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Dans les femmes savantes, Molière critique le pédantisme des femmes au regard notamment du portrait d'une mère et de ses filles. L'auteur décrit péjorativement les femmes s'intéressant aux choses intellectuelles, c'est à dire à des matières qui dépassent l'horizon des affaires purement domestiques. Un soupçon de misogynie dans ce texte ?
Repères: le thème de la femme : présentation
Après avoir vu la mère coupable, découvrons un nouveau portait de femme, celle de la femme savante...
Il vous est proposé aujourd'hui de relire un extrait d'une pièce célèbre qui fustige le savoir des femmes et leur maniérisme mondain.
Ces deux critiques sont exposées dans la bouche d'une pédante patentée, Armande, qui reproche à sa sœur Henriette de rechercher le bonheur dans son mariage avec Clitandre.
En réalité elle aime également le même prétendant...Les deux soeurs sont donc rivales.
Dans les vers qui suivent, découvrons également le portrait de la mère : un digne exemple de bas-bleu, terme qui désigne péjorativement les femmes s'intéressant aux choses intellectuelles, c'est à dire à des matières qui dépassent l'horizon des affaires purement domestiques.
Un soupçon de misogynie dans ce texte ?
"ARMANDE
Mon Dieu, que votre esprit est d'un étage bas!
Que vous jouez au monde un petit personnage,
De vous claquemurer aux choses du ménage,
Et de n'entrevoir point de plaisirs plus touchants
Qu'un idole d'époux et des marmots d'enfants!
Laissez aux gens grossiers, aux personnes vulgaires,
Les bas amusements de ces sortes d'affaires.
À de plus hauts objets élevez vos désirs,
Songez à prendre un goût des plus nobles plaisirs,
Et, traitant de mépris les sens et la matière,
À l'esprit, comme nous, donnez-vous toute entière.
Vous avez notre mère en exemple à vos yeux,
Que du nom de savante on honore en tous lieux;
Tâchez, ainsi que moi, de vous montrer sa fille,
Aspirez aux clartés qui sont dans la famille,
Et vous rendez sensible aux charmantes douceurs
Que l'amour de l'étude épanche dans les cœurs.
Loin d'être aux lois d'un homme en esclave asservie,
Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie,
Qui nous monte au-dessus de tout le genre humain,
Et donne à la raison l'empire souverain,
Soumettant à ses lois la partie animale,
Dont l'appétit grossier aux bêtes nous ravale.
Ce sont là les beaux feux, les doux attachements,
Qui doivent de la vie occuper les moments;
Et les soins où je vois tant de femmes sensibles,
Me paraissent aux yeux des pauvretés horribles."
Femmes savantes, Molière (acte I, scène 1)
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Femmes_savantes
Repères à suivre: la femme éduquée