Analyse-Livres & Culture pour tous
15 Mars 2014
Repères : thème de l’île: vers et prose
Les cloches de l'île
Après avoir vu les délices de Cythère, achevons si vous le voulez bien, notre présentation par un poème d’un auteur dont on n’est guère habitué à lire de la poésie : Stefan Zweig.
Dans le poème d'aujourd'hui, il nous offre une évocation intime de l’insularité avec l’emploi de la première personne du singulier. On sent toute la solitude d’un homme perdu dans l’obscurité d’un lieu, qui est, lui, obstinément régulé par la tranquillité d’une vie rythmée par le bruit des cloches…
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J’entends, par-dessus les campagnes,
Planer les cloches du pays
Et déjà je ne peux plus voir
Les contours des tours rondes.
La nuit, la mer, deux rubans bleus
Qu’ornemente l’or des étoiles,
Ont roulé dans leurs plis
Les bords de l’île.
Tout s’éloigne,
Tout se coule dans le silence.
Près de ma bouche,
Muets, les vents se penchent.
Tout cela qui m’échappe,
Me parait éloigné et comme sans retour :
Les collines brunes, la mer flamboyante,
Les arbres qui bougent le long du port.
Les cloches qui sonnent par-dessus l’eau.
Et je suis déjà prêt,
Dans l’obscurité qui s’épanche menaçante,
À aller avec eux,
Seul dans le soir,
Avec ma solitude qui pèse.
Une timide mélodie
S’en vient des métairies
— Entre les collines qui, dans le soir,
D’un léger pas pénètrent —
Doucement oppressé, j’écoute
Comment dans les Ténèbres
Les enfants prient Dieu,
Pour dormir et rêver de doux rêves.
Ile tranquille (Bretagne) Stefan Zweig, traduction Henri Guilbeaux
http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%8Ele_tranquille
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