Analyse-Livres & Culture pour tous
24 Mai 2014
Repères : thème de la vieillesse : l’étude
Résumé : Il a été indiqué dans l’article précédent que l’étude de ce mois portera sur la vieillesse, un âge d’or. Il sera proposé de lire deux ouvrages dissemblables mais qui ont pour originalité de conjuguer la vieillesse et l’amour :
Il sera question de savoir comment nos deux héroïnes vont répondre à cet amour au crépuscule de leur vie.
Après avoir mis en évidence dans L’amour aux temps du choléra de Gabriel Garcia Marquez que « c’est la vie qui n’a pas de limites », il nous appartient de voir si cette vérité se vérifie dans la femme coquelicot de Noëlle Chatelet. Dans ce roman, Marthe, une veuve, fait la rencontre d’un vieil homme qui lui fait la cour…
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Marthe découvre dans cette relation avec Félix tout le vide de sa vie sentimentale passée. Elle s’interroge sur sa vie, son mariage, se demande si elle n’a jamais existé par elle-même. Mais qu’importe, elle se lance et se découvre une autre soi-même, « presque une étrangère » (page 27) qui veut noter l’aventure qu’elle vit sur un carnet au travers de multiples évènements que l’on veut graver sur le marbre. Elle s’autorise un acte égoïste et inutile ; elle est amoureuse.
Elle écrit méticuleusement pour le croire et pour donner du sens aux bouleversements intérieurs procurés par cette rencontre.
« Le petit carnet en maroquin n’en finit pas de se remplir. Le matin, après le café, Marthe y consigne la rencontre de la veille. Quand elle en tourne les pages, cette fête continue lui fait penser à un manège de chevaux de bois étincelants. » (page 55)
Tout est une fête désormais pour Marthe qui se sent totalement revivre. Cette rencontre réveille ses sens. Elle se retrouve pleine d’émotions qu’elle peut librement exprimer pour la première fois de sa vie. Au travers de cet amour, elle se découvre sous un jour nouveau. L’auteur recourt à la métaphore de l’horloge pour évoquer son héroïne :
« A ses côtés, Marthe ne cesse d’expérimenter ses propres sensations, elles aussi imprévisibles, comme si la mécanique subtile et mystérieuse de sa sensibilité s’était soudainement remise en marche sans avoir presque jamais servi, neuve pour ainsi dire peut-être parce que Edmond en avait retiré la clé, peut-être parce que Edmond, bien qu’il fût un mari et un père décents, ne l’avait pas convaincu qu’il était tout simplement un homme. » (page 56).
C’est précisément dans les bras de cet homme qui la révèle à elle-même qu’elle poursuivra cet itinéraire vers le désir. Elle expérimente la joie d’une vie à deux, l’union des corps et des âmes. Ils conviennent de la défaite de leurs corps respectifs et en jouent malgré tout. Marthe croit au destin : Félix est l’incarnation de ce destin. Ce bonheur serait sans mélange si l’entourage familial n’émettait pas des réserves…
Repères à suivre : L’amour au grand jour (Noëlle Chatelet)