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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Portrait de femme : la femme séductrice (Moréas)

Découvrons ensemble la femme perfide sous la plume d'un poète, Jean Moréas, auteur de la fin du XIXe siècle, se rattachant au courant symboliste. Dans ce poème, une femme cherche à obtenir de son beau-frère la mort de... son mari !

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Repères: le thème de la femme : présentation

Vengeance

Après la femme revendicatrice, découvrons ensemble la femme perfide sous la plume d'un poète plus habituellement appelé à vanter l'idéal féminin. Il s'agit de Jean Moréas, auteur de la fin du XIXe siècle, se rattachant au courant symboliste. 

Point de déclaration lyrique dans le poème qui suit, mais de la vengeance ! La femme dont il est question aujourd'hui cherche à obtenir de son beau-frère la mort de... son mari !

Séduction

Pour réussir dans son entreprise, la séductrice s'exerce à plaire en soignant son apparence physique. Mais les choses s'avèrent souvent plus difficiles qu'on ne le pense !

Et les résultats ne sont pas toujours garantis...

La Femme Perfide

L’eau du bain perle encore en ses cheveux de jais.
Elle a mis pour sourcils le plumage des geais.
Elle a mis dans ses yeux le jaspe et l’hyacinthe.
D’argent tissé, de soie et d’or sa taille est ceinte.

Des roses du rosier elle a plein ses deux mains.
Elle revient du bain à l’ombre des jasmins.
Quatre tours de sequins ornent sa gorge altière.
Elle revient du bain portée en sa litière.
— " ô ma sœur, vous avez les yeux d’une houri.
N’être pas votre frère, être votre mari !
— et si je suis ta sœur et femme de ton frère,
va tuer mon mari, tu pourrais bien me plaire.
— comment tuer mon frère ? Il faut une raison,
il faut une raison pour cette trahison.
— va le trouver et dis : " je veux que l’on partage ;
pour moi la belle part je veux de l’héritage ! "

il serre son khandjar, il monte son cheval,
et hop et hop il va galopant par le val.
— " Kostandi, Kostandi, je veux que l’on partage ;
pour moi la belle part je veux de l’héritage.
— sois donc heureux, mon frère, et n’aie
aucun souci.
Pour toi la belle part, pour toi la mienne aussi. "
la bonté de son frère amollit son courage.
Le front sur les genoux, il sanglote de rage.
Il serre son khandjar, il monte son cheval,
et hop et hop il va galopant par le val.
— " ma sœur de l’eau, de l’eau que je lave ma lame
du sang de ton mari, car il a rendu l’âme. "

elle saisit un broc de vin clair, tellement
dans sa joie effrénée elle a d’empressement.
Il la prend par sa longue et belle chevelure,
et lui tranche, d’un coup, la tête à l’encolure.
La tête dans sa main, il monte son cheval,
et hop et hop il va galopant par le val.
— " mouds-la, meunier, et fais de la farine rouge,
du fard pour la catin, et du fard pour la gouge. "

Les cantilènes, Jean Moréas (1856-1910)

https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Cantil%C3%A8nes

Repère à suivre: la femme publique

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L
<br /> <br /> Je trouve ce texte horriblement masculin ...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Il est horrible tout simplement...<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Belle ballade, tragique à souhait, comme il se doit...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Seul le décor change des autres ballades...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Un magnifique exemple de perfidie effectivement !<br /> <br /> <br /> Ce poème est très beau par ses descriptions et superbement organisé<br /> <br /> <br /> Merci pour cette découverte<br /> <br /> <br /> Belle journée, bises, Lyly <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> On est entraîné dans une étrange atmosphère...<br /> <br /> <br /> <br />