Analyse-Livres & Culture pour tous
10 Mars 2013
Un coin de table, Fantin-Latour, Musée d'Orsay, Paris
(Verlaine, 1er assis à gauche)
Repères : thème de soi : présentation
Il a été indiqué dans l'article précédent que l’expérience de soi avait fait naître le doute, condition première à toute connaissance. Cette solitude fait aussi naître non plus des questionnements mais des rêves, sortes de chimères.
Découvrons avec Verlaine ce rêve familier qui brise la solitude de l'être en le rendant aimable, au sens premier du terme...
***
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues."
Mon rêve familier, Verlaine
http://fr.wikisource.org/wiki/Mon_r%C3%AAve_familier
repères à suivre : présentation : le bourreau de soi-même