Analyse-Livres & Culture pour tous
20 Octobre 2009
La Littérature via notamment Eugène Labiche ne pouvait omettre d'évoquer les lettres abjectes qui émanent d'un correspondant anonyme, comme la plus célèbre émanant de Monsieur Perrichon, qui, pour échapper à un duel prévient lui-même les autorités compétentes.
Repères: thème de la correspondance: présentation
Dans l'article précédent, il a été question d'une correspondance entre un philosophe et son disciple, voyons aujourd'hui le cas de la lettre anonyme.
Une lettre anonyme appartenant certes à la catégorie des correspondances les plus abjectes trouve néanmoins sa place dans nos colonnes aujourd'hui.
Y aurait-il des lettres ignominieuses plus acceptables que d'autres, dignes de surcroît d'être publiées ?
La Gazette entend parfaitement le légitime concert des protestations qui s'élève ça et là et s'y associerait presque...
Monsieur Perrichon
Seulement, une lettre particulière mérite notre attention : présentons-la brièvement : Monsieur Perrichon, archétype du bourgeois parvenu de la fin du XIXème siècle, part en vacances pour la première fois de sa vie avec femme et enfant. Durant son séjour, il lui arrivera de nombreuses mésaventures dont une en particulier qui le conduira à répondre de ses actes par un duel en bonne et due forme.
Si Monsieur Perrichon a le verbe haut, il n'est pas animé d'un courage sans faille. Il serait même totalement poltron. Dès lors pour lui se pose la question de savoir comment se sortir de l'embarras dans lequel il s'est mis ?
Il a bien une idée qui nécessite une simple feuille et une plume.
Le tour est joué ...
***
« Perrichon, seul. Il entre en tenant une lettre à la main. Il la lit.
"Monsieur le préfet, je crois devoir prévenir l'autorité que deux insensés ont l'intention de croiser le fer demain, à midi moins un quart..." (Parlé.) Je mets moins un quart afin qu'on soit exact. Il suffit quelquefois d'un quart d'heure ! ... (Reprenant sa lecture.) "A midi moins un quart... dans les bois de la Malmaison. Le rendez-vous est à la porte du garde... Il appartient à votre haute administration de veiller sur la vie des citoyens. Un des combattants est un ancien commerçant, père de famille, dévoué à nos institutions et jouissant d'une bonne notoriété dans son quartier. Veuillez agréer, monsieur le préfet", etc. etc. S'il croit me faire peur, ce commandant !... Maintenant l'adresse... (Il écrit.) "Très pressé, communication importante..." Comme ça, ça arrivera... (...) »
Le voyage de Monsieur Perrichon, Eugène Labiche
Repères à suivre: L'étude sur le thème de la correspondance