10 Novembre 2010
Le thème de l'esprit nous invite à considérer une théorie du XIXe siècle qui a eu une importance majeure pour le développement des sciences humaines : le positivisme. Sous la plume de Comte. nous verrons que cette doctrine scientifique se pique de s'intéresser paradoxalement à la morale.
repère : thème de l'esprit : présentation
Dans l'article précédent, nous avons abordé la question de la pitié, nous poursuivons notre voyage autour des différents systèmes de pensée pour arriver aujourd'hui au positivisme.
Issue de la période industrielle du XIXème siècle, cette philosophie a pour visée de n'accorder du crédit qu'à la démarche et au résultat scientifique, mettant de côté les données non démontrables.
Il s'agit donc d'un discours qui ne fait confiance qu'à la matière et qui peut être qualifié de "matérialisme de la connaissance".
Cette philosophie a influencé toute une époque qui souhaite désormais découvrir les lois de l’univers au moyen de la seule observation de la Nature. Il n'est plus question de religion ou de métaphysique pour arriver à la compréhension de notre monde : on renonce à tout ce qui échappe à une explication rationnelle et vérifiable pour mieux arriver à connaître les faits réels.
Cependant il existe un paradoxe inhérent à ce système de pensée... il se pique de s'intéresser à la morale qui n'entre pas totalement dans le domaine de ce qui est démontrable.
Extrait choisi :
"Il n’existe donc aucune alternative durable, entre fonder enfin la morale sur la connaissance positive de l’Humanité, et la laisser reposer sur l’injonction surnaturelle : les convictions rationnelles ont pu seconder les croyances théologiques, ou plutôt s’y substituer graduellement, à mesure que la foi s’est éteinte ; mais la combinaison inverse ne constitue certainement qu’une utopie contradictoire, où le principal serait subordonné à l’accessoire. (…).
Si, malgré d’actifs principes de désordre, la moralité pratique s’est réellement améliorée, cet heureux résultat ne saurait être attribué à l’esprit théologique, alors dégénéré, au contraire, en un dangereux dissolvant : il est essentiellement dû à l’action croissante de l’esprit positif, déjà efficace sous sa forme spontanée, consistant dans le bon sens universel, dont les sages inspirations ont secondé l’impulsion naturelle de notre civilisation progressive pour combattre utilement les diverses aberrations, surtout celles qui émanaient des divagations religieuses.(...)"
Le Discours sur l'esprit positif, Auguste Comte,
wikisource http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_sur_l%E2%80%99esprit_positif
repère : la vertu