Vers une autre économie du livre...

repères : thème de la diffusion : l'étude

Crise ou révolution numérique

Nous sommes confrontés depuis plus de cinq ans à une crise profonde touchant de nombreux secteurs de l'économie. La chaîne du livre n'échappe pas, elle non plus, aux bouleversements économiques. Des sites internet avec des pratiques commerciales dominantes mettent à mal tout le secteur de la diffusion des ouvrages, ces derniers étant par ailleurs attaqués dans leur matérialité par le support numérique, les ebooks. On peut ainsi se demander s'il s'agit-il d'une crise annonciatrice de la fin de la culture ou bien s'il est question d'une révolution porteuse de promesses ?

Pour les tenants de la crise, on évoque volontiers la disparition du nombre de librairies partout dans le monde pour jouer les Cassandre : on nous annonce la fin inéluctable du livre. Certains considèrent que la révolution numérique est au contraire une chance pour la diffusion du savoir : les livres sont désormais plus accessibles et appelés à être moins onéreux. Il existe enfin des tenants de la voie médiane dont fait partie l'auteur de ces lignes qui, de manière pragmatique, considèrent la crise actuelle comme une donnée incontournable qu'il faut accepter. Il nous appartient de nous adapter à une autre forme de diffusion du savoir.

L'acceptation de cette révolution numérique passe également par la prise en compte de l'importance du phénomène actuel que l'on peut comparer à l'époque de l'invention de l'imprimerie.

La révolution du numérique succédant à la révolution de l'imprimerie

Nul ne peut contester que l'avènement de l'imprimerie en 1450 a créé une révolution dans la diffusion du savoir. Les sources de la connaissance transmises par les incunables n'étaient plus désormais réservées aux seuls clercs, mais devenaient désormais accessibles à un plus grand nombre. Cette innovation technologique suscitait pourtant de vives réserves : l'Église s'est inquiétée -à juste titre- de la concurrence sur son terrain de prédilection, l'écrit. Elle a vu son unité mise à mal par l'embrasement des luttes religieuses car Luther s'est fondé précisément sur l'imprimerie pour diffuser ses idées radicales avec le succès que l'on sait. Mais d'autres craintes ont vu le jour. On prenait aussi en compte les répercussions économiques de l'invention sur la chaîne "médiévale" du livre et sur l'emploi notamment des scribes. À la différence des autres pays de l'Occident, la France -par essence inquiète et rétive à toute mutation- ne s'est pas « convertie » immédiatement à cette nouvelle technologie.

Elle a attendu en effet 1476 pour imprimer le premier livre, La légende dorée de Jacques Voragine, car on s'inquiétait -non sans raison- pour le devenir de la filière et de ses copistes. Voilà donc une révolution qui a suscité de profonds bouleversements économiques qui ne sont pas sans rappeler les défis actuels qui sont à relever par nos pouvoirs publics.

Hommage aux librairies

Loin de vouloir trop vite enterrer le rôle des librairies qui détiennent à ce jour 43% du marché du livre en France, la Gazette tient au contraire à leur rendre un vibrant hommage d'autant qu'elles ont aujourd'hui à œuvrer pour continuer à exister. Elles tentent -ensemble- de repenser leur métier pour trouver leur place dans le bouleversement économique actuel.

Ce phénomène est mondial : il sera ainsi rapporté l'expérience d'un libraire anglais installé dans un quartier de la capitale londonienne depuis plus de trente ans qui cède son affaire compte tenu de ses difficultés financières mais qui n'a pas pour autant renoncé à sa passion. Il entend continuer son métier par téléphone (pour ses plus anciens clients) et sur le web. On ne peut que saluer le courage de ces diffuseurs de livres, de culture !

La présente étude proposera la lecture de deux ouvrages qui ont la particularité de mettre au cœur de leur récit ...une librairie.

repères à suivre : La librairie, sujet de narration