Analyse-Livres & Culture pour tous
19 Novembre 2013
Repères : thème de la porte : l'étude
Résumé
Il a été présenté dans l'article précédent les deux protagonistes principaux de la Porte étroite d'André Gide : Jérôme et Alissa. La symbolique de la porte nous occupera dans les articles à venir. Nous voici entrés de plain pied dans la thématique de la porte qui ne nous quittera plus. Pénétrons désormais dans les lieux proprement dits...
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Deux évènements vont se dérouler dans le même espace/temps. Il s'agit de deux scènes extrêmement fortes qui marqueront à jamais Jérôme. Il assiste précisément à ces séquences mémorables devant deux portes de la maisonnée des Bucolin.
L'une est largement ouverte, l'autre ne le sera qu'à la faveur de son ouverture par le jeune garçon.
Le séquençage de ces deux scènes s'articule autour d'un seuil d'où l'on assiste à une scène sidérante ou que l'on franchit pour mieux appréhender une situation que l'on perçoit mal.
Découvrons aujourd'hui, si vous le voulez bien, la première scène.
A la tombée du jour, le jeune Jérôme décide de sonner à l'improviste chez ses cousins. La porte de la maisonnée s'ouvre ; il n'entend pas l'avertissement de la bonne qui cherche à lui barrer la voie. Elle prétexte la maladie de la tante pour éconduire l'opportun. En vain. Il n'en a cure, il veut voir Alissa. Connaissant parfaitement les lieux, voilà notre personnage qui file, avec toute la vitalité de la jeunesse, au premier étage. Il sait qu'il est obligé de passer devant la chambre de sa tante. Il passerait devant ce seuil sans un regard si un bruit n'avait attiré son attention. Il marque alors un temps d'arrêt.
Là, tapi dans un coin, il observe un étrange spectacle. Il voit dans une pièce éclairée ses deux plus jeunes cousins et sa tante, elle-même assise en galante compagnie, un jeune homme à ses pieds. Il s'agit d'un spectacle insolite pour le garçon encore tout à fait « innocent » (page 18). La vision de la scène ne s'effectue pas en pleine lumière. Notre personnage est en retrait :
« La porte est ouverte, devant laquelle il faut passer ; un rai de lumière sort de la chambre et coupe le palier de l'escalier ; » (page 18)
Restant dans le noir, le narrateur demeure spectateur d'une scène encore imparfaitement intelligible. Il est au stade de la sidération. S'il perçoit l'étrangeté de la scène, il n'en comprend pas la portée avant l'annonce de la fuite de la tante volage. Cette scène étrange lui est ainsi révélée dans sa plus stricte expression, dans ce clair-obscur.
Mais il n'est pas au bout de sa surprise, une autre scène l'attend qui répond en miroir à celle à laquelle il vient juste d'échapper...
repères à suivre : l'étude : une deuxième porte s'ouvre