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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Une romance qui tourne court (Loti)

 

 

Une romance qui tourne court (Loti)

 

Repères : thème de la mer : l'étude

 

Il a été retracé dans le précédent article, la rencontre de Yann et de Gaud, personnages principaux de Pêcheur d'Islande de Pierre Loti.

***

 

Un obstacle insurmontable à l'amour

Curieusement, dès les jours suivants, le marin cherche à l'éviter soigneusement. Son attitude est proprement inexplicable. Gaud essaye d'en savoir plus auprès de son ami Sylvain qui, lui-même, ne comprend pas le revirement du marin. Finement, la jeune fille finit par comprendre qu'il lui reproche son mode de vie. Yann en fait un obstacle insurmontable ; il pense qu'un monde les sépare, la vie des gens de mer n'a rien en commun avec les gens de la ville. Pragmatique, il connaît le prix de son travail et sait qu'il ne peut lui offrir la moindre vie dorée. En homme obstiné, il considère de manière entendue que cet amour est dès lors impossible. Il faut dire qu'il n'y a pas de place pour le romantisme dans la rude vie d'un marin-pêcheur. Il éconduit tous ceux qui veulent le faire changer d'avis. Pire, il s'entête et refuse d'évoquer le nom même de Gaud. Ses préjugés à l'égard de la jeune fille resteront tenaces.

C'est ainsi que pendant tout l'hiver, la jeune fille s'épuise à l'attendre vainement ; il prend un soin toujours manifeste à l'éviter. Et c'est sans l'avoir revue, qu'il rejoint son bateau pour une nouvelle campagne de pêche. En reviendra-t-il vivant ?

 

La deuxième campagne de pêche

Pour Yann, cette deuxième campagne de pêche se présente comme un dérivatif à l'amour. Il reste toujours taiseux sur toutes ses questions de cœur. Il faut dire que son travail l'occupe intensément d'autant que le bateau essuiera une tempête effroyable. On s’arnache, on plie sous l'effort du labeur devenu plus pénible et dangereux avec les flots déchaînés. Les marins ne pensent qu'à une chose : survivre :

« Ils ne se voyaient plus ! ils avaient conscience seulement d'être encore là, à côté l'un de l'autre. Aux instants plus dangereux, chaque fois que se dressait, derrière, la montagne d'eau nouvelle, surplombante, bruissante, horrible, heurtant leur bateau avec un grand fracas sourd, une de leurs mains s'agitait pour un signe de croix involontaire. Ils ne songeaient plus à rien, ni à Gaud, ni à aucune femme, ni à aucun mariage. Cela durait depuis trop longtemps, ils n'avaient plus de pensées; leur ivresse de bruit, de fatigue et de froid, obscurcissait tout dans leur tête. Ils n'étaient plus que deux piliers de chair raidie qui maintenaient cette barre; que deux bêtes vigoureuses cramponnées là par instinct pour ne pas mourir. (2ème partie p27) ».

 

La Marie revient à Paimpol ; mais tous les bateaux ne reviendront pas au port comme le témoignent les plaques commémoratives de l'église du village. La vie d'un marin-pêcheur est de courte durée...

 

Repères à suivre : l'étude : Un mariage avec … la mer

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