13 Novembre 2010
Le thème de l'esprit ne pouvait passer sous silence les préoccupations matérialistes liées à l'argent. Découvrons ensemble le bien-fondé de l'égoïsme sous l'angle purement économique proposé par Adam Smith.
repères : thème de l'esprit : présentation
Dans l'article précédent, nous avons évoqué la vertu, aujourd'hui ce sera plutôt des préoccupations matérialistes qui vont nous occuper.
Et si les valeurs morales pouvaient avoir leurs limites ? Foin de la générosité et de l'amitié !
Vive l'égoïsme !
Découvrons ensemble le bien-fondé de ce « défaut » sous l'angle purement économique.
En effet l'égoïsme apparaîtrait comme une valeur essentielle du capitalisme.
Lisons sur ce point un court extrait d'Adam Smith sur la nature et les causes de la richesse des nations.
Nous ne serions donc gouvernés que par de petits calculs intéressés ?
L'analyse gagne à être lue même si le contexte actuel de la mondialisation rend ces données légèrement obsolètes. Reste l'intérêt littéraire qui est toujours manifeste...
«Cette division du travail, de laquelle découlent tant d’avantages, ne doit pas être regardée dans son origine comme l’effet d’une sagesse humaine qui ait prévu et qui ait eu pour but cette opulence générale qui en est le résultat ; elle est la conséquence nécessaire, quoique lente et graduelle, d’un certain penchant naturel à tous les hommes qui ne se proposent pas des vues d’utilité aussi étendues : c’est le penchant qui les porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges d’une chose pour une autre.
Il n’est pas de notre sujet d’examiner si ce penchant est un de ces premiers principes de la nature humaine dont on ne peut pas rendre compte, ou bien, comme cela paraît plus probable, s’il est une conséquence nécessaire de l’usage de la raison et de la parole. (…)
Dans une société civilisée, il a besoin à tout moment de l’assistance et du concours d’une multitude d’hommes, tandis que toute sa vie suffirait à peine pour lui gagner l’amitié de quelques personnes. Dans presque toutes les espèces d’animaux, chaque individu, quand il est parvenu à sa pleine croissance, est tout à fait indépendant et, tant qu’il reste dans son état naturel, il peut se passer de l’aide de toute autre créature vivante. Mais l’homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables, et c’est en vain qu’il l’attendrait de leur seule bienveillance. Il sera bien plus sûr de réussir, s’il s’adresse à leur intérêt personnel et s’il leur persuade que leur propre avantage leur commande de faire ce qu’il souhaite d’eux.
Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage. (…) »
Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Adam Smith, http://fr.wikisource.org/wiki/Recherches_sur_la_nature_et_les_causes_de_la_richesse_des_nations/Livre_1/2
repère à suivre : l'esprit poétique