3 Mai 2011
Découvrez le portrait de la femme peint par La Bruyère au XVIIe siècle et qui voit en elle un être vulnérable ou inconstant. Un postulat tenu pour vérité générale pendant des siècles.
Repères : le thème de la femme : présentation
Qu'est-ce qu'une femme sinon un être vulnérable ou inconstant ? Un postulat tenu pour vérité générale pendant des siècles.
Découvrons le tableau qu'en fait La Bruyère dans un extrait de son chapitre dédié aux femmes.
Après avoir raillé la coquetterie et la fausse dévotion des femmes dans les paragraphes précédents, l'auteur dresse un tableau d'un trait tout en nuances.
Il résulte de son propos qu'appartenant au sexe faible, la femme doit être gouvernée par un homme...
Parcourons ensemble cette triste destinée avant d'assister à la chute du paragraphe : apprécions l'ironie de l'auteur dans cette chute. La Bruyère rend aux femmes leur dignité d'être autonome.
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45 (IV)
"Une femme est aisée à gouverner, pourvu que ce soit un homme qui s'en donne la peine. Un seul même en gouverne plusieurs; il cultive leur esprit et leur mémoire, fixe et détermine leur religion; il entreprend même de régler leur cœur. Elles n'approuvent et ne désapprouvent, ne louent et ne condamnent, qu'après avoir consulté ses yeux et son visage. Il est le dépositaire de leurs joies et de leurs chagrins, de leurs désirs, de leurs jalousies, de leurs haines et de leurs amours il les fait rompre avec leurs galants; il les brouille et les réconcilie avec leurs maris, et il profite des interrègnes. Il prend soin de leurs affaires, sollicite leurs procès, et voit leurs juges; il leur donne son médecin, son marchand, ses ouvriers; il s'ingère de les loger, de les meubler, et il ordonne de leur équipage. On le voit avec elles dans leurs carrosses, dans les rues d'une ville et aux promenades, ainsi que dans leur banc à un sermon, et dans leur loge à la comédie; il fait avec elles les mêmes visites; il les accompagne au bain, aux eaux, dans les voyages; il a le plus commode appartement chez elles à la campagne. Il vieillit sans déchoir de son autorité: un peu d'esprit et beaucoup de temps à perdre lui suffit pour la conserver; les enfants, les héritiers, la bru, la nièce, les domestiques, tout en dépend. Il a commencé par se faire estimer; il finit par se faire craindre. Cet ami si ancien, si nécessaire, meurt sans qu'on le pleure; et dix femmes dont il était le tyran héritent par sa mort de la liberté."
Les Caractères, chapitre III- Des Femmes, La Bruyère,
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Caract%C3%A8res/Des_femmes
Repères: le thème de la femme: la mère dévouée