20 Février 2014
Repères : thème du sport : l’étude
Résumé : après avoir lu ensemble la Grande Course Flanagan de Tom McNab, venons-en, si vous le voulez bien, au second roman, objet de cette étude consacrée au caractère épique du sport. Il s’agit de Courir de Jean Echenoz.
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L’auteur choisit le ton de la confidence pour nous parler d’un champion hors du commun : Émile Zatopek. La vie de ce dernier, pleine de péripéties, entre pleinement dans le champ de l’épopée. Comme dans le livre précédent, il s’agit d’un homme ordinaire issu d’un milieu ouvrier. Mais c’est sa rencontre avec le sport qui peut étonner ; il s’avère que son talent sportif ne lui est pas apparu comme une évidence. Bien au contraire.
La lecture de ce roman nous fait prendre connaissance du parcours insolite d’un athlète. Ce dernier a longtemps eu le sport en détestation, ce qui est le comble pour un futur champion :
« Il a horreur du sport, de toute façon. Il traiterait presque avec mépris ses frères et ses copains qui emploient leurs loisirs à taper niaisement dans un ballon. Quand ils l’obligent parfois à jouer, il participe à son corps défendant, ne sait pas s’y prendre, n’entend rien aux règles. Tout en feignant de s’intéresser, il regarde ailleurs en tâchant discrètement d’éviter le ballon dont il ne comprend jamais la trajectoire.(…) (page 14)
Paradoxe incroyable lorsqu’on pense à la longévité de la carrière sportive de ce grand coureur des temps modernes. Il faut dire que la vie en Tchécoslovaquie n’offre guère de sujet de récréation à Zatopek durant la Seconde Guerre Mondiale.
Issu d’un milieu ouvrier, il travaille sans relâche pour aider ses parents. Ouvrier dans l’usine de Bata, fabricant de chaussures, il effectue des tâches pénibles durant ses heures de travail. Il n’a aucun temps libre. Ce n’est qu’au détour d’une manifestation de propagande nazie que le jeune Zatopek se voit contraint d’effectuer un Cross Country. Il s’exécute car il n’a pas le choix. Comme il est d’un naturel aimable, il se prête gentiment à la manifestation qui est strictement encadrée par les Allemands désireux d’affirmer la supériorité de la race aryenne. Notre jeune candidat finit deuxième alors qu’il n’a jamais couru de sa vie.
Candide, Zatopek ne tire aucune fierté de ce résultat et retourne à ses occupations. Mais cela provoque quelques remous auprès des organisateurs.
Durant la course, un entraîneur local le repère et lui dit qu’il court « très bizarrement» (page 19). Zatopeck est en effet un coureur atypique : il est toujours grimaçant sous l’effort et son style semble brouillon. Mais c’est ce qui fera sa marque de fabrique. Il deviendra un athlète hors du commun grâce aux hasards de la vie…
On est bien dans le cadre de l’épopée.
Repères à suivre : Les succès internationaux de Zatopek (Echenoz)