moi : introspection

- contraste : phrase négative pour affirmer

La métamorphose

- personnification de l'animal : paroles

- animalisation de l'homme : caractère naturel

- enchantement de la nature

- dynamisme de la vie, du mouvement,

 

Les sens

Plaisirs des sens : expérimentation primaire, sensorielle

- importance de la vue : regard qui prime

- L'ouïe : la musique

- le toucher : volupté

la conjugaison

cycle de vie :

plus-que-parfait/imparfait : époque révolue

passé composé : action qui vient de se passer : souvenir proche.

présent de narration : action prise sur le vif,mais qui a une valeur d’habitude, ou une vérité générale

conditionnel : certitude/incertitude


 

les registres

Combinaison du registre lyrique avec le registre tragique.

oxymore

 







  1. La conscience de soi


Ce troisième passage illustre le travail de l’écrivain qui interprète ses souvenirs pour en donner une vision littéraire entièrement repensée, comme dans cet extrait mettant en présence la narratrice, sous les traits de Colette, et son personnage de fiction, Claudine. Les deux personnages en miroir échangent, se questionnent, l’une étant le double de l’autre ; nous sommes à la fin de ce texte et c’est Claudine qui interpelle Colette sur son enfance.


“/– Quoi ! Vous prétendez n’avoir jamais été petite ? 

Jamais. Jai grandi, mais je nai pas été petite. Je n’ai jamais changé. Je me souviensde moi avec une netteté, une mélancolie qui ne m’abusent point. Le même cœur obscur et pudique, le même goût passionné pour tout ce qui respire à l’air libre et loin de l’hommearbre, fleur, animal peureux et doux, eau furtive des sources inutiles, – la même gravité vite muée en exaltation sans cause… Tout cela, c’est moi enfant et moi à présent /Mais ce quej’ai perdu, Claudine, c’est mon bel orgueil, la secrète certitude d’être une enfant précieuse, de sentir en moi une âme extraordinaire d’homme intelligent, de femme amoureuse, une âme à faire éclater mon petit corps… Hélas, Claudine, j’ai perdu presque tout cela, à ne devenir après tout quune femmeVous vous souvenez du mot magnifique de notre amie Calliope, à l’homme qui la suppliait : « Qu’avez-vous fait de grand pour que je vous appartienne ? » Ce mot-là, je n’oserais plus le penser à présent, mais je l’aurais dit, quand j’avais douze ans.Oui, je l’aurais dit ! Vous n’imaginez pas quelle reine de la terre j’étais à douze ans ! Solide, la voix rude, deux tresses trop serrées qui sifflaient autour de moi comme des mèches de fouet ; les mains roussies, griffées, marquées de cicatrices, un front carré de garçon que je cache à présent jusqu’aux sourcilsAh ! que vous m’auriez aimée, quand j’avais douze ans, et comme je me regrette !/

/Mon Sosie sourit, d’un sourire sans gaîté, qui creuse ses joues sèches, ses joues de chat il y a si peu de chair entre les tempes larges et les mâchoires étroites : 

Ne regrettez-vous que cela ? dit-elle. Alors je vous envierais entre toutes les femmes… 

Je me tais, et Claudine ne semble pas attendre de réponse. Une fois encore, je sens que la pensée de mon cher Sosie a rejoint ma pensée, qu’elle l’épouse avec passion, en silence…Jointes, ailées, vertigineuses, elles s’élèvent comme les doux hiboux veloutés de ce crépuscule verdissant. Jusqu’à quelle heure suspendront-elles leur vol sans se disjoindre, au-dessus de ces deux corps immobiles et pareils, dont la nuit lentement dévore les visages ?…"


 Colette, le Miroir dans les vrilles de la vigne 


Ce texte se fonde sur un triple mouvement :


3.1. être et avoir été toujours la même personne

Ce texte se fonde sur un premier mouvement qui soutient le paradoxe pour Colette d’avoir toujours été la même personne ; nous verrons la forme choisie par Colette, avec le dialogue et la mise en abyme avant le fond du sujet.


  1. la forme

Sur la forme, cette affirmation est rendue particulièrement vivante par le jeu du miroir et le recours aux dialogues. 


-un jeu de miroir

Dans ce passage, Colette évoque librement son enfance en mettant en présence le double en miroir :  la narratrice qui s’exprime avec le pronom personnel “je” et sa créature, Claudine, copie de celle qu’elle a été. Il s’agit d’un récit qui évoque une enfance revisitée : il s’agit d’une réinterprétation de l’enfance à des fins littéraires. 

C’est aussi un moment d’introspection en miroir avec l’opposition entre “je” pronom personnel sujet et “moi” pronom personnel complément : “je me souviens de moi” : celle qui est maintenant regarde celle de l’enfance.


-le recours aux dialogues

On assiste à un échange entre l’auteure et son personnage, Claudine. On relève la distance voulue entre la créatrice et sa créature avec le vouvoiement “vous”. Cette dernière n’est pas servile, elle fait preuve d'autonomie puisqu’elle prend l’initiative de la questionner. 

Elle fait preuve également de liberté de ton en mettant en doute ce que dit la narratrice avec le verbe “prétendre”. La question est précédée d’une exclamation “Quoi !” qui montre son parfait étonnement et sa spontanéité. Avec la longueur de sa réponse, l’auteure reprend l’initiative en monopolisant la parole : il s’agit de comprendre qu’en parlant à sa créature, à son double, appelé aussi “mon Sosie”, elle se parle à elle-même sous le contrôle de sa créature littéraire.


  1. le fond

La réponse de la narratrice est fondée sur des antithèses, véritables paradoxes et sur le registre nostalgique.


- les paradoxes 

Ce passage porte en germe l’antithèse exprimée par deux propositions indépendantes coordonnées, l’une évoquant le fait de prendre de l’âge à la voix affirmative “j’ai grandi” et l’autre évoquant l’enfance, rappelée par la voix négative, “je nai pas été petite”. C’est une technique usuelle chez Colette d’affirmer une chose par la voix négative. Elle expose un paradoxe insoutenable : grandir sans jamais avoir été une enfant, ce qui suscite évidemment de la curiosité. 

L’auteur répète l'adverbe “jamais” en indiquant dans une seule proposition, encore une fois négative, : “Je n’ai jamais changé.” Cette proposition se veut conclusive alors que rien n’a été jusque-là démontré.

Pour persuader son double, la narratrice fait alors appel aux souvenirs qu’elle fait remonter cette fois au présent de l’indicatif “je me souviens”.   Elle puise aussi dans les sentiments avec le sens de la vue “avec une netteté”.  Elle évoque le siège des émotions “le cœur” et “le goût” : on est sur une perception sensorielle des choses.

Mais l’argumentation semble bancale, car on tombe sur une opposition dans son caractère changeant pris entre “gravité” et “exaltation” : deux attitudes différentes, exclusives l’une de l’autre. Les points de suspension en disent long. Le champ lexical de la nostalgique s’incarne dans ses mots.


-le champ lexical de la nostalgie

La narratrice abolit la distance entre le passé “c’est moi enfant”  et le présent “moi à présent” : on note la répétition du pronom personnel “moi” qui serait donc un trait commun. 

Notons néanmoins qu’elle ne se qualifie pas en tant qu’adulte, elle le suggère seulement de manière indéfinie avec les points de suspension. 

Le champ lexical de la nostalgie résulte des termes “mélancolie”, de la répétition du pronom personnel “moi”, de l’adverbe “même”, pour le caractère indéfini de ce qu’elle évoque “tout ce qui respire”/”tout cela”. On note la pudeur de l’auteure dans cette difficulté à dire.

Mais la nostalgie transparaît par le refus de s’exprimer au passé : l’auteure débute en recourant du bout des lèvres au passé composé, le temps le plus proche du présent, qui permet l’introspection, “Jai grandi”/ “Je n’ai jamais changé.” Ensuite, elle parvient au présent “je me souviens”. Colette emploie à la fin une longue phrase non verbale :  “Le même cœur obscur et pudique, le même goût passionné/ la même gravité vite muée en exaltation sans cause… “ :  on note donc le refus de se positionner sur une échelle de temps. Elle préfère utiliser le participe passé “vite muée” ou la proposition infinitive “pour tout ce qui respire “. L’effet obtenu est de donner un aspect extrêmement lyrique à ces souvenirs avec le champ lexical de la nature et l’énumération “  arbre, fleur, animal peureux et doux, eau furtive des sources inutiles”. : association du végétal, de l’animal et les éléments. On retrouve cette soif de liberté qui la rend si proche de la nature “pour tout ce qui respire” et éloignée de la société “loin des hommes” : on retrouve l’opposition entre la nature et la culture. Cette position tranchée connaît une rupture. 


3.2. la perte d’une partie essentielle de soi


On assiste dans ce paragraphe à une antithèse avec la thèse développée précédemment : la narratrice soutient qu’elle n’est plus vraiment la même par un effet de rupture. Elle fait état des modifications qui touchent son caractère, avant d’évoquer par opposition le bouleversement physique. Enfin nous verrons les registres opposés.


  1. un effet de rupture 

Colette se fonde sur la conjonction de coordination “mais” qui se veut tranchante alors que rien ne le justifie en réalité. Cela produit un effet de contraste marquant la perte irrémédiable qui suggère des sanglots.

-une perte irrémédiable

Elle allègue d’une perte “j’ai perdu” s’exprimant à la voix affirmative, en décalage avec le procédé précédent, tout en conservant le passé composé, temps de l’introspection. 

On note une gradation au fil du paragraphe avec “j’ai perdu presque tout” : l’adjonction de l’adverbe produit un effet de litote. En fait, elle signifie que ce passage de l’enfance à l'âge adulte est irréparable.

Notons que l’auteure choisit le pronom démonstratif “ce que” en apposition, avant de procéder à l’énumération des différences entre les deux âges de la narratrice. L’accentuation est mise sur la perte elle-même, comme phénomène marquant, et non sur l’objet de la perte.

-des sanglots

On relève la présence d’une longue phrase complexe, sinueuse, avec ces nombreuses propositions en apposition : “c’est mon bel orgueil, la secrète certitude d’être une enfant précieuse, de sentir en moi une âme extraordinaire d’homme intelligent, de femme amoureuse, une âme à faire éclater mon petit corps…” : cela produit un effet haché, comme un sanglot. 

La narratrice prend enfin deux fois à témoin sa créature, avec le vocatif “Claudine,” et “Hélas, Claudine” en l’interpellant “Vous n’imaginez pas” “Ah ! que vous m’auriez aimé”. Elle l’associe à son introspection. Voyons maintenant les transformations qu’elle a subis. Elle fait état des changements de caractère et de son corps.


  1. les modifications de son être

La narratrice fait état du changement dans son caractère qu’elle ramène paradoxalement à son seul corps. On a vu que le paradoxe joue sur le refus de se laisser enfermer par une logique. Examinons d’abord le premier point.

  

-une perte immatérielle

L’auteure débute par une perte immatérielle : changement de caractère et de son âme. 

Le caractère est vu de manière méliorative “bel orgueil” , précisé par l’apposition “secrète certitude”. Elle évoque “l’âme” deux fois ; es adjectifs sont mélioratifs “précieuse”/“extraordinaire”/”amoureuse”. On est dans le champ de ce qui ne se voit pas, de ce qui constitue un être. C’est une vision spiritualiste, idéale. Mais cette vision ne dure pas. 

On relève l’opposition majeure dans ce paragraphe entre les deux auxiliaires, avoir : “j’ai perdu”/ “de sentir en moi” / “que je vous appartienne”/ “j’avais douze ans” et être “d’être une enfant”/ “ à ne devenir”/ “j’étais à douze ans !”: c’est bien le paradoxe du changement, le manque (avoir) qui transforme (être)

Cette opposition en sous-tend de nombreuses autres disséminées. D’abord, L’auteure souligne son appartenance naturelle à l’espèce humaine avec un âge d’or qu’elle fixe à ses douze ans répétés deux fois : il s’agit de marquer cette période d’avant l’adolescence. On peut ainsi opposer “une enfant précieuse,” et l’être humain, pris dans son sens universel “d’homme intelligent”. 

On note ensuite une lente gradation qui concerne, cette fois, le genre masculin : “à l’homme qui la suppliait”/”de garçon”  et le genre féminin : ”femme”/ “une enfant précieuse”/ “reine” : là encore, c’est une différence  dans l’ordre de la nature.

L’opposition que la narratrice n’admet pas, c’est celle qui concerne son corps :  “être une enfant” “reine de la terre” et “à ne devenir … qu’une femme” :  le verbe être se transforme avec le verbe d’état “devenir” impliquant un changement corporel, celui qui fait horreur la narratrice.


- un changement corporel

La narratrice fait état du changement dans son caractère qu’elle ramène paradoxalement à son seul physique. C’est en fait une manière de souligner ce qui la chagrine le plus. C’est pourquoi, on trouve le champ lexical de l’apparence physique convoquant le sens de la vue et l'ouïe : ”petit corps”/”voix”/”solide”/”deux tresses”/”mèches”/”mains”/”front”. 

On voit que les aspects positifs sont évoqués dans l’âge d’or. D’ailleurs elle fait le lien entre l’enfant de douze ans et “Calliope”, la déesse de la poésie. On entre dans le domaine de la toute puissance de l’enfance avec les adjectifs “solide”/ “extraordinaire” avec des noms “fouet”, avec les groupes nominaux “reine de la terre”.

Le passage à l’état d’adulte n’est décrit qu’une seule fois et de manière péjorative avec la tournure restrictive : “à ne devenir après tout qu’une femme… “ les points de suspension soulignent une amertume profonde. On note aussi le changement de registres.


  1. le changement de registre

L’auteure combine deux registres, l’un lyrique et l’autre tragique pour donner du relief à son texte. On a vu que c’est un procédé courant chez Colette qui manie ainsi le paradoxe.


-Le lyrisme 

Il se mesure aux exclamations “Oui, je l’aurais dit !”/ “Vous n’imaginez pas quelle reine de la terre j’étais à douze ans ! Cela donne une fraîcheur  au ton, une spontanéité également avec l’interjection “Ah ! “. 

On relève aussi des propos rapportés de la déesse de l’antiquité Calliope, au style direct, donnant un effet emphatique : “Qu’avez-vous fait de grand pour que je vous appartienne ? “ : on est dans le champ du lyrisme absolu avec la référence à la déesse de la poésie. Mais c’est sa combinaison paradoxale avec le registre tragique qui est intéressant.


- le registre tragique

Le registre tragique transparaît avec le verbe “perdu” deux fois répétés, avec la tournure “à ne devenir qu’une femme” comme on l’a vu. 

Mais on peut ajouter l’apostrophe “hélas” tout comme le regret exprimé par la conjonction de subordination  “et comme je me regrette !” : l’effet réflexif je/moi donne toute sa force à cette opposition tragique. 

On note aussi le champ lexical de la mort avec la présence du verbe “éclater” ou “supplier” , ou le participe passé “trop serrées”. Ces verbes trouvent un écho avec le nom commun “fouet” et les adjectifs “roussies, griffées, marquées de cicatrices,”. L'enfance disparue est un deuil, une petite mort dans l’esprit de Colette.

Enfin l’emploi du mode du conditionnel marque clairement le regret d’une action qui aurait pu être possible : “ Ce mot-là, je n’oserais plus le penser à présent, mais je l’aurais dit,quandj’avais douze ans. “ : cela souligne l’opposition présent/passé qui est insurmontable. Pour s’en convaincre, la narratrice le répète une fois “Oui, je l’aurais dit !”.

Enfin, c’est à destination de son double qu’elle lance cette exclamation : “ Ah ! que vous m’auriez aimée” : c’est aussi la marque d’un regret.  

On pourrait en rester sur cette impression triste, mais la vie reprend ses droits et le texte prend alors une nouvelle trajectoire avec la suite du dialogue entre la narratrice et son double. 


3.3. la communion entre les deux âmes

Dans la dernière partie de ce passage, on reste sur la note tragique avant une brusque invitation poétique.


  1. la réponse de Claudine 

On revient au temps du présent et la parole est rendue à Claudine ; le discours direct redonne un nouvel élan au texte avec pourtant la reprise du registre tragique qui précède la métamorphose rendue possible. 


-la reprise du registre tragique

Mais il reste empreint du registre tragique, car le Sosie, double de la narratrice, éprouve une profonde empathie à l'égard des sentiments évoqués : “Mon Sosie sourit, d’un sourire sans gaîté” : on note la répétition sourire/sourit avec l’effet d'atténuation introduit par l’adverbe de manque “sans”. On reste, en effet, dans le champ lexical de la mort : “sans gaîté”/”creuse””joues sèches"/”si peu de chair”, avec le verbe “regrettez”.

Ne regrettez-vous que cela ? dit-elle.”  

On sent pourtant que les choses ne vont pas en rester là : on va assister à une métamorphose au sens poétique du terme.


-la métamorphose

Colette fait alors intervenir le règne animal, celui qui est en mouvement, qui, dit-on, a plusieurs vies : “ses joues de chat”. Elle animalise ainsi Claudine avec un chat qui est l’animal préféré de Colette : cette métamorphose donne un aspect naturel et donc poétique : il prépare la communion entre la créatrice et sa créature qui se confirme par le témoignage de préférence lancé au conditionnel à la narratrice : “Alors je vous envierais entre toutes les femmes…” : c’est une valeur de certitude qui est donnée. 

Puis la proclamation s’arrête net avec les points de suspension qui entraînent un réenchantement du monde.


  1. une invitation poétique

Un élément capital joue en rôle primordial pour l’éclosion d’un instant poétique, le silence qui voit surgir un ressort dynamique avant la mise en place de la comparaison ailée convoquant deux registres littéraires. 


-le silence

La narratrice et son sosie respectent le silence dans une symétrie propre au miroir : “Je me tais,”/” Claudine ne semble pas attendre de réponse”. On note la tournure négative qui, par un effet de litote, affirme donc quelque chose et le recours au verbe d’état “semble” qui induit une certaine distance entre elles. Ce silence s’installe avec ses redondances “pensée”/ “en silence”/”immobile”. 

On est sur un temps où l’émotion prend toute sa place “je sens”. Cette manière d’éprouver les choses est manifestement habituelle comme l’indique la locution d’habitude “Une fois encore”. 

Loin de tomber dans une profonde léthargie, c’est au contraire un moment dynamique qui se met en place.


-le ressort dynamisme 

On relève qu’il s’agit d’une expérience spirituelle avec les noms “pensée”/”au-dessus de ces deux corps immobiles” : on a ainsi une opposition entre le corps qui reste vissé au sol et l’esprit qui se déploie. Et c’est, en effet, l’esprit qui joue désormais un rôle central.

Colette, comme toujours, utilise un paradoxe en employant des verbes de mouvement :  “a rejoint”/“épouse”/“s’élève”/”suspendre” /“disjoindre”. Il s’agit de montrer dans un instant apparemment statique entre deux êtres vus par l’adjectif qualificatif “pareils” une union spirituelle,“la pensée de mon cher Sosie”/”ma pensée”. La comparaison peut se mettre en place.


-la comparaison avec un hibou

C’est à un oiseau que Colette fait référence expressément “comme les doux hiboux” : on note le choix de la nuit pour illustrer cet instant poétique qui est long avec le terme “crépuscule”/“nuit”/ “lentement”. C’est le temps du rêve, de l’imaginaire.

Pour donner une impression saisissante, l’auteure met les trois adjectifs qualificatifs en apposition donnant un rythme ternaire : “Jointes, ailées, vertigineuses” : elle convoque ainsi des sens qui sont si importants dans la description colettienne. 

En premier lieu la vue : “jointes” signifiant l’union, ”vertigineuses” la hauteur est nommée de manière hyperbolique et “verdissant”, la couleur embrasse le ton général de la végétation. 

L’adjectif “ailées” rappelle l'ouïe, le bruissement des ailes.  

Elle ajoute le toucher qui joue un rôle hyperbolique” doux hiboux veloutés”, faisant référence au plumage que l’on pourrait caresser. C’est donc un instant de communion où un sentiment fort “la passion” s’exprime.


-la combinaison des registres

Le registre est d’abord lyrique avec la référence à peine voilée à Lamartine "'ô, temps suspends ton vol". Mais reformulée de manière interrogative : “Jusqu’à quelle heure suspendront-elles leur vol”.

C’est déjà rompre le charme avec le verbe “disjoindre” soit la rupture et “dévore” c’est-à-dire la mort : ces verbes appartiennent donc au registre tragique accentué par les points de suspension qui crée un effet de malaise. 

Le pouvoir de la création est donc soumis au aléa du temps et à la finitude humaine.

 

  1. La conscience de soi

Ce dernier texte illustre le travail de l’écrivain qui évoque la légende du rossignol, constituant une métaphore et un prétexte pour évoquer le travail de l’écriture. Ainsi trois grandes parties de dessinent :

/Autrefois, le rossignol ne chantait pas la nuit. Il avait un gentil filet de voix et s’en servaitavec adresse du matin au soir, le printemps venu. Il se levait avec les camarades, dans l’aube grise et bleue, et leur éveil effarouché secouait les hannetons endormis à l’enversdes feuilles de lilas.

Il se couchait sur le coup de sept heures, sept heures et demie, n’importe où, souventdans les vignes en fleur qui sentent le réséda, et ne faisait qu’un somme jusqu’au lendemain.

Une nuit de printemps, le rossignol dormait debout sur un jeune sarment, le jabot en boule et la tête inclinée, comme avec un gracieux torticolis. Pendant son sommeil, les cornes de la vigne, ces vrilles cassantes et tenaces, dont l’acidité d’oseille fraîche irrite et désaltère, les vrilles de la vigne poussèrent si dru, cette nuit-là, que le rossignol s’éveilla ligoté, les pattesempêtrées de liens fourchus, les ailes impuissantes

Il crut mourir, se débattit, ne sévada qu’au prix de mille peines, et de tout le printemps se jura de ne plus dormir, tant que les vrilles de la vigne pousseraient.

 Dès la nuit suivante, il chanta, pour se tenir éveillé :

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse

Je ne dormirai plus !

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse

 /Cassantes, tenaces, les vrilles d’une vigne amère mavaient liée, tandis que dans mon printemps je dormais d’un somme heureux et sans défiance. Mais j’ai rompu, d’un sursauteffrayé, tous ces fils tors qui déjà tenaient à ma chair, et j’ai fui… Quand la torpeur d’une nouvelle nuit de miel a pesé sur mes paupières, j’ai craint les vrilles de la vigne et j’ai jeté tout haut une plainte qui m’a révélé ma voix.

Toute seule, éveillée dans la nuit, je regarde à présent monter devant moi l’astre voluptueux et morosePour me défendre de retomber dans l’heureux sommeil, dans le printemps menteur fleurit la vigne crochue, j’écoute le son de ma voix. Parfois, je crie fiévreusement ce qu’on a coutume de taire, ce qui se chuchote très bas, – puis ma voix languit jusqu’au murmure parce que je n’ose poursuivre…

Je voudrais dire, dire, dire tout ce que je sais, tout ce que je pense, tout ce que je devine, tout ce qui m’enchante et me blesse et m’étonne ; mais il y a toujours, vers l’aubede cette nuit sonore, une sage main fraîche qui se pose sur ma bouche, et mon cri, quis’exaltait, redescend au verbiage modéré, à la volubilité de l’enfant qui parle haut pour se rassurer et s’étourdir

Je ne connais plus le somme heureux, mais je ne crains plus les vrilles de la vigne./

Colette, Les vrilles de la vigne, le rossignol


On peut découper le texte en trois grandes parties :


4.1. l’origine du chant nocturne du rossignol (NB : terme anglais "nightingale" soit le soir night et gale en vieil anglais : le chant),

Clefs d’analyse

illustrations

procédés de style

le cadre spatio- temporel

partout/dans les vignes 

 

matin au soir, 

aube.

sept heures, sept heures et demie,

lendemain/souvent/

 

la saison du printemps mise en relief : un printemps, de tout le printemps 

Vision générale dans le lieu indéfini qui se resserre dans le particulier avec la vigne : lieu clos

 

Vision générale dans le temps avec adverbes de temps, répétés, des oppositions 

 

 

 

répétitions nombreuses du terme

 

effets recherchés :  accentuation et contraste

le végétal

 

à l'envers des feuillesde lilas./sur un jeune sarment,

dans les vignes en fleur

 

les vrilles de la vigne cassantes et tenaces

 

oseille

le réséda

Description minutieuse de la végétation à l’aide 

d’adverbes de situation(dessus, dessous) et de préposition (dans) inclusive. 

 

 

d'adjectifs qualificatifs qui s'opposent : fragilité/force

 

de noms : comparaison oseille/vrille

réséda/vrille

 

effets recherchés

On a une nature très organisée, colorée (vert des feuilles et de l’oseille, mauve du lilas, jaune du réséda et de la fleur de vigne).

effets de contraste

l’animal

le rossignol/  les hannetons

 

 

Une nuit de printemps, le rossignol 

le corps de l’oiseau jabot/tête/pâtes/ailes

Utilisation du déterminant défini sing /pluriel : l’auteure évoque l’espèce en général

 

Parallèle entre ces 2 espèces volantes.

opposition de tailles grand/petit (oiseau/insecte) 

c’est le rossignol, avec le même déterminant défini mais pas le même sens : le sujet de la légende  : l’espèce en elle-même est en train d’évoluer. 

 

effets recherchés : contraste

Métamorphoses

verbes :/s’en servait/se levait/Il crut mourir/se jura/se tenir éveillé/s’éprit

 

adjectifs : gentil/effarouchés/éperdu,

enivré et haletant, 

 

noms : torticolis/ chanteur

paroles du rossignolTant que la vignepousse, pousse, pousseJe ne dormirai plus !

 

nom : les cornes de la vrilles

adjectif : tenaces et cassantes

Personnification de l’animal : vision anthropocentrique.

Enchantement  du monde naturel

 

effets recherchés :

importance du dynamisme de la vie, du mouvement,

 

 

 

gradation : le rossignol qui devient progressivement un homme

 

Animalisation du végétal 

 

effets recherchés : le végétal est en plein mouvement.

Conjugaison

 

chantait/avait/s’en servait.

 

 

 

les vignes en fleurqui sentent leréséda, 

dont l’acidité d’oseille fraîche irrite et désaltère

 

Il crut mourir/se jura/

l’imparfait : 

effets recherchés : valeur de l’habitude

 

présent : 

effets recherchés : vérité générale

 

 

passé simple : rupture action soudaine

les sens

ouïe : voix/vocalises, écoute/

 

vue : couleurs des plantes de l’aube grise et bleue,

 

odorat : sentent le réséda

 

goût : l’acidité d’oseille fraîche

 

toucher : les liens, ligotés

présence des 5 sens 

 

effets recherchés : vision sensorielle exubérante, fête des sens : harmonie de la nature et de l’animal qui est généreuse

les registres

choix du rossignol : 

 

choix de la vigne : 

 

choix d’insérer un court poème 

 

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse

 

choix d’opposer chanter/dormir :

Je ne dormirai plus !

Tant que la vigne pousse, 

débattit/

impuissantes/

irrite /

 

cassantes/ 

ligotés/

fourchus (diable)/

cru mourir/

ne plus dormir /

désir insupportable

lyrique

symbole du printemps compris comme la saison du renouveau, de l’éveil, de la jeunesse,de la création,et de l’exaltation amoureuse 

 

symbole du vin et donc épicurien, de la vie entière

 

mise en abyme dans un texte poétique.

 

 

rythme ternaire 

vivre/mourir

épique : 

combat de la vie (chant) contre la mort menaçante (sommeil) 

 

 

 

tragique : la mort, la fin

dernier oxymore pour signifier la brûlure de la vie, passion dévastatrice. 


4.2. un spectacle musical,

4.3. l’éveil poétique  


 
 
 

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