21 Mars 2011
Dans le roman d'Anatole France, Sylvestre Bonnard entreprend de vendre sa bibliothèque d'une richesse absolue, pour doter la jeune fille qu'il a quasiment adoptée. Il va commettre un crime, celui qui consiste à conserver les ouvrages les plus précieux tels que le manuscrit de la Légende dorée...
Repères : thème du livre : l'étude
Dans le roman, le crime de Sylvestre Bonnard, d'Anatole France, nous verrons successivement les points suivants :
Nous achevons aujourd'hui par le roman d'Anatole France en découvrant le fameux crime de Sylvestre Bonnard...
Pour doter la jeune fille qu'il a quasiment adoptée, Sylvestre Bonnard entreprend de vendre sa bibliothèque d'une richesse absolue.
Mais la séparation de notre érudit avec ses livres ne se fait pas de gaieté de cœur : « Ce gros volume qui m'a tant servi depuis trente ans, puis-je le quitter sans égards qu'on doit à un bon serviteur ? Et celui-ci, qui m'a réconforté par sa saine doctrine, ne dois-je point le saluer une dernière fois, comme un maître ? » (2ème partie, ch IV).
Il se sent dépouillé en consentant à un sacrifice qui n'est pas sans prix.
Il s'est néanmoins réservé une armoire qui lui permet de conserver les ouvrages les plus précieux tels que le manuscrit de... la Légende dorée.
On assiste alors, dans ce chapitre merveilleux, au tournant du livre stupéfiant par la terrible confession de notre héros : « C'est alors que je connus le crime. Les tentations me venaient pendant la nuit ; à l'aube, elles étaient irrésistibles. Alors, tandis que tout dormait encore dans la maison, je me levais et je sortais furtivement de ma chambre.» ( 2ème partie, ch IV).
Quel est donc ce « crime » causé par ce vieillard apparemment inoffensif ? Il concerne évidemment les livres...
Notre héros effectue de nuit une étrange translation d'ouvrages : « Puissances de l’ombre, fantômes de la nuit, si, vous attardant chez moi après le chant du coq, vous me vîtes alors me glisser sur la pointe des pieds dans la cité des livres, vous ne vous écriâtes certainement pas, comme madame Trépof à Naples : « Ce vieillard a un bon dos ! » J’entrais ; Hannibal, la queue toute droite, se frottait à mes jambes en ronronnant. Je saisissais un volume sur sa tablette, quelque vénérable gothique ou un noble poète de la renaissance, le joyau, le trésor dont j’avais rêvé toute la nuit, je l’emportais et je le coulais au plus profond de l’armoire des ouvrages réservés qui devenait pleine à en crever. C’est horrible à dire : je volais la dot de Jeanne. Et quand le crime était consommé, je me remettais à cataloguer vigoureusement jusqu’à ce que Jeanne vînt me consulter sur quelque détail de toilette ou de trousseau. » (2ème partie, ch IV)
C'est le seul « crime » littéraire qui fait naître en nous une indulgence sans bornes...
Repères : l'étude : La fièvre de lecture de Martin Eden