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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Une longue campagne en mer d'Islande (Loti)

 

Repères : thème de la mer : l'étude

 

Dans l'article précédent, nous avons présenté les deux lectures suivies du mois de février 2013. Débutons avec Pêcheur d'Islande de Pierre Loti.

 

Deux compagnons à bord d'un chalutier

Jeunes marins, Sylvain et Yann sont équipiers sur un petit bateau de pêche, la Marie, qui part chaque année de Paimpol à la fin de l'hiver pour une longue campagne de près de six mois en mer d'Islande. Ce sont tous de solides marins qui néanmoins veulent échapper à « l'universelle menace de mourir »(page 13) qui a conduit tant de bateaux à ne jamais revenir au port. Chacun s'en remet par tradition ou par foi à des cérémonies rituelles :

« A la fin de chaque hiver, ils recevaient avec les autres pêcheurs, dans le port de Paimpol, la bénédiction des départs. Pour ce jour de fête, un reposoir, toujours le même, était construit sur le quai; il imitait une grotte en rochers et, au milieu, parmi des trophées d'ancres, d'avirons et de filets, trônait, douce et impassible, la Vierge, patronne des marins, sortie pour eux de son église, regardant toujours, de génération en génération, avec ses mêmes yeux sans vie, les heureux pour qui la saison allait être bonne,et les autres, ceux qui ne devaient pas revenir.

Le saint−sacrement, suivi d'une procession lente de femmes et de mères, de fiancées et de sœurs, faisait le tour du port, où tous les navires islandais, qui s'étaient pavoisés, saluaient du pavillon au passage. Le prêtre, s'arrêtant devant chacun d'eux, disait les paroles et faisait les gestes qui bénissent.

Ensuite ils partaient tous, comme une flotte, laissant le pays presque vide d'époux, d'amants et de fils. En s'éloignant, les équipages chantaient ensemble, à pleines voix vibrantes, les cantiques de Marie Étoile−de−la−Mer.

Et chaque année, c'était le même cérémonial.»(1ère partie, page 7)

Il ne reste plus au village que les femmes et les enfants ainsi que les vieux marins. Tous les bateaux reviendront-ils cette fois ?

 

La campagne islandaise

A cette période de l'année, c'est en Islande l'été boréal : le soleil ne se couche jamais. La pêche s'effectue donc en continu, par rotation, à bord de la Marie ; le poisson est ramassé en abondance. Les conditions de travail se trouvent de ce fait particulièrement rudes d'autant que la vie sur le bateau est pour le moins rudimentaire, la promiscuité étant le lot commun de tous. Durant plus de six mois, ces marins restent ainsi coupés du reste du monde. Heureusement, une fraternité entre les membres d'équipage les unit pour supporter ces difficiles conditions de vie. Pendant les moments de repos, on discute, on chante, on se taquine autour d'un plat qui mitonne depuis des heures sur le poêle dans une ambiance humide où sèchent les cirés. On parle de la vie et de la famille restée au village de laquelle on reçoit de rares nouvelles par un bateau de ravitaillement. On parle aussi de l'amour. Ah ! L'amour, cette question occupe l'esprit des plus jeunes.

Sylvain, être doux et superstitieux, ne comprend pas pourquoi son ami Yann- qui est plus âgé- ne se marie pas. Il n'hésite pas à le lui demander. Insaisissable, ce dernier déclare à la stupeur de son compagnon, en se moquant :

« Moi !... Un de ces jours, oui, je ferai mes noces et il souriait, ce Yann, toujours dédaigneux, roulant ses yeux vifs mais avec aucune des filles du pays ; non, moi, ce sera avec la mer, et je vous invite tous, ici tant que vous êtes, au bal que je donnerai... » (1ère partie page 6).

 

Un mariage avec la mer, une réponse en forme de boutade pour ce jeune homme terriblement secret. Qui est donc ce Yann, archétype du pêcheur d'Islande, valeureux et introverti ?

 

Ce dernier va faire une rencontre décisive...

 

Repères à suivre : l'étude : La rencontre entre Yann et Gaud (Loti)

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