Analyse-Livres & Culture pour tous
22 Novembre 2013
repères : thème de la porte : l'étude
Résumé : dans l'article précédent, nous avons fini la lecture de la Porte étroite de Gide. Découvrons aujourd'hui un roman contemporain : La porte des Enfers de Laurent Gaudé.
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La lecture de La Porte des Enfers de Laurent Gaudé nous invite à effectuer un bien étrange voyage. Le titre de ce roman nous renvoie à une vision eschatologique d'une vie après la mort. En réalité, ce n'est pas une porte mais des portes que le récit met en perspective. De nombreuses portes balisent en effet la lecture qui se perd dans le temps et dans l'espace. Restons dans le domaine de la chronologie avant de découvrir les repères géographiques.
Pour ce faire, il vous sera proposé de découvrir ce livre à partir :
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Le roman se partage ainsi entre deux époques s'intercalant d'un chapitre à l'autre. L'action se déroule en 1980 (juin à novembre) et au mois d'août 2002. Deux récits se font ainsi face. Découvrons les deux repères temporels en débutant aujourd'hui par la tragédie du mois de juin 1980 et les conséquences durant les mois suivants.
Un père emmène en voiture son fils à l'école car sa femme, Giuliana, est déjà partie travailler. Mais les embouteillages les mettent en retard ; il n'y a pas d'autres solutions que de finir le chemin à pied. Matteo, le père, est irrité par cette situation tandis que Pippo, le petit garçon, geint et regimbe à avancer. La tension est palpable ;
Le récit rencontre alors sa première péripétie : en chemin, une fusillade éclate en pleine rue contraignant les piétons à s'étendre. Le père protège vainement son fils qui reçoit une balle perdue qui le tue sur le coup.
La thématique de la porte -à ce stade du roman- est celle du portique de l'école que l'enfant ne franchira plus jamais :
« Matteo n'écouta rien. Il continua à tirer sur le bras, et lâcha un « dépêche-toi » courroucé, manière de faire sentir à l'enfant que, jusqu'au portique de l'école, il ne fallait plus rien demander, plus rien exprimer du tout, juste serrer les dents et suivre. » (page 24)
Ivre de désespoir, Giuliana demande à son mari de lui rendre son enfant :
« Rends-moi mon fils, Matteo. Rends-le moi, ou si tu ne peux pas, donne-moi au moins celui qui l'a tué ! » (page 61).
Cette vengeance, le père ne peut l'exécuter sans qu'il sache exactement ce qui le retient (page 95) ; pour cette raison, il verra son épouse le quitter. La thématique de la porte s'articule alors autour de la rupture consommée du couple :
« Elle partait. Parce qu'à l'instant où il avait poussé la porte avec sur le visage cette fatigue résignée, elle avait vu, avec certitude, qu'il n'y avait plus rien ici, dans cet appartement et en eux, sur quoi il vaille de se pencher. » (page 102)
Le départ de Giuliana la mènera à sombrer dans la plus complète des folies.
Ce récit durant l'année 1980 s'enchâsse dans celui qui a lieu au mois d'août 2002 comme nous pourrons le voir dans l'article suivant...
repères à suivre : l'étude : Un itinéraire balisé par une seconde époque