Analyse-Livres & Culture pour tous
7 Mai 2011
Fénelon, écrivain et par ailleurs abbé de Meaux, expose sa vision de l'éducation des filles. Il livre en premier lieu sa critique contre l'ignorance dans laquelle le sexe féminin est maintenu abusivement : portrait des femmes à éduquer...
Repères : thème de la femme dans la littérature : présentation
Après s'être moquée des femmes précieuses, la Littérature sous la plume d'un auteur du 17e siècle prend au sérieux la question de l'éducation des filles qui a largement été négligée durant les siècles.
Répondant à un souhait d'une mère, Fénelon, écrivain et par ailleurs abbé de Meaux, expose sa vision de l'éducation des filles qui passe par une charge contre ses contemporains.
Ses propos peuvent choquer notre sensibilité contemporaine.
Mais replaçons de tels propos dans le contexte particulier de l'époque où la rédaction d'un tel ouvrage constituait en soi une avancée sociale : l'auteur revient sur l'état de l'éducation des filles à l'époque du Grand siècle : ce n'est guère reluisant et sa critique est sans concession...
"Rien n'est plus négligé que l'éducation des filles. La coutume et le caprice des mères y décident souvent de tout : on suppose qu'on doit donner à ce sexe peu d'instruction. L'éducation des garçons passe pour une des principales affaires par rapport au bien public ; et quoiqu'on n'y fasse guère moins de fautes que dans celle des filles, du moins on est persuadé qu'il faut beaucoup de lumières pour y réussir. (…) Pour les filles, dit-on, il ne faut pas qu'elles soient savantes, la curiosité les rend vaines et précieuses ; il suffit qu'elles sachent gouverner un jour leurs ménages, et obéir à leurs maris sans raisonner. On ne manque pas de se servir de l'expérience qu'on a de beaucoup de femmes que la science a rendues ridicules. Après quoi, on se croit en droit d'abandonner aveuglément les filles à la conduite de mères ignorantes et indiscrètes. (…)
Il est vrai qu'il faut craindre de faire des savantes ridicules. Les femmes ont d'ordinaire l'esprit encore plus faible et plus curieux que les hommes ; aussi n'est-il point à propos de les engager dans des études dont elles pourraient s'entêter. (...)"
De l'éducation des filles, chapitre 1er, De l'importance de l'éducation des filles, Fénelon (1687)
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