28 Mai 2011
Feuilleton de la Gazette : résumé : un procès en appel s'ouvre sur une plaidoirie consacrée à une personne absente : Marion Boyer. Cette dernière est décrite comme une jeune fille difficile qui a longtemps refusé les attributs de sa féminité. À force de travail et de résolutions, elle intègre une école militaire et paradoxe, elle finit par s'accepter. Elle est dans cet état d'esprit lorsqu'elle organise un voyage avec des amis dans le Grand Sud saharien.
La plaidoirie de Maître Tardieux continue...
***
Méticuleuse et organisée, Marion Boyer monta de toutes pièces avec des amis proches ce projet de voyage dans le Sahara. Elle ne proposa cette aventure qu'à ses fidèles amis sur lesquels elle pouvait compter depuis toujours. Une seule femme et quatre aventuriers, tous aguerris. Tout était rapidement prêt pour ce raid en voiture, épreuve physique et initiatique, pour ces êtres attirés par la beauté du désert.
Le 26 décembre 1999, l'équipée partit enfin assouvir sa passion pour ces contrées éloignées. Les amis s'enfoncèrent dans le désert en respectant scrupuleusement les étapes dûment préparées. Le feu de camp et le coucher sous la tente, le soir. L'aventure était à ce prix ; Marion paraissait si heureuse.
Mais au bout du troisième jour, au matin, ils rencontrèrent un obstacle imprévu à leur progression. Un contrôle inopiné par des forces rebelles stoppa net leur périple. Une vingtaine d'hommes lourdement armés examinèrent les aventuriers, les jaugèrent, se firent offrir des présents sous forme de montres et autres menus objets. Le silence était de mise dans la voiture. Tous comprirent qu'ils n'avaient qu'à collaborer pour repartir au plus tôt. Ils n'étaient pas en position de force.
Or, une chose incroyable se produisit alors. Marion Boyer se fit anormalement discrète, laissant les garçons gérer ce conflit avant tout masculin. Elle sentit obscurément un danger qui planait sur sa tête qu'elle dissimula sous une chéchia. Mal lui en prit puisque ce détail la fit aussitôt remarquer d'un des soldat à l'affût d'une denrée rare dans ces contrées : la chair d'une femme. Il en informa aussitôt ses coreligionnaires. La nouvelle fut d'importance du côté des rebelles. Elle n'échappa pas à la compréhension de nos aventuriers terriblement inquiets. Cela présageait mal de la suite ; sans rien dire, le pilote essaya de démarrer la voiture mais un soldat armé se posta devant le véhicule, tandis que d'autres mettaient leur arme en joue. Dissuasif !
Puis ce fut le début des palabres épouvantables : vous partirez si vous nous laissez la fille pour la nuit ! Les quatre garçons furent horrifiés par une demande aussi abjecte. Ils s'y opposèrent vertement. Les négociations perdurèrent des heures durant, la jeune Marion tenue à l'écart. L'eau fraîche commençait à manquer sous ce soleil de plomb. Les Français mirent au point des stratégies, des propositions financières. Ils se mirent avec ardeur à sauver leur amie qu'il réconfortèrent du mieux qu'ils pouvaient. La situation semblait particulièrement critique. Presque sans issue. La nuit tomba, le cortège -toujours bloqué- monta les tentes sous l'œil de soldats de plus en plus irrités. C'est là que les choses dérapèrent.
repère à suivre : un raid qui tourne court