3 Novembre 2010
Le thème de l'esprit nous conduits à l'idéal d'une sagesse humaine comme celle de Haimon à son père Créon pour sauver Antigone dans la pièce éponyme de Sophocle.
Repère : thème de l'esprit : présentation
Dans l'article précédent, le sommaire a été détaillé. Nous débutons aujourd'hui la présentation par la mise en lumière quelques systèmes de pensée.
Aujourd'hui, nous évoquerons l'Antiquité grecque, où la sagesse représente un idéal de perfection de l'homme.
De quoi s'agit-il concrètement ?
La sagesse consiste à adopter une conduite modérée nécessaire à l'élaboration d'un jugement, empreint de prudence et exempt d'erreur et de passion...
Lisons aujourd'hui la leçon dispensée -pour une fois- par un fils à son père : Haimon tente de faire changer d'avis le roi Créon qui a condamné à mort, pour avoir désobéi à ses ordres, la jeune Antigone...
"Père, les dieux ont donné aux hommes la raison qui est, pour tous, tant que nous sommes, la richesse la plus précieuse. Pour moi, je ne puis ni penser, ni dire que tu n'as point bien parlé. Cependant, d'autres paroles seraient sages aussi. En effet, je sais naturellement, avant que tu le saches, ce que chacun dit, fait, ou blâme, car ton aspect frappe le peuple de terreur, et il tait ce que tu n'entendrais pas volontiers. Mais il m'est donné d'entendre ce qu'on dit en secret et de savoir combien la ville plaint la destinée de cette jeune fille, digne des plus grandes louanges pour ce qu'elle a fait, et qui, de toutes les femmes, a le moins mérité de mourir misérablement. Celle qui n'a point voulu que son frère tué dans le combat, et non enseveli, servît de pâture aux chiens mangeurs de chair crue et aux oiseaux carnassiers, n'est-elle pas digne d'un prix d'or ? Telle est la rumeur qui court dans l'ombre. Père, rien ne m'est plus à cœur que ton heureuse destinée. Quelle plus grande gloire y a-t-il pour des enfants que la prospérité d'un père, ou pour un père que celle de ses enfants ? Ne te mets donc pas dans l'esprit qu'il n'y a que tes seules paroles qui soient sages. En effet, quiconque s'imagine que lui seul est sage, et que nul ne le vaut par l'âme et par la langue, est le plus souvent vide quand on l'examine. Il n'est point honteux à un homme, quelque sage qu'il soit, de beaucoup apprendre et de ne point résister outre mesure. Vois comme les arbres, le long des cours d'eau gonflés par les pluies hivernales, se courbent afin de conserver leurs rameaux, tandis que tous ceux qui résistent meurent déracinés. De même le navigateur qui tient résolument tête au vent et ne cède pas, voit sa nef renversée et flotte sur les bancs de rameurs. Apaise-toi donc et change de résolution. Si je puis en juger, bien que je sois jeune, je dis que le mieux pour un homme est de posséder une abondante sagesse, sinon – car la coutume n'est pas qu'il en soit ainsi – il est beau d'en croire de sages conseillers. (...)"
Antigone, Sophocle, traduction Leconte de Lisle, wikisource :
http://fr.wikisource.org/wiki/Antigone
repère à suivre : hymne à la charité