9 Novembre 2010
Le thème de l'esprit doit aussi aborder la question de la pitié qui est comme nous l'indique Rousseau le lien qui unit les hommes ainsi qu'il le développe dans l'Émile.
repère : thème de l'esprit : présentation
Dans l'article précédent, nous avons évoqué la force de la raison, aujourd'hui, nous faisons appel au sentiment et à celui qui est le plus extrême : la pitié.
Qu'est-ce qui peut unir les hommes entre eux ? Le plaisir, l'intérêt... ?
Pour Jean-Jacques Rousseau, l'attachement des hommes repose davantage sur la peine que l'on ressent à la vue de la misère d'autrui. La pitié est donc un lien entre les hommes.
Ce sentiment de compassion, appelé aussi le sentiment de l'humanité, est le ciment des liens entre les hommes. L'explication donnée par notre philosophe-écrivain repose sur un étrange constat...
«Il suit là que nous nous attachons à nos semblables moins par le sentiment de leurs plaisirs que par celui de leurs peines ; car nous y voyons bien mieux l’identité de notre nature et les garants de leur attachement pour nous. Si nos besoins communs nous unissent par intérêt, nos misères communes nous unissent par affection. L’aspect d’un homme heureux inspire aux autres moins d’amour que d’envie ; on l’accuserait volontiers d’usurper un droit qu’il n’a pas en se faisant un bonheur exclusif ; et l’amour-propre souffre encore en nous faisant sentir que cet homme n’a nul besoin de nous. Mais qui est-ce qui ne plaint pas le malheureux qu’il voit souffrir ? Qui est-ce qui ne voudrait pas le délivrer de ses maux s’il n’en coûtoit qu’un souhait pour cela ? L’imagination nous met à la place du misérable plutôt qu’à celle de l’homme heureux ; on sent que l’un e ces états nous touche de plus près que l’autre. La pitié est douce, parce qu’en se mettant à la place de celui qui souffre, on sent pourtant le plaisir de ne pas souffrir comme lui. L’envie est amère, en ce que l’aspect d’un homme heureux, loin de mettre l’envieux à sa place, lui donne le regret de n’y pas être. Il semble que l’un nous exempte des maux qu’il souffre, et que l’autre nous ôte les biens dont il jouit.
L'Émile, Rousseau (livre IV), source :
http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89mile,_ou_De_l%E2%80%99%C3%A9ducation/%C3%89dition_1782/Livre_IV
repère à suivre : le positivisme